« L'inexPLiQuable »





CULTURE - Le 11 mars 2003 - Le PLQ a dévoilé sa plateforme en matière culturelle. S’il est incapable de chiffrer ses engagements, Jean Charest dit toutefois vouloir investir dans le « dollar création ». Le cadre financier du PLQ promet pourtant un gel du budget de tous les ministères autres que la Santé et l’Éducation, ce qui correspond, compte tenu de l’inflation, à une baisse de 20%.

Avec un budget de la culture gelé, le « dollar création » des libéraux, c’est trois trente sous pour une piastre.

Le 10 mars 2003 - Jean Charest a lancé hier sa campagne électorale en répétant que la santé sera la grande priorité d’un gouvernement libéral. Le PLQ a également dévoilé son slogan : « Nous sommes prêts ».

Jean Charest ne cherche pas à servir la cause des malades, il se sert plutôt d’eux à des fins électoralistes. Où est passé le slogan « Réinventer le Québec »? A-t-il déteint au lavage? Il semble que le PLQ n'a plus rien à réinventer. Si le PLQ est prêt, les Québécois, eux, ne sont pas prêts à : n'être qu'une grosse régie régionale de la santé pour Ottawa; baisser les bras et signer la Constitution de 1982; couper dans tous les ministères; défusionner les nouvelles villes; replonger le Québec dans les déficits.

MÉDIAS EN BREF - 9 et 10 mars 2003 -

PQ - Clôture du congrès d'orientation

C’est la fête de M. Landry. Les militants lui ont donné un congrès sans heurts. Le PM tourne au ridicule le discours de M. Charest, qui a lui même dressé un bilan élogieux de l’économie québécoise. Par ailleurs, le PQ veut créer une caisse-santé. Mais François Legault refuse de dire s’il faudrait hausser les impôts pour la financer. (Larocque TVA 18h)

Christian Dufour (ÉNAP): On sentait de l’autosatisfaction, mais c’était un discours magistral. Il y a un dynamisme chez M. Landry. S'il y a guerre, ça favorisera le PQ: on veut la sécurité et le PM fait grand-père. Il s’est transformé, on ne l'imaginait pas comme ça. Chapeau! Aussi, ses adversaires sont incapables de l’attaquer, surtout sur la souveraineté. (RDI 16h)

Michel C. Auger: Avec la conciliation famille-travail, le PM va chercher l’électorat qu’il avait perdu au profit de l’ADQ. Le PLQ fait de la santé sa priorité. Mais les électeurs pensent-ils qu'un parti a LA solution? C’est ce que dit le PQ: «Vous n’avez pas plus de solution que nous, ça va mal dans tous les régimes publics de santé du monde.» (LCN 17h)

PLQ - Lancement de la campagne

Michel David: M. Charest est retard d'une campagne électorale: oui, il y a des problèmes en santé. Il ne peut pas nous dire autre chose? Par ailleurs, le PLQ doit faire vite, car si la guerre est déclenchée le 17 mars, la tendance sera difficile à renverser. Pour l’ADQ, c'est plus grave: elle suit une pente descendante et ne pourra pas redresser le gouvernail. (RDI 15h)

Michel C. Auger: Une fois que M. Charest a lancé son slogan de scout, il n'y a plus grandchose d’autre à dire. Il mise sur la santé comme il l’a fait en 1998, et cela n’avait pas marché. Il devrait s'assurer que ça pogne encore. (LCN 7h30)

Le 28 février 2003 - Le PLQ veut accroître de 7,5MM$ le budget de la santé d'ici cinq ans, soit une hausse de 41%. Jean Charest veut accroître le nombre de médecins et d'infirmières et augmenter le nombre de chirurgies, les services à domicile et ceux aux personnes âgées et aux jeunes en difficulté. Le plan libéral promet également d'affilier les cliniques privées au réseau public, tout en maintenant le financement entièrement public. Le PLQ maintient toujours son engagement de réduire les impôts de 1MM$ par année.

Il est mathématiquement impossible, comme le prétend le PLQ, de réduire massivement les impôts tout en réinvestissant tout aussi massivement en santé. Il faut faire un choix. Le PQ a fait le sien : il réinvestira dans les services publics, notamment en santé, en éducation et dans l’aide aux familles.

PLQ - Bisbille au PLQ: Jean-Claude Gobé claque la porte - 20 février 2003

Amer, Jean-Claude Gobé (Lafontaine) accuse la direction du PLQ de l’avoir écarté cavalièrement pour faire place à de nouvelles figures. Pour lui, le PLQ est débranché de ses militants: «Le PLQ est aux mains d’une clique d’organisateurs professionnels qui n’ont comme but que de trouver des formules magiques pour gagner les élections.» Il quitte le caucus libéral mais siègera comme indépendant. Il n’est pas impossible qu’il joigne l’ADQ. Joseph Paventi était dans la salle et dit avoir été mandaté par Mario Dumont et Pierre Bourque. Par ailleurs, le PQ annonce la candidature de Lyne-Sylvie Perron, femme d’affaires prospère, dans Louis-Hébert. (Larocque TVA, Laberge SRC-radio 12h)

Les supporters de M. Gobé sont choqués. Plusieurs se demandent s’ils appuieront de nouveau le PLQ. (Veillette SRC, CKAC 12h)

Le PLQ a demandé à Jean-Claude Gobé de partir. Jean Charest le reconnaît: «Il faut faire des changements.» Mais M. Gobé n'apprécie pas. Il écorche le leadership de M. Charest et dit ne plus reconnaître le PLQ de Robert Bourassa. L’ADQ veut le recruter. Anna Mancuso (Viger) serait candidate dans Lafontaine. (Thivierge SRC-radio 17h) M. Landry y voit une preuve que le PLQ ne peut pas prendre le pouvoir. Le PM a du vent dans l'aile. (CKAC 18h)

M. Gobé dit que M. Charest a essayé de lui tordre le bras. M. Charest: «C’est un mensonge.» Par ailleurs, M. Charest veut tasser d’autres députés: Pierre-Étienne Laporte (Outremont) et Henri-François Gautrin (Verdun). Ça va mieux au PQ où M. Landry a présenté une candidature importante dans Louis-Hébert, Lyne-Sylvie Perron. (Larocque TVA 18h)

Le PLQ, mal mené dans les sondages, essuie une autre rebuffade. La décision du PLQ de remplacer M. Gobé risque de faire des mécontents dans Lafontaine. Le comté ne sera plus acquis au PLQ. M. Charest est prêt à prendre le risque. (Poirier SRC 18h)

Entrevue avec M. Gobé: «M. Charest est sûr de gagner (!) les élections et m’a promis de me trouver un job. Mais je ne me cherche pas un job! On me manque de loyauté; j’ai gagné le comté au PLQ.» Jean Lapierre: M. Charest voudrait placer son candidat-vedette François Macerola. Mais ça été mal fait. Il y a des députés plus paresseux; ça fait longtemps que André Bourbeau (Laporte) n’a pas posé de question! (CKAC 17h)

DOUBLE LANGAGE DU PLQ - On ne peut pas tout faire en même temps et plaire à tout le monde et à son père! On ne peut pas, comme le prétend le PLQ, réduire massivement les taxes et les impôts et réinvestir tout aussi massivement dans les services publics sans replonger le Québec dans la spirale de l’endettement et des déficits. Il faut, devant des choix fondamentaux comme ceux-là, faire le pari de la vérité et avoir le courage de dire les choses comme elles sont.

Or, le comportement louvoyant des libéraux va dans le sens contraire. Le PLQ, en présentant son cadre financier, a voulu donner l’impression qu’il allait privilégier la santé et l’éducation. On dit bien «donner l’impression», parce que la position du PLQ en éducation débouche sur un sous-investissement dramatique dans ce secteur névralgique pour l’avenir du Québec.

En santé non plus, la position libérale ne tient pas debout. François Legault et Roger Bertrand ont bien démontré qu’il était mathématiquement impossible de réduire les impôts et de réinvestir de manière significative en santé, comme le PLQ le promet pourtant.

Coincé entre les contradictions, le PLQ tente de sauver la mise en prétendant que son cadre financier pourra s’équilibrer grâce au gel des autres dépenses gouvernementales, notamment celles pour aider les familles, protéger l’environnement, combattre la pauvreté, assurer la sécurité publique, améliorer nos routes et soutenir la culture.

Évidemment, ce gel a vite fondu comme neige au soleil. D’une déclaration à l’autre, d’un porte-parole à l’autre, la liste des exceptions au gel des dépenses s’allonge de semaine en semaine. On nage dans l’incohérence. On patauge dans l’opportunisme. Et avec la campagne électorale qui approche, on n’a sans doute rien vu encore. Le meilleur reste à venir. Jean Charest va se dépasser dans la politique-fiction.

La vérité, c’est que le programme libéral ne tient pas debout. Les réductions de taxes promises sont irresponsables. Elles rendent impossibles le réinvestissement nécessaire en santé, menacent la qualité de l’éducation et les services aux familles.

Mais au-delà de son incohérence, ce que l’on doit reprocher au PLQ, c’est son double langage. On soigne son image, mais les gestes ne suivent pas.

À preuve : il appuie à la politique nationale de l’eau tout en annoçant le gel des budgets du ministère de l’Environnement et la relance des projets de mini-centrales sur les petites rivières tout à la fois; il appuie la Loi contre la pauvreté et l’exclusion sociale et annonce pourtant le gel des budgets du ministère de la Solidarité sociale; il promet de faire plus pour les familles mais annonce le gel des budgets du ministère de la Famille. Allez-donc y comprendre quelque chose !

PROMESSES, PROMESSES, ... - Jean Charest estime que son parti est le seul à promettre un réinvestissement en santé. Il propose d’ajouter les 800M$ obtenus du fédéral au 1,2MM$ qu’un gouvernement libéral réinjecterait en santé. Dans Le Devoir, Michel David estime qu’en santé, « les nouvelles initiatives prévues au plan d’action libéral totalisent seulement 275M$ en 2004-2005 et 315M$ en 2005-2006 ».

Le PLQ a choisi la voie de l’opportunisme : promettre tout à tout le monde. Le chef libéral tente de maquiller son cadre financier pour laisser croire qu’il réduira massivement les impôts et réinvestira tout aussi massivement en santé. Mais la réalité, c’est que les sommes promises par le PLQ en santé ne représentent que des miettes face aux besoins évalués à 1,8 MM$. Comment le PLQ peut-il dénoncer le déséquilibre fiscal, affirmer que le Québec n’a pas les moyens de financer ses programmes sociaux et promettre des baisses d’impôt de 15MM$ ? On nage dans l’incohérence. Le PQ fait le pari de la vérité : sa priorité est d’assurer la qualité des services publics, notamment en santé, et cela passe avant les réductions d’impôts. C’est ce qui le distinguera de ses adversaires lors de la prochaine campagne électorale.

CADRE FINANCIER - Le cadre financier du PLQ ne tient pas la route. Les libéraux prévoient que pour 2004 à 2009, la croissance du PIB, des revenus autonomes et des transferts fédéraux sera de 4,5% par année. Or, selon le Conference Board, la croissance économique sera de 4% et la croissance des transferts fédéraux de 3,1%. C’est donc un déficit de 5,7 MM$ qui nous attend si les libéraux sont élus. C’est pratiquement le même déficit qu’ils nous avaient laissé en 1994.

Le PLQ oublie aussi le manque à gagner découlant de la baisse graduelle de la taxe sur le capital, dont il a d’ailleurs promis l’abolition, et les récentes coupures de transferts fédéraux qui ont suivi l’erreur de Douanes et Revenu Canada.

Pour Lise Bastarache, (économiste à la Banque Royale), « les chiffres ne tiennent pas debout ». Yves Séguin croit également que les prévisions de croissance du PLQ sont « très optimistes ». Les quatre experts « indépendants » qui ont validé le cadre financier du PLQ ont une neutralité pour le moins douteuse. Yves Rabeau était membre des universitaires et chercheurs du Québec pour le NON en 1995. Philippe Merrigan et Pierre Lefebvre ont déjà été impliqués dans différentes instances du PLQ, tout comme Robert Hogan, qui contribue aussi grassement à la caisse du parti.

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