« De province à pays ! »

( ... ou la longue marche démocratique d'une nation vers sa liberté)




Source : Le Soleil, 24 septembre 2006 C’EST QUOI SON PROBLÈME ? LE 23 SEPTEMBRE 2006 - La Presse Canadienne rapporte que les propos de la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, ont soulevé l'ire des chefs souverainistes, samedi. Dans une entrevue accordée à la Presse Canadienne, pour marquer le premier anniversaire de son entrée en fonctions, le 27 septembre 2005, Mme Jean a déploré, entre autres, que les Québécois aient tourné le dos au Canada anglais au profit du reste du monde.

Il faut toujours se méfier de ce qu'on rapporte dans les journaux mais si c'est vraiment ce que Michaëlle Jean a dit, elle a vraiment un problème, celle-là ! Si le rôle de potiche ne lui plaît pas et qu'elle veut vraiment faire de la politique, qu’elle démissionne et se présente aux prochaines élections, c’est tout ! Elle pourra toujours remplacer André Arthur... mais que de bouffonneries ! Pour la remplacer à titre de gouverneure générale, pourquoi pas Jan Wong, du Globe and Mail, tant qu'à y être...

On devrait plutôt féliciter ce Québec tourné vers le monde depuis maintenant des décennies, c’est symptomatique du fait que nous constituons véritablement une nation différente du reste du Canada… et capable de se gouverner elle-même. Voilà !


Caricature de Garnotte, Le Devoir, 22 septembre 2006 SORTONS-EN ! LE 22 SEPTEMBRE 2006 - Si on en croit un éditorial d’hier du Globe and Mail, écrit Jean-Robert Sansfaçon (Le Devoir), l'affaire Wong serait une petite commotion suscitée par une question provocante. Commotion, certes, mais petite, certainement pas, considérant que cet article du Globe and Mail associe les tueries de Polytechnique, de Concordia et de Dawson à une supposée marginalisation des non-francophones «dans une société qui valorise les "pure-laine"».

Il est rare que deux premiers ministres prennent la peine de réagir par écrit aux propos d'un journaliste, souligne l’éditorialiste du Devoir, qui estime que les deux premiers ministres ont raison sur le fond : les propos de Mme Wong sombrent dans le délire et tiennent du préjugé racial primaire En se portant à la défense de sa journaliste dans son édition d'hier, le Globe contribue à la guerre larvée menée par la presse torontoise contre les revendications du Québec depuis l'échec du dernier référendum.

Samedi dernier, le jour même où paraissaient les propos de Mme Wong, l'éditorial du Globe blâmait le premier ministre Jean Charest de réclamer le maintien du registre des armes à feu. Il n'y a aucun lien entre le registre et le crime, écrivait-on. La loi 101 et le crime, oui, mais l'enregistrement des armes, non ?

Nos collègues du Globe ne s'excuseront pas, c'est leur choix. Mais ils devraient avoir la décence de reconnaître que leur maladresse intellectuelle cache un brin de cette condescendance paternaliste que cultivent malgré eux toutes les sociétés majoritaires à l'endroit des minorités, ce que sont toujours les Québécois au sein du Canada. Cela ne fera pas oublier leur mépris, mais ce sera toujours ça de pris...

Cette ensemble canadien, que nous avons a largement contribué à construire, faut-il le rappeler, semble devenir de plus en plus intolérant envers le Québec et accepte de moins en moins qu'il soit différent, et à tous égards, plus ouvert aux courants que le ROC. On aura beau dénoncer ces propos infâmes, ce « Quebec bashing » récurrent, rien ne se règlera sans que nous sortions de ce régime pour devenir enfin souverain, indépendant ! Point !

Savoir respecter son rôle ??? SAVOIR RESPECTER SON RÔLE, LE 21 SEPTEMBRE 2006 - Bernard Descôteaux (Le Devoir) rappelle en éditorial que le caractère apolitique de la fonction de gouverneure générale est tellement évident qu'on ne peut être qu'étonné de voir l'actuelle détentrice, Michaëlle Jean, se porter à la défense de l'engagement des Forces armées canadiennes en Afghanistan, et ce, même si elle sait fort bien que la population canadienne, est profondément divisée à ce sujet. Son propos est déplacé, surtout lorsqu'elle soutient que le Canada n'a pas le droit de manquer à sa promesse de porter assistance à la population afghane. Par cette intervention, elle s'immisce dans le débat politique et manque à son devoir de réserve.

Madame Jean devrait mieux comprendre et, effectivement, savoir respecter son rôle… Si elle n’est pas à l’aise dans celui de figurante, qu’elle change de job ! Si elle veut faire de la politique, qu'elle descende dans l'arène, avec tous les avantages et les inconvénients inhérents... incluant celui de voir son image en pâlir.

JOYEUX ANNIVERSAIRES, LE 19 SEPTEMBRE 2006 - Michel David (Le Devoir) souligne qu’à en juger par l'accueil réservé aux propos de Michael Ignatieff, la réouverture du dossier constitutionnel est bien la dernière chose dont le Canada anglais veut entendre parler. Toute la classe politique canadienne sera pourtant forcée de ressasser de douloureux souvenirs au cours des prochains mois, qui seront marqués par une série d'anniversaires.

Au début de novembre, il y aura vingt-cinq ans que René Lévesque s'est fait piéger par Trudeau avant d'être lâché par les premiers ministres des neuf autres provinces, au cours de la nuit du 5 novembre 1981. Cette «trahison», qui a ouvert toute grande la porte au rapatriement de la Constitution sans le consentement du Québec, est devenu le parfait exemple de la fragilité des fronts communs des provinces, qui finissent invariablement par s'écrouler quand les choses se corsent, comme l'a encore démontré la dernière réunion du Conseil de la fédération sur la péréquation.

Le 17 avril 2007, on célébrera le vingt-cinquième anniversaire de la proclamation royale qui a permis le rapatriement de la Constitution, enrichie d'une charte des droits qui a réduit les pouvoirs du Québec. Même Claude Ryan, alors chef de l'opposition libérale, avait boudé la cérémonie.

Enfin, le 3 juin prochain, il y aura vingt ans que les premiers ministres enfermés dans l'édifice Langevin, à Ottawa, annonçaient au petit matin la conclusion de l'Accord du lac Meech. Son échec, trois ans plus tard, a été presque fatal au Canada.

Enfin, le référendum sur l'entente de Charlottetown a permis de mesurer les limites de l'influence de la classe politique en cette matière. Tous les gouvernements, fédéral et provinciaux, sans parler des milieux d'affaires, ont massivement appuyé cette ultime tentative de réconciliation. La gifle qu'ils ont reçue le 26 octobre 1992 a été retentissante. Tiens, encore un anniversaire à célébrer l'an prochain !

Il s’agit de salutaires rappels pour celles et ceux qui pourraient encore croire en l’impossible et l’inutile… incluant Jean Charest et son pathétique ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier. Ajoutons à cela un autre désolant épisode de « Quebec bashing » dans le Globe and Mail, sous la signature de la journaliste Jan Wong (voir ce qu’en rapporte Le Devoir, ce matin : http://www.ledevoir.com/2006/09/19/118391.html), et le compte y est.

Une seule issue possible : sortir au plus sacrant de ce régime débilitant pour le Québec !


PLUS DIVISÉS QUE JAMAIS, LE 28 JUILLET 2006 - Tommy Chouinard (La Presse) rapporte que campées sur leurs positions, voire profondément divisées, les provinces ne sont parvenues à aucun consensus sur une façon, même une seule, de régler le déséquilibre fiscal. En l'absence d'une proposition commune des provinces, le premier ministre Stephen Harper a maintenant les coudées franches pour imposer sa propre solution.

Incapables d'en arriver à un compromis, les provinces adoptent le chacun-pour-soi, comme l'a dit M. Williams. Elles plaideront leur cause tour à tour auprès d'Ottawa au cours des prochains mois, dans l'espoir d'arracher quelques milliards de dollars. Les premiers ministres provinciaux ne sont pas arrivés non plus à s'entendre pour demander d'une seule voix à Ottawa une hausse des transferts pour l'éducation postsecondaire, pas plus que son ordre de grandeur. Ils avaient pourtant réussi à le faire l'an dernier.

Plus bas que cela... tu n'existes plus. Enfin, ils n'ont pas réussi à faire consensus pour exiger une bonification de la péréquation ou encore un transfert de points d'impôt. En début d'après-midi, le premier ministre Jean Charest ne comptait déjà plus sur un consensus concernant la nécessité de réformer la péréquation. Il a cherché une fois de plus à réduire les attentes, déjà bien basses.

La rencontre sera un «succès» à ses yeux si elle permet à tout le moins de réaffirmer «l'importance de la péréquation au Canada».

Peut-être comprendrons-nous un jour le cul-de-sac dans lequel se retrouve inévitablement le Québec dans ce système pseudo-fédéraliste… Et encore une fois, Jean Charest abaisse la barre, révise ses attentes vers le bas. En fait, la séculaire division des provinces permet inévitablement au gouvernement central de renforcer son pouvoir à leur dépens. Sortons-en !!!

DEUX INTELLOS… LE 9 AVRIL 2006 - Alec Castonguay et Alexandre Shields, dans le Devoir, commentent la course au leadership du Parti libéral du Canada et deux des candidatures officielles : Stéphane Dion et Michael Ignatieff.

Stéphane Dion n'a pas négligé l'aspect symbolique, lançant sa campagne au Palais des congrès de Montréal, là où il avait brillé comme ministre lors de la Conférence de Montréal sur les changements climatiques. En tant que principal architecte de la « loi sur la clarté » référendaire, adoptée en 2000, Stéphane Dion a par ailleurs refusé d'appuyer la thèse voulant que cette loi soit impopulaire au Québec.

Quant à Michael Ignatieff, à en juger par l'imposante équipe qui se dessine derrière lui, il sera un aspirant sérieux au poste de chef libéral. Ce dernier met en avant une conception du fédéralisme qui prône un gouvernement central fort avec des provinces fortes.

Cause toujours mon lapin...

Deux intellos ? Ça va nous changer du « leadership » à la Chrétien dont on retiendra longtemps les tristes années des commandites. Quant à revenir à un intello à la tête du pays, éventuellement, rien pour nous rassurer non plus, considérant les années Trudeau, avec un premier ministre qui a démontré, notamment par le rapatriement unilatéral de la constitution, qu’« intello » et « intégrité intellectuelle » ne vont pas nécessairement ensemble.

Et le tout, en attendant que le PLC nous propose un jour comme premier ministre, comme sur un plateau d'argent, une autre ère Trudeau avec le fils de l'autre, Justin. Je les vois venir depuis longtemps, ceux-là. Et la population, subjuguée (le contraire d'affranchie, libérée, émancipée), les bulles aux commissures des lèvres, élira son nouveau messie... Espérons que d'ici là, nous serons enfin sortis de ce système débilitant pour le Québec.


Sans commentaire... TOUT PRÈS DE NOUS, LE 18 MARS 2005 - Raymond Giroux (Le Soleil) écrit que les plaines d'Abraham se sont retrouvées au cœur du dispositif de visibilité du gouvernement fédéral en 1998-1999, gracieuseté de commandites de près d'un million de dollars du ministère des Travaux publics. Une partie de cet argent est vite retournée dans les coffres du Parti libéral du Canada, a-t-on appris hier à la Commission d'enquête sur les commandites, grâce à une série de stratagèmes.

Bien oui, c’est quand ça se passe près de nous qu’on réalise que tout ceci n’est pas un rêve mais une triste réalité. Et le meilleur reste à venir…

CONCLUSION ? LE 13 MARS 2005 - François Berger (La Presse) rapporte que le controversé programme fédéral de commandite, censé promouvoir l'image du Canada au Québec et qui a dégénéré en scandale politico-financier, a apparemment raté son but puisque seulement 29 % des Québécois francophones, cible principale du programme, se disent très attachés au Canada. C'est deux fois moins que le reste de la population, selon une enquête de Statistique Canada.

Malgré les efforts promotionnels déployés par le gouvernement fédéral, les Québécois de langue française se sentent très peu Canadiens, contrairement aux anglophones ou aux allophones du Québec et des habitants des autres provinces, qui se sentent très Canadians. Par contre, les deux tiers des anglophones et des allophones du Québec disent éprouver un « très fort sentiment d'appartenance » au Canada, la plus haute cote au pays.

Dans le dernier recensement canadien, en 2001, les habitants du Québec se sont particulièrement distingués en inscrivant sur les formulaires la mention « Québécois » à la question sur l'origine ethnique.

Ça leur apprendra à nous prendre pour des imbéciles. Conclusion ? Votons en toute logique à la prochaine occasion, débarrassons le Québec du joug du ROC (Rest of Canada). Dit autrement : « Libérons-nous des fédéraux ! », sur l’air bien connu du groupe Loco Locas…

VAUT MIEUX EN RIRE, LE 12 MARS 2005 - Jean Dion, dans Le Devoir, écrit : Paul Martin a annoncé que le Canada ne participera pas au bouclier antimissiles américain mais qu'il fera «très mieux»: il construira le sien propre.

En faisant le signe de guillemets avec ses doigts, M. Martin a indiqué qu'il avait mandaté une firme de «communications» pour commander le bouclier, qui arborera ses initiales et une reproduction du drapeau canadien et sera faite du même matériau que les boules de Noël et de pages d'encyclopédie exhumées «parce que, de toute manière, personne n'a envie de nous attaquer». «C'est juste une autre façon d'économiser le précieux argent des contribuables tout en sauvant le Canada», a dit M. Martin.

De son côté, la firme de «marketing» a déclaré qu'elle facturera l'équivalent de plusieurs centaines de boucliers mais ne se souvient malheureusement déjà plus du nombre exact.

Vous avez le choix, en rire ou en pleurer... Je préfère en rire, après tout c'est la fin de semaine !

CE N’EST QU’UN DÉBUT, LE 11 MARS 2005 - Joël-Denis Bellavance(La Presse) fait état que le gouvernement Martin intente une poursuite au civil contre six agences de publicité qui ont touché de généreuses commissions dans le cadre du programme de commandites sans faire de véritable travail. L'objectif de cette démarche devant les tribunaux est de recouvrer près de 40 millions de dollars. La plupart de ces agences ont contribué à la caisse électorale du Parti libéral au moment où le programme de commandites battait son plein.

Le gouvernement Martin, qui, écrit le journaliste, a déjà payé un prix politique élevé à la suite du scandale des commandites, ayant été réduit au statut de gouvernement minoritaire au dernier scrutin, est déterminé à prendre les moyens nécessaires pour recouvrer l'argent qu'auraient touché les agences «de façon inappropriée».

Toujours dans La Presse de ce jour, le journaliste Gilles Toupin rapporte que 1500 exemplaires d'une Encyclopédie du Canada payés par les contribuables canadiens, dans le cadre d'une commandite fédérale, ont été jetés à la poubelle par une agence de communication qui ne voulait sans doute plus s'occuper de ces colis devenus trop encombrants. Selon l’article, ces encyclopédies ont terminé leur existence au terrain d'enfouissement de Saint-Michel. Si l'on ajoute au coût de ces livres les frais de transport des conteneurs et les frais d'enfouissement, cette mise à la poubelle aura coûté aux contribuables environ 197 000$, sans compter les commissions touchées par Lafleur Communication Marketing pour gérer la commandite.

On continuera de voir se développer ainsi toutes sortes de ramifications reliées à ce scandale, petites et grosses… Nous n'en sommes qu'au début, à mon avis et j’espère qu’on ira jusqu’au bout. Il serait surprenant que seules quelques agences de publicité et quelques hauts fonctionnaires aient à payer pour ce qui s’est passé dans cette affaire.

LES AMIS DE MES AMIS... LE 10 mars 2005 - Gilles Toupin (La Presse) écrit que le témoignage du fils de Jean Lafleur démontre une fois de plus les liens étroits que la famille entretenait avec les libéraux au pouvoir à Ottawa. Éric Lafleur avait été présenté par son père aux Martin Cauchon, Jean Pelletier, Marc LeFrançois, Jacques Corriveau, André Ouellet et Denis Coderre. Il assistait, à la demande de son père, aux tournois de golf de Jean Chrétien et d'Alfonso Gagliano, travaillant même à deux occasions dans le bureau du premier ministre Chrétien, lors de la campagne électorale de 1997 et lors d'un voyage d'Équipe Canada en Amérique latine en janvier 1998.

Il connaissait particulièrement bien Jean Pelletier, le chef de cabinet de M. Chrétien, avec qui il a fait affaire notamment pour une commande de cravates à offrir lors des voyages du premier ministre à l'étranger.

Édifiant, n’est-ce pas ? Les constats émanant des audiences tenues ces derniers jours ne doivent pas, incidemment, nous faire oublier ceux de ces autres audiences des derniers mois… Mais j'ai confiance, le juge Gomery s'en souviendra certainement, si on le laisse rédiger son rapport.

COUPURES DE PROMESSES, LE 9 MARS 2005 - Une caricature de Côté, dans Le Soleil, mérite d'être ici reproduite. Je n'ai fait que répondre à la question qu'il y pose... Tout autre commentaire me semble superflu.

Caricature de Côté, Le Soleil, 9 mars 2005

LES YEUX DEVANT LES TROUS, LE 9 MARS 2005 - Mylène Moisan (Le Soleil) fait état que le nouveau ministre des Finances, Michel Audet, a fait adopter hier une autre motion unanime par l'Assemblée nationale pour dénoncer le déséquilibre fiscal, moins d'une semaine après que son homologue fédéral eut nié une autre fois l'existence même de cette « théorie qui ne tient pas debout ».

Le gouvernement péquiste l'ayant fait en juin 2002, le ministre Audet a choisi hier d'unir la voix des parlementaires québécois pour réclamer du gouvernement fédéral des transferts plus importants. Par contre, pendant la période des questions, il s'est montré incapable de calculer la facture du déséquilibre fiscal qu'Ottawa devrait payer à Québec cette année.

Bref, quelques jours à la tête du ministère des Finances auront suffi pour lui (Michel Audet) mettre les yeux devant les trous. Il n'est jamais trop tard pour reconnaître l'évidence !

PETITS OIGNONS, LE 8 MARS 2005 – La PC rapporte que Jean Lafleur a puisé dans les 3,3 millions $ de fonds fédéraux versés au soutien du magazine de Via Rail, que produisait sa firme Lafleur Communication Marketing, pour agrémenter la vie de certaines relations d'affaires. Après avoir retrouvé la gestion de la commandite du Grand Prix de Montréal, en 1999, après une année de disette, M. Lafleur a acheté 74 billets, dont 54 avec nourriture et alcool, pour recevoir Charles Guité, le gestionnaire du programme des commandites.

Il lui a remis 38 billets qui ont été distribués auprès de M. Jean Pelletier, chef de cabinet de Jean Chrétien, Jean Carle qui a travaillé avec Jean Chrétien puis est passé à la Banque de développement du Canada, Marc Lefrançois de Via Rail, le président de la Société canadienne des postes André Ouellet, Jacques Corriveau un designer et grand ami de Jean Chrétien.

Oui, quelle famille !

PRÊTER SERMENT, LE 8 MARS 2005 - Bertrand Drapeau, de Boucherville, dans Le Devoir, écrit qu’après avoir regardé à plusieurs reprises les audiences de la commission Gomery tant à Ottawa que la semaine dernière à Montréal, il se demande comment traite-t-on le serment aujourd'hui ? Est-ce une pure formalité ? Est-ce une farce ?

« Il n'est pas rassurant de voir que nous sommes dirigés par des gens qui ont la mémoire si courte ou qui ne se souviennent pas de ce qu'ils font. On peut donner ou recevoir des commandes de plusieurs millions, et on fait l'innocent ! Je ne confierais pas mes économies à de telles personnes et dire qu'elles gèrent tout ce qu'elles me soutirent en taxes et impôts, et cela, sans savoir ce qu'elles font de mes économies. Sommes-nous dirigés par une bande d'amnésiques ? Ce n'est pas rassurant.

Même si la commission Gomery coûte des millions, il estime qu'elle vaut ce prix pour en finir avec l'incompétence, le copinage, la politicaillerie.

On ne pourrait mieux… l’écrire !

UN ACCIDENT ? LE 8 MARS 2005 - Nathaëlle Morissette (La Presse) écrit que dans un discours prononcé presque entièrement en anglais, à la fin du congrès de son parti hier, le lieutenant politique de Paul Martin au Québec a qualifié de «pur accident» le raz-de-marée bloquiste qui a déferlé sur le Québec lors des dernières élections, le ministre Jean Lapierre est convaincu que le Parti libéral va reconquérir les électeurs de la Belle Province, au prochain scrutin, grâce au refus du premier ministre de participer au projet de bouclier antimissile.

De la « Belle Province», oui… On voit bien quelle conception ce gars-là se fait du Québec. Mais pire, le SCANDALE des commandites, le CENTRALISME d’Ottawa, l’ÉTRANGLEMENT du Québec par le déséquilibre fiscal, les cotisations scandaleusement excédentaires dans le programme d’assurance-emploi, le milliard de dollars rendu on ne sait où aux Ressources humaines Canada, c’est notamment contre cela que les électeurs et électrices ont voté aux dernières élections. Parler d’un « pur accident », dans ces circonstances, c’est afficher un mépris dégoûtant à leur égard.

LE DEVOIR DE M. GOMERY, LE 7 MARS 2005 - Bernard Descôteaux commente le fait que Jean Chrétien présentera une requête en récusation contre le juge John Gomery qu'il veut voir quitter l'enquête sur le scandale des commandites. Prêt à assumer la paternité politique du programme des commandites, il a refusé devant la commission toute responsabilité à l'égard des problèmes de gestion qu'il avait déléguée à d'autres. Inutile donc de lui imputer quelque faute que ce soit.

À peine sous-entendu, le message est le suivant : personne n'a le droit de douter de la sincérité de l'ancien premier ministre et, pourquoi pas tant qu'à y être, de tous ceux qui ont été mêlés à ce programme, d'Alfonso Gagliano, à André Ouellet, Jean Pelletier et Jean Lafleur.

L'essence même d'une commission d'enquête étant d'enquêter, le juge Gomery a le devoir de douter de tout. D'ailleurs, comment faire autrement lorsque presque tous les témoins semblent frappés d'amnésie. M. Gomery, lorsqu'il a évoqué une possible conspiration du silence entre MM. Chrétien et Himelfarb, n'a pas porté de jugement. Il n'a fait que soulever la question. Poser des question est justement son mandat. Il doit continuer à le faire sans entraves.

Et vlan, dans les dents ! Le juge Gomery ne doit pas se laisser impressionner... tout en affichant une attitude modeste et respectueuse dans les circonstances, afin de rester à l'abri de tout croc-en-jambe de la sorte. Ça fait partie de son devoir car cette enquête est trop importante pour qu'il se permette quelqu'écart que ce soit.

LE POT AUX ROSES, LE 6 MARS 2005 - Antoine Robitaille (Le Devoir) passe en revue les récents articles de presse sur l’enquête de la Commission Gomery.

Vraiment, il n'y avait pas de « plafond salarial » pour Jean Lafleur, ce génie de la communication qui a empoché 9,3 millions de 1994 à 2000 dans l'affaire des commandites fédérales, écrivait le Chronicle Herald de Halifax mercredi. Le seul titre de gloire que M. Lafleur puisse revendiquer, c'est d'avoir joué pour l'Équipe libérale, qui a tendance à se prendre pour l'Équipe Canada. Cet accès au pipeline de l'argent des contribuables a durablement terni la marque de commerce fédéraliste au Québec.

Caricature de Côté, Le Soleil, le 5 mars 2005 C’est aussi mon avis ! Cette marque de commerce était déjà ternie, elle l’est désormais de manière irrémédiable…

Le chroniqueur James Travers, dans le Toronto Star, souligne que la perspective sur la commission Gomery est totalement différente dans le ROC (rest of Canada) et au Québec. Pour la plupart des Canadiens hors Québec, c'est le cafouillage des commandites québécoises, un programme mal administré qui symbolise tous les défauts du centre politique du pays. Mais au Québec, on voit les choses différemment, ces commandites sont une insulte puisqu'on tentait grossièrement d'acheter leur loyauté. Double insulte puisque les manoeuvres politiques rappellent «d es souvenirs désagréables de l'ère qui a précédé l'assainissement des moeurs politiques québécoises ».

Travers affirme que les Québécois ont tout à fait raison d'être insultés. Après tout, ils sont presque les seuls à être traînés dans la boue dans cette histoire. À l'extérieur du Québec, peu semblent se soucier du fait que le scandale des commandites est, en son essence même, l'illustration la plus évidente d'un système pourri qui existe partout au Canada, un système qui permet de récompenser, à grands coups de fonds publics, des entreprises qui ont aidé un parti à se hisser au pouvoir. Travers dit aussi que dans le ROC, on oublie bien facilement que René Lévesque a débarrassé le Québec de la souillure politique qui datait des décennies duplessistes.

Je partage également cette lecture des événements. Et comme je le mentionnais dans une chronique précédente, le pire actuellement est que suite aux abus que constitue l’utilisation faite du programme des commandites aux dépends du Québec, on nous tienne désormais responsables de ce qui est arrivé alors que les mœurs politiques au Québec ont été assainies depuis des décennies.

D'ailleurs, le chroniqueur Michel Venne (Le Devoir) écrira dans l'édition du lundi, 7 mars, que Jean Lafleur tout en montrant, lors de son témoignage révélateur, un profond mépris pour ses concitoyens, s'est moqué de nous tous la semaine dernière, M. Lafleur, comme tous ceux qui ont profité du programme des commandites pour se servir au passage. Il aurait dû donner la nausée au pays entier. En particulier aux Québécois qui passent, dans cette affaire, aux yeux du reste du Canada, pour des imbéciles mais aussi pour des profiteurs.



QUI MIRE QUI ? LE 4 MARS 2005 - Brian Myles (Le Devoir) écrit que le commissaire John Gomery est de nouveau dans la mire de Jean Chrétien, qui a réclamé sa récusation hier, dans une requête à la Cour fédérale, en raison de ses questions suggérant l'existence d'une « conspiration du silence » entre l'ex-premier ministre et le greffier du Conseil privé, Alex Himelfarb, au sujet du scandale des commandites. Le juge John Gomery y est allé d’un petit sourire en coin, hier à la Commission d’enquête sur le programme des commandites, qui siégeait à Montréal.

Ne serait-ce pas plutôt Chrétien qui est actuellement dans la mire du juge ? Qui mire qui au juste ? Tout ce que je souhaite, c'est que le juge ne se laisse pas intimider par ce grossier personnage.

« JUTEUSES » RÉVÉLATIONS ? LE 28 FÉVRIER 2005 - Gilles Toupin (La Presse) : La commission d'enquête sur l'affaire des commandites reprend ses audiences ce matin à Montréal. Au menu: la promesse de révélations «juteuses» sur le rôle joué, entre 1996 et 2003, par une poignée d'agences de communication dans la gestion de plus de 1 milliard de dollars de deniers publics.

Après avoir passé six mois sur la question de la responsabilité politique du scandale, la Commission tentera de découvrir ce qu'il est advenu de tous ces dollars tirés du Trésor public. Selon le rapport de la vérificatrice générale, Sheila Fraser, sur la gestion «catastrophique» du programme de commandites par le gouvernement Chrétien, environ 100 millions de dollars ont été versés en commissions et en coûts de production à des agences proches des libéraux.

Du côté des activités de publicité, les travaux confiés à ces agences de communication, affirmait Mme Fraser, ont totalisé environ 793 millions de dollars entre 1998 et 2003. Ces multiples transactions avec des entreprises, a signalé Mme Fraser dans son fameux rapport, ont été réalisées sur la base de fausses factures et de faux contrats, voire sans contrat du tout, et semblent avoir été conçues «de manière à verser des commissions à des agences de communication, tout en cachant la source des fonds et la vraie nature des opérations».

En raison des limites de son mandat, Sheila Fraser n'a pu scruter les livres comptables et les bilans financiers de ces agences de communication. La commission Gomery a reçu ces pouvoirs. Rappelons que les agences qui ont profité du programme de commandites ont versé des milliers de dollars au Parti libéral du Canada entre 1993 et 2002. Ce volet montréalais des audiences de la commission Gomery insistera davantage qu'à Ottawa sur les activités de publicité du gouvernement fédéral.

Tout ce que j'espère de cette partie des travaux de la Commission, à Montréal, c'est qu'après le véritable viol intellectuel que nous avons subi au Québec par ces commandites, on ne vienne pas, ailleurs au Canada, nous rendre maintenant responsables comme de québécois et québécoises de ce qui s'est passé... Le « Québec bashing », une réaction viscérale du ROC à notre égard, se reproduirait que ça ne me surprendrait pas le moindrement du monde.

AGITATION STÉRILE, LE 25 FÉVRIER 2005 – Selon la Presse Canadienne, Québec songerait à contester devant les tribunaux la validité constitutionnelle du programme fédéral de péréquation. Le budget Goodale n'a prévu aucune mesure sur la péréquation, ce système qui vise à permettre à toutes les provinces d'offrir des services à peu près comparables à leur population. Québec soutient que la péréquation n'est pas un simple programme fédéral, mais qu'elle est enchâssée dans la Constitution. De son côté, Ottawa la voit comme un programme strictement fédéral.

Une belle illustration du fonctionnement bancal de ce fédéralisme, i.e. être obligé d’aller devant les tribunaux pour que le fédéral respecte la constitution. Et après des années de procédures, même lorsque ceux-ci donneront sans doute raison au Québec, le fédéral refusera d’obtempérer, comme il le fait plus ou moins dans le dossier des congés parentaux.

La seule solution praticable se dessine encore une fois : sortir au plus sacrant de ce régime de fous !

Caricature dans Le Journal de Montréal CENTRALISATION FÉDÉRASTE, LE 27 FÉVRIER 2005 - Gil Courtemanche (Le Devoir) rappelle qu’un budget, comme un projet de loi, une pièce de théâtre ou un livre, peut se lire de multiples façons. Sous l’angle proprement politique, on constate que depuis des années, les libéraux construisent un État fédéral toujours plus riche qui maintient les provinces dans un état permanent de dépendance. C'est la volonté de créer de fait un gouvernement senior, supérieur et dominant qui supervise des gouvernements inférieurs et secondaires.

Un autre qui voit clair dans l’évolution centralisatrice de ce régime débilitant pour le Québec… Libérez-nous des fédéraux ! (adaptation du thème de la chanson bien connue du groupe Loco Locass)

LE BUDGET DU MÉPRIS, LE 24 FÉVRIER 2005 – Courte mosaïque (i.e. un assemblage décoratif de petites pièces rapportées retenues par un ciment et dont la combinaison figure la synthèse de l'attitude d'Ottawa envers le Québec, depuis des lunes...) de commentaires de presse sur le budget Gooddale de mercredi :

Jean-Robert Sansfaçon (Le Devoir) : Ceux qui aiment la continuité ne seront pas déçus: il y a très peu de bonnes nouvelles pour les provinces et les contribuables dans ce budget grâce auquel Ottawa utilise massivement l'argent de ses revenus en forte hausse pour intervenir partout où il peut gagner des alliés.

Le budget du mépris... Sortons au plus sacrant de ce régime de fous ! Mylène Moisan (Le Soleil) : Pas un sou pour les congés parentaux, 80 millions $ en moins pour les garderies, pas de surprise du côté de la péréquation. Québec ne pourra visiblement pas compter cette année sur le gouvernement fédéral pour lui rendre la vie plus facile.

Simon Boivin (Le Soleil) : Le budget d'Ottawa est « très décevant pour le Québec », estime Michel Audet, qui veut rencontrer son homologue fédéral pour obtenir des correctifs. On avait demandé des solutions, et il n'y a absolument rien. »

Presse Canadienne : En ce qui concerne la péréquation, le ministre Audet est particulièrement irrité de constater que les demandes du Québec sont demeurées lettres mortes, alors que Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse ont récemment obtenu des ententes bilatérales de plusieurs milliards de dollars avec le gouvernement du Canada.

Norman Delisle (Presse Canadienne) : « Jamais les finances du Québec ne seront gérées convenablement tant qu'elles ne seront pas gérées totalement à partir de Québec », a soutenu M. Landry mercredi soir, en réagissant au budget Goodale. « C'est la énième démonstration qu'il faut mettre fin au système actuel », a-t-il souligné.

Monsieur Landry a raison. Et rappelons que si un montant équivalent à celui versé à Terre-Neuve et à la Nouvelle-Écosse nous avait été "consenti", c'est 47 milliards $ qu'Ottawa aurait dû envoyer... disons plutôt retourner au Québec.

On voit bien que les Québécois ne peuvent pas compter sur Ottawa et que l'ère de coopération espérée par Jean Charest avec le Conseil de la fédération n'est pas au rendez-vous. C'est même pire qu'avant pour une raison bien simple : quand tu t'écrases comme le font les libéraux « provinciaux », on te méprise, on te passe dessus...

Et ça ne risque pas de se rétablir comme dynamique avec un Benoît Pelletier qui dit maintenant compter sur Jean Charest pour l'épauler dans sa lutte contre le déséquilibre fiscal.


LES INTÉRÊTS DU QUÉBEC MENACÉS, LE 21 FÉVRIER 2005 – Dans une entrevue à RDI, l'ex-ministre des Finances, Yves Séguin, invite le gouvernement Charest à faire preuve d'une plus grande vigueur dans ses relations avec Ottawa, estimant que son ardeur à dénoncer le déséquilibre fiscal lui a probablement coûté son portefeuille.

Adaptation d'une caricature de Garnotte, Le Devoir, 21 février 2005 « Nous sommes dans une période où les intérêts du Québec sont très menacés pour deux raisons. Sur le plan financier, on perd de l'argent parce qu'on paie de l'impôt à Ottawa et nous n'en recevons pas le juste équivalent. Deux, il y a un empiétement massif du gouvernement fédéral dans le champ de compétences des provinces », d’expliquer Yves Séguin.

« Le fédéral a fait des coupures de 2,4 milliards $ en 2002 et 2003 », dit-il, qualifiant ce geste d'injustice pour le Québec. « Ça démolit la marge de manœuvre que nous avons dans notre budget. » Il en appelle à une action vigoureuse et rigoureuse du gouvernement du Québec, appelant les Québécois à réaliser ce qui se passe en ce qui a trait aux agissements unilatéraux d'Ottawa, qui a détruit la marge de manœuvre de Québec.

De son côté, la Presse Canadienne rapporte que le remaniement est bien accueilli à Ottawa, les ministres fédéraux accueillant à bras ouverts les nominations de nouveaux vis-à-vis. Le ministre fédéral des Finances, Ralph Goodale, ne devait pas être malheureux de voir partir Yves Séguin, son adversaire le plus coriace sur la question du déséquilibre fiscal, estime la PC.

Sans commentaire !

DU GRAND (?) CHRÉTIEN, LE 12 FÉVRIER 2005 - Pour Denise Bombardier (Le Devoir), Jean Chrétien était en forme lorsqu'il s'est présenté devant la commission Gomery. Syntaxe éclatée, vocabulaire déficient, anglicismes à gogo. On s'est rendu compte qu'il ne fait pas sienne la devise du Québec. Il ne se souvient d'à peu près rien. Sa mémoire ne lui est d'aucun recours lorsqu'il s'agit de confirmer ou d'infirmer des réunions avec ses proches collaborateurs.

Du vrai Chrétien car, chef suprême menant le combat pour sauver le Canada, ses ordres et ne se soucie guère du choix des armes, des combattants ou de la stratégie des exécutants. Il a foi dans ses soldats, et on suppose qu'il apprécie particulièrement les plus coriaces devant l'adversaire.

Qu'on lance la police aux trousses des voleurs potentiels et qu'ils paient pour leurs crimes, si des crimes ont été commis : telle est sa réaction face aux malversations. Mais lui ne s'embarrasse pas de ces détails. Avec les commandites, l'important était de sauver le Canada. Les dommages collatéraux apparaissent dès lors dérisoires.

Du grand Chrétien aussi, cette façon qu'il a de trivialiser le débat d'idées en le ramenant à un combat de ruelle où tous les coups sont permis dans les limites de la légalité. Car avec lui, la légitimité en prend plein la gueule, si on nous permet d'adopter son ton.

Bref, un « bum » !

MERCI, M. CHRÉTIEN, LE 10 FÉVRIER 2005 - En lettre ouverte, M. Daniel Lévesque, de Beauport remercie Jean Chrétien :

Merci Jean Chrétien!

Si le Québec accède un jour à son indépendance, il lui faudra certes ériger une statue à la gloire de Jean Chrétien. En effet, ce dernier aura fait par son contraire, la plus éclatante démonstration de l’existence du mépris qu’un nombre important de dirigeants du mouvement fédéraliste entretiennent à l’égard des Québécois.

Caricature de Garnotte, Le Devoir, 9 février 2005 Jean Chrétien est loin d’être le politicien rusé que l’histoire tend à dépeindre. Au contraire c’est un homme hargneux méprisant, et dénué de toute subtilité. Un homme dont on peut même douter de l’intelligence. Il entretien une vision si basse de ses concitoyens qu’il a poussé l’audace jusqu’à croire que ces derniers allaient endosser un fédéralisme promu à grand coup de drapeaux et de commandites. Il a pris les québécois et aussi les canadiens pour de grossiers imbéciles. Les Québécois ne comprennent rien, pense-t-il! S’ils ont voté ainsi au référendum de 1995, c’est qu’ils ont été bernés par la question référendaire et surtout par sa référence au partenariat. C’est avec ce postulat infantilisant que Jean Chrétien a créé la loi sur la clarté référendaire, croyant que les Québécois ne savaient pas ce qu’ils faisaient lors du référendum de 1995 et c’est avec les mêmes arguments que Jean Chrétien a mis sur pied le programme des commandites.

Bien malin serait celui qui pourrait aujourd’hui nous dire combien de votes ont pu être achetés par les millions de dollars dépensés en publicités ainsi que les milliers de drapeaux tapissés ça et là. N’empêche, il faut bien l’admettre, même si tout cela n’avait rien de très sophistiqué il n’en demeure pas moins que ça a dû avoir eu son effet. Néanmoins, je demeure sceptique. Et s’il est un seul Québécois qui fût convaincu par cette campagne j’aimerais bien qu’il se manifeste…

Quoi qu’il en soit, tout cela, c’était avant le rapport de la vérificatrice générale madame Sheila Fraser. Cette grand-mère bien ordinaire n’est certes pas une souverainiste mais on peut présumer qu’à l’instar de bien des canadiens doués de la moindre intelligence, elle a flairé l’incidence épouvantable que pouvaient avoir les actions du gouvernement de Jean Chrétien sur la suite des évènements et qu’en bonne et fidèle fédéraliste, elle ait attaché le grelot dans l’espoir de refaire une virginité au mouvement fédéraliste. Quant à Jean Chrétien, jusque là, il avait toujours cru que le scandale n’éclaterait jamais au grand jour mais hélas pour lui, l’histoire l’aura encore déjoué. Aussi, au terme de ce qui fût probablement un événement qui se fera de plus en plus rare, c’est à dire l’apparition publique de Jean Chrétien, il nous reste donc à faire le bilan.

À cette heure, il est permit de penser que Jean Chrétien puisse une fois de plus se glisser entre les goûtes de pluie et que jamais il n’ait à répondre ni politiquement ni autrement des actes qu’il a cautionnés. Bien sûr, Jean Chrétien et ses complices que sont les Dion, Coderre et tous les autres allègueront qu’ils ne savaient rien et qu’ils n’ont ainsi commis aucun geste répréhensible; cela en vertu des largesse que notre État de droit leur permet, et c’est de bonne guerre! Mais l’histoire retiendra par contre que c’est eux qui dirigeaient, que c’est eux qui étaient les fiduciaire de l’argent de tous les Québécois et de tous les Canadiens et que c’est eux qui en dernier ressort, en avaient la responsabilité. Et la même histoire dira également qu’ils ont faillit à leur tâches. Autant celle de protéger le bien des contribuables, que celle de garder ce pays uni. Car en définitive, le scandale des commandites aura produit l’effet contraire de ce qu’il souhaitait. Il aura donné au mouvement souverainiste un souffle qu’il n’espérait plus. Entre autre, il aura contribué à faire réélire le Bloc québécois par une forte majorité.

Avec le gouvernement Charest qui s’enlise et la perspective d’un autre rendez-vous avec l’histoire qui se pointe de nouveau à l’horizon pour le Québec, on peut alors se demander quels seront les arguments que pourrait invoquer les tenants du fédéralisme pour garder une fois de plus, les Québécois dans cette fédération qui les a de toute évidence roulés. Pourtant, les Québécois sont sans rancune et pardonneraient assurément si au moins Jean Chrétien avait une once remord. Mais hélas, à l’instar de ses complices, il persiste dans l’arrogance. Interrogé hier par les journaliste, Denis Coderre expliquait d’ailleurs quant à lui, « qu’il fallait examiner le contexte dans lequel les évènements se sont déroulés ». On peut se demander en effet, quel contexte peut justifier que des fond publiques soient dilapidés ainsi sans vergogne? Et surtout, quel contexte peut justifier que des actes criminels soient commis?

Si jamais il devait y avoir un troisième référendum, il ne fait aucun doute que les souverainistes capitaliseront sur les frasques du gouvernement Chrétien. Ils rappelleront alors comment nous avons été bernés, combien cela a coûté et quels furent les conséquences de cet acte de piraterie perpétré par le gouvernement de Jean Chrétien à l’encontre des plus élémentaires règles de la démocratie. Il rappelleront également le mépris du gouvernement de Paul Martin vis à vis des chômeurs, son refus de négocier les congés parentaux, ses actions centralisatrices et finalement, son aide au compte-goûtes en santé. À la lumière de cela, nous serons alors à même de mesurer tout l’héritage de l’ère Chrétien par le résultat d’un éventuel référendum. Or, si ce scénario se concrétisait, il se pourrait aussi qu’à ce moment, à l’instar de tous les Québécois, Jean Chrétien réalise enfin qu’il aura contribué à rassembler les conditions gagnantes qu’il cherchait à plutôt à anéantir.

J'appelle cela, voir clair !

LE CABOTIN, LE 9 FÉVRIER 2005 - Alec Castonguay (Le Devoir) écrit que Jean Chrétien, d’une humeur massacrante, a été fidèle à lui-même hier, tout au long de son témoignage devant la commission Gomery. S’il suivait de très près le déroulement des activités de commandites, il ne prenait aucune décision sur le choix des événements et des agences de publicité, contredisant même ses anciens ministres, qui affirmaient ne pas être au courant de l'existence du programme.

Jean Chrétien a tenté de démontrer toute la journée qu'il ne s'occupait pas de la «mécanique» des commandites. Mais même si le premier ministre «ne se mêlait pas de la plomberie», il était manifestement bien au fait des événements, soulignant que son expérience politique et celle de son entourage était un atout. Jean Chrétien a toutefois souligné que jamais il n'a entendu parler des agences de publicité retenues pour effectuer les contrats, pas plus que des commissions touchées au passage.

Caricature de Garnotte, Le Devoir, 9 février 2005 Pour Manon Cornellier (Le Devoir), Jean Chrétien, qui a toujours eu un côté théâtral assorti d'un instinct de bagarreur implacable, en a fait la démonstration hier. Et s'il ne s'est jamais retrouvé dans les câbles, il n'a pas réussi à dissiper la mauvaise impression qu'a laissée de sa gouverne le scandale des commandites. Les nostalgiques d'un leadership musclé et dépourvu d'hésitation le regretteront peut-être après sa performance d'hier, mais sa manière cavalière de traiter certains pans de l'administration publique devrait porter à réfléchir, de conclure la journaliste.

Il mérite vraiment son nouveau sobriquet, ce Jean « Small Town Cheap » Chrétien. Il estime, si je comprends bien, que la fin justifiait les moyens. Quant aux dérapages dans les contrats, il ignorait, bien entendu... Ses réponses cabotines vous surprennent ? Moi, pas !

À SUIVRE ! LE 7 FÉVRIER 2005 - Gilles Toupin (La Presse) souligne que pour la première fois, deux premiers ministres « canadjians » - Jean Chrétien et Paul Martin - témoigneront tour à tour cette semaine devant une commission d'enquête publique.

Caricature de Garnotte, Le Devoir, 7 février 2005 Jean Chrétien avait refilé à Paul Martin les braises ardentes du rapport de la vérificatrice générale en mettant un terme à la session parlementaire en novembre 2003, juste avant le jour où Mme Fraser devait publier son rapport incendiaire. La manœuvre permettait à M. Chrétien de quitter la vie politique sans coup férir et d'obliger la vérificatrice générale à publier son rapport après l'assermentation de Paul Martin. Celui-ci fut contraint de se défendre sur la place publique, de clamer partout qu'il n'avait pas été mis au courant de la gestion du programme au jour le jour. Avant d'appeler les Canadiens aux urnes, il n'eut d'autre choix que d'ordonner l'enquête publique.

La Presse Canadienne, de son côté, estime que l'enjeu pour M. Chrétien est hautement personnel. Il court le risque que son nom et sa place dans l'histoire soient ternis. On imagine qu’il se défendra en ayant recours à des arguments émotifs autant que techniques : le programme fédéral des commandites a contribué à sauver le pays, il n'était pas au courant de quelque irrégularité que ce soit, et il a lui-même invité la police, il y a longtemps, à arrêter quiconque était coupable d'agissements illégaux.

Pourra-t-il ne pas passer de « p’tit gars » à « p’tit bum » ...de Shawinigan.

HONTE ! LE 6 FÉVRIER 2005 - Édith Gendron, de Gatineau, dénonce dans Le Devoir le fait que certains voudraient que les indépendantistes ne se manifestent pas à la Fête nationale. Elle ne voit pas au nom de quel principe on voudrait museler et censurer la moitié de la population qui désire créer son propre pays. Il n'y a rien de choquant pour les fédéralistes dans le fait que les indépendantistes expriment leur désir et leur espoir d'un pays à la Fête nationale justement. La démocratie s'exerce 365 jours par année, y compris le 24 juin.

On exigeait que le PQ gouverne pour tous les Québécois. Alors, comment se fait-il que le gouvernement Charest coupe dans le budget de la Fête nationale ? Tous les Québécois, fédéralistes comme indépendantistes, doivent exiger qu'on rétablisse le budget intégral de la Fête nationale. Fédéralistes comme indépendantistes, nous devons célébrer notre différence linguistique et culturelle avec éclat et non comme des petits pauvres. Ce gouvernement s'apprêtait à donner des millions à des écoles privées et du même souffle il rogne sur la Fête nationale. C'est une honte !

J’appuie ! Debout, les endormis !

Caricature Fleg, Le Soleil, 5 janvier 2005 PLUS ÇA CHANGE… LE 2 FÉVRIER 2005 - Jean-Robert Sansfaçon (Le Devoir) souligne que les discussions en vue de permettre la création d'un régime de congés parentaux au Québec se butent une fois de plus au refus d'Ottawa d'assumer sa part des coûts du nouveau régime. On pouvait comprendre un tel blocage avec le p'tit gars de Shawinigan, mais les choses devaient changer avec Paul Martin. La ministre responsable du dossier à Ottawa, Lucienne Robillard, continue d'affirmer que son gouvernement veut trouver une solution, mais elle ajoute qu'il n'y a pas d'argent dans la Caisse d'assurance emploi.

Foutaises ! Les excédents à la Caisse d'assurance emploi dépassent 50 milliards, dont deux milliards cette année et l'an prochain qui n'ont évidemment pas encore été dépensés... Et au moment même où Ottawa refuse d'assumer les coûts de la transition avec le Québec, il signe une entente d'une générosité surprenante avec Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse, qui leur permettra de récolter des milliards en redevances sur le pétrole sans que cela n'affecte leurs droits à la péréquation. Qu'en pensent les ministres libéraux du Québec ? Pourquoi sont-ils aussi silencieux lorsqu'il est question des Maritimes et si hargneux quand vient le temps de lancer la première expérience de congé parental digne de ce nom destinée aux parents de leur propre province ?

L’éditorialiste pose une excellente question : « Où sont les ministres fédéraux du Québec par les temps qui courent? » … De toute façon, pour le poids qu’ils ont, ça ne changerait pas grand chose.

PENSEZ-Y BIEN M. CHRÉTIEN ! LE 2 FÉVRIER 2005 - Isabelle Rodrigue (PC) écrit qu’après un bref moment d'incertitude, les travaux de la Commission d'enquête sur le programme de commandites auront repris leur rythme habituel, mardi, après l'annonce du juge John Gomery qu'il rejetait la requête de l'ancien premier ministre Jean Chrétien et qu'il continuait à présider la Commission.

Le juge Gomery a répété à de nombreuses reprises qu'il demeurait impartial et qu'il n'avait ou n'a pas tiré de conclusions à la suite des témoignages qu'il a entendus depuis septembre. Le commissaire a néanmoins admis, d'entrée de jeu, qu'il avait «fait une erreur» en acceptant de se prêter à des entrevues avec des journalistes avant Noël, et que les commentaires passés lors de ces entrevues étaient inappropriés et mal avisés.

Dans sa décision, le commissaire Gomery n'a pas manqué de faire observer que son retrait de l'enquête entraînerait des délais et des coûts supplémentaires. «L'intérêt public ne serait pas bien servi par une suspension des audiences, peu importe la raison», a lu le juge Gomery.

Les procureurs de M. Chrétien n'ont pas voulu commenter immédiatement la décision du juge. M. Chrétien dispose d'un autre recours et a 30 jours pour porter sa requête en récusation devant la Cour fédérale.

Je leur conseille de bien réfléchir, effectivement ! Si Jean Chrétien avait dû se retirer au moindre faux pas, il ne serait pas demeuré en politique bien longtemps, surtout comme premier ministre.

FOU RAIDE, LE 1ER FÉVRIER 2005 - Isabelle Rodrigue (Presse Canadienne) rapporte que le juge John Gomery a décidé, lundi, de faire durer un peu plus longtemps le suspense en prenant en délibéré la demande de récusation des avocats de Jean Chrétien. Le commissaire s'est accordé un peu plus de temps pour pouvoir peser tous les aspects de la décision à prendre, en ajournant les travaux deux heures plus tôt qu'à l'habitude. « Je crois que je préfère réfléchir sur la question pendant la soirée au lieu de me hâter pour prendre une décision », a expliqué le juge, ajoutant qu'il partagerait ses conclusions dès la reprise des audiences, mardi matin.

« D'un point de vue pratique, si vous vous récusez, cela équivaut à reprendre du début et ce serait un énorme, un énorme gaspillage de fonds publics », a fait valoir Richard Dearden, qui représente le bureau de Sheila Fraser devant la Commission. Les délais et les coûts que pourrait entraîner une telle décision ne semblent pas émouvoir M. Chrétien qui estime que le juge n'a plus l'impartialité requise pour mener la Commission à bon port.

Qu’à cela ne tienne, Ti-Jean n’en est pas à ses premiers excès… Paye Baptiste !

RETOUR AUX SOURCES, LE 31 JANVIER 2005 - Robert Dutrisac (Le Devoir) rapporte que le gouvernement Charest n'a pas les moyens de se montrer généreux envers la classe moyenne en 2005-06 comme il l'a promis. Jean Charest doit maintenant revoir ses plans. Les pressions du système de santé, notamment l'assurance médicaments, sur les finances publiques continuent sans désemparer. Il n'y a aucune marge de manoeuvre du côté des dépenses. Au contraire, pour l’an prochain, ces chiffres vont plutôt dans le sens d'un gel des dépenses de tous les ministères à l'exception du ministère de la Santé et des Services sociaux.

Pour sortir de cette impasse budgétaire, le gouvernement Charest ne peut pas non plus compter sur un coup de pouce de la conjoncture économique. Tous les économistes revoient à la baisse leurs prévisions de croissance économique pour le Québec comme pour le reste du Canada. Lundi à Ottawa, Yves Séguin reviendra à la charge en réclamant une solution au déséquilibre fiscal et la renégociation du nouveau cadre de la péréquation imposé par Ottawa cet automne.

Séguin se tourne donc vers le vrai problème, près de deux ans après avoir été élu. Deux ans de perdus…

RESPONSABILITÉ MINISTÉRIELLE, LE 30 JANVIER 2005 – Selon, Isabelle Rodrigue (Presse Canadienne) tous les yeux sont actuellement tournés vers l'affrontement Gomery-Chrétien qui se déroulera lundi. Des avocats du gouvernement Martin vont y faire une intervention orale pour appuyer le juge Gomery puis celui-ci entendra les arguments des avocats de l'ancien premier ministre Chrétien qui le somment de se retirer de l'enquête.

Caricature de Garnotte, Le Devoir, 13 février 2004 Ils ne seront pas les seuls à intervenir dans ce dossier. Les avocats de la vérificatrice générale, du Parti conservateur, et du Bloc québécois ont également indiqué qu'ils interviendront pour appuyer le juge. Ils feront valoir qu'ils sont convaincus que le juge demeure impartial et encore apte à présider la Commission.

Trois scénarios sont possibles : Le juge peut prendre la question en délibéré; il peut annoncer qu'il reste en place, ou encore qu'il quitte son poste. Si le juge Gomery reste, M. Chrétien a la possibilité de porter sa requête en Cour fédérale; s'il se retire, le gouvernement devra nommer un autre juge.

Vendredi, la Commission a entendu le témoignage de l'ancien ministre du cabinet Chrétien Marcel Massé, qui a présidé après le référendum de 1995 un comité ministériel spécial chargé de mettre au point une stratégie d'unité nationale. C'est concernant la notion de responsabilité ministérielle que le témoignage de M. Massé revêt une importance capitale pour le commissaire Gomery qui doit, dans son rapport final, faire des recommandations au gouvernement afin qu'un tel scandale ne se reproduise plus.

Ainsi, contrairement à ce qu'a affirmé dans le passé l'ancien ministre des Travaux publics Alfonso Gagliano, M. Massé, qui fut aussi sous-ministre et greffier du Conseil privé, a estimé hier que le ministre doit assumer l'entière responsabilité des décisions qu'il prend s'il n'en informe pas son sous-ministre. Or, le sous-ministre de M. Gagliano, Ran Quail, a témoigné en novembre devant la Commission qu'il n'était pas consulté pour les commandites; que M. Gagliano le court-circuitait pour faire affaire directement avec le directeur du programme, Chuck Guité, normalement sous les ordres de M. Quail.

Ainsi, si le commissaire Gomery souscrit à l'opinion émise hier par Marcel Massé sur la responsabilité ministérielle, l'ancien ministre Gagliano ne pourra plus affirmer qu'il n'était pas responsable des ratés du programme de commandites. Quand le sous-ministre n'est pas informé d'une décision, c'est le ministre, a témoigné M. Massé, « qui prend la responsabilité de la décision ».

Vous vous souvenez peut-être que j’évoquais ce principe de la responsabilité ministérielle, dans mes chroniques antérieures, expliquant pourquoi M. Gagliano, voire même M. Chrétien, ne pouvaient plaider l’ignorance des faits en ce qui regarde le scandale des commandites, pour se disculper. On y arrive enfin. Soyons vigilants, appuyons nous aussi le juge Gomery dans les circonstances actuelles, alors que les principaux témoins tentent manifestement d'échapper au processus visant à faire la lumière sur ce qui s'est passé véritablement. L'heure de la reddition des comptes arrive, tenez-vous bien !

LE RIDICULE TUE-T-IL ? LE 26 JANVIER 2005 - Alec Castonguay (Le Devoir) fait état du coup de tonnerre à la Commission d'enquête sur le scandale des commandites. Jean Chrétien, par ses avocats, a demandé hier au juge John Gomery de céder sa place à un autre magistrat, soutenant qu'il n'était plus impartial et que son rapport final serait «biaisé». Les faits reprochés au juge remontent aux 16 et 17 décembre derniers, alors que ce dernier a donné des entrevues aux médias. Dans ces entretiens, John Gomery a notamment déclaré que certains témoins avaient menti devant lui, sans préciser lesquels. John Gomery a aussi déclaré qu'il avait «le meilleur siège pour le meilleur spectacle en ville» avec des «choses juteuses encore à venir».

Lundi matin, le juge entendra une requête en récusation de Jean Chrétien. John Gomery pourra alors prendre une décision sur-le-champ ou encore prendre quelques heures, voire quelques jours, pour rendre son verdict. Dans le cas où il refuse de céder sa place et réaffirme qu'il n'a tiré aucune conclusion et que son impartialité est intacte, Jean Chrétien pourra alors, s'il le désire, porter sa requête devant la Cour fédérale, qui devra trancher le litige.

Malgré ce coup de tonnerre, la commission a poursuivi ses travaux hier avec comme témoins des ministres et députés encore en poste. Stéphane Dion, Denis Coderre ainsi que Diane Marleau sont passés devant le juge. Tous ont confirmé que le bureau du premier ministre en menait très large dans la gestion du programme des commandites…

Ah oui ?… Ah bon ! M. Chrétien pense-t-il que la population sera dupe de la manoeuvre ?

Pour sa part, Maxime Bergeron (La Presse) rapporte que la jurisprudence joue contre Jean Chrétien. La commission Gomery n'est pas un procès. Cette distinction risque de faire une grande différence dans le traitement de la demande de récusation, selon les experts en droit consultés par le quotidien. On y apprend que les tribunaux canadiens ont déjà statué à l’encontre de ce genre des prétentions de M. Chrétien dans quelques dossiers similaires . « Le rôle d'un commissaire-enquêteur ne l'amène pas à statuer sur les droits civils ou la responsabilité criminelle des gens, et dans ce contexte-là, sa marge de manoeuvre est plus grande que celle d'un juge », a expliqué hier Louise Viau, professeure à la faculté de droit de l'Université de Montréal.

En fait, comme l’a souligné hier le leader parlementaire du Bloc québécois aux Communes, Michel Gauthier, nous sommes rendus au coeur du scandale des commandites et ça ressemble à une tactique dilatoire pour éviter le supplice des questions des procureurs de la commission.

« LE PM VEUT CECI, … CELA », LE 25 JANVIER 2005 - Raymond Giroux (Le Soleil) écrit que le prédécesseur d'André Ouellet a quitté son poste en 1999 parce qu'il en « avait marre des ingérences politiques » dans les affaires de la société d'État. Dans un témoignage de plus de quatre heures, l'ex-président-directeur général de la société de la Couronne, Georges Clermont, a réglé ses comptes avec M. Ouellet et l'ex-ministre Alfonso Gagliano.

La PC retient de son témoignage qu’à peine avaient-ils pris le pouvoir, en novembre 1993, les libéraux de Jean Chrétien tentaient d'influencer les dirigeants de la Société canadienne des postes (SCP) pour faire embaucher leurs amis. C'est, en fait, tout un pan des penchants des libéraux de Jean Chrétien à favoriser leurs amis, dans tous les domaines, qui a été étalé publiquement hier devant la Commission Gomery.

Il s'agissait de tout un revirement dans les façons de faire, selon l'ex-p.-d. g., qui disait alors être habitué à la distance qui prédominait sous le gouvernement conservateur. «Nous avions été habitués [...] à un régime de non-ingérence, a déclaré le témoin. Jamais on ne nous demandait quoi que ce soit. Pour nous, c'était un grand changement.» Les interventions de l'ex-ministre des Travaux publics, Alfonso Gagliano, étaient surtout axées sur le Québec, a ajouté l'ancien dirigeant de Postes Canada, ce qui s'inscrivait dans la volonté du gouvernement fédéral d'augmenter sa visibilité à la suite des résultats serrés du référendum de 1995 sur l'avenir du Québec.

Libérez-nous de ces libéraux fédérastes… Oups ! Veuillez excuser le pléonasme.

SCANDALE SUR SCANDALE – LE 13 JANVIER 2005 – Dans l’édition du journal Le Devoir de mercredi, Alec Castonguay faisait état du sérieux affrontement, le jour précédent, entre le juge John Gomery et les avocats de Jean Chrétien et de Jean Pelletier, lors de la reprise des audiences sur le scandale des commandites à la commission Gomery. Dans des déclarations très critiques et accusatrices, les deux avocats ont estimé que le juge Gomery avait outrepassé son mandat en donnant son avis dans les médias sur la véracité des faits présentés par certains témoins et que ses commentaires remettaient même en cause son impartialité.

La réplique du juge n'a pas tardé. « Je vois que vous avez des cheveux gris, a lancé le juge à David Scott, l'avocat de Jean Chrétien. C'est vrai que, il y a 50 ans, un juge gardait un visage de marbre, ne disait rien tout le long du processus et ne faisait aucun commentaire jusqu'à la fin. Ce n'est plus le cas de nos jours. Dans les dernières décennies, on a vu une pression de la société pour faire descendre les juges de leur tour d'ivoire, question de mieux expliquer ce qui se passe. »

Il a fait remarquer avec agacement qu'il n'avait «tiré aucune conclusion» et que son « expérience de juge montre qu'il faut garder l'esprit ouvert jusqu'à la fin». «J'ai parlé d'éléments de preuve intéressants, sans plus. Je vous donne de nouveau l'assurance que je n'ai rien conclu et je suis vraiment désolé de vous avoir inquiété », a-t-il terminé sur un ton tranchant.

La commission a repris ses travaux avec le témoignage de Marc LeFrançois, ancien président du conseil d'administration de Via Rail de 1993 à 2001. M. LeFrançois n'a fait que confirmer des faits déjà connus, notamment la participation du bureau de Jean Chrétien dans la gestion du programme et les transferts d'argent par des entreprises de communication qui ont touché au passage de généreuses commissions sans justification. Les anciens p.-d.g. de la Banque de développement du Canada (BDC), François Beaudouin, et de Poste Canada, André Ouellet, sont également attendus dans les prochains jours à la commission. Après quoi, les acteurs politiques entreront en action.

La réaction des avocats de MM. Chrétien et Pelletier, sans pour autant être surprenante, est pour le moins suspecte. Elle constituerait un véritable scandale sur le scandale des commandites s’ils devaient aller plus loin. Les éditorialistes et chroniqueurs, aujourd’hui, ne manquent pas d’ailleurs de juger sévèrement leur démarche.

C’est le cas de Bernard Descôteaux (Le Devoir), pour qui présenter une demande de révocation du juge serait une bien mauvaise idée. Cela ne ferait qu'alimenter la suspicion du public quant à la part de responsabilité que certains politiciens portent dans cette affaire. Pour sa part Jean-Marc Salvet, dans Le Soleil, estime qu’ils « … ont sombré dans l’excès en parlant de partialité et en laissant entendre qu’ils pourraient exiger la récusation du magistrat ». De son côté, Michel Vastel n’en revient pas que MM. Chrétien et Pelletier osent, par avocat interposé, servir une leçon de morale à Sheila Fraser (Vérificatrice générale) et John Gomery : « Les avocats David Scott et Guy Pratte ont, comme on dirait, « du front tout le tour de la tête ». Mais ils sont payés pour cela. À même nos impôts d’ailleurs. »

Je partage l’opinion de Michel Vastel lorsqu’il affirme : si ces deux acteurs importants de l’affaire des commandites n’ont rien à cacher, qu’ont-ils à craindre de la remarque du juge Gomerey lorsqu’il dit ne pas aimer se faire mentir ?


BIENVENUE DANS LE CLUB ! LE 10 JANVIER 2005 - La Presse Canadienne rapporte que le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador assure que l'unifolié recommencera à flotter au-dessus des édifices provinciaux quand le reste du pays aura compris ce qui est en jeu. « Quand nous aurons le sentiment que le peuple canadien comprend l'enjeu et accepte notre protestation, les drapeaux seront de nouveau déployés », a déclaré Danny Williams dimanche, sur les ondes de CTV. M. Williams avait ordonné le retrait des drapeaux canadiens de tous les édifices publics provinciaux le 23 décembre, après la rupture des négociations avec Ottawa sur un nouveau partage des revenus du pétrole et du gaz puisés au large des côtes terre-neuviennes.

En fait, Terre-Neuve vit à cet égard une situation que nous ressentons au Québec depuis des lunes. Bienvenue dans le Club des incompris. Si on appliquait cette logique de drapeaux au Québec, il n’y aurait pas beaucoup d'unifoliés « canadjians » qui y flotteraient et ce, depuis longtemps ! N'est-ce pas ?

LE CLUB DES ABUSÉS, LE 7 JANVIER 2004 - Le Devoir, ce jeudi 6 janvier, rapportait que des associations de transporteurs aériens ainsi que de gens d'affaires accusent le gouvernement fédéral «de traiter les passagers aériens comme des vaches à lait» en relevant les loyers imposés aux administrations aéroportuaires locales. « Il est temps que le gouvernement cesse de traiter les passagers aériens comme des vaches à lait », a déclaré le président-directeur général de l'Association du transport aérien du Canada, Cliff Mackay.

Depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001, les loyers imposés par le gouvernement ont crû de 25 %, selon les associations. À leur avis, ces revenus ne sont pas réinvestis dans les infrastructures de transport aérien, mais s'inscrivent tout simplement dans les recettes générales du gouvernement.

Le ministre des Transports, Jean Lapierre, s'est jusqu'ici montré sensible (autrement dit, il s’en sacre comme de l’AN ’40 !) aux arguments de l'industrie du transport aérien. Depuis que le gouvernement a confié aux autorités locales la gestion des aéroports, en 1992, les associations de transporteurs estiment à plus de 2 milliards les sommes qui ont été versées à Ottawa sous forme de loyers.

Oui, bienvenue dans le club ... des abusés ! Vaches à lait, revenus dans les recettes générales du gouvernement plutôt que réinvestis dans le même secteur, insensibilité du gouvernement (en fait, ce sont les hauts fonctionnaires qui mènent la barque), les travailleurs vivent cela depuis des années dans le cas du régime de l’assurance-chômage (pardon ! ...emploi). À noter que les vrais abusés là-dedans, ce ne sont pas les membres des transporteurs aériens (qui, en passant, n'ont jamais dénoncé les mêmes abus odieux dans le financement de l'Assurance-emploi) mais bien « Jos Public » qui, encore une fois, se fait tondre littéralement.

CE N’EST QU’UN DÉBUT…, LE 30 DÉCEMBRE 2004 - Selon Bernard Barbeau (Presse Canadienne), le président du Conseil de la souveraineté du Québec, Gérald Larose, trouve réconfortant et réjouissant que l'appui actuel à la souveraineté, l'idée d'un Québec souverain s'étant consolidée lors des 12 derniers mois. Le dernier sondage du Bureau d'information du Canada indique qu'environ 49% des Québécois sont en faveur de cette idée.

Caricature de Côté, Le Soleil, 29 décembre 2004 « Il faut convenir qu'en 2004, la souveraineté a reçu un appui qui s'est davantage ancré, enraciné et consolidé», a dit M. Larose, pour qui le scandale des commandites a aussi jeté le discrédit sur le mouvement fédéraliste. « L'enquête Gomery révèle que ces gens trichent, mentent et volent. Ils tombent dans la corruption», a dit M. Larose. Le bilan du gouvernement Charest serait aussi un des facteurs en faveur de l'indépendance : « La gouvernance provincialiste libérale du Québec montre qu'on est à la limite de nos ressources. L'alternative fédéraliste n'est pas très, très réjouissante, a-t-il dit. En santé, rien n'est réglé. »

Gérald Larose a rappelé que lors du référendum de 1995, après des semaines de promotion, l'appui à la souveraineté du Québec était passé de 39 à 49%. « Être à 49% alors qu'on ne parle pas de souveraineté (actuellement), je vous dirai que c'est plutôt réconfortant. » Le président du Conseil de la souveraineté prévoit qu'en 2005, les militants retrouveront la cohésion qu'ils ont quelque peu perdue et qu'éventuellement, l'appui à l'option qu'il préconise pourra finalement passer le cap des 50%.

C’est également mon avis. Jean Charest et son gouvernement ne font que démontrer malgré eux que dans le régime actuel, il n’y a aucun espoir pour le Québec. Celles et ceux qui tiennent le mouvement indépendantiste et souverainiste comme moribond n’ont qu’à bien se tenir, 2005 sera une année charnière dans la reprise de l’action : sortir, échanger, convaincre ! Tel est le programme et le Conseil de la souveraineté est, à cet égard, une puissante bougie d’allumage. Quant aux péquistes, espérons qu'ils cesseront de se tirer dans le pied comme ils l'ont fait en 2004, sur la question de la chefferie.

« FRAUDE ET CORRUPTION CANADA », LE 30 DÉCEMBRE 2004 - Castonguay (Le Devoir) rapporte que Paul Martin ne sera vraisemblablement pas le seul au sein de son gouvernement à devoir défendre ses agissements passés devant la commission d'enquête sur le scandale des commandites. Le juge John Gomery a décidé de ratisser très large et envoyé une assignation à comparaître à tous les ministres québécois en poste entre 1996 et 2002.

Caricature de Garnotte parue dans Le Devoir du 28 décembre 2004 Plusieurs de ces ministres ont encore des rôles clés dans le gouvernement libéral actuel et leurs révélations pourraient s'avérer embarrassantes pour un Paul Martin qui veut se dissocier autant que possible de l'ère Jean Chrétien. Les Pierre Pettigrew, Lucienne Robillard, Stéphane Dion, Sheila Copps et Denis Coderre, auraient déjà reçu leur assignation à comparaître. Ces témoins devraient fournir d'importantes explications sur les faits et gestes de plusieurs ministres lors des réunions du cabinet Chrétien. Certains, comme Stéphane Dion, étaient d'ailleurs assermentés au Conseil privé, soit le ministère du premier ministre, où ont transité plusieurs décisions en lien avec le programme des commandites.

La commission Gomery a déjà révélé à l'automne que le conseil des ministres formé en 1996 ne pouvait pas plaider l'ignorance complète en ce qui a trait au programme des commandites. Tous les ministres en poste au début de l'année 1996, y compris Paul Martin, Pierre Pettigrew, Stéphane Dion, Lucienne Robillard, Ralph Goodale et Anne McLellan, ont discuté de la stratégie à employer pour éviter un nouveau référendum et convenu de créer ce qui allait devenir le programme des commandites, qui n'avait toutefois pas encore de nom à l'époque.

Ce que considérant, on aurait bien pu l'appeler « Fraude et Corruption Canada »...

Il faut que la commission fasse toute la lumière sur cette affaire ignominieuse. Le comble, comme le soulignait pertinemment un résident de Montréal, M. Marcel Marjot, dans une lettre parue hier dans le même journal, c’est que Paul Martin annonçait récemment son intention d'envoyer des fonctionnaires au Chili pour aider le gouvernement de ce pays à lutter contre la corruption, tout juste après le scandale des commandites. « (…) je crois que Paul Martin pourrait leur éviter ce voyage car ils n'auraient pas à chômer chez nous », écrit M. Marjot.

En d'autres mots, le Canada n’a pas de leçon à faire à quiconque actuellement en cette matière. Au moins, rétablissons notre honneur en faisant toute la lumière sur ces fraudes, ces corruptions, en sanctionnant les véritables responsables du scandale du programme des commandites, et non seulement leurs suppôts.


LES PROVINCIAUX, LE 27 DÉCEMBRE 2004 - L'historien Michel Lessard, dans son livre Meubles anciens du Québec, publié il y a 5 ans, un chef-d'oeuvre, écrit dans sa note au lecteur le sens précis qu'il prévilégie pour certains mots qu'il utilise dans son ouvrage. Il en est ainsi pour les vocables Québec, province et national :

« Le mot Québec fait référence à une entité géopolitique nord-américaine ayant en commun la langue française et un territoire, et appelant une redéfinition constitutionnelle sur la base d'une souveraineté optimale à l'intérieur d'États associés. Pour nous, c'est la patrie et le pays premier. Le mot province pour désigner le territoire national, un terme à connotation coloniale, pesant et réducteur, a été biffé de notre vocabulaire. Depuis le premier ministre Jean Lesage, nous parlons de l'État québécois.

Le mot national dans notre ouvrage ne s'applique qu'au peuple québécois, indépendamment de la provenance des individus dont l'appartenance à la culture française est un fait. (...) Nous refusons le sens sociologiquement impropre donné à ce mot en fin de siècle et de millénaire par le politique « canadian ». »

J'ai souvent observé que les personnes au fait de l'histoire du Québec sont très majoritairement souverainistes, voire inévitablement nationalistes au sens utilisé par M. Lessard (là n'est pas cependant l'essentiel de mon propos pour l'heure). Je veux, pour l'instant, simplement souligner que j'observe depuis l'arrivée du gouvernement de Jean Charest, il y a de cela à peine 18 mois pourtant, une importante dérive dans l'utilisation de ces mots au Québec.

Le mot "province" est de plus en plus utilisé pour désigner le Québec et le qualificatif "provincial" remplace peu à peu, subtilement, le qualificatif "national", notamment dans la façon dont on s'exprime dans les médias écrits et électroniques... Peu à peu, le travail incessant de celles et de ceux qui cherchent à nous rappeler notre statut de conquis et à nous ramener à notre condition de nation dominée, fait son oeuvre... au plus grand plaisir de tous les "provinciaux" de notre petit monde.


LIBÉREZ-NOUS DES FÉDÉRAUX ! LE 22 DÉCEMBRE 2004 – Isabelle Mathieu (Le Devoir) rapporte que pour le maire de Québec, Jean-Paul L’Allier, la haute fonction publique fédérale est en train de transformer le Canada en pays unitaire et a déjà signé l’arrêt de mort des provinces.

« Pendant que des gens taponnent pour essayer de dire comment est-ce que pourrait fonctionner le fédéralisme, les penseurs administratifs fédéraux travaillent à créer un pays unitaire, soit carrément la disparition virtuelle des provinces d’ici 20 ans. Les pouvoirs sont à Ottawa. L’extérieur va rester, mais le cœur va être mort », estime le maire de Québec. Né confédération, le Canada a été transformé en fédération et file vers l’unitarisme, selon M. L’Allier.

Bon ! Nous sommes au moins deux à le penser ou, qui voyons clair dans ce qui se passe. Les propos de M. L’Allier rejoignent très directement mes analyses antérieures sur ce sujet. Libérez-nous des fédéraux (sur un air bien connu) !

À QUAND SON TOUR ? LE 26 NOVEMBRE 2004 - Gilles Toupin (La Presse) rapporte que l’ancien directeur des activités de commandite aux Travaux publics, Chuck Guité, en menait large au sein du ministère, ont témoigné hier l'ancien sous-ministre Ran Quail et l'ancien sous-ministre adjoint, James Stobbe. M. Guité avait une relation «très particulière» avec les ministres des Travaux publics David Dingwall et, plus tard, Alfonso Gagliano, quand ce n'était pas directement avec le cabinet du premier ministre. «Depuis que je suis dans la fonction publique, soit depuis 1969, jamais je n'ai vu une telle relation», a lancé M. Stobbe.

Ran Quail, dont la déclaration concorde avec d'autres témoignages précédents à la commission d'enquête sur le programme de commandites, a notamment relaté hier que M. Guité, fonctionnaire somme toute de rang moyen en 1996, semblait bénéficier d'une protection particulière au cabinet du premier ministre.

Oui, à quand le tour de M. Chrétien. Ne doit-il pas lui aussi répondre à certaines questions ?

M… BAVEUX ! LE 19 NOVEMBRE 2004 - Robert Dutrisac (Le Devoir) écrit qu’en présentant la synthèse des opérations financières du gouvernement pour les six premiers mois de l'année, le ministre des Finances, Yves Séguin, a dénoncé «le traitement inéquitable» qu'Ottawa a réservé au Québec en matière de péréquation. Le gouvernement fédéral doit revoir sa position, «sinon, c'est à se demander si les vrais fédéralistes ne sont pas qu'à Québec».

Depuis que les libéraux de Jean Charest ont été portés au pouvoir, le gouvernement fédéral a causé «l'hémorragie» des versements de péréquation, une ponction de 2,4 milliards en deux ans, a déploré M. Séguin au cours d'une conférence de presse. «C'est que le gouvernement fédéral, à l'égard du Québec, a été particulièrement sévère à la baisse. Jamais, dans l'histoire du Québec, depuis la Deuxième Guerre mondiale, une baisse n'a été aussi forte sur deux années. Aucune province au Canada n'a eu une telle chute sur deux années de suite», a dit le ministre.

Or l'arrangement sur la péréquation imposé par Ottawa lors de la conférence fédérale-provinciale d'octobre n'a permis de récupérer que 280 millions en 2004-05 alors que Québec s'attendait à récolter environ 600 millions. Il faudra attendre jusqu'en 2008-09 avant que le Québec ne renoue avec des versements annuels de péréquation dépassant les cinq milliards, a signalé M. Séguin. À cette conférence des premiers ministres sur la péréquation, le Québec a frappé «un mur», il a fait face à «un silence inflexible»; Ottawa a procédé «de façon unilatérale», s'est plaint M. Séguin.

La réplique d'Ottawa ne s'est pas fait attendre, et c'est le lieutenant du premier ministre Paul Martin au Québec, le ministre des Transports, Jean Lapierre, qui l'a formulée hier. «Je pensais que c'était le même M. Séguin qui voulait baisser les impôts de un milliard de dollars, non ?», a-t-il dit à Ottawa. «Ça fait tellement de temps qu'il rêve d'être ministre des Finances», qu'il fasse son travail, a dit M. Lapierre. «Mais on ne peut pas toujours s'essuyer les pieds sur le tapis du fédéral.»

Pour une rare fois quelqu’un, au gouvernement Charest, exprime clairement la vraie nature de ce fédéralisme prédateur. Pour toute réponse, celle de ce m… baveux, Jean Lapierre, un autre de ces québécois francophone de service à Ottawa qui, bien perché sur son lucratif poste de ministre fédéral, travaille à consolider notre statut de dominés. Le procédé n'a pas échappé d'ailleurs au chroniqueur Michel David, dans Le Devoir de la fin de semaine, quand il qualifie de « vulgaire » la réplique que lui a servie Jean Lapierre.

Par ailleurs, comment ne pas voir que ce nouvel arrangement sur la péréquation est «un échec lamentable» pour «le gouvernement le plus fédéraliste du Québec contemporain», un échec qui trahit les tares du régime fédéral "canadjian" ?


LES DINDONS DE LA FARCE, LE 17 NOVEMBRE 2004 - Alec Castonguay (Le Devoir) remarque que le gouvernement fédéral continue de nager dans les surplus budgétaires. Malgré une forte hausse de ses dépenses dans les domaines de la santé et de la péréquation en faveur des provinces, Ottawa prévoit enregistrer un excédent de 8,9 milliards de dollars pour l'année financière en cours, qui se termine en mars prochain. Dans cinq ans, soit pour l'exercice financier 2009-10, la marge de manoeuvre fédérale devrait atteindre au bas mot 18,5 milliards, selon les prévisions dévoilées hier par le ministre des Finances, Ralph Goodale.

À ces chiffres astronomiques, qui pourraient bien s'avérer encore plus élevés en fin de compte, comme le gouvernement en a pris l'habitude, il faut ajouter l'exercice de réduction des dépenses que pilote le ministre du Revenu, John McCallum, et qui sera prêt pour le prochain budget en mars. Ce sont donc 2,4 milliards par année qu'il faut ajouter à la cagnotte, pour un total de 12 milliards sur cinq ans.

Si on additionne ce montant aux surplus estimés par le gouvernement pour les six prochaines années -- y compris cette année --, le fédéral aura bénéficié d'une marge de manoeuvre de 73 milliards quand l'année 2009-10 s'achèvera.

Ce gouvernement nous met depuis des lunes en sous-évaluant de façon chronique ses surplus. «Est-ce que ce sont les bons chiffres ?», «Comment peut-on vous croire aujourd'hui ?», «Où ira l'argent ?», «Et le déséquilibre fiscal ?», «Et le bureau indépendant de prévisions budgétaires ?», ont demandé en choeur les députés de l'opposition qui siègent au comité des Finances.

Quand vont-ils cesser de rire des gens ? Ils nous ont affamé, les gens sont en attente de services du côté de la santé, les coupes de budget font mal, très mal, en éducation, les routes sont pleines de trous, l’environnement se désagrège, la fiscalité pèse très loud et pendant ce temps, les surplus n’en finissent plus de s’enregistrer au fédéral. Quel régime de fous ! Nous sommes les véritables dindons du pseudo fédéralisme « canadjian ».


SAUPOUDRAGE ÉLECTORAL, LE 17 NOVEMBRE 2004 - Bernard Descôteaux (Le Devoir) estime qu’au départ, l'idée était bonne. Elle consistait à partager avec les grandes villes la taxe fédérale sur l'essence pour les aider à surmonter les problèmes de financement des infrastructures auxquels elles font face. Paul Martin le leur avait promis lorsqu'il faisait campagne pour accéder à la direction du Parti libéral. Devenu premier ministre, il a vite été rejoint par la réalité électorale. S'apercevant qu'il y avait aussi des électeurs en dehors des grandes villes, il a changé son fusil d'épaule pour promettre que tout le monde aurait sa part.

Saupoudrer cet argent sur l'ensemble des villes et collectivités canadiennes sera sans nul doute électoralement rentable. Lors de la prochaine campagne électorale, les libéraux pourront évoquer les projets d'infrastructure qui seront en train d'émerger ici et là. Le seul problème, ce sera qu'aucun de ces projets ne pourra avoir d'incidence significative. On aura bouché quelques trous, sans plus !

Comme il se devait, la proposition a suscité des réactions négatives dans les petites municipalités. Une petite guerre de clocher s'est même déclarée, Montréal et Longueuil claquant la porte de l'Union des municipalités du Québec, dont les membres sont en majorité des villes de petite taille. Une guerre dont le seul gagnant sera le gouvernement Martin, qui sera d'autant plus aise de n'en faire qu'à sa tête. Une fois de plus.

Une évidence !

COMMANDITES NETTEMENT POLITIQUES, LE 15 NOVEMBRE 2004 - Gilles Toupin (La Presse) souligne la Commission d'enquête sur le programme de commandites n'a cessé de faire des vagues, tant par la teneur de ses révélations que par la rigueur avec laquelle les procureurs et le juge John Gomery ont mené le bal. Et les manquements constatés à la Loi sur la gestion des finances publiques, qui confirment les grandes conclusions de la vérificatrice générale, ne sauraient cacher la direction politique omniprésente au sein des commandites.

Le témoignage-choc de M. Guité a mis en lumière le contrôle permanent qu'exerçaient à la fois le bureau du premier ministre Chrétien sur le programme, par l'entremise du chef de cabinet, Jean Pelletier, ou encore par celle du directeur des opérations, Jean Carle. Chuck Guité a déclaré sous serment qu'il n'avait jamais décidé lui-même de l'attribution d'un contrat supérieur à 25000$. Beaucoup de documents déposés à la commission démontrent la mainmise du politique sur le programme. La responsabilité politique semble donc évidente, bien que les avocats de MM. Gagliano et Pelletier tenteront en contre-interrogatoire de démontrer le contraire. Nous savons en attendant que Chuck Guité n'a pas agi seul.

Nous savons aussi, comme il l'a reconnu, qu'il aurait pu faire économiser à l'État des centaines de milliers de dollars en commissions inutiles aux agences de communication. Nous en savons donc beaucoup plus qu'au début de septembre, mais nous ne savons pas l'essentiel. Nous ne savons pas pourquoi un tel système -pour ne pas dire une telle vache à lait pour les agences- a été maintenu en place si longtemps malgré ses aberrations. La commission Gomery est sans doute une dure épreuve pour les Canadiens qui sont impatients de connaître le fin mot de l'histoire.

« Le plus beau pays du monde ! », disait en substance l’ex-premier ministre Chrétien, en son temps. Nous en sommes maintenant au temps des comptes et j’ai bien hâte de voir s’il comparaîtra, celui-là. La responsabilité ministérielle, principe sacré de notre parlementarisme, interpelle certainement celui qui, au moment où toutes ces choses se passaient, agissait à titre de Chef du gouvernement « canadjian ».

10 000 FONCTIONNAIRES DE TROP, LE 13 NOVEMBRE 2004 - (PC) Ottawa profite du déséquilibre fiscal avec les provinces et les territoires pour outrepasser ses compétences et se mêler des dossiers provinciaux, selon le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, pour qui les surplus fédéraux de 9,1 milliards sont la preuve qu'Ottawa reçoit de la part des Canadiens beaucoup plus d'argent que nécessaire pour assurer ses responsabilités nationales, a dit M. Duceppe lors d'un dîner devant les membres de l'Economic Club, à Toronto.

Il a expliqué que le déséquilibre fiscal prive les gouvernements des provinces de ressources financières dont ils ont besoin pour prendre des décisions sur des questions qui relèvent de leurs propres champs de compétence, entre autres la santé, l'éducation et les services à la petite enfance. «Il y a 10 000 fonctionnaires au ministère de la Santé à Ottawa et ils ne s'occupent d'aucun hôpital, a-t-il dit. Ils n'ont pas l'expertise. Les garderies, ils ne connaissent rien là-dessus, mais c'est pourtant eux qui décident des normes nationales.»

M. Duceppe a indiqué que le déséquilibre crée des problèmes d'imputabilité et mène le gouvernement fédéral à gaspiller les fonds publics. Il a réclamé la création d'une agence indépendante responsable des prévisions budgétaires. «Nous devons mettre un terme à cette mascarade annuelle et faire en sorte que l'exercice du budget regagne sa crédibilité», a-t-il dit.

Espérons qu’ils saisissent, mais j’en doute. L’Ontario est la juridiction qui profite le plus, économiquement, du régime actuel. Alors pourquoi changer ? Les ontariens sont probablement plus pratiques que nous, changer pour changer, pas question ! Et la meilleure illustration du régime aberrant dans lequel nous sommes : ces 10 000 fonctionnaires au ministère de la Santé à Ottawa dans un champ pourtant où ils n’ont pratiquement pas compétence…

PERTES DE TEMPS, LE 13 NOVEMBRE 2004 - Robert Dutrisac (Le Devoir) rapporte que le ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier, s'est envolé hier pour la France et la Catalogne afin de rappeler aux Européens que le pouvoir fédéral de dépenser est «une menace» pour l'esprit fédératif, tout comme son corollaire, le déséquilibre fiscal. Il rappellera également que «le fédéralisme, c'est fait de l'autonomie de ses constituantes».

Un autre qui s’en va démontrer l’évidence même ! Ce faisant, sans s’en apercevoir, il démontre aussi que nous vivons au Canada, un pseudo, un simulacre de fédéralisme…

«On n'est pas naïfs [Ah non ?]. Il y a une vision centralisatrice, uniformisante, qui, évidemment, veut que le Canada soit mis en péril si on n'a pas un gouvernement central fort, puissant et dominant», a souligné M. Pelletier dans l'entretien. La vision trudeauiste «est encore extrêmement présente», comme en font foi certaines données du dernier sondage du Centre de recherche et d'information sur le Canada (CRIC). Selon ce sondage, le centralisme aurait la cote dans l'opinion publique canadienne-anglaise, surtout en Ontario où la majorité de la population estimerait que la santé devrait relever du gouvernement fédéral, par exemple.

Voilà ce que j’illustrais dans le commentaire que je faisais dans la nouvelle précédente.

«On ne fait rien d'autre que d'opposer une autre vision. Il y a un conflit entre les visions, mais la nôtre, elle a le mérite d'être fédérative», a fait valoir Benoît Pelletier.

Oui, mais le ROC (Rest of Canada) n’en veut pas ! Comprendra-t-il enfin un jour, ce Pelletier ?

SURSAUT ! LE 9 NOVEMBRE 2004 - Denis Lessard (La Presse) fait écho à la sortie de Jean Charest contre le gouvernement « centralisateur » de Paul Martin : Le gouvernement fédéral n'est pas « le patron » du Canada et les provinces n'ont pas de comptes à rendre au gouvernement central, aurait soutenu hier le premier ministre du Québec. « Si le gouvernement fédéral s'est enrichi, c'est en accaparant de façon unilatérale la plus grande part des impôts des Québécois et des Canadiens », a-t-il laissé tomber. Les surplus fédéraux dans la prochaine décennie vont atteindre 166 milliards de dollars, une croissance énorme des recettes d'Ottawa qui draine les ressources des provinces.

Quant à Jean Charest, il prévient que, pour contrer une glissade vers un État unitaire et retrouver l'essence du fédéralisme : « Le Québec et les autres provinces ne constituent pas un sous-ordre de gouvernement (…). Le gouvernement fédéral n'est pas le patron des provinces. Chacun dans leurs domaines de compétences, ils rendent compte de leur action à leurs électorats (…). Il est nécessaire que le Canada renoue avec l'esprit du fédéralisme et se détourne de ses tentations, centralisatrices », a-t-il insisté.

Quelle mouche l’a piqué, vous demandez-vous probablement ? Il se réveille, en sursaut, découvre tout à coup l’évidence… Explication : le chroniqueur rappelle que M. Charest, dont la cote de popularité avait remonté durant l'été, dans la foulée d'une série de salves bien senties dirigées vers le gouvernement Martin, a vu son étoile pâlir dans les plus récents sondages.

Quant aux tendances centralisatrices du fédéral, elles ne se limitent pas au gouvernement Martin. C’est séculaire, ce phénomène remonte bien à l’origine même de ce régime, comme je l’ai déjà expliqué dans mes chroniques. Et ce ne sont pas les « crisettes » ou les montées de lait de Jean Charest qui vont changer cela.


COQUINS, FILOUS ET COUPABLES, LE 9 NOVEMBRE 2004 - Dans Le Devoir, Paul-Émile Roy, de Lorraine, dit craindre que le débat sur les commandites ne se fasse jamais. Ce que l'on voit actuellement, c'est le spectacle de la grogne et de la convoitise des filous qui n'arrivent pas à s'entendre sur le partage du butin, et qui ont été pris la main dans le sac. Ces millions de dollars [...] devaient être affectés à une opération antidémocratique visant à étouffer les aspirations les plus légitimes du Québec.

Au lieu d'accueillir les revendications du Québec, et d'essayer de les satisfaire, on a mis en place une campagne de propagande, une vaste opération de persuasion clandestine. Le Canada ne se soucie pas de respecter les réclamations du Québec, il tente plutôt de les étouffer. Pour lui, tous les moyens sont bons. Hier, c'était le rapatriement unilatéral de la Constitution, aujourd'hui ce sont les commandites...

Que quelques coquins se graissent la patte en passant, ce n'est pas ce qui est le plus grave. Les vrais coupables, ce sont les responsables de toute l'opération, et je parie qu'ils s'en tireront indemnes. Le procès actuel constitue pour eux une heureuse diversion.

À suivre en effet ! À quand le tour des Chrétien, Martin, Dion et consorts ?

OÙ EST LE COURAGE ? LE 7 NOVEMBRE 2004 - Le Devoir rapportait, dans son édition de vendredi, que la souveraineté assortie d'une offre de partenariat obtiendrait l'appui de 49 % des Québécois, du moins selon un sondage CROP réalisé pour le compte du Centre de recherche et d'information sur le Canada (CRIC). L'enquête pancanadienne, réalisée auprès de 3202 personnes au total, montre par ailleurs que seulement 1 à 2 % des Canadiens sont prêts à accorder une plus grande reconnaissance au Québec et que 57 % pensent que rien ne peut satisfaire cette province.

Dans l'édition de la fin de semaine, Michel David (Le Devoir), commentant notamment les résultats de ce sondage, remarque pour sa part que d'un gouvernement à l'autre au Québec, le problème demeure toujours le même : si les Québécois n'ont pas la force d'imposer au reste du pays le fédéralisme qui leur conviendrait, ils n'ont pas davantage l'audace de claquer la porte. Ils ne disent l'envisager sérieusement que lorsqu'ils sont bien certains qu'elle est verrouillée à double tour.

Mais au fond, n’ont-ils pas simplement peur... de l’inconnu ? Ne manquent-ils pas simplement de confiance en eux-mêmes ? Où est le courage dans tout cela, osera-t-on enfin un jour ? Celui ou celle qui n’en finit plus d’attendre des démonstrations à "X" décimales près, sur les avantages de la souveraineté pour le Québec, ne cherche finalement qu’à éviter de prendre acte de l’évidence : nous sommes un peuple dressé à la soumission, élevé comme tel, maintenu ainsi. De tels travers acquis dans la « tendre enfance » de la nation ne sont pas faciles à corriger. Où sont donc passés notre courage et notre lucidité ?

L’HALLOWEEN DES APPRENTIS, LE 31 OCTOBRE 2004 - Michel David (Le Devoir) se souvient que le vocabulaire politique québécois est riche en termes meurtriers lorsqu'il s'agit d'illustrer nos rapports financiers avec Ottawa. Lucien Bouchard accusait jadis le gouvernement fédéral de vouloir «étrangler le Québec» par ses compressions dans les paiements destinés à la santé et à l'éducation. Robert Bourassa promettait de ne pas le laisser nous «étouffer» sous prétexte de réduire son déficit.

M. Séguin a atteint un nouveau sommet cette semaine en déclarant devant un groupe de journalistes que le gouvernement Martin avait «saigné» le Québec pour plaire au Canada anglais, accusant Ottawa de s'être délibérément livré à du «Québec bashing» pour mieux faire accepter aux autres provinces sa proposition sur la péréquation. Autrement dit, le gouvernement Martin aurait délibérément misé sur le sentiment anti-Québec qui prévaut au Canada anglais en faisant valoir que le Québec touche 40 % des paiements de péréquation. Tout le monde sait que l'asymétrie est très mal acceptée dans le reste du pays.

À l'époque où Jacques Parizeau était ministre des Finances, les choses allaient plus rondement. Les conférences fédérales-provinciales sur la péréquation étaient à peine terminées que la délégation québécoise avait déjà calculé combien chaque province allait gagner et surtout perdre, au grand dam du gouvernement fédéral, dont les entourloupettes étaient aussitôt dénoncées. Québec gagnait au moins la bataille de l'opinion publique. Tout séparatiste qu'il était, M. Parizeau s'était également valu le respect de tous ses homologues provinciaux.

Comme le dit le chroniqueur, la conférence de mardi a clairement démontré les limites de l'approche interprovincialiste. Si ce n’était que de cela, rien que nous ne sachions déjà, ce ne serait qu’une illustration additionnelle qu’il nous faut sortir de ce régime au plus coupant. Mais il y a plus, ce qui vient de se passer démontre également que nous avons affaire à une bande d’amateurs actuellement à Québec. Des apprentis sorciers, en pleine période de l'Alloween, ça paraît moins...

Pendant ce temps, comme le confirme la revue de presse d’Antoine Robitaille (Le Devoir), le débat «durcissement contre apaisement» est toujours présent dans le ROC à l'endroit du Québec. Et plusieurs refusent net tout «apaisement», tel Rafe Mair, célèbre animateur de radio et chroniqueur de la Colombie-Britannique, pour qui tout est clair dans les négociations pour la péréquation et dans le débat sur l'asymétrie : «Cédez au Québec et c'est le pays en entier que vous corrompez.»

Détail croustillant, il n'en revient pas notamment que Stephen Harper semble avoir rejoint des «apaiseurs» en approuvant tacitement les idées de Mario Dumont, «cet enfant prodige vieillissant de la politique québécoise». Intéressant, non ?


ON FERME ! LE 31 OCTOBRE 2004 - Jean-Paul Charbonneau (La Presse) rapporte que c’'est à 20 h 55 aujourd'hui que l'aéroport de Mirabel cessera toutes ses activités de transport de passagers avec le vol TS-710 d'Air Transat à destination de Paris. Ainsi, à compter du 1er novembre, conformément à la décision d'Aéroports de Montréal (ADM), tous les vols de passagers se feront à Pierre-Elliott-Trudeau.

« Le gouvernement fédéral a confié la direction des aéroports à des personnes qui n'ont aucune expérience dans la gestion publique et aucune vision. Nous avons seulement à regarder ce qui est investi à Dorval pour comprendre. Ce fut là une décision purement irresponsable. Comment voulez-vous que la population ait confiance en nos hommes politiques avec ce gâchis? » soutient le maire de Mirabel, Hubert Meilleur.

L'aéroport de Mirabel n'a jamais pris son envol, malgré toutes les promesses du gouvernement libéral lors des expropriations, le 27 mars 1969. Le fédéral a exproprié 40 000 hectares de bonnes terres agricoles pour finalement n'utiliser que 5 % de cette superficie. Au total, 3126 familles avaient été dans l'obligation de déménager.

... et on a le culot d'affubler l'aéroport restant, celui de Dorval, du nom de Pierre-Elliot Trudeau. L'aéroPET quoi ! Un bel exemple du fédéralisme « rentable », …ou asymétrique, que cette saga. N’est-ce pas M. Charest ?

DIVERSION ! LE 29 OCTOBRE 2004 - Robert Dutrisac (Le Devoir) rapporte que le premier ministre Jean Charest préfère parler de l'avenir plutôt que du «Québec bashing» dont la délégation québécoise à la Conférence des premiers ministres sur la péréquation a fait les frais, comme l'a révélé, mercredi, le ministre des Finances, Yves Séguin.

La suspicion dont fait l'objet le Québec, qui est perçu dans le reste du Canada comme un enfant gâté, le privilégié à qui on cède trop facilement, «… la fédération continue d'évoluer», a dit M. Charest. Lors de la période des questions, le chef de l'opposition officielle, Bernard Landry, a accusé M. Charest de «minimiser l'échec de l'entente sur la péréquation». De son côté, le chef de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont, a réclamé que le premier ministre rappelle à l'ordre son ministre pour les propos qu'il a tenus. M. Charest n'a pas obtempéré.

Donc, le Jean Charest dit vouloir regarder en avant en dépit des résultats de la conférence sur la péréquation et de l'attitude du Canada anglais à l'endroit du Québec. Quand il connaît un semblant de succès, comme en septembre sur la santé, il se pète les bretelles. Quand il essuie un cuisant revers, il nous suggère de regarder ailleurs, évidemment…

Quant au « petit » Dumont, lui qui se délecte des propos étriqués de la radio poubelle de la région et qui s’en sert pour de basses fins électorales, il est mal placé pour demander des rappels à l’ordre pour les propos, d'ailleurs fondés, qu’a tenus Yves Séguin.


ON S’ÉCRASE… LE 29 OCTOBRE 2004 - Norman Delisle (PC) rapporte que le gouvernement Charest ignore toujours combien la péréquation provenant d'Ottawa lui rapportera cette année. «Combien a-t-on reçu ou perdu?», a demandé le porte-parole de l’Opposition officielle en matière d’économie et de finances, François Legault.

Les péquistes ont mis en relief les déclarations du ministre Séguin selon lesquelles «Québec s'est fait saigner pour satisfaire le Canada anglais». Ils les ont opposées à celle de M. Charest qui, lui, croit que «le Québec a fait des progrès dans ses négociations avec Ottawa».

M. Delisle précise que devant la presse plus tôt, Jean Charest avait reconnu qu'on a pu dénigrer le Québec dans le reste du Canada à l'occasion de la conférence fédérale provinciale sur la péréquation. Mais tout en reconnaissant l'existence une vague de dénigrement du Québec, il [celui qui nous tient lieu de premier ministre] a tenté d'en atténuer la gravité.

… et il s’écrasa lamentablement. C’est congénital chez les chefs libéraux. Rappelez-vous Robert Bourassa…

RÉVEILLONS-NOUS ! LE 28 OCTOBRE 2004 - Robert Dutrisac (Le Devoir) fait écho aux propos du ministre des Finances, Yves Séguin, selon lequel Ottawa a fait du «Québec bashing» pour convaincre les autres provinces d'accepter l'arrangement sur la péréquation, n'hésitant pas à «saigner» le Québec pour satisfaire le Canada anglais.

«Martin a fait le macho», a dit M. Séguin, une attitude qui contrastait nettement avec celle que le premier ministre canadien avait adoptée lors de la Conférence des premiers ministres sur le financement de la santé à la mi-septembre. Le gouvernement fédéral «veut notre sang comme Dracula», a dit le ministre des Finances.

Selon M. Séguin, Paul Martin, en se montrant intraitable avec le Québec, a pu convaincre plus facilement les autres provinces d'accepter le nouvel arrangement sur la péréquation. «Il s'est fait du "Québec bashing"», a-t-il signalé. Quand on dit à la Colombie-Britannique, par exemple, qu'on va «couper» le Québec, c'est bien reçu, a-t-il souligné.

De son côté, le chef de l'opposition officielle, Bernard Landry, a critiqué «la stratégie lamentable» choisie par Jean Charest, qui s'est montré «triomphaliste» à l'issue de la première conférence sur le financement de la santé, ce qui le plaçait «dans une position d'extrême vulnérabilité» pour la deuxième conférence sur la péréquation.

Avec un surplus fédéral de près de 10 milliards au lieu des deux milliards prévus, M. Martin aurait pu faire davantage si vraiment «une nouvelle ère» était amorcée, estime le chef péquiste. Selon lui, le gouvernement Charest n'a plus d'autre choix que de renoncer à la promesse de baisser les impôts de un milliard, «une fantaisie et un fantasme libéral pour gagner les élections».

Bernard Landry a raison. La stratégie de Jean «Je suis prêt» Charest est déplorable de naïveté. Pour celles et ceux qui lisent régulièrement mes chroniques, ce jugement sévère par M. Séguin et l’échec lamentable de la stratégie et de la « patente » de M. Charest (i.e. le Conseil de la Fédération, devenu celui de la division sous l’impulsion des fédéraux) ne les surprendra pas.

En fait, ce qu’on vient de vivre ces derniers jours n’est qu’un résumé, qu’une capsule de notre histoire plus que centenaire dans ce régime pseudo-fédéral : un gouvernement central fondamentalement centripète, la hargne d’une majorité du ROC (Rest Of Canada) à l’égard du Québec, le tout menant dans des décisions qui l’une après l’autre confirment le maintient, voire l’approfondissement du Québec dans sa situation de dominé.

Il y a longtemps qu’il n’y a plus rien à espérer de ce régime pour le Québec. Réveillons-nous !


AMNÉSIE « CANADJIANNE », LE 29 OCTOBRE 2004 - Isabelle Rodrigue (PC) souligne que la Commission Gomery révèle de plus en plus les lacunes du programme de commandites, mais l'ex-ministre Alfonso Gagliano affirme dans une lettre ouverte qu'il s'agissait d'un programme essentiel pour la survie du pays et que le gouvernement de Paul Martin a fait une grave erreur en l'abolissant.

« Je trouve injuste que l'on oublie aujourd'hui les circonstances qui nous (ont) amenés à mettre en place la stratégie des commandites; pire lorsque c'est le gouvernement Martin lui-même qui souffre de cette amnésie », écrit M. Gagliano.

L'ex-ministre ne manque pas de souligner que le programme émanait d'une stratégie post-référendaire du gouvernement afin de favoriser l'unité nationale, stratégie approuvée par le cabinet en entier, comme le révèlent des comptes-rendus de réunions du cabinet au début de l'année 1996 déposés devant la Commission.

«Tous les ministres ont appuyé alors la stratégie et le déploiement à suivre, y compris les membres du cabinet actuel comme Paul Martin, Anne McLellan, Ralph Goodale, Pierre Pettigrew, Stéphane Dion, Lucienne Robillard et d'autres», peut-on lire dans la lettre de l'ex-ministre.

La journaliste rappelle que lors des premières années de sa création, le programme de commandites visait d'abord et avant tout le Québec. La majorité des commandites était versée à des événements qui se déroulaient au Québec dans le but d'augmenter la visibilité du gouvernement du Canada.

Pour mémoire… Dit autrement, je me souvien…drai !

FUMISTERIE, LE 28 OCTOBRE 2004 - Jean-Robert Sansfaçon (Le Devoir) souligne que fort de l'appui des provinces riches, le premier ministre Paul Martin a finalement choisi de tenir tête à ses homologues des provinces moins fortunées et de maintenir les propositions présentées en septembre en matière de péréquation. Ottawa qui a marqué tous les points en s'appuyant sur la division entre provinces riches et moins riches.

Pour le Québec, cette décision unilatérale d'Ottawa ajoute 400 millions aux revenus de la province pour cette année, mais c'est encore moins qu'il y a deux ans (sous un gouvernement du PQ, en passant)et beaucoup moins que les 2,8 milliards projetés en rêve par le ministre Yves Séguin.

Quant à la question du déséquilibre fiscal au sein du Conseil de la fédération, compte tenu des priorités du premier ministre Martin, dont la plupart empiètent sur les compétences des provinces (municipalités, services de garde et santé, encore), les chances sont très minces de réussir à convaincre ce gouvernement de l'existence d'un tel déséquilibre.

Pour tout dire, conclut l'éditorialiste, l'entente de septembre dernier en santé a sans doute constitué la première et dernière manifestation de ce fumeux fédéralisme asymétrique dont certains se sont généreusement gargarisés il y a tout juste un mois.

Un autre clou dans le cercueil du Conseil de la « pseudo » Fédération et dans le prétentions libérales à l’égard de l’ouverture de Paul Martin et du ROC pour le Québec. Comme l'écrit Michel David, également dans Le Devoir d'aujourd'hui, après avoir isolé les provinces riches des pauvres, Ottawa ne devrait pas avoir trop de mal à diviser les pauvres entre elles sur la question du déséquilibre fiscal. Oui, bravo, M. Charest !

MAUVAIS CALCUL …OU NAÏVETÉ ? LE 28 OCTOBRE 2004 - Michel David estime que Jean Charest a fait un bien mauvais calcul en insistant sur la convocation d'une conférence des premiers ministres sur le déséquilibre fiscal à peine six semaines après son entente «historique» sur la santé, qui prend aujourd'hui des allures de victoire à la Pyrrhus. Il est étonnant qu'il n'ait pas prévu le backlash que la reconnaissance du fédéralisme asymétrique allait provoquer.

Il était illusoire d'espérer faire reculer Ottawa une deuxième fois en six semaines. Au contraire, c'était lui offrir l'occasion de se refaire une virginité «nationale». Au fond, M. Charest savait très bien ce qui l'attendait. Alors qu'il avait fait le matamore durant les semaines précédant la conférence sur la santé, il était tout doux à l'approche de celle de mardi, s'employant plutôt à faire baisser les attentes.

Compte tenu des plantureux surplus fédéraux annoncés il y a deux semaines, la fin de non-recevoir opposée par Paul Martin aux demandes des provinces en ce qui concerne la péréquation constitue une véritable gifle. Pour ce qui est de l'ouverture, il faudra repasser.

Yves Séguin a l'air du dindon de la farce. La semaine dernière, il refusait de dire quelle somme additionnelle il espérait recevoir au titre de la péréquation pour l'année en cours. Hier à l'Assemblée nationale, il se disait incapable de dire combien il a reçu exactement pour l'année en cours, sans parler de l'an prochain. Clairement, il estime s'être fait avoir. Un jour ou l'autre, M. Séguin devra bien faire le bilan de ce qui a été accompli depuis qu'il a rendu public le rapport sur le déséquilibre fiscal auquel il doit son poste de ministre des Finances et en tirer les conclusions.

Un autre cas d'incompétence flagrante au pouvoir... C’est fatiguant à la longue, non ?

BRAVO, MAIS... LE 28 OCTOBRE 2004 - Alec Castonguay (Le Devoir) rapporte que tous les partis d'opposition à la Chambre des communes ont déploré hier l'attitude du gouvernement fédéral et le résultat «décevant» de la Conférence sur la péréquation qui a eu lieu la veille.

En conférence de presse hier matin, Gilles Duceppe a affirmé que la nouvelle ère de coopération avec les provinces promise par Paul Martin n'a pas tenu la route longtemps. «Il n'y a aucune flexibilité, a-t-il lancé. Pour le fédéralisme asymétrique, il faudra repasser.» Selon le chef du Bloc, «Paul Martin a agi comme Jean Chrétien en disant aux premiers ministres que l'offre était à prendre ou à laisser, peu importe que ça signifie une moins grande qualité de service en éducation et en santé. Parce que c'est ça, en fin de compte, la péréquation, ce n'est pas quelque chose d'abstrait.»

Gilles Duceppe est d'autant plus déçu que, selon lui, le gouvernement fédéral nage dans les surplus et avait la possibilité de mettre plus d'argent sur la table. «Il a les moyens d'agir, il y a eu 9,1 milliards en surplus l'an dernier et le surplus de cette année devrait frôler les 12 milliards, a-t-il dit. Ce n'est pas l'argent qui manque, c'est la volonté politique.»

Le Bloc québécois ne s'est pas contenté de belles paroles hier, travaillant sur une motion qui sera présentée en Chambre aujourd'hui. Cette motion sera votée mardi et, déjà, le Parti conservateur et le NPD ont donné leur appui au Bloc et voteront avec lui.

La motion se lit comme suit : «Que la Chambre déplore l'attitude du premier ministre du Canada lors de la conférence des premiers ministres du 26 octobre 2004 et qu'elle enjoigne le gouvernement fédéral à reconnaître l'existence d'un déséquilibre fiscal au Canada et qu'à cet effet, la Chambre demande au comité permanent des Finances de créer un sous-comité spécial ayant pour mandat de proposer des solutions concrètes pour remédier au déséquilibre fiscal et que son rapport soit déposé au plus tard le 2 juin 2005.»

Bravo ! Encore faudrait-il que cela ne masque pas l'évidence : sortir de ce régime au plus coupant !

PENAUD, LE 27 OCTOBRE 2004 - Selon Manon Cornellier et Alec Castonguay (Le Devoir) la conférence des premiers ministres sur la péréquation s'est terminée hier à Ottawa par un «accord» qui ressemblait davantage à une victoire sur toute la ligne pour le gouvernement de Paul Martin. Ce dernier a réussi à imposer sa vision puisque les éléments de l'entente sont pour ainsi dire identiques à ceux contenus dans la proposition qu'il défend depuis septembre, ce qui a mené le premier ministre québécois Jean Charest à juger le résultat «décevant».

Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Danny Williams, a claqué la porte, M. Charest n’a pu que constater le braquage du fédéral, Paul Martin, tout sourire, ne cachait pas son contentement. À part le premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty, aucun premier ministre provincial n'a affiché une satisfaction sans partage à l'égard du projet de réforme de la péréquation.

M. Charest constatant qu'il n'y avait eu aucun mouvement de la part d'Ottawa depuis septembre, et ce, même après avoir annoncé un surplus de 9,1 milliards pour l'année 2003-04, doit se rabbatre maintenant sur le « front » du Conseil de la fédération (lire : de la zizanie) pour mener un examen sur le déséquilibre fiscal.

Quelle perspective ! Revenant penaud d’Ottawa, c’est le retour à la dure réalité de la vie pour un Jean Charest pris au piège de ce simulacre de fédération. Encore une fois, les fédéraux auront réussi à passer à travers en cultivant les divisions du supposé « front » des provinces.

CONSEIL DE LA ZIZANIE, LE 26 OCTOBRE 2004 - Denis Lessard et Joël-Denis Bellavance (La Presse) rapportaient dans l’édition du matin qu’un vent de zizanie soufflait sur le Conseil de la fédération, à quelques heures d'un face-à-face crucial avec Ottawa, alors que les provinces ont échoué dans leur tentative d'en arriver à une position commune. Les premiers ministres ne sont même pas parvenus à s'entendre sur le montant et la répartition des paiements de péréquation qu'ils allaient demander à Ottawa.

La PC rapporte effectivement que le premier ministre du Québec, Jean Charest, a confirmé à l'issue d'une réunion ce matin entre les provinces, que celles-ci restent divisées sur la question du partage des richesses. Terre-Neuve a même claqué la porte devant l’attitude du fédéral.

Alléchées par les surplus fédéraux, les provinces bénéficiaires réclament une hausse dès maintenant des paiements de péréquation à 12,8 milliards $. Le gouvernement fédéral a offert de les augmenter à 10,8 milliards $ cette année. Les provinces riches comme l'Ontario jugent raisonnable la proposition fédérale.

Le château de cartes que constitue le Conseil de la fédération, créature de Jean Charest, vient de céder devant la première bourrasque en provenance d’Ottawa. Comme toujours, les fédéraux vont se servir de la division entre les provinces pour faire à sa tête. C’est ça le fédéralisme « canadjian ».

PAS DE TRACES, LE 21 OCTOBRE 2004 – La PC rapporte qu’une ancienne adjointe de l'ex-ministre Alfonso Gagliano a pu affirmer sans détour qu'on lui avait demandé d'effacer des traces d'intervention dans des dossiers et que le cabinet de l'ex-ministre s'ingérait dans le choix des agences pour la gestion des commandites. Mme Bouvier, qui a occupé le poste d'adjointe responsable des commandites au bureau du ministre Gagliano, a fait ces révélations surprenantes devant la Commission d'enquête sur le programme de commandites, hier.

Responsable de la gestion des demandes de commandites au bureau du ministre et de la coordination avec la direction des commandites de mai 1999 à janvier 2001, Mme Bouvier a une bonne connaissance de la façon dont le programme était utilisé et géré. C'est d'ailleurs cette gestion qui l'a poussée à quitter son poste, mal à l'aise avec les pratiques qu'elle observait et avec certaines demandes que ses supérieurs lui formulaient.

Depuis le début des travaux de la commission Gomery, il s'agit du troisième témoin à déclarer, sous serment, que l'ex-ministre des Travaux publics et son cabinet s'ingéraient dans les décisions.

C'est tout de même incroyable ! Les Québécois s'en souviendront-ils des ratés de ce régime débilitant, dans quelques années, au moment des grandes décisions sur leur avenir ?

HYPOCRISIE ET DÉCLARATION D’AMOUR, LE 14 OCTOBRE 2004 – Dans Le Devoir, Christopher Coggan observe que les Libéraux fédéraux se sont encore trompés sur leurs prévisions de revenus. Il n'y a que deux possibilités selon lui : soit tous leurs économistes sont incompétents (ce dont il doute fortement), soit les libéraux sont hypocrites et manipulent le budget pour bénéficier d'un plus grand pouvoir de dépenser.

« Ces surplus sont une insulte à toutes les provinces qui peinent à boucler leurs budgets. Si notre ancien premier ministre a pu donner des leçons de gestion de la dette aux autres pays du G8 l'an dernier, c'est que son gouvernement volait l'argent des provinces. Il est aberrant qu'il y ait une telle faille dans le processus d'évaluation du budget.

Pour sa part, Richard Gadoury rappelle que sous Jean Chrétien, le gouvernement libéral dont faisait partie Paul Martin n'a pas hésité à dépenser un milliard pour acheter les rebuts de la marine du Royaume-Uni. Aujourd'hui à la tête du gouvernement, Paul Martin semble hésitant à aider Bombardier à développer ses avions commerciaux de 100 et de 115 places. Pourquoi ? Si Bombardier décidait de construire ses appareils à Toronto, est-ce qu'il y aurait autant d'hésitations chez les membres anglophones du cabinet Martin ?

On reproche au Québec de compter sur la péréquation, alors que cette province envoie 60 % de ses taxes et impôts à Ottawa. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui se soucie du développement du Québec, à Ottawa ? On nous aimait en novembre 1995 ! On aurait dû se questionner davantage avant de se dire non à nous-mêmes !

C'est quoi le rapport entre les deux, direz-vous ? Bien simple : Sortons-en au plus sacrant !

À QUAND LEUR TOUR ? LE 17 OCTOBRE 2004 - Jean-Robert Sansfaçon (Le Devoir) souligne qu’après un mois de travaux, les procureurs de la commission d'enquête Gomery sur le programme de commandites en sont encore à tisser la toile des faits qui ont mené au scandale dénoncé par la vérificatrice générale Sheila Fraser. Une toile qui s'annonce gluante. Des témoins appelés à répondre aux questions des procureurs nous en apprennent un peu plus sur la mécanique mise en place par le cabinet de Jean Chrétien afin de promouvoir l'unité canadienne au lendemain du référendum de 1995.

Dès les premiers jours de travaux, on a appris que la greffière du Conseil avait informé M. Chrétien en 1996 qu'il serait tenu responsable de l'utilisation des fonds dont il avait lui-même demandé le transfert vers le programme de commandites. On a aussi compris que la nomination de Chuck Guité avait été imposée par le cabinet du ministre des Travaux publics de l'époque, en contravention avec les règles habituelles, ce que l'ex-ministre a toujours nié. Cette semaine, une fonctionnaire du cabinet du même ministre a affirmé que le programme de commandites était soumis à forte influence politique.

Ce programme ayant été géré de façon radicalement inhabituelle, entaché d'irrégularités et politisé jusqu'à la moelle, on a le droit de savoir qui tirait les ficelles dans l'appareil gouvernemental et qui en a profité, tant parmi les politiciens que parmi leurs amis du monde de la publicité ?

L’éditorialiste remarque également qu’aucun politicien n'a été appelé à répondre aux questions des procureurs. La commission en est encore à bâtir les fondements de son argumentation à partir de documents et de témoignages livrés par de simples exécutants à qui les procureurs n'ont aucune difficulté à faire avouer que rien ne fonctionnait normalement dans ce programme.

Je répète donc ma question d'il y a quelques jours : à quand le tour des Chrétien, Martin, … ? PAS TRÈS LOGIQUE, LE 11 OCTOBRE 2004 – Pour Denis Lessard (La Presse), la prochaine conférence fédérale-provinciale sur les «pressions fiscales» s'annonce musclée. Les provinces qui accordent des baisses d'impôts à leurs contribuables ne peuvent en même temps réclamer plus d'argent à Ottawa. C'est le message du gouvernement fédéral à deux semaines de la réunion. Les provinces doivent être cohérentes, plaidera Ottawa. Elles ne peuvent à la fois baisser leurs impôts et «se tourner de bord et dire au fédéral qu'elles manquent d'argent». Or, sans le dire explicitement, on montre du doigt le gouvernement du Québec. Jean Charest a promis des baisses d'impôts annuelles d'un milliard tout en exigeant plus d'argent du gouvernement Martin.

Expliquez-moi la logique, effectivement !

ET CHRÉTIEN, ET MARTIN ? LE 11 OCTOBRE 2004 - Jom Brown (PC) souligne qu’il aura fallu cinq semaines pour y arriver, mais maintenant la table est mise pour entendre les principaux témoins à l'enquête publique du juge John Gomery sur le scandale des commandites. Dès cette semaine et jusqu'à la fin du mois, le juge John Gomery entendra les témoignages d'une douzaine de personnes qui devraient aider grandement à faire la lumière dans cette affaire.

Parmi ces témoins, on note quatre anciens membres du cabinet de l'ex-ministre des Travaux publics Alfonso Gagliano, qui était en poste alors que les contrats visant à augmenter la visibilité du gouvernement fédéral au Québec se multipliaient comme les fameux pains de la parabole du Christ. Sept autres fonctionnaires qui travaillaient au ministère de M. Gagliano seront également entendus. La «vedette» incontestée de tous ces témoins sera Charles Guité, le fonctionnaire en charge du programme dès sa création, qui sera le dernier de ce groupe à être entendu.

Au cours des dernières semaines, des témoins ont déclaré que l'ancien premier ministre Jean Chrétien avait lui-même dégagé les fonds nécessaires au lancement du programme de commandites, à la suite de la courte victoire des forces fédéralistes au référendum sur la souveraineté du Québec en 1995. On a également appris que l'actuel premier ministre, Paul Martin, qui était alors ministre des Finances dans le gouvernement Chrétien, était au courant de l'existence du fonds spécial destiné à financer le programme de commandites. Rien n'indique cependant s'il a participé aux décisions dans le cadre de ce programme.

À propos, à quand la comparution de Chrétien ou de Martin ???

SAGESSE OU ENTÊTEMENT ? LE 8 OCTOBRE 2004 - Joël-Denis Bellavance (La Presse) écrit qu’après avoir conduit leurs troupes au bord d'un précipice qui aurait pu plonger le pays dans des élections précipitées, le premier ministre Paul Martin, le chef du Parti conservateur, Stephen Harper, et le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, ont conclu une trêve hier soir en s'entendant sur un amendement commun au discours du Trône.

L'objet de ce premier affrontement a été le refus des libéraux d'accepter dans son intégralité une requête du Bloc québécois qui demandait au gouvernement Martin «de prévoir que, dans toutes les mesures visant à mettre en œuvre le discours du Trône (...) les compétences des provinces soient intégralement respectées et que les pressions financières qu'elles subissent en raison du déséquilibre fiscal soient allégées, tel que réclamé par le premier ministre du Québec». La version finale du sous-amendement du Bloc québécois a été adoptée à l'unanimité aux Communes.

Une belle illustration de deux réalités : a) un gouvernement minoritaire, surtout « canadian », a tendance à devenir plus sage dans les circonstances, on est loin du gouvernement Chrétien; b) le gouvernement d’Ottawa n’abandonne aucunement sa tendance séculaire à envahir nos champs de compétence, peu importe ce que sa propre constitution (que nous n’avons pas d’ailleurs signée, n’est-ce pas ?) stipule en l’espèce.

Bernard Descôteaux (Le Devoir) ne soulignait-il pas d’ailleurs, mercredi dernier, la tendance toujours aussi hégémonique du présent gouvernement d’Ottawa : « De Paul Martin, on avait cru qu'il se distinguerait de son prédécesseur en adoptant une attitude respectueuse des compétences provinciales (…). Ce qu'on peut maintenant comprendre, c'est que son gouvernement sera interventionniste. Il cherchera à imposer aux provinces des objectifs, des normes ou des indicateurs nationaux dans presque tous les domaines, de l'environnement à l'enseignement post-secondaire en passant par les garderies, les municipalités, le logement social. »


UN INSTANT ! LE 1ER OCTOBRE 2004 - La PC rapporte que prenant les devants pour éviter de se placer dans une situation difficile, le premier ministre Paul Martin a officiellement fermé la porte aux généreuses augmentations de salaire pour les députés fédéraux. Pressé de questions, le premier ministre Paul Martin a assuré qu’il ne tiendrait pas compte de la proposition d’un comité d’augmenter de 10 % le salaire des députés.

Avant même que les députés ne puissent discuter de la recommandation du comité indépendant responsable d'évaluer les salaires des magistrats et des députés, M. Martin a dit un non catégorique à la hausse de salaire. Rappelons qu’un député fédéral gagne 141 000 $ par année, un ministre touche pour sa part 208 600 $. L'article nous apprend par ailleurs que Paul Martin a prolongé hier d'un an le mandat de la gouverneure générale Adrienne Clarkson.

Une bonne chose qu’on en reste là, du moins en ce qui concerne le salaire des députés qui gagnent autant qu'un ministre du gouvernement du Québec. C'est incroyable ! Le niveau actuel de leurs salaires est amplement suffisant, de mon point de vue, d’autant plus que la réelle pression se fait sentir beaucoup plus sur les épaules de la députation d’une assemblée législative comme celle qu’on retrouve au Québec. La pression des services directs aux citoyens y est beaucoup plus pressante et pourtant, les députés y sont beaucoup moins payés.

En passant, pour de véritables économies, pourquoi ne pas envisager l’abolition du Sénat, ce club de gens nommés pourquoi au juste, sinon pour être avant tout récompensés pour services rendus au système de domination fédéraste… Et voulez-vous bien m’expliquer à quoi peuvent bien servir vraiment la Gouverneure générale et la Lieutenant-gouverneure… à part la parade et la distribution de médailles.


ET VOILÀ ! LE 1ER OCTOBRE 2004 - La PC rapporte que la ministre des Affaires intergouvernementales, Lucienne Robillard, a corrigé hier sa collègue du Patrimoine, Liza Frulla, au sujet des rôles respectifs du Canada et du Québec sur la scène internationale. Sur un ton ferme, Mme Robillard a déclaré «qu'aucune province ne remplacera la voix du Canada» à l'étranger.

Lors de son passage à Paris, la semaine dernière, la ministre du Patrimoine avait vanté les vertus du fédéralisme asymétrique pratiqué par le gouvernement Martin en affirmant que le Québec pourrait à l'occasion parler au nom du Canada lors de rencontres internationales portant sur la diversité culturelle ou encore à l'UNESCO (l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture). Ses propos avaient fait réagir, notamment dans les autres provinces, obligeant Mme Frulla à faire marche arrière et à tenter de corriger le tir. Quelques jours plus tard, elle affirmait que le Québec pourrait parler en son propre nom, mais que le Canada conserverait sa voix.

Vous vous souviendrez peut-être qu’en juillet, le chroniqueur Michel Venne lancait dans Le Devoir un défi à Mme Liza Frulla : transférer au Québec, les pleines compétences en matière de culture et de communications, comme elle le réclamait elle-même, au début des années 1990, lorsqu'elle était titulaire du ministère des Affaires culturelles et des Communications. À défaut, le chroniqueur lui demandait d'expliquer pourquoi, en 2004, il serait moins essentiel pour la nation québécoise de détenir la plénitude de ses pouvoirs en matière culturelle que ce n'était le cas en 1990, en 1991 ou en 1994. Mme Frulla pouvant modifier le cours des choses sur le plan politique, il la mettait au défi de le faire.

On voit bien par cet épisode sur les rôles respectifs du Canada et du Québec sur la scène internationale, qu’il y a très loin de la coupe aux lèvres.


POUR MÉMOIRE, LE 29 SEPTEMBRE 2004 - Alec Castonguay (Le Devoir) rapporte que le référendum de 1995 au Québec a eu une onde de choc si importante à Ottawa que tous les ministres de l'époque ont convenu qu'il fallait mettre en place une structure exceptionnelle, séparée des ministères existants et dotée de moyens financiers importants pour promouvoir le fédéralisme au Québec. Lors d'une réunion de deux jours en février 1996, les ministres fédéraux ont fait de l'unité nationale «la priorité» du gouvernement et tous les ministères devaient se soumettre à cette situation «urgente».

L'entière machine gouvernementale sera au service de l'unité nationale. Les ministres reconnaissent l'urgence et l'importance de faire passer le message fédéraliste au Québec, notamment avec la mise en place du programme des commandites et le transfert des millions provenant du fonds secret pour l'unité canadienne. Le mandat de Charles Guité et de son équipe de fonctionnaires est tracé par les ministres eux-mêmes.

L'actuel premier ministre Paul Martin et les ministres encore en poste aujourd'hui, comme Stéphane Dion, Pierre Pettigrew, Ralph Goodale, Anne McLellan et Lucienne Robillard, savaient que le gouvernement prendrait des mesures exceptionnelles, dans tous les domaines et avec des enveloppes financières substantielles. Le degré de connaissance des événements à venir était très élevé puisque c'est sur leurs recommandations que le programme des commandites a vu le jour et s'est mis en branle.

...

PARI DE PASCAL ? LE 27 SEPTEMBRE 2004 - Kathleen Lévesque (Le Devoir) souligne qu’avec son nouveau programme autonomiste en poche, le chef de l'Action démocratique du Québec se présente comme le grand défenseur des Québécois profondément nationalistes mais qui rejettent la rupture avec le Canada. Du coup, Mario Dumont fait le pari que les souverainistes déçus du bilan des gouvernements péquistes le suivront.

Dans son discours de clôture, hier, au congrès de l'ADQ, qui s'est déroulé toute la fin de semaine à Drummondville, Mario Dumont, se qualifiant de «très, très nationaliste», a dit mener «le combat du Québec» par «une démarche affirmative». La dernière fois que le chef de l'ADQ, Mario Dumont, avait fait un grand discours à Bay Street, il avait réussi à se nuire au Québec en s'aidant ailleurs au Canada. Cette fois-ci, en voulant s'aider ici, il est en voie de nuire inutilement au Québec dans le reste du Canada.

La position qu'il avance aujourd'hui est fidèle pour l'essentiel à la logique (simpliste) de son discours de l'époque. Il se targue de réorganiser à sa guise le partage des pouvoirs prescrit par l'Acte de l'Amérique britannique du Nord pour transformer le Québec en État autonome au sein du Canada. Le raisonnement semble court et repose sur de fatals raccourcis.

Mario Dumont semble ne plus rien avoir à perdre, je lis dans ce positionnement constitutionnel un véritable « Pari de Pascal ». Pire, à l'occasion des 10 ans de l'ADQ, ce parti manifestement vieillissant a choisi à titre de Président, Yvon Picotte, ancien ministre libéral ayant siégé à Québec de 1973 à 1994, en remplacement du politologue Guy Laforest. C'est tout dire !

« JUSTE POUR RIRE » ? LE 24 SEPTEMBRE 2004 - Le Soleil rapporte que s'il prend le pouvoir, l'ADQ entend adopter une Constitution sur « l'État autonome du Québec », rapatrier ici la perception de tous les impôts et lancer illégalement la construction de barrages en faisant fi des permissions à demander à Ottawa.

« Libartaé! », nouveau slogan de Mario Dumont…

Ce sont quelques exemples donnés hier par le chef de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont, pour illustrer la voie de « l'autonomie » sur laquelle sa formation politique est désormais engagée, une orientation qualifiée « d'ambiguë » par le Parti libéral du Québec et « d'opportuniste » par le Parti québécois.

« Je suis épuisé de demander aux autres qu'on existe au Québec », a répondu le chef adéquiste lorsqu'un journaliste lui a fait valoir que certains gestes qu'il préconise semblent radicaux. « Le Québec a des forces, des pouvoirs, des ressources. Nous allons les développer. »

Avez-vous déjà vu un positionnement aussi simpliste et irresponsable… digne du festival « Juste pour rire ». On pourrait en rire, en effet, si cette proposition ne venait pas d’un chef de parti qui aspire à gouverner et qui, en même temps, annonce qu’il n’hésiterait pas à poser des gestes illégaux. Problème ! À propos, je rappelle que le plus ancien des chefs de parti politiques au Québec s’appelle Mario « Libartaé » Dumont.

UNE BLAGUE ? LE 23 SEPTEMBRE 2004 - Michel Corbeil (Le Soleil) écrit que l'Action démocratique du Québec s'apprête à camper sa position constitutionnelle. En fin de semaine, Mario Dumont inviterait ses militants à prendre « la troisième voie », celle de « l'autonomie » du Québec au sein du Canada. Le leader adéquiste rendrait public un document de réflexion qui imprime un élan résolument nationaliste à sa formation politique. Autonomie sera conjuguée avec fédéralisme, a-t-on pris soin de noter.

Ça me rappelle un monologue célèbre d’Yvon Deschamps, il y a quelques décennies : un Québec indépendant dans une Canada fort. J’ai toujours pris cela pour une blague… Pas vous ? Venant d'un humoriste, ça va, on rit, mais d'un chef d'une formation politique qui aspire à gouverner, ça donne plutôt le goût de pleurer.

L’HEURE JUSTE, LE 20 SEPTEMBRE 2004 - Dans la section Opinion du journal Le Soleil, Réjean Pelletier, professeur au département de science politique de l’Université Laval commente la prétendue récente victoire de Jean Charest à propos du fédéralisme asymétrique.

« Qu'en est-il véritablement ? », demande le professeur Pelletier. L'accord ne touche aucunement à la constitution, il s'agit plutôt d'une asymétrie de nature administrative consignée dans un accord politique, et qui pourra être facilement modifiée selon la conjoncture politique. La victoire pourrait être de courte durée, Paul Martin devra convaincre la haute fonction publique canadienne qu'il faut tirer un trait sur la vision trudeauiste, ce qui signifie que le combat n'est certainement pas fini.

Mais il y a plus encore. L'asymétrie, dont on parle dans le communiqué final sur l'entente conclue avec le Québec, est plutôt de nature négative (ou simplement défensive). Le communiqué «Québec» vient reconnaître la compétence du Québec en ces matières -- ce qui est déjà reconnu par la Constitution -- alors que les autres provinces acceptent que le gouvernement fédéral puisse établir des normes et des critères dans ces domaines de leur compétence. Un fédéralisme asymétrique de nature positive (ou plus offensive) aurait donné d'autres résultats. Tel est le cas, par exemple, de l'entente Cullen-Couture (conclue sous un gouvernement péquiste), suivie de l'entente McDougall-Gagnon-Tremblay (conclue sous un gouvernement libéral) en matière d'immigration où le Québec obtient certains «pouvoirs», comme la sélection et l'intégration des immigrants, que les autres provinces n'ont pas.

Tel est le cas également de l'entente sur la formation de la main-d'oeuvre où le Québec (sous un gouvernement péquiste), en compagnie d'autres provinces, mais pas de toutes les provinces, a obtenu un transfert complet de responsabilités relatives au marché du travail permettant ainsi de tenir compte des différences marquées entre les systèmes d'éducation des provinces.

L'entente conclue récemment reconnaît tout simplement les compétences du Québec en matière de santé, sans rien y ajouter, alors que les autres provinces acceptent que le fédéral puisse y intervenir en établissant ses normes et ses critères auxquels elles doivent se soumettre.

Cette entente ne constitue donc pas un recul pour le Québec, ni d'ailleurs une avancée. Fédéralisme asymétrique, certes; mais une asymétrie qui reconnaît tout simplement la situation existante ou le statu quo. Si ce fédéralisme asymétrique a déclenché tant d'enthousiasme, c'est probablement parce que l'on s'attendait à un recul ou à un compromis de la part du gouvernement Charest qui ne nous avait pas habitué jusqu'ici à une défense aussi vigoureuse de la position du Québec de sa part.

Enfin, l'heure juste... Et vlan !

L'HEURE DES COMPTE, LE 19 SEPTEMBRE 2004 - Martin Vallières (La Presse) rapporte que les maires des 10 principales villes du Canada, dont Montréal et Québec, réclament l'accès dès l'an prochain à la moitié de la part de la taxe fédérale sur les carburants qui leur est proposée par le gouvernement de Paul Martin. Une telle demande, convenue entre les maires lors de leur réunion hier à Toronto, représente une accélération importante du calendrier de paiement proposé par le fédéral jusqu'à maintenant.

La proposition d'Ottawa prévoit l'accroissement progressif d'ici cinq ans d'un financement devant atteindre l'équivalent de cinq cents le litre de la taxe sur les carburants, soit quelque 2,5 milliards de dollars par an. Les maires des grandes villes veulent désormais que la moitié de cette somme, soit 2,5 cents le litre ou 1,25 milliard en tout, leur soit redistribuée dès l'an prochain. Le versement de l'autre moitié serait échelonné jusqu'en 2007.

Quand on (Paul Martin ou Jean Charest, peu importe) promet n’importe quoi pour gagner une élection, même en-dehors du champ des compétences du gouvernement pour lequel on sollicite un mandat, il ne faut pas être surpris de se retrouver avec ce genre de problème.

PRÉVENTION ! PRÉVENTION ! LE 19 SEPTEMBRE - Le Soleil publie en fin de semaine des articles intéressants qui nous ramènent à l’importance de la prévention pour diminuer la pression sur les services de santé, …et augmenter la qualité de vie. Louise Lemieux nous rappelle que certaines solutions se retrouveront dans les petits plats, des recettes font maigrir et remplacent les pilules. À Québec, des chercheurs veulent démontrer que des obèses peuvent perdre du poids grâce à des repas rassasiants qui les feront moins manger. À Toronto, un chercheur est à mettre au point une combinaison d'aliments qui feraient baisser le cholestérol autant que les Zocar et les Lipitor prescrits par les cardiologues.

Les yeux d'Angelo Tremblay, chercheur et physiologiste à la Chaire de de recherche sur l'obésité de l'Université Laval, brillent, un sourire enthousiaste éclaire son visage. Dans une petite cuisine au sous-sol du PEPS, Angelo Tremblay et son équipe combinent les aliments, inventent des recettes, goûtent leurs produits. Ils s'en serviront pour vérifier leur hypothèse : manger mieux, manger moins sans avoir faim, tout en perdant du poids.

Les Québécois ne mangent pas assez de fruits et de légumes. L'an dernier, seulement 42,5 % des Québécois consommaient cinq portions et plus de fruits et légumes par jour, une bien légère augmentation de 0,5 % par rapport à 2001. « Il y a vraiment un effort à faire de ce côté », constate Pascale Chaumette, nutritionniste à la Direction de la santé publique de Québec. Statistique Canada précise que les hommes sont encore moins friands de fruits et légumes que les femmes (34,2 % contre 50,6 %).

Est-ce une surprise ? L'excès de poids qui caractérise la société québécoise frappe encore plus les hommes que les femmes (32 % contre 24 %). Et, pire encore, l'endroit où s'accumule la graisse chez les hommes (autour de l'abdomen) les rend plus à risque de problèmes cardiaques et de diabète.

À lire… Avez-vous remarqué que dans tout ce branle-bas des derniers jours sur le financement de la santé, personne n’a fait référence aux solutions poutant évidentes du côté de la prévention… On tourne toujours autour des vieilles jérémiades : il manque d’argent, il faut plus de services, point !

AAAAH... HA ! LE 18 SEPTEMBRE 2004 - Sébastien Rodrigue (La Presse) remarque qu’après les milliards alloués à la santé, c'est au tour des villes d'espérer leur part du gâteau. Au cours de la dernière campagne électorale, les libéraux avaient promis de revoir le financement des municipalités en leur versant une portion de la taxe sur l'essence. «Je peux confirmer que nous allons verser de l'argent vers des municipalités par l'entremise des provinces dès l'année prochaine», soutient le ministre en entrevue avec La Presse.

Les maires des 10 plus grandes villes canadiennes s'apprêtent à monter au créneau en fin de semaine pour enjoindre aux libéraux fédéraux de respecter leur promesse. «Paul Martin comprend très bien le dossier des villes, c'est un engagement qu'il a pris et on a l'intention de s'assurer qu'il va respecter cet engagement», a déclaré avec fermeté le maire de Montréal, Gérald Tremblay, avant de s'envoler vers Toronto, où les maires se rencontrent aujourd'hui.

Voir mon commentaire sur l'article qui suit... Famili-prix, comme dirait l'autre !

MINUTE, C'EST PAS FINI ! LE 17 SEPTEMBRE 2004 – Pour Bernard Descôteaux (Le Devoir), les chantres du fédéralisme diront de cette conférence qu'elle illustre la souplesse de notre système politique. Ne soyons pas naïfs. Cette souplesse aura été avant tout inspirée par le rapport de force nouveau issu des dernières élections fédérales. Le redressement accordé par Ottawa pour le financement de la santé apporte un début de réponse à la question du déséquilibre fiscal. Toutefois, beaucoup reste à faire pour que les provinces disposent des ressources financières correspondant à leurs responsabilités.

Il faut reconnaître que Jean Charest a réussi à établir une solidarité suffisante au niveau des provinces, face à un gouvernement Martin affaibli, car minoritaire, pour lui arracher ce que l’on sait. Ceci étant dit, malgré cette victoire apparente et probablement temporaire, il reste que le fédéral vient de se voir reconnaître la légitimité politique d’intervenir en dehors de son champ de compétence, un précédent dont il se servira certainement pour d’autres secteurs : municipalités, éducation, et le reste. Quant à l'asymétrie québécoise et à la prétendue "flexibilité" (d'ailleurs plutôt forcée) fédéraliste, on verra bien combien temps elle pourra durer. C'était vraiment détonnant de voir l'apologie qu'on faisait hier de cette flexibilité alors que depuis 30 ou 40 ans, c'est l'inflexibilité justement qui caractérise ce régime. Une hirondelle ne fait pas le printemps...

QUI PERD, GAGNE ! LE 16 SEPTEMBRE 2004 - Selon Joël-Denis Bellavance et Denis Lessard (La Presse), Paul Martin et ses homologues ont multiplié les compromis hier, afin de conclure une entente qui permettra aux provinces d'obtenir quelque 18 milliards de dollars de plus d'Ottawa en six ans pour la santé. Pour empocher cette somme d'Ottawa, les provinces ont dû s'engager à élaborer d'ici le 31 décembre 2005 un tableau précisant les délais d'attente acceptables pour divers actes médicaux. Elles devront aussi déterminer des moyens pour respecter les exigences de ce tableau.

Dans le cadre de cet accord, le Québec obtient, comme il le réclamait depuis quelques semaines, un statut particulier. Le gouvernement fédéral ne lui impose aucune condition pour obtenir sa part des nouveaux investissements fédéraux en santé -une particularité qui a fait grincer des dents chez les provinces de l'Ouest. Mais ultimement, insistait-on tant du côté fédéral que du Québec, toutes les provinces pourront profiter de ce traitement distinct, que les mandarins fédéraux se plaisaient hier soir à qualifier «d'asymétrie canadienne».

Malgré les réticences initiales du gouvernement Martin, le Québec a aussi arraché la tenue d'une deuxième conférence fédérale-provinciale sur la péréquation.

J’attendrai plus de détails avant de juger. En apparence du moins, Jean Charest a gagné son pari. Il a gagné à court terme, mais il me semble que les « fédéraux » ont aussi gagné quelque chose d’important : obliger les provinces à rendre des comptes dans un domaine où ses compétences sont pourtant marginales. Vous voyez la manœuvre ? Le fédéral aura commencé il y a des dizaines d’années à étrangler financièrement les provinces, en leur soutirant indirectement leur propre argent par son retrait graduel du financement du plus grand poste des dépenses qu'est la santé, pour ensuite leur offrir ce même argent mais à ses conditions.

Que diriez-vous de ceci : je m'accapare un jour d'une importante partie de votre argent, puis plus tard, lorsque vous êtes bien affamé, je vous offre de vous le remettre à mes conditions. Vous auriez quoi comme réaction ?


ALLO ? QUI PARLE ? LE 15 SEPTEMBRE 2004 - Robert Dutrisac (Le Devoir) écrit que les premiers ministres provinciaux ont présenté une contre-proposition au premier ministre Paul Martin, exigeant 36,5 milliards pour six ans, soit trois fois plus que l'offre du gouvernement fédéral. Le ministre fédéral des finances, Ralph Goodale, s'est chargé de rejeter du revers de la main la proposition des provinces. Au chapitre de la péréquation, M. Goodale a fermé la porte à un relèvement des versements au niveau de 2000-2001. Il a signalé que la question de la péréquation ne pouvait se régler à la pièce.

On croirait entendre parler ses fonctionnaires...

LES FRUITS DE 1995, LE 15 SEPTEMBRE 2004 – Pour Manon Cornellier (Le Devoir), Paul Martin récolte aujourd’hui ce qu'il a semé. En 1995, alors ministre des Finances, il s'est attaqué au déficit en réduisant les transferts fédéraux pour la santé, l'aide sociale et l'enseignement post-secondaire, il a fait subir un électrochoc aux budgets provinciaux.

La conférence annuelle des premiers ministres provinciaux a, dès 1995, pris une importance nouvelle. Les provinces se sentaient collectivement prises d'assaut et ont serré les coudes. Quand le rapport de la commission Séguin sur le déséquilibre fiscal a été rendu public, les provinces n'ont pas tardé à demander au Conference Board d'étendre ses calculs à l'ensemble du pays. Les munitions se sont accumulées et n'ont cessé de le faire depuis.

La notion de déséquilibre fiscal s'est imposée, sauf auprès d'Ottawa, qui la nie toujours. Mais, peu importe, la population dans son ensemble sait maintenant que le fédéral paie une part de la facture pour la santé qui n'est pas aussi importante que par le passé.

… et qu’il veut se mêler d’un tas d’autres affaires qui ne sont pas de sa compétence, notamment des infrastructures municipales, de l’éducation, du domaine social. Que voulez-vous, il a plus d’argent qu’il n’a de responsabilités. Un système pseudo-fédéraliste... de fous dans lequel c'est le pouvoir central qui mène ! Complètement "capoté", comme dirait l'autre... Par ailleurs, l'étranglement des provinces remonte à bien avant 1995 comme je l'ai déjà expliqué dans mes commentaires antérieurs.

EN AVONS-NOUS DÉJÀ DOUTÉ ? LE 15 SEPTEMBRE 2004 - Alec Castonguay (Le Devoir) rapporte que l’instigateur et le responsable du programme des commandites dans ses débuts était nul autre que l’ancien premier ministre Jean Chrétien.

Dans une note de service interne datée du 30 janvier 1997 et classée secrète, le plus haut fonctionnaire du pays de l'époque, Jocelyne Bourgon, demande à Jean Chrétien s'il veut garder la direction du Fonds pour l'unité canadienne, le fonds secret qui a alimenté, entre autres, le scandale des commandites.

Entre 1992 et 2004, les sommes utilisées pour promouvoir l'unité canadienne et lutter contre le séparatisme québécois à travers ce fonds ont totalisé près de 793 millions de dollars. Dans le même document, elle met en garde son patron, puisqu'un fonds de cette ampleur dirigé directement par le premier ministre n'a rien d'habituel.

L'ancien premier ministre a visiblement conservé la direction de ce fonds secret, puisque d'autres notes de services témoignent de sa responsabilité, plus tard dans le temps. «C'est votre bureau qui détermine à quels projets l'argent est envoyé», écrit le haut fonctionnaire, rappelant encore que si des questions sont soulevées à la Chambre des communes, c'est directement Jean Chrétien qui devra répondre.

Allons-nous endurer cela encore longtemps ? Qui a déjà douté de la responsabilité de Jean Chrétien, le québécois de service en chef d'alors à Ottawa, dans toute cette affaire ?

ASSEZ ! LE 14 SEPTEMBRE 2004 - Pour Manon Cornellier et Robert Dutrisac (Le Devoir), le mot « insuffisante » résume la réaction des provinces à la dernière offre financière d'Ottawa en santé. Les premiers ministres provinciaux ont rappelé à Paul Martin qu'ils ne l'avaient pas attendu pour amorcer des réformes et que la santé était leur responsabilité. Ils n’ont que faire d’une offre de financement à court terme de la santé, estimant n'avoir pas besoin d'un appui financier pour une ou deux années, mais bien d'un financement qui dure année après année. Il faut être réaliste et reconnaître que deux fossés persistent : le financement fédéral est insuffisant et il est à court terme.

Pour Paul Martin, il faut un plan de financement à long terme, mais la réplique est vite venue. On lui a rappelé que les litiges autour du financement de la santé trouvaient leur origine dans les réductions unilatérales des transferts aux provinces imposées en 1995.

Jean Charest a insisté sur le respect des compétences du Québec et des provinces en général. Il ne fut pas le seul, mais il fut le plus catégorique. Paul Martin, lui, a plutôt invité ses homologues à reconnaître le rôle de chaque niveau de gouvernement dans la santé.

Enfin, notre premier ministre qui commence à nous défendre. L’accusera-t-on pour autant de chercher la chicane avec Ottawa. Bien sûr que non ! Il est fédéraliste. Mais on tourne en rond quand même. On perd du temps à défendre des compétences pourtant bien inscrites dans la constitution même. Que pensez-vous qu’on dépense comme énergie et comme temps dans un système aussi aberrant que celui-là ? Pendant ce temps, la population endure : listes d’attente, manque d’investissements en éducation, les routes sont pleines de trous, et le reste.

Plutôt que de s’organiser nous-mêmes, il faut se battre pour arrêter qu’on (le fédéral) nous désorganise… C'est assez !


COMMANDITES, LE 14 SEPTEMBRE 2004 - Alec Castonguay rapporte que malgré le scandale des commandites et son controversé objectif de visibilité au Québec, le gouvernement fédéral a continué, depuis deux ans, à fortement subventionner les célébrations de la fête du Canada dans la province, et ce, au détriment du reste du pays. En 2004, le programme Canada en fête était doté d'un budget de 7,25 millions de dollars pour aider les municipalités du pays à mettre sur pied les célébrations qui entourent le 1er juillet. Même si cet événement est moins populaire au Québec qu'ailleurs au Canada, la province a reçu 70 % de l'enveloppe totale, soit près de cinq millions. La façon inégale de distribuer cet argent entre les provinces n'a donc pas cessé malgré le scandale des commandites.

Tout pour vendre l’invendable aux Québécois et Québécoises. Même les scandales ne suffisent pas à les discipliner…

DANS LA FARINE ! LE 13 SEPTEMBRE 2004 - Manon Cornellier et Robert Dutrisac (Le Devoir) retiennent que c'est avec davantage de questions que de réponses sur l'offre de financement d'Ottawa pour la santé que les premiers ministres provinciaux sont arrivés hier à Ottawa. Moins de 24 heures avant le début de la conférence télévisée, les premiers ministres provinciaux se plaignent toujours de la confusion entourant les propositions d'Ottawa et de l'important fossé séparant cette offre du coût réel des promesses faites par Paul Martin en campagne électorale.

Pour sa part, Raymond Giroux (Le Soleil) retient la même impression. Il décrit la confusion la plus totale qui régnait à la veille de l'ouverture de la conférence des premiers ministres sur la santé, dans ce que pourrait être un effort du gouvernement fédéral de jouer les provinces les unes contre les autres, selon un représentant de la délégation du Québec. Les provinces ont en effet directement reçu de Paul Martin, samedi, des propositions fondées sur des montants d'argent différents selon l'interlocuteur. Les hauts fonctionnaires, de leur côté, se voient confrontés à d'autres séries de chiffres qui varient selon le jour et l'heure depuis samedi dernier.

La rencontre des premiers ministres à la résidence officielle de M. Martin, hier soir, se voulait plutôt « sociale », selon un porte-parole de ce dernier, et n'a pas permis d'éclairer la lanterne des participants sur cette question cruciale. Mais le gouvernement, de son côté, soutient que sa proposition est « extrêmement claire » même si elle est « complexe » et ne laisse aucune place à la confusion, ajoute ce même porte-parole sur un ton narquois et hautain à la fois lors d'un breffage technique.

Je l’écrivais samedi, des baveux, ces hauts fonctionnaires fédérastes… Le Québec, comme les autres provinces d'ailleurs, est en train de se faire rouler dans la farine par la technocratie d'Ottawa. Je me demande même si Paul Martin s'en rend compte...

LETTRE À PAUL MARTIN, LE 13 SEPTEMBRE 2004 - Dans Le Devoir, Chantal Hébert simule une lettre des premiers ministres « provinciaux » à Paul Martin… J’en résume l’essentiel :

Laissez-moi d'abord vous souhaiter la bienvenue dans le club de ceux qui ont promis de rétablir le système de santé à coups de miracles pour se faire élire et de résoudre la crise du système de santé déclenchée par votre fameux budget de 1995. Vous n'êtes pas le seul ici à avoir promis n'importe quoi pour vous faire élire...

Comme ministre des Finances, quand l'occasion s'est présentée d'ouvrir les goussets, vous avez préféré les baisses d'impôt pour compenser vos augmentations de tarifs généralisées. Nous avons dû ce notre côté, dans ces circonstances, affamer nos universités, cribler nos étudiants de dettes, priver des milliers de familles de places de qualité abordables en garderies et peupler nos centres-villes de sans-abri, tout cela pour empêcher nos hôpitaux de sombrer dans la médecine de brousse.

Vous nous demandez des comptes en santé maintenant qu'il y a du crédit à récolter pour remettre le système d'aplomb. Vous voulez gérer le système de santé à notre place ? Considérant le bilan de santé lamentable des populations autochtones dont vous avez la charge, on voit bien que vous n'avez pas besoin de tâches supplémentaires.

De toute façon, peu importe les résultats de cette semaine, prenons bonne note que les accords en santé sont d'autant plus fréquents qu'ils ne valent généralement pas le papier sur lequel ils sont signés.

Pour mémoire...

LEVONS-NOUS ! LE 13 SEPTEMBRE 2004 - Dans Le Devoir, le chroniqueur Michel Venne présente Ingo Kolboom, professeur et historien allemand qui parle avec compétence, clarté et discernement des raisons de l'émergence d'une nation québécoise, comme si ce fut sa patrie. C’est en 1990 qu’il est alors tombé «en amour» avec le Québec dont il découvrira plus tard la littérature avant de fonder, à Dresde, dans l'ex-Allemagne de l'Est, un centre d'études québécoises.

«Ce qui m'a frappé lorsque j'ai découvert le Québec, dit-il dans L'actualité de janvier 2003, c'est l'incertitude quant à l'identité, un sentiment que je connais bien. Né après la guerre, explique-t-il, j'ai grandi dans un imaginaire allemand qui ne collait plus avec la réalité, celui de l'Allemagne de mes parents. Ma génération a été en rébellion contre les pères soldats; ici, c'était contre les pères curés.»

M. Kolboom a fortement contribué à faire connaître et reconnaître la production littéraire québécoise en Europe, en particulier en Allemagne, où le Centre interdisciplinaire de recherches franco-canadiennes/Québec-Saxe (CIFRAQS), basé à l'Université de Dresde, fondé par lui en 1994, a déjà publié trois ouvrages à ce sujet, dont une anthologie. La contribution de cet homme de culture et de loyauté s'appuie sur une connaissance profonde du Québec, construite non seulement sur des contacts officiels mais sur des liens d'amitié forts et sincères.

Ingo Kolboom, à lui seul, a bâti un pont entre le Québec et l'Allemagne, et encore davantage. Il comprend mal la réticence des Québécois à approfondir leurs relations en Europe avec d'autres nations que la France : «Pourquoi les Québécois qui se plaignent tant de l'incompréhension du reste du monde à leur endroit, négligent-ils de développer des relations constructives et suivies avec ceux qui s'intéressent à lui ?»

Kolboom enrage lorsqu'il constate l'intérêt mitigé que portent les Québécois à des gens comme lui, «messagers bénévoles qui portent le Québec en eux» et ouvrent à ses créateurs, ses entrepreneurs, ses scientifiques, des sentiers diversifiés dans tous les pays du monde. L'Association internationale des études québécoises a répertorié en effet plus de 2600 experts du Québec dans près de 50 disciplines et plus de 65 pays. Quelque 20 % de ces experts sont membres de l'association, le quart sont Européens, et 20 % travaillent dans les Amériques (en dehors du Québec).

J'enrage aussi lorsque je constate jusqu'à quel point mes concitoyens sous-estiment leur force, leurs talents, leur potentiel, pire, lorsqu'ils tolèrent qu'on rabaisse celles et ceux qui nous font honneur un peu partout, celles et ceux qui portent une vision de l'avenir du Québec. Certains sont, certes, influencés par certains médias réductionnistes, mais il y a plus que cela. On n'a pas encore assez confiance en nous-mêmes. On préfère la domination, plutôt que l'affirmation. On préfère enterrer nos talents plutôt que les faire fructifier. Québécois, Québécoises, levez-vous… enfin !

DERRIÈRE LES RIDEAUX, LE 11 SEPTEMBRE 2004 - Joël-Denis Bellavance (La Presse) souligne l'ampleur du gouffre qui sépare Ottawa et les provinces - au moins dix milliards par année - à quelques jours de la conférence des premiers ministres sur la santé. Un haut fonctionnaire qui participe aux négociations a donné le ton aux pourparlers à venir en affirmant sous le couvert de l'anonymat qu'il «est hors de question» qu'Ottawa acquiesce aux demandes des provinces en matière de financement de soins de santé. «La santé est une priorité. Mais ce n'est pas la seule priorité», a lancé ce haut fonctionnaire sur un ton sans appel.

Maudit baveux ! S'il a vraiment dit cela, je ne peux le qualifier autrement. Vous vous souvenez, j’ai déjà expliqué sur ce site, à quelques reprises d’ailleurs, jusqu’à quel point les hauts fonctionnaires à Ottawa (on retrouve également ce phénomène au Québec, quoiqu’à un degré moindre) pouvaient être en définitive les véritables maître du jeu.

Pour eux, les politiciens ne sont que de passage et peu importe les engagements des élus, c’est la vision de ces technocrates fédérastes qui prédomine. Peu d’entre eux cependant auraient assez de courage pour descendre dans l’arène politique afin de faire valoir leur point de vue, ils préfèrent tirer les ficelles derrière les rideaux Incidemment, on compte plusieurs québécois parmi eux, des gens plein de talents qui ont préféré le confort et les gros salaires fédéraux, aux luttes difficiles de leurs vis-à-vis du Québec, bien moins payés d'ailleurs. Tous les québécois de services à Ottawa ne sont pas que politiciens, on en retrouve également dans l'administration fédérale elle-même...


Des représentants des provinces ont affirmé que le gouvernement Martin doit investir au minimum quatre milliards de dollars de manière récurrente dès 2004-2005 s'il veut rétablir à 25 % la part fédérale du financement total du régime de soins de santé, comme le recommandait Roy Romanow dans son volumineux rapport sur l'avenir du régime, publié en novembre 2002. Des fonctionnaires fédéraux ont immédiatement répliqué que la formule utilisée par les provinces pour calculer «l'écart Romanow» est erronée et que le manque à gagner s'élève plutôt à un milliard de dollars à partir de 2005-2006.

... toujours les mêmes !

Des neuf milliards d'investissements en santé promis par les libéraux durant la dernière campagne électorale, Ottawa veut toujours en consacrer six à des fonds ciblés. Qu'adviendra-t-il si Jean Charest et ses collègues provinciaux quittent la capitale fédérale sans avoir signé d'entente? En privé, les stratèges fédéraux admettent que les provinces seront assurées de toucher seulement trois des neuf milliards de dollars promis par les libéraux pour la santé, une somme inconditionnelle qui sera incorporée dans le transfert canadien pour la santé au cours des cinq prochaines années.

Je vous le dis, ce sont eux qui mènent le jeu ! Et ils n’ont aucun intérêt à voir le poids relatif du gouvernement central diminuer et celui des province, du Québec notamment, augmenter.

LA GRANDE ILLUSION PERSISTE – LE 11 SEPTEMBRE 2004 - Robert Dutrisac (Le Devoir) rapporte que le gouvernement Charest dépensera une partie des sommes qu'il doit recevoir du gouvernement fédéral pour la santé à d'autres fins, par exemple la réfection des routes, la protection de l'environnement et les baisses d'impôt. Il n'aurait pas l'intention de verser davantage d'argent au cours des prochaines années que les 1,3 milliard de dollars de plus en santé par an, abandonnant ainsi sa promesse d'augmenter les dépenses de santé de 2,77 milliards en 2005-06 et de trois milliards l'année suivante. L'argent qu'Ottawa s'apprête à verser est déjà affecté à la santé au Québec, a-t-on soutenu.

Jeudi, le premier ministre Jean Charest a affirmé qu'il n'accepterait pas que le gouvernement fédéral impose quelque condition que ce soit au rehaussement de son financement des soins de santé. En limitant la hausse annuelle des dépenses de santé à 1,3 milliard, on cherche à éviter que ce poste budgétaire ne se transforme en un gouffre sans fond. Si le gouvernement n'investissait qu'en santé pour délaisser les autres missions comme l'éducation et l'environnement, on risquerait à terme de voir la santé de la population se détériorer, a-t-on indiqué hier.

J’ai trouvé la réponse de M. Charest très malhabile. C’est pourtant bien simple : il faut à la fois investir les montants additionnels qui viendront d’Ottawa, en santé. Point ! Ce 25% de contribution qu’atteindrait la part du fédéral dans le financement du système de santé n’est que justice et même, bien en deça de ce qu’était sa part dans le financement du système à l’origine.

Par ailleurs, la question du déséquilibre fiscal (voir la prochaine nouvelle commentée) doit aussi être réglée, rebalancée, afin que le Québec (comme les autres provinces) ait les revenus correspondant à l’ampleur de ses responsabilités dans tous ses champs de compétence, comme l’éducation par exemple.

Ces deux ordres d’ajustements financiers atteints, l’on pourra recommencer à investir dans d’autres secteurs que la santé. Le rééquilibrage nécessaire dans la répartition des dépenses publiques entre les secteurs pourra assez rapidement se faire. Quelques années seront suffisantes à cet effet.

Le problème à mon avis, c’est que jamais le fédéral n’acceptera de corriger le déséquilibre fiscal qui l’avantage depuis longtemps. C’est ainsi qu’il tient les provinces et le Québec à sa merci.


OTTAWA « OUT » ! LE 11 SEPTEMBRE 2004 - Jean-Robert Sansfaçon (Le Devoir) souligne qu’au moment où Paul Martin se prépare à rencontrer ses homologues des provinces, le Conference Board du Canada (CBC) évalue que, au cours des cinq prochaines années, Ottawa accumulera des excédents annuels de 8,5 milliards, comparativement aux provinces qui, ensemble, feront face à un déficit annuel approximatif de 7,5 milliards. Les cinq années suivantes, l'écart s'accroît de façon spectaculaire puisque chaque année Ottawa pourrait enregistrer un excédent de 23 milliards, contre un déficit de cinq milliards pour les provinces.

Ce qui vient confirmer ce que nous expliquions depuis déjà des années à la population du Québec, sous le précédent gouvernement. C’est le résultat du déséquilibre fiscal dans ce régime complètement débalancé. On nous croira peut-être maintenant. En tous les cas, on ne peut plus simplement nous soupçonner de chercher la chicane avec Ottawa. J’ai toujours pensé qu’on était trop en avance sur notre temps dans ces questions tout comme pour celle de la souveraineté…

À propos, voici le résumé d'un texte d'opinion qui paraît ce jour dans le même quotidien et qui rejoint tout à fait la mienne sur ce régime débilitant dans lequel nous tournons en rond depuis trop longtemps :


QUI N'AVANCE PAS, RECULE ! LE 11 SEPTEMBRE 2004 - En opinion dans Le Devoir, Jean-Marc Léger, journaliste écrit qu’on ne peut être qu'atterré, incrédule ou transporté d'hilarité en constatant qu'il se trouve encore des politiques et des commentateurs pour évoquer l'hypothèse et entretenir l'illusion d'un quelconque renouveau du fédéralisme, alors que se confirment chaque jour un peu plus les orientations ultracentralisatrices du gouvernement de Paul Martin.

Faudrait-il voir une manifestation de ce néofédéralisme dans la décision d'Ottawa de tenir en public la prochaine conférence fédérale-provinciale sur la santé, le 13 septembre et les jours suivants ? C’est là le type même de la fausse conférence, du faux débat, qui appelle le simplisme, la recherche des formules chocs, le souci d'abord de marquer des points devant un public largement étranger dans sa majorité aux questions et aux implications de la répartition des compétences et du partage des ressources fiscales.

Il est facile au pouvoir central de jouer les sages, les bons pères de famille parmi les enfants turbulents, revendicateurs, divisés entre eux, et d'apparaître à la fois comme un arbitre et comme une sorte de bienfaiteur, disposé à lâcher encore une fois des milliards mais parfaitement justifié dès lors de poser quelques conditions. Ce sera l'illustration d'une nouvelle étape dans la marche vers un régime de fait unitaire même si les structures continuent de faire illusion.

Il est évident que dans [ce] fédéralisme canadien, les provinces sont en fait des succursales du gouvernement central, des instruments régionaux de mise en application des politiques «nationales» définies, inspirées et de fait imposées par Ottawa. Le gouvernement Martin pourra d'autant mieux et plus aisément arriver à ses fins qu'il tient plus que jamais les cordons de la bourse et qu'en définitive le Québec est le seul des États fédérés (improprement appelés «provinces», anglicisme dans ce cas) à avoir une conception cohérente et relativement vigilante de l'«autonomie provinciale».

On peut toutefois déplorer l'usage persistant de l'expression «déséquilibre fiscal», qui n'est pas mobilisatrice et ne rend pas vraiment compte de la situation. C'est d'injustice, voire d'iniquité fiscale, qu'il faut parler, et même de vol et de félonie, et ce, depuis plus d'un demi-siècle avec la confiscation du pouvoir d'imposition des provinces, que le Québec n'a encore que partiellement récupéré.

Pour réflexion... et action. Sortons de notre léthargie !

L’HEURE JUSTE, LE 11 SEPTEMBRE 2004 - Pour le chef de l'opposition officielle, Bernard Landry, rapporte la PC, la conférence fédérale-provinciale de la semaine prochaine sera un succès si le premier ministre Jean Charest revient d'Ottawa avec, en poche, au moins 3,3 milliards de plus pour le Québec dès cette année. «La barre est très haute», a ajouté le chef péquiste, qui est d'accord avec M. Charest pour dire que le financement de la santé doit être analysé dans le cadre plus large du déséquilibre fiscal et s'accompagner de correctifs à court terme au chapitre de la péréquation.

Le chef péquiste a dit souhaiter le succès de la conférence fédérale-provinciale tout en affirmant que si ce n'est pas le cas, «ce sera une preuve de plus» que le fédéralisme ne fonctionne pas dans l'intérêt du Québec. «S'ils atteignent leurs objectifs, on leur rendra justice. Et s'ils ne le font pas, évidemment, on sera extrêmement critiques parce qu'on ne parle pas de fantaisies, on parle d'argent pour la santé», a-t-il ajouté.

Mais quelle que soit l'issue de la rencontre, il rappelle que «l'indépendance d'un peuple, ce n'est pas juste le budget de la santé. On ne peut pas ramener le destin d'un peuple à un seul poste de son budget». Compte tenu des énormes surplus budgétaires du gouvernement fédéral, M. Landry a dit estimer que, uniquement pour la santé, Ottawa devrait verser aux provinces pas moins de 49 milliards d'ici 2009-10, dont 11 milliards pour le Québec. Au chapitre des paiements de péréquation, le Québec aurait droit à 19 milliards supplémentaires au cours de la même période.

Voilà ce que j’appelle « donner l’heure juste » sur toute cette question et les enjeux qu'elle recouvre.

RETOUR CASE ZÉRO, LE 10 SEPTEMBRE 2004 - Robert Dutrisac (Le Devoir) rapporte que Jean Charest est prêt à repartir les mains vides de la conférence des premiers ministres la semaine prochaine si le gouvernement fédéral insiste pour imposer quelque condition que ce soit au rehaussement de son financement de la santé. «Si, en bout de piste, on ne respecte pas ce que nous croyons être les intérêts du Québec, [si] on est les seuls, on sera les seuls», a dit Jean Charest au terme d'une rencontre avec les représentants des associations liées au réseau québécois de la santé.

Dans cette optique, M. Charest rejette la possibilité que son gouvernement accepte la création d'un fonds ciblé pour diminuer les listes d'attente au Québec; l'argent en provenance d'Ottawa doit servir à l'ensemble du réseau. Le premier ministre ne s'opposera pas à ce que les autres provinces, si elles le souhaitent, se soumettent à des objectifs pancanadiens dits nationaux, mais le Québec ne sera pas de la partie.

Pour moi c’est un retour à la case zéro. Jean Charest découvre enfin, après 17 mois de pouvoir à Québec, que les exigences d’Ottawa sont inacceptables et que dans les circonstances, le Québec est littéralement ingouvernable (j’en ai souventes fois expliqué les raisons, je ne les reprendrai pas ici). Il n’y a pas si longtemps, on aurait accusé les péquistes de chercher la chicane avec Ottawa pour mousser la souveraineté. On voit bien, avec l’attitude de M. Charest, que le problème avec le fédéfral est bien réel, quelque soit le gouvernement en place.

17 mois qu’il aura fallu pour redécouvrir l’évidence. Retour à la case zéro… Et n’oublions pas que l’ouverture du fédéral est conjoncturelle. Gouvernement minoritaire oblige…


ÉVIDENCE REDÉCOUVERTE, LE 10 SEPTEMBRE 2004 - Manon Cornellier (Le Devoir) écrit que l'économie plus florissante des derniers mois pourrait se traduire par des surplus fédéraux plus importants, selon le ministre fédéral des Finances, Ralph Goodale. «Je peux affirmer que nous sommes plus optimistes aujourd'hui au sujet de nos perspectives d'avenir que nous l'étions au moment de déposer notre budget en mars dernier ou au moment des élections de juin compte tenu des récents développements économiques et des résultats financiers mensuels affichés jusqu'ici cette année», a-t-il dit lors d'un discours prononcé hier matin à Ottawa.

Les retombées ne s'annoncent cependant pas égales pour tous, comprend-on à la lecture d'un rapport du Conference Board du Canada publié mercredi, qui porte sur les perspectives fiscales des gouvernements fédéral et provinciaux. L'organisme, qui a réalisé les études sur le déséquilibre fiscal pour la commission Séguin, calcule qu'Ottawa affichera un surplus accumulé d'environ 166 milliards d'ici la fin de 2014-15 alors que les provinces traîneront un déficit accumulé de 69 milliards pour la même période, bien que la situation variera d'une province à l'autre.

Les surplus d'Ottawa iront croissant, et ce, de plus en plus vite après 2009-10 pour atteindre les 24,4 milliards en 2014-15. De leur côté, les provinces verront leur déficit atteindre un sommet de 9,5 milliards en 2006-07 pour baisser graduellement par la suite et atteindre les 3,5 milliards à la fin de 2014-15.

Toujours la même histoire, les fédéraux sous-estiment leurs revenus en début d’exercice et se retrouvent « surpris » par un meilleur rendement des taxes et impôts en cours d’année. Pendant ce temps, la situation inverse se constate dans les budgets des provinces, et du Québec, révélant encore une fois l’aberrante situation dans laquelle nous sommes dans ce régime : le déséquilibre fiscal. Une réalité que le gouvernement Landry avait déjà démontré depuis longtemps.

On perd notre temps, on tourne en rond, on ne fait que redécouvrir presque à chaque jour l’évidence…


INSULTANT ! LE 10 SEPTEMBRE 2004 - Manon Cornellier et Robert Dutrisac (Le Devoir) écrivaient jeudi que Paul Martin consentirait à l'exception québécoise en ouvrant la porte à la conclusion d'une entente en matière de santé qui soit propre au Québec. iL n'a toutefois pas abandonné l'idée de fonds ciblés, c'est-à-dire destinés au financement exclusif d'un programme ou d'un secteur. «On va établir des fonds, mais la façon qu'une province pourra atteindre ses objectifs à l'intérieur de ces fonds pourrait différer. [...] Ce n'est pas notre intention de dicter aux provinces comment y arriver», a-t-il insisté.

Il « consentirait » ??? Insultant ! Une chance que je ne l’ai pas à ma portée… de voix (car je suis trop bien élevé pour faire ce que vous pensez). D’autre part, il semble parler des deux côtés de la bouche (tiens, ça me rappelle quelqu’un…) : il consentirait d’une part à l’exception pour le Québec, sans abandonner l’idée de fonds ciblés. Je ne comprends pas, ou trop bien.

L'ART DE TOURNER EN ROND, LE 8 SEPTEMBRE 2004 - La PC rapporte qu’une embellie économique laisse entrevoir des rentrées d'argent supplémentaires dans les coffres de l'État, a annoncé le premier ministre Paul Martin, qui a laissé entendre que le gouvernement libéral -- qui a fait campagne sur la base un programme électoral évalué à 28 milliards $ -- pourrait profiter de revenus supplémentaires en raison de la forte croissance de l'économie canadienne.

«Il ne fait aucun doute que l'économie canadienne se porte bien, a déclaré M. Martin avant de participer à une réunion du cabinet qui avait lieu en Colombie-Britannique. Cela devrait se refléter dans les comptes nationaux autant que dans les comptes provinciaux.» Et il a indiqué que le financement supplémentaire devra être partagé entre les transferts pour l'assurance-maladie et toutes les autres priorités identifiées dans le programme électoral libéral.

Et s’il n’y avait pas embellie, est-ce à dire que Paul Martin renierait ses engagements ??? Quelle conviction…

Pour leur part, Mario Cloutier et Denis Lessard (La Presse) précisent que l'entente qui se dessine entre Ottawa et les provinces comprend une enveloppe de 12 milliards pour la santé en six ans, soit trois milliards de plus que ne le promettait Paul Martin durant la campagne électorale, ainsi que 1,3 milliard en péréquation, somme qui pourrait être révisée d'ici la fin des discussions fédérale-provinciales sur ce délicat sujet.

En injectant tout de suite 1,3 milliard en péréquation, le gouvernement fédéral rejoindrait le niveau de transferts fédéraux qui existait dans ce domaine en 2000-2001, soit un total de 10,9 milliards. De ce montant intérimaire de 1,3 milliard, environ 550 millions seraient réservés au Québec, un véritable cadeau du ciel pour le gouvernement Charest puisque le Conseil du Trésor analyse depuis quelques semaines déjà des scénarios de compressions budgétaires du même ordre au sein des différents ministères québécois.

Bon, si je comprends bien, le fédéral, qui paraît actuellement magnanime, ne ferait que revenir au niveau des transferts d’il y a 3 ou 4 ans. Quel progrès ! De plus, le montant intérimaire qui échoierait au Québec ne ferait que diminuer l’ampleur des compressions budgétaires anticipées pour cette année. Vous ne trouvez pas qu’on tourne en rond dans ce système de fou !

LE CHOC DU PASSÉ, LE 8 SEPTEMBRE 2004 - Manon Cornellier (Le Devoir) souligne qu’il y a des promesses dont les politiciens mesurent mal l'incidence à long terme et qui ont le don de revenir hanter leurs auteurs. Paul Martin et son entourage en savent maintenant quelque chose, eux qui devront vivre pendant environ un an avec la commission d'enquête sur le scandale des commandites en toile de fond.

L'équipe Martin croyait, en février dernier, avoir trouvé là la solution pour calmer l'électorat à la veille d'élections qu'elle pensait gagnées d'avance. Elle savait que les retombées ne seraient pas nécessairement faciles à gérer, mais pourquoi s'inquiéter ? Le rapport n'allait être rendu public qu'à la fin de 2005. Le gouvernement aurait encore trois ans pour rectifier le tir. Le problème est que la mise sur pied de la commission Gomery, qui a commencé ses travaux hier, n'a pas fait diminuer la colère des citoyens.

Les libéraux s'en mordent sûrement les doigts aujourd'hui. Son entourage et lui en ont, comme d'habitude, trop fait. Pour plaire, convaincre, séduire avec ces formules grandiloquentes qui leur collent à la peau et la multiplication de mesures correctrices d'une efficacité très inégale. Avec la commission, on vole à un autre niveau car le gouvernement n'a aucun contrôle sur elle. Elle est son propre maître.

Et heureusement ! Quand on y réfléchit, ce qui a été fait dans le programme des commandites heurte de front les principes démocratiques les plus élémentaires. C'est une honte pour le régime politique dans lequel, malheureusement, nous stagnons encore et toujours.

ENQUÊTE NÉCESSAIRE, LE 8 SEPTEMBRE 2004 - Bernard Descôteaux (Le Devoir) écrit qu’au moment où la Commission Gomery commence ses travaux, certains s'interrogent sur l'opportunité de mener une enquête approfondie sur le scandale des commandites. On évoque les coûts, la durée et le fait qu'il sera difficile, voire impossible, d'identifier en bout de ligne les vrais coupables et de récupérer les sommes détournées, autant d'arguments fallacieux que l'on retrouvera dans la bouche de ceux qui n'ont pas intérêt à ce que l'on fasse la lumière sur cette affaire.

L’éditorialiste rappelle que dans l'histoire récente du Canada, il n'y a pas eu scandale qui ait eu une telle amplitude. Les détournements de fonds auront été permis par le contournement des règles de l'administration publique autorisé au plus haut niveau. Pour faire la lumière sur cette affaire, il n'y avait d'autre voie possible que la création d'une commission d'enquête, qui seule peut avoir l'indépendance nécessaire pour se renseigner sur le gouvernement et ses membres.

(…) la commission Gomery aura un effet d'exemplarité. Pendant longtemps, ceux qui seront appelés à gouverner se souviendront que des limites existent qu'ils ne peuvent dépasser. Qu'on ne peut, dans une société de droit, détourner les règles de droit sous le prétexte que la fin justifie les moyens. En ce sens, la commission Gomery est un exercice qui ne pourra que renforcer notre système démocratique. Cela vaut bien quelques millions.

Entièrement d'accord. La protection de la démocratie a un prix...

ON SE CALME ! LE 3 SEPTEMBRE 2004 - Manon Cornellier (Le Devoir) rapporte que les premiers ministres ont conclu leur réunion de stratégie de deux jours en appuyant sans détour la position distincte du Québec et son approche asymétrique du fédéralisme. Contrairement à la plupart des provinces, Québec s'oppose aux fonds ciblés prévus dans le plan fédéral. Les autres premiers ministres ont dit ne voir aucun inconvénient à ce que Québec exerce un droit de retrait, ce qu'elles avaient d'ailleurs déjà accepté dans le dossier de l'assurance-médicament.

Certains, comme Bernard Lord, en ont profité pour y voir un exemple de la «force», de la «flexibilité» et de la «sagesse du système fédéral canadien», ainsi que de sa capacité à «s'adapter à la réalité qui existe au Québec». Jean Charest était ravi, disant voir dans cette attitude «la démonstration que le système fédéral canadien s'accommode très bien, aisément, sans que ça dérange, d'une approche asymétrique».

La détermination des provinces et leur insistance à citer le programme libéral semblent avoir provoqué un léger changement de ton à Ottawa.

On se calme en effet. Il est un peu trop tôt pour faire l'apologie du fédéralisme sur cette brève éclaircie. C'est totalement conjoncturel comme situation. Le fond de la dynamique pseudo-fédéraliste ne changera pas pour autant !

ÉBRANLÉES PAR OTTAWA, LE 2 SEPTEMBRE 2004 - Denis Lessard (La Presse) rapporte que le refus sans équivoque d'Ottawa d'acquiescer à la demande des provinces pour la mise en place d'un programme national d'assurance médicaments a clairement ébranlé plusieurs provinces hier. C'était la retraite dans le désordre du côté des premiers ministres provinciaux qui, en juillet, avaient exigé la mise en place d'un programme national d'assurance médicaments. Pour Québec, la conférence se dirige vers « des surprises en série », ce qui n'augure rien de bon.

La rumeur veut que, dans deux semaines, Ottawa mette davantage d'argent sur la table, mais le gouvernement Martin garderait le cap sur un seul objectif: la réduction des délais d'attente pour les chirurgies oculaires, cardiovasculaires et articulatoires, le traitement du cancer et l'imagerie médicale. Or, pour Jean Charest, ces « conditions » imposées par Ottawa quant à l'augmentation de sa contribution en santé est « inacceptable ».

Sur l'assurance médicaments, le premier ministre du Québec s'étonne du refus fédéral, compte tenu qu'il s'agissait d'un engagement « noir sur blanc du programme de M. Martin; l'idée vient d'eux ». Le Québec a déjà son programme d'assurance médicaments et « s'attend d'être compensé » si Ottawa assume la note d'un programme pancanadien.

M. Charest s'étonne... ou feint de s'étonner, car il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Premièrement, des promesses non tenues, M. Charest est expert en la matière. Alors, pourquoi s'en étonnerait-il ? D'autre part, on voit très bien venir la suite. Ottawa, comme toujours, va profiter de la division des provinces et de son pouvoir de financer que lui procure le déséquilibre fiscal pour imposer ses conditions.dans les champs de compétence de celles-ci… Après avoir étranglé financièrement les provinces depuis des décennies, notamment par sa diminution graduelle dans le financement de la santé, il est prêt à réinvestir, mais à ses conditions. C'est gros, mais c'est efficace, dans les circonstances.

ZIGONNAGES ! LE 31 AOÛT 2004 - Manon Cornellier (Le Devoir) écrit qu’à moins de deux semaines du début de la conférence des premiers ministres sur la santé, les provinces n'en savent pas beaucoup plus sur les intentions du gouvernement fédéral que ce que Paul Martin a dévoilé en campagne électorale.

Plusieurs aspects de la plate-forme libérale suscitent des questions, en particulier le fait qu'Ottawa veuille cibler certains investissements, ce qui équivaudrait à établir des priorités dans un domaine de compétence provinciale. Malgré cela, Ottawa a offert très peu de détails supplémentaires aux provinces depuis le dévoilement de son plan, le 25 mai dernier, et aucun document préparatoire ne leur a encore été fourni, a-t-on confié au Devoir dans deux capitales provinciales.

Dans l'entourage de deux premiers ministres et de deux ministres provinciaux, on ajoute qu'il n'y a pas eu encore de rencontre préparatoire officielle entre Ottawa et les provinces où des fonctionnaires, par exemple, auraient échangé des propositions ou déblayé le terrain en vue de la rencontre du 13 septembre prochain.

Agitation stérile, rien de nouveau, on nous fait perdre notre temps, passons donc aux vrais choses, libérons le Québec du joug canado fédéraste !

QUOI DE NEUF, DOCTEUR ? LE 27 AOÛT 2004 - Manon Cornellier et Tommy Chouinard (Le Devoir) remarquent que plus la conférence des premiers ministres sur la santé approche, plus l'échéancier d'Ottawa devient nébuleux et plus les divergences entre le fédéral et les provinces se précisent. Pendant Paul Martin parle toujours d'une entente globale conclue de préférence à la conférence de septembre, sinon à la suite de plusieurs réunions, Jean Charest, s'attend à ce que le gouvernement fédéral allonge sans condition et dès la première réunion les neuf milliards promis pour le financement de la santé.

Le fédéral et les provinces ne s'entendent pas sur la portée de la conférence de septembre et, à moins de trois semaines du début des travaux, tout le monde demeure campé sur ses positions. Québec tient à lier les discussions sur le financement de la santé et celles sur la péréquation, question d'éviter qu'Ottawa donne d'une main ce qu'il a pris de l'autre. Les autres provinces, quant à elles, poussent leur proposition d'assurance-médicaments fédérale. Ottawa ne veut pas entendre parler du projet, préférant donner la priorité à une protection contre les coûts catastrophiques de certains médicaments dans le cadre d'une stratégie nationale.

Le gouvernement Martin s'en tient donc à son projet initial, soit un plan d'ensemble qui combine un réinvestissement d'au minimum neuf milliards et la mise en place de programmes ou de stratégies pancanadiennes pour réduire les listes d'attente, améliorer l'accès aux soins de première ligne et aux soins à domicile, atténuer l'impact du coût catastrophique de certains médicaments et améliorer la reddition de comptes sur les réformes.

« QUOI DE NEUF, DOCTEUR ? », pourrait-on dire devant ce spectacle navrant qui se répète pour la Xe fois ? Une autre occasion en or se présente pour le fédéral : il réussira comme toujours à imposer son point de vue et sa vision pan-canadienne en profitant de la division habituelle, il passera entre les mailles distendues du supposé front des provinces.

PLUS BAS QUE ÇA…, LE 27 AOÛT 2004 - Jocelyne Richer (PC) confirme que le gouvernement Charest n'espère pas connaître le montant exact du réinvestissement promis par Ottawa dans le système de santé, lors de la prochaine conférence fédérale-provinciale, mais il veut avoir « une idée assez claire » des intentions du premier ministre Paul Martin.

« Je ne vois pas à quel autre moment ça va se faire, si ça ne se fait pas le 13 septembre. Ça va se faire à quel moment? Est-ce qu'il va donner toutes les réponses sur tous les transferts fédéraux? Probablement pas, mais il va probablement nous donner assez d'informations et d'engagements pour qu'on puisse avoir une bonne idée d'où on s'en va », a dit le premier ministre Charest, jeudi après-midi, lors d'un point de presse, tenu au terme d'une rencontre de deux jours de son conseil des ministres. « Je m'attends à ce qu'on nous envoie des signaux sur les résultats auxquels on doit s'attendre », a ajouté M. Charest.

En matinée, certains de ses ministres s'étaient montrés plus conciliants, jugeant normal qu'Ottawa baisse les attentes des provinces. « C'est une stratégie extrêmement légitime. Baisser les attentes, c'est une bonne chose, c'est une bonne stratégie », a dit, notamment, le ministre des Affaires intergouvernementales, Benoît Pelletier, lors d'un point de presse.

Plus ver de terre que ça, tu n’existes plus !

SORTONS-EN AU PLUS SACRANT ! LE 23 AOÛT 2004 - Jean-Robert Sansfaçon (Le Devoir) commente le contexte dans lequel, le 13 septembre prochain, le premier ministre Paul Martin rencontrera ses homologues des provinces pour discuter de financement de la santé. Mais au moment même où il promet davantage en santé, Ottawa enregistre d'importantes économies au chapitre de la péréquation. À quel jeu ce gouvernement convie-t-il les provinces?

Selon la Constitution, Ottawa doit verser aux provinces des paiements de péréquation qui leur assurent des «revenus suffisants pour les mettre en mesure d'assurer les services publics à un niveau de qualité et de fiscalité sensiblement comparables». D'apparence limpide, cette obligation souffre depuis nombre d'années de l'interprétation restrictive qu'en fait Ottawa qui n'y voit aucun moyen d'assurer sa propre visibilité.

La «norme» actuelle utilisée par Ottawa génère des paiements insuffisants qui obligent les provinces bénéficiaires à imposer davantage leurs contribuables pour leur offrir une qualité de services équivalente à celle des provinces riches. Ainsi, le gouvernement du Québec doit faire supporter un fardeau fiscal de deux milliards de dollars de plus à sa population que si la formule utilisée était équitable. Selon le ministère des Finances, cette somme explique à elle seule 40 % de l'écart qui sépare le fardeau fiscal des Québécois de celui des Ontariens au chapitre de l'impôt des particuliers.

À l'heure actuelle, le gouvernement Martin cherche par tous les moyens à concentrer ses dépenses sur des programmes ciblés, contrôlés par lui et financés en fonction du nombre d'habitants. Ce faisant, il renie la mission que lui confie la Constitution de donner une chance égale à chacun, quelle que soit la région où il habite. Curieux retournement des choses pour un gouvernement qui prétend défendre des valeurs d'équité et d'égalité si «typiquement canadiennes» !

Qu’est-ce qu’on attend pour sortir de ce système débilitant ?

AGITATION STÉRILE, LE 20 AOÛT 2004 - La PC fait état qu’après la rencontre de septembre prochain sur la santé, Jean Charest tient mordicus à une autre conférence avant le prochain budget fédéral, sur le déséquilibre fiscal. Deux mois après un engagement écrit à cet effet, le gouvernement de Paul Martin n'a toujours pas annoncé officiellement la tenue de la rencontre sur les «pressions fiscales» des provinces. Jusqu'à maintenant, le gouvernement fédéral a toujours nié l'existence du déséquilibre fiscal.

Selon Jean Charest, le changement souhaité de la formule de péréquation permettrait de recevoir des transferts à la hauteur de nos besoins, mais aussi d'éviter les écarts de financement qu'on a vécus. «Le gouvernement fédéral ne peut pas, d'une main, nous augmenter les transferts pour la santé et les transferts aux villes pour les infrastructures, et, d'une autre main, réduire pour un montant plus important ces transferts», a-t-il ajouté.

Il n’y a pas si longtemps, Jean Charest accusait Bernard Landry de ne chercher, par de telles positions, que la chicane avec Ottawa dans le but de mousser la souveraineté. On se retrouve aujourd’hui avec les mêmes problèmes, les mêmes revendications et probablement… les mêmes refus. Jean Charest ne fait que vivre aujourd'hui, comme premier ministre de "province", la réalité que nous lui décrivions dans nos réponses à ses questions lorsqu'il était dans l'Opposition. On tourne en rond, on perd du temps… Vivement la vraie solution à cette impasse financière, économique, sociale, politique, démocratique...

ON TOURNE EN ROND, LE 19 AOÛT 2004 - La PC rapporte qu’étranglé par une situation financière chaque jour plus précaire, le gouvernement du Québec maintient la pression sur Ottawa pour obtenir davantage au chapitre des paiements de péréquation. « Je veux aller chercher par tous les moyens l'argent qui doit nous revenir », a déclaré le ministre des Finances, Yves Séguin, en marge du caucus des députés libéraux à Beaupré.

M. Séguin venait alors de tracer un sombre portrait des finances publiques, au cours d'une présentation à ses collègues libéraux. «On a des arguments sérieux pour prouver à Ottawa que la péréquation est un système boiteux qu'il faut réparer. Ce n'est pas la charité qu'on demande», explique le ministre, qui qualifie le sort réservé à Québec par Ottawa «de grande injustice». Jusqu'à maintenant, le gouvernement du Québec a toujours essuyé une fin de non-recevoir à ses demandes en ce domaine. Mais malgré les échecs du passé, le gouvernement Charest maintient donc la pression sur Ottawa.

Mentalité de quêteux... une drôle de façon de s'affirmer. Il est pourtant évident qu'il n'y a qu'une façon pour le Québec de se sortir de ce bourbier : la souveraineté.

« B » POUR LA SANTÉ, LE 16 AOÛT 2004 – La PC rapporte que de plus en plus de Canadiens attribuent la note «médiocre» ou «échec» au système de santé du pays, selon un bulletin de l'association qui représente les médecins. Le bulletin indique que les choses vont de mal en pis, selon le président de l'Association médicale canadienne, Sunil Patel. La publication de ce sondage national coïncide avec la tenue de l'assemblée générale annuelle de l'organisme cette semaine à Toronto. La qualité générale du système obtient la note B, mais la proportion de C et de F a augmenté de 8 %, par rapport à l'enquête commandée l'an dernier.

Moins de 60 % des répondants ont donné A ou B au système de santé, par rapport à 67 % l'an dernier et à 65 % en 2001, soit la première année où l'association a mené cet exercice de consultation. Le Dr Patel a dit que les citoyens étaient fatigués des querelles politiques entre Ottawa et les provinces sur les montants que chacun devrait débloquer et sur qui devrait contrôler les dépenses.

À force de laver le cerveau des citoyens sur cette question, pour ne pas dire les « écoeurer » avec les querelles qu’il provoque par son sous-financement délibérément provoqué, le fédéral finira par justifier ses intrusions dans ce domaine afin de « sauver » le système, aux yeux du public. Il passera en effet pour le sauveur alors qu'il le met lui-même à risque depuis au moins un quart de siècle...

TIENS, ÇA M’AVAIT ÉCHAPPÉ ! LE 16 AOÛT 2004 - En lettre dans Le Devoir, Robin Philpot, de Montréal, souligne que Jean Lapierre n'aura mis que quelques semaines comme ministre du Transport pour reprendre la vieille politique de son parti qui nous a laissé, entre autres, le fiasco Mirabel-Dorval. Le nouveau ministre ferait de l'aéroport de La Macaza un aéroport international pour faciliter le transport en provenance de villes comme Toronto et New York. Ainsi, les visiteurs étrangers n'auront plus besoin de passer par Montréal pour se rendre à Tremblant et n'auront plus à subir cet indécrottable French Fact, difficilement perceptible maintenant dans ce centre récréo-touristique des Hautes Laurentides.

En faisant déplacer vers Toronto le plus gros des vols internationaux, le fiasco Mirabel-Dorval a eu pour effet de banaliser Montréal et, partant, tout le Québec. Les impacts économiques et politiques se font sentir encore aujourd'hui. Il s'agit d'un héritage, très douloureux pour le Québec mais heureux pour Toronto, de l'ère Trudeau. Jean Lapierre, comme MM. Trudeau et Chrétien avant lui, sait que, pour continuer à avoir une influence à Ottawa, il doit régulièrement montrer patte blanche aux décideurs et aux bailleurs de fond de Toronto, lesquels ne lui pardonnent pas son passage éclair au Bloc québécois. Un bon pied de nez à Montréal, comme cet aéroport international de La Macaza, est un excellent début !

Ça paraît un peu gros comme raisonnement, mais après tout, ce n'est pas si bête comme interprétation du geste en question...

QUÉBÉCOIS DE SERVICE... LE 16 AOÛT 2004 -Bernard Descôteaux (Le Devoir) rappelle que changer la culture politique qui prévaut à Ottawa est l'engagement le plus solennel pris par Paul Martin dans la foulée du scandale des commandites. Mais la nomination d'Yvon Charbonneau au poste d'ambassadeur à l'UNESCO laisse croire que le copinage fait toujours partie des moeurs libérales.

Le hasard fait parfois bien mal les choses, comme ce communiqué des Affaires extérieures confirmant la désignation de M. Charbonneau au poste d'ambassadeur à l'UNESCO à Paris qui est tombé jeudi dernier, au moment même où André Ouellet remettait sa démission du poste de président-directeur général de la Société canadienne des postes. La coïncidence était d'autant plus frappante que les deux hommes ont, à des époques différentes, négocié leur retraite de la politique active de la même manière contre une nomination à un poste prestigieux et rémunérateur.

C'est à des nominations de ce genre que le premier ministre Paul Martin allait mettre fin, pensait-on. « Nous mettrons fin au copinage», avait-il affirmé dans un discours prononcé le 17 mars à la Chambre de commerce de Québec. La décision d'envoyer M. Charbonneau à Paris donne un mauvais signal. C'est un autre exemple de la culture libérale où le service public est vu non comme un privilège, mais comme procurant des privilèges. Malgré ses engagements, M. Martin n'a pas réussi à débarrasser le Parti libéral de tous ses vieux démons.

Un autre québécois "de service" récompensé pour ses bons offices... C'est ce genre de gestes qui discrédite la politique.

APPUYONS SÉGUIN ! LE 9 AOÛT 2004 - Dans Le Devoir de jeudi dernier, François Beaulne, ancien député de Marguerite d'Youville et vice-président de l'Assemblée nationale, écrivait, qu’Yves Séguin méritait d'être soutenu dans ses efforts pour que proposait que Revenu Québec collecte l'impôt fédéral sur le territoire québécois. Constitutionnellement, historiquement et pragmatiquement, c'est le Québec qui a raison : l'impôt direct est une attribution provinciale. Ce n'est qu'à la faveur du contexte particulier des deux guerres mondiales du siècle dernier que le fédéral a envahi ce champ de compétence provinciale pour ne plus jamais s'en retirer.

Beaucoup d’avantages : simplification de la fiscalité, réduction des coûts de la perception d'impôt, production d'un seul rapport d'impôt, succès de la perception de la TPS par le Québec pour le fédéral, moins de chevauchements et d’empiétements de responsabilités (quand on sait qu’en prenant avantage de sa perception de l'impôt des particuliers, le fédéral, depuis 1945, a augmenté sa part de taxation pour offrir des services similaires à ceux offerts déjà par le gouvernement du Québec).

Réveillons-nous !

BONNES QUESTIONS, LE 2 AOÛT 2004 - Dans Le Devoir, Roger Lalonde (Brossard) formule ses suggestions à Paul Martin pour la santé, lui qui a décidé que les discussions auront lieu devant les caméras de télévision.

La santé concerne les provinces, selon la Constitution et le fédéral, au contraire, n'a aucune expertise en ce domaine. Pourquoi toujours chercher à dédoubler les dépenses en santé ? Pourquoi cette recherche obsessive de contrôle de la part du fédéral ? Nous sommes déjà suffisamment administrés, trop peut-être, ce qui cause des affrontements sur les priorités. Avons-nous vraiment besoin des 10 000 fonctionnaires fédéraux du ministère fédéral de la Santé, alors que la santé relève des provinces ?

En passant, M. Lalonde précise avoir 83 ans. Ce qui prouve qu'à cet âge, on peut voir encore très clair dans les enjeux !

Menute ! Ch'pourrais-tu dire queq'chose ? LE QUÉBEC TOUJOURS ISOLÉ, LE 2 AOÛT 2004 - Michel Venne (Le Devoir) décrit la réunion des premiers ministres provinciaux à Niagara-on-the-Lake comme une nouvelle illustration du fossé qui sépare le Québec du reste du Canada. Jean Charest revient de la réunion du nouveau Conseil de la fédération aussi isolé que l'a été Lucien Bouchard en 1999. Que le premier ministre du Québec soit souverainiste ou fédéraliste ne change rien à l'affaire.

En échange d'un peu d'argent, les provinces avaient alors accepté de reconnaître à Ottawa un rôle dans la définition des programmes sociaux, de santé et d'éducation au pays, dans le cadre de cette entente qui porte sur l'union sociale canadienne. Seul le Québec avait refusé de signer cet accord. Vendredi, les premiers ministres subalternes du Canada sont allés un peu plus loin en abdiquant au profit du fédéral la responsabilité de créer un programme national d'assurance-médicaments, donnant ainsi au fédéral la clé des systèmes de santé au Canada. L'expérience de l'assurance-chômage montre bien que, dès qu'un gouvernement contrôle le financement d'un système, il en contrôle aussi les finalités.

Cette première véritable réunion du Conseil de la fédération oppose par ailleurs un démenti aux prétentions de Jean Charest lorsque celui-ci en a proposé la création, l'an dernier. Ce conseil n'a pas plus de légitimité qu'en avaient les réunions annuelles des premiers ministres provinciaux. Selon Jean Charest, la création du conseil permettrait au Québec d'exercer un leadership au sein de la fédération. La réunion de Niagara-on-the-Lake a montré le contraire. C'est le premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty, qui sort de cette rencontre comme le véritable leader des provinces.

Pour l'heure, M. Charest fait le brave mais le fédéralisme canadien, lui, continue d'évoluer en sens inverse des aspirations québécoises. Il faut au moins en être conscient, conclut le chroniqueur.

Un autre qui voit clair, comme quoi point n'est besoin d'attendre l'âge vénérable de 83 ans pour y voir clair. La valeur n'attend pas toujours le nombre des années, comme le dit la maxime... ou le proverbe.

LE RIDICULE NE TUE PAS, LE 31 JUILLET 2004 - Tommy Chouinard (Le Devoir) remarque que Jean Charest est parti à Niagara voulant protéger les champs de compétences du Québec contre l'empiétement d'Ottawa. Mais voilà, ses homologues ne partagent pas la même fermeté. Il ne faut pas «s'enfarger dans les fleurs du tapis constitutionnel», a illustré le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Bernard Lord. Il faut d'abord et avant tout obtenir plus d'argent du gouvernement fédéral, se disent la majorité des provinces.

Jean Charest a bien failli se retrouver fin seul à plaider pour le rejet des fonds ciblés ou spécifiques, ses collègues se formalisant bien peu de la création de nouveaux fonds. Ils y semblent même très ouverts. Dès que les journalistes grattent un peu le vernis, les dissensions apparaissent au grand jour, comme au temps des conférences annuelles. Le communiqué de presse du Conseil de la fédération va même jusqu’à identifier des secteurs «prioritaires», comme la réduction des temps d'attente et les soins à domicile, ce qu’à Ottawa, on a tôt fait d'indiquer qu'on cherche justement à financer ces mêmes secteurs par les fonds ciblés...

La création d'une assurance-médicaments pancanadienne est maintenant le grand objectif des provinces et des territoires. Ce projet rejoint en bonne partie la stratégie nationale du médicament promise par les libéraux de Paul Martin lors de la dernière campagne électorale. Les champs de compétence sont, une fois de plus, en cause. Et le Québec, qui dispose déjà d'une telle assurance au contraire des autres provinces, devra ainsi négocier avec Ottawa pour obtenir compensation.

Et dire que le Conseil de la fédération, créature du tandem Charest-Pelletier, devait tout régler… Une chance que le ridicule ne tue pas !

RIEN DE NOUVEAU SOUS LE SOLEIL, LE 30 JUILLET 2004 - Selon la PC, les provinces ont convenu hier d'exiger du gouvernement fédéral qu'il assume le quart des dépenses de santé au pays, en plus de créer un système national d'assurance-médicaments. Mais l'unanimité s'arrête là. Au terme de deux jours de discussions à Niagara-on-the-Lake, en Ontario, le Conseil de la fédération est demeuré divisé sur l'opportunité de permettre au fédéral d'imposer des priorités d'investissement aux provinces en matière de santé.

« Le gouvernement du Québec et les Québécois sont opposés à des programmes ciblés et nous n'allons pas accepter des programmes ciblés », a tranché le premier ministre Jean Charest. De son côté, le premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty, s'est montré beaucoup plus conciliant. Il se dit tout à fait disposé à «travailler avec le gouvernement fédéral pour créer un "panier" de fonds ciblés, sur des services choisis par Ottawa et le gouvernement ontarien. »

Ben voyons ! S’il y a quelque chose de prévisible, c’est bien ce qui se passe présentement dans ce dossier. Le Québec va se retrouver encore une fois « seul de sa gang » avant longtemps, les autres provinces cédant au chant des sirènes (lire : des dollars). Vendre son droit d’aînesse pour un plat de lentilles, vous connaissez ? Rien de nouveau sous le soleil… de l’été.

ET VLAN ! LE 30 JUILLET 2004 - Pierre Dubuc, Directeur de l'aut'journal et membre du conseil d'administration de Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ Libre), aux récents propos d’une souverainiste par défaut : « Ce que je veux dire par là, c'est que le Canada anglais me ferait une proposition de fédéralisme réellement asymétrique donnant au Québec les moyens politiques, fiscaux, économiques et culturels de ses choix, j'accepterais », déclarait récemment Françoise David.

Pour M. Dubuc, la question nationale ne se réduit pas à une question constitutionnelle et Françoise David a bien tort de mettre ses espoirs dans une «proposition de fédéralisme asymétrique» du Canada anglais. La proposition du Canada anglais, nous la connaissons, c'est la Loi sur la clarté à laquelle tous les partis politiques ont réaffirmé leur attachement lors de la dernière campagne électorale, du Parti conservateur qui, le premier, l'a proposée au Parti libéral de Paul Martin qui a ressuscité Stéphane Dion, de Jack Layton qui a capitulé devant l'establishment de son parti à l'obscur chef du Parti vert qui a senti l'obligation d'ajouter son grain de sel pour courtiser, à son tour, l'électorat chauvin du Canada anglais.

L'indépendance nationale est l'aspiration démocratique la plus profonde du peuple québécois. Si cette idée a pu connaître un développement si fulgurant en seulement une quarantaine d'années, malgré la lutte acharnée et vicieuse que lui ont mené les milieux fédéralistes et les milieux d'affaires, c'est parce que autour de cette idée se sont greffées les revendications sociales de tout un peuple et l'espoir d'un monde meilleur. Si l'idée a pu s'enraciner aussi profondément, malgré un environnement médiatique presque complètement hostile, c'est parce que des centaines de milliers de personnes ont fait du porte-à-porte, tenu des réunions de cuisines et ont passé des millions d'heures au téléphone à discuter avec leurs parents, leurs amis du bien-fondé du projet souverainiste.

Et vlan ! À bon entendeure, salut !

L’ART DE TOURNER EN ROND, LE 29 JUILLET 2004 - Denis Lessard (La Presse) souligne que, de création récente, le Conseil de la fédération subit ces jours-ci son premier test important. Tous convaincus qu'Ottawa devrait contribuer davantage aux dépenses de santé, les premiers ministres des provinces maintenaient hier de profondes divergences sur les mécanismes à mettre en place pour y arriver. Proposée par Paul Martin, reprise par l'Ontario à Niagara, l'idée de mettre en place des fonds spécialement consacrés à la réduction des listes d'attente pour des interventions spécifiques est une façon détournée pour Ottawa d'imposer ses conditions dans un champ de compétence provinciale. Or la proposition au centre des discussions aujourd'hui prévoit précisément ce genre d'interventions que réprouve Québec.

Pour Chantal Hébert, dans Le Devoir, ce rendez-vous estival des provinces constitue le premier vrai test de la relation entre le Québec et l'Ontario sous leurs premies ministres libéraux respectifs. La capacité de Jean Charest et de Dalton McGuinty de composer l'un avec l'autre sera déterminante. C'est la première fois en plus de quarante ans que les libéraux sont simultanément au pouvoir à Queen's Park et à Ottawa. Or, entre ces deux clans, les liens ont toujours été tissés beaucoup plus serré qu'entre les libéraux fédéraux et leurs cousins québécois. De plus, les résultats des dernières élections fédérales ont de quoi exacerber les différences entre l'Ontario et le Québec. À la lumière de la perception répandue au Québec que le programme de M. Martin est davantage intrusif que constructif, M. Charest a tout à perdre et rien à gagner à ne pas lui tenir tête. « Le comble de l'ironie, c'est que, derrière les portes closes des discussions de cette semaine, c'est la thèse d'un plus grand contrôle fédéral et ceux qui la défendent qui s'exposent le plus à être isolés », écrit la journaliste.

Louise-Maude Rioux Soucy (Le Devoir) rapporte qu’en parallèle, une coalition demande à Ottawa et aux provinces de mettre de l'eau dans leur vin. Les querelles de clocher qui déchirent la réforme des soins de santé doivent s'arrêter, selon cette nouvelle coalition formée de 18 000 futurs médecins, pharmaciens et infirmières qui demandent aux politiciens de mettre de l'eau dans leur vin. Le réseau des nouveaux professionnels de la santé (RNPS) propose que les premiers ministres provinciaux et les leaders territoriaux acceptent les conditions du nouveau financement proposé par le gouvernement fédéral pour renforcer le régime public de soins de santé. En retour, Ottawa devra s'investir plus activement dans les frais engagés par les provinces et les territoires pour assurer ces soins, à raison de 25 % des coûts du régime public.

Vous n’avez pas l’impression qu’on tourne en rond à essayer d’ajuster un régime comme celui-là ? J’ai déjà vu ce film là quant à moi. Vous aussi, j’en suis certain ! Quant au milieu médical et hospitalier, il ne cherche qu’à s’accaparer plus de ressources, peu importe les dispositions de la constitution qui, malheureusement, s’applique encore à nous même si nous ne l’avons jamais signée. Quand on sait que les solutions aux problèmes que l'on a du côté du système de santé peuvent se réaliser sans vraiment y injecter des sommes considérables additionnelles...

LES VOYEZ-VOUS VENIR ? LE 29 JUILLET 2004 - Selon la PC, les municipalités avant de recevoir une partie de la taxe fédérale sur l'essence ne pourront pas le dépenser où ils le voudront. Le nouveau ministre d'État à l'Infrastructure et aux Collectivités, John Godfrey, a confirmé qu'Ottawa n'avait pas l'intention d'ouvrir ses goussets sans conditions.

« Nous voulons que les ententes servent l'intérêt public et qu'elles soient conformes à l'orientation fédérale, soit des objectifs nationaux partagés […]. Ce n'est pas de l'imposition fédérale, c'est simplement de travailler en partenariat. […] Quand je parle d'objectifs nationaux, je veux dire par cela que les trois ordres de gouvernement partagent les mêmes objectifs. Dans le cas du Québec, c'est évident qu'ils sont aussi pour le développement durable; nous avons des intérêts en commun. »

Les voyez vous venir ? Cause toujours ! En passant, depuis quand les municipalités sont-elles considérées comme un niveau de gouvernement ??? À force de le dire comme ça, les gens vont finir par le croire...

CHAREST FAIT LE BRAVE, LE 28 JUILLET 2004 - Sous ce titre, Clairandrée Cauchy (Le Devoir) souligne qu’à la veille de la réunion du Conseil de la fédération qui portera essentiellement sur le financement de la santé, le premier ministre Jean Charest s'est posé en ardent défenseur des compétences provinciales.

« Ce n'est pas parce que nous sommes capricieux. [...] Ce n'est pas juste un mot ou une phrase dans la Constitution. C'est une question de gros bon sens. Ce n'est pas par accident si au Québec nous avons la responsabilité de gérer le système de santé. Nous sommes les mieux placés pour le faire», a déclaré Jean Charest.

Il s'est permis une remarque cinglante à propos du bilan de Paul Martin en matière de financement de la santé, rappelant qu'en tant que ministre des Finances en 1996, il avait réduit unilatéralement les paiements de transfert de 40 %. «Depuis ce temps, on demande au gouvernement fédéral de payer sa part.» Les provinces sont déterminées à faire payer le quart de la facture des soins de santé par Ottawa.

Bonne chance à celui qui persiste à croire qu’il peut changer la tendance séculaire du fédéral à vouloir tout contrôler et terminer son “canadian nation building” ! N'oublions jamais que le système « national » se santé représente plus ou moins l'équivalent du chemin de fer « coast to coast » du 19ième siècle. Avançons à l'arrière !

DÉFI À FRULLA, LE 26 JUILLET 2004 – Dans Le Devoir, le chroniqueur Michel Venne lance un défi à Mme Liza Frulla, ministre du Patrimoine canadien, soit de transférer au Québec, maintenant qu'elle en a le pouvoir politique, les pleines compétences en matière de culture et de communications, comme elle le réclamait elle-même, au début des années 1990, lorsqu'elle était titulaire du ministère des Affaires culturelles et des Communications.

À défaut, le chroniqueur lui demande d'expliquer pourquoi, en 2004, il serait moins essentiel pour la nation québécoise de détenir la plénitude de ses pouvoirs en matière culturelle que ce n'était le cas en 1990, en 1991 ou en 1994. Avec la mondialisation, ces pouvoirs apparaissent au contraire plus importants que jamais.

Mme Frulla fut sans doute l'une des plus flamboyantes porte-étendards de l'autonomie culturelle du Québec au cours du dernier quart de siècle. « Nonobstant le gouvernement, le régime, le lien qu'on aura avec le Canada, le Québec ne peut plus aujourd'hui ne pas être le maître d'oeuvre de sa politique culturelle (…). Il est clair que leur culture appartient aux Québécois (…). Il est impossible de s'assumer comme société distincte tout en laissant à Ottawa la compétence sur la culture », disait-elle, en 1991.

« S'en souvient-elle aujourd'hui ? Mme Frulla est désormais en situation de modifier le cours des choses sur le plan politique. Je la mets au défi de le faire », conclut le chroniqueur.

Intéressant. À suivre…

HÉLICOS À L’ONTARIO, LE 27 JUILLET 2004 - Jean-Robert Sansfaçon (Le Devoir) souligne que onze ans après avoir annulé le contrat d'achat d'hélicoptères destinés à la garde côtière et à l'armée canadienne, les libéraux fédéraux se décident enfin à remplacer les vieux Sea King. Le problème, c'est qu'il n'est pas du tout certain qu'on ait fait le meilleur choix, surtout pas pour l'industrie aéronautique du Québec, qui a le plus perdu de l'annulation décrétée aux lendemains des élections de 1993. À elle seule, l'annulation de ce contrat de cinq milliards coûta près d'un demi-milliard aux contribuables canadiens, sans compter l'autre demi-milliard ou plus consacré aux études et aux analyses préalables désormais inutiles [un autre scandale].

Après la promesse d'une aide de 500 millions à l'industrie ontarienne de l'automobile et les hésitations à en faire autant pour l'industrie aéronautique du Québec, qui éprouve de sérieuses difficultés, voilà qu'Ottawa privilégie une fois de plus l'Ontario en matière de recherche et de haute technologie.

Non content d'avoir annulé, pour des raisons purement politiques, un contrat qui eût favorisé le Québec en 1993, le gouvernement libéral fédéral vient d'infliger une deuxième gifle à l'industrie aéronautique québécoise en choisissant une filiale de General Dynamics, qui exploite déjà une usine dans un comté ontarien dont le siège était détenu jusqu'à tout récemment par l'ex-ministre de la Défense, David Pratt.

Rien de nouveau sous le soleil, en quelque sorte...

QUÉBÉCOIS DE SERVICE ! LE 20 JUILLET 2004 - Sylvain Larocque (PC) écrit que Paul Martin a présenté aujourd’hui la composition de son deuxième conseil des ministres. Parmi les nouveaux venus [!], on note l'arrivée de Jean Lapierre comme ministre des Transports et Stéphane Dion, ministre de l'Environnement. Le poste de ministre des Affaires intergouvernementales, particulièrement important en raison des nombreuses priorités [lire : invasions] de Paul Martin dans les domaines de compétences provinciales, reste au Québec: c'est Lucienne Robillard qui l'obtient. Au Patrimoine canadien, Liza Frulla obtient ainsi le poste qu'elle convoitait depuis son arrivée à Ottawa, en 2002.

C'est ça, de bons vieux québécois pour continuer à abuser des compétences du Québec. La pilule va ainsi mieux passer, croient-ils ?

RIEN AVANT 2007 ??? LE 15 JUILLET 2004 – La Presse Canadienne rapporte que, d’après une étude économique d'une firme privée, le fédéral aura si peu d'argent disponible au cours des prochaines années qu'Ottawa ne pourra pas injecter de nouveaux fonds dans le système de santé. Cette analyse est cependant contestée par le ministre des Finances, Ralph Goodale. Le premier ministre Paul Martin a promis, pendant la campagne électorale, de consacrer 9 milliards $ de nouveaux fonds au régime d'assurance-maladie, en plus d'une clause d'indexation à l'inflation.

Mais il ne peut le faire s'il tient à conserver l'équilibre budgétaire, soutient Dale Orr, directeur général de Global Insight, dans un rapport dévoilé mercredi. Cette firme privée de prévision économique est souvent consultée par le gouvernement fédéral. Ottawa fera l'objet de pressions du public et des premiers ministres des provinces, surtout au moment où le gouvernement fédéral prévoit des excédents, affirme M. Orr, qui rappelle également la nature fragile du gouvernement libéral minoritaire.

Il me semble l'avoir déjà vu, ce film là !

FRULLA AU PATRIMOINE ? LE 13 JUILLET 2004 - Selon Stéphane Baillargeon (Le Devoir), cette fois pourrait être la bonne pour Liza Frulla qui figure en tête de liste des députés favoris pour occuper le poste de ministre du Patrimoine du Canada.

Madame Frulla, 55 ans, est reconnue comme un des meilleurs, sinon le meilleur, titulaire qu'ait connu le ministère de la Culture du Québec. Au début des années 1990, en quatre ans, elle a transformé l'institution de fond en comble. Beaucoup de commentateurs politiques et de spécialistes du secteur culturel l'attendaient déjà au poste, à la place de Mme Chalifoux-Sherrer en décembre dernier.

Hélène Chalifoux-Sherrer, diplômée en travail social, n'avait aucune expérience dans le monde culturel. Elle commençait à maîtriser un peu les dossiers au déclenchement des élections.

En fait, Lisa Frulla est le parfait exemple de ces nationalistes québécois, à l’origine, qui auront finalement préféré la carrière personnelle et le confort fédéraliste, sur le plan monétaire notamment, à la route beaucoup plus difficile, exigeante et ingrate qui consiste à mettre ses talents au service du Québec et à la promotion de notre pleine émancipation par la souveraineté politique. Ce genre d’opportunisme, qui fait qu’on doit se priver en partie de nos meilleurs talents, on le retrouve autant dans l’administration publique fédérale qu’au niveau plus proprement politique…

LE POIDS DE MOTS, LE 11 JUILLET 2004 - Alec Castonguay (Le Devoir) écrit qu’issus de la même agence, Patrick Emiroglou a conçu le slogan du Bloc et Luc Panneton, celui des libéraux. L'un a vu sa campagne publicitaire encensée et son slogan, « Un parti propre au Québec », faire un tabac pour le Bloc québécois. L'autre n'a pu que constater les dégâts quand son « Allons droit devant avec l'équipe Martin » pour les libéraux a été démoli par la critique et ridiculisé par les caricaturistes.

De fait, le slogan Bloc, le plus apprécié de la campagne, n'avait aucune faille, rappelant d'un côté la différence du Québec et de l'autre le scandale des commandites. Le slogan « Allons droit devant avec l'équipe Martin » n'a pas marqué de points, descendu en flammes dès sa sortie par les chroniqueurs et les caricaturistes qui dessinaient un autobus électoral fonçant vers un mur de béton. La stratégie publicitaire développée visait à montrer un Paul Martin tourné vers l'avenir et ouvert aux provinces et aux besoins de la société.

En fait, ce qui a fait le plus mal, véritable fer dans la plaie grande ouverte, c'est la révélation du Devoir en début de campagne qui affirmait en manchette que le Parti libéral reprenait les mots « droit devant » de la Canada Steamship Lines, l'ancienne compagnie maritime de Paul Martin. Le coup a achevé le slogan.

De mon point de vue, les deux slogans rejoignaient en fait ce que pensaient les Québécois, en grande majorité : le Bloc incarnait particulièrement bien la différence et la spécificité québécoise et les libéraux méritaient une bonne raclée suite aux scandales ayant caractérisé leurs 10 dernières années au pouvoir. Alors, aller droit devant avec eux voulait dire finalement que rien ne changerait avec Martin, ce qu’il ne tardera pas d’ailleurs à confirmer par les intrusions dans les compétences du Québec qui se poursuivront sans relâche.

PENSÉE DE LA SEMAINE, LE 11 JUILLET 2004 - Lu dans Le Devoir, en fin de semaine : « Le Canada actuel est une fédération de plus en plus centralisée qui laisse les provinces à court d'argent et dépendantes du pouvoir central d'Ottawa dominé par les anglophones à 80 %. Ce qui est inacceptable pour la nation québécoise. Le gouvernement d'Ottawa profite de la fédération actuelle pour se mettre le nez dans les responsabilités provinciales et augmenter ainsi la mauvaise situation des doubles ministères qui se marchent sur les pieds en gaspillant nos taxes et impôts des deux côtés. Une vraie confédération est l'union de quelques États qui s'associent tout en conservant leur souveraineté. »

C’est pourtant pas difficile à comprendre…

IL N’A RIEN COMPRIS, LE 7 JUILLET 2004 - Manon Cornellier (Le Devoir) rapporte qu’alors que pour le ministre de la Santé, Pierre Pettigrew, le Parti libéral a « du travail à faire » au Québec pour récupérer le terrain perdu le 28 juin dernier, son premier ministre, Paul Martin, se contente de lire dans les résultats une volonté des Canadiens de voir les libéraux gouverner et mettre en œuvre leur programme.

« Les Canadiens attendaient mieux de nous et c’est notre intention, vraiment, de livrer la marchandise. On a mis en avant un programme qui est très progressif [sic] dans la santé, les garderies, les villes, les régions, et c’est notre intention d’atteindre nos objectifs (…). J’aurais préféré qu’on ne perde pas 33 sièges et je pense que les Canadiens nous ont envoyé un message, a-t-il poursuivi. Je pense que les Canadiens, d’autre part, veulent que nous formions le gouvernement mais que nous réalisions ce que nous avons dit que nous ferions. Nous avons l’intention de le faire », a déclaré M. Martin.

Les Canadiens ne lui ont pourtant pas accordé une majorité, lui a-t-on rappelé, mais il a esquivé la question, évitant ainsi d’expliquer pourquoi la population l’avait ainsi puni ou de préciser la vraie nature du message qu’elle lui a envoyé.

Paul Martin n’a rien compris ou refuse de voir la réalité en face. Les électeurs ont sérieusement sanctionné le PLC pour son déplorable bilan des dernières années. S’il forme néanmoins le gouvernement, minoritaire d’ailleurs, c’est essentiellement parce que les conservateurs, avec leur programme rétrograde, ont fait peur à l’électorat. Le résultat de l’élection est loin d’être une caution du programme des libéraux, contrairement à ce que prétend Paul Martin qui manifestement, tient à continuer d’envahir les champs de juridiction du Québec et des provinces : santé, éducation, services de garde, municipalités…

BRAVO SÉGUIN ! LE 6 JUILLET 2004 - Selon ce que rapporte Mylène Moisan (Le Soleil), le ministre des Finances, Yves Séguin, n'aurait nullement l'intention de renoncer à la déclaration de revenus distincte au Québec. Au contraire, il veut convaincre Ottawa de s'y fondre... En entrevue hier, M. Séguin a tranché que le Québec commettrait une « erreur historique » s'il devait s'en remettre à Ottawa pour déterminer quoi que ce soit en matière de fiscalité. Donc, pas question d'utiliser le calcul fédéral du revenu imposable ni de calculer l'impôt provincial à partir de la somme retenue par Ottawa comme le soupesait le ministère des Finances dans un document rendu public la semaine dernière.

Et, si les contribuables du Québec devaient un jour ne faire qu'une seule déclaration, M. Séguin promet que ce sera celle du Québec. Il entend d'ailleurs se pointer à Ottawa à l'automne avec son collègue du Revenu, Lawrence Bergman, pour convaincre le gouvernement de « suivre le Québec », d'abord en adaptant son formulaire à celui que prépare M. Séguin, puis, éventuellement, en se servant des données du Québec.

D’ailleurs, Yves Séguin rappelle qu’à l’origine, c’est le Québec et les provinces qui taxaient les revenus des individus et ceci, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, quand le provinces on accepté que le fédéral s’en charge… pendant 5 ans. Il ne s’en est jamais retiré par la suite : il s’est accaparé de ce champ fiscal, le domine aujourd’hui et ne s’est montré en plus aucunement ouvert à partager.

Véritable félonie constitutionnelle, une autre démonstration qu’on ne peut faire confiance à ce système centripète et à ses suppôts fédéraux. Bravo par ailleurs à Yves Séguin de remettre cette question à l’agenda politique, en espérant que son Chef, son Parti et son gouvernement, tous fédéralistes, ne le laissent pas tomber. Il en aura probablement déjà assez de certains journalistes ou d'animateurs de la région qui tenteront d'écraser allègrement quelqu'un qui essaie enfin de se tenir debout !

L’ART DE TOURNER EN ROND, LE 3 JUILLET 2004 - Pour Michel David (Le Devoir), le premier ministre Jean Charest a dûment rempli mardi ce qu'il croit être son devoir de platitude lorsqu'il a commenté les résultats des élections fédérales de la veille. Le sujet avait même l'air de l'ennuyer. Il est vrai que M. Charest a perdu ses élections. Pour l'heure, ce qui manque le plus cruellement à M. Charest, c'est de l'argent. La population pardonnerait plus facilement les bourdes de ses ministres si au moins il tenait ses engagements.

Sur un plan strictement comptable, Paul Martin s'est suffisamment commis pour que les provinces puissent compter sur une augmentation appréciable de la participation fédérale au financement des services de santé, mais à quelles conditions ? Dans son principe même, son plan d'action de dix ans basé sur du «donnant-donnant» constitue une atteinte aux «intérêts du Québec», sur lesquels M. Charest s'est engagé à ne faire aucun compromis. Mais s'il y a suffisamment d'argent sur la table, il y a fort à parier que les provinces anglophones laisseront encore une fois Ottawa empiéter sur leurs compétences.

Reconnaître aux provinces le droit de se retirer avec pleine compensation financière d'un programme fédéral dans leurs champs de compétence serait sans doute un compromis acceptable. Cela suppose toutefois qu'Ottawa renonce à son entreprise de centralisation de la fédération et le chroniqueur voit mal comment M. Martin pourrait modifier ce travers, lui qui n'a pas dû beaucoup apprécier la neutralité presque hostile manifestée par M. Charest pendant la campagne électorale.

Bref, on se prépare à continuer à tourner en rond, sinon à reculer encore plus, avec un Québec aux moyens insuffisants qui s'affaiblit constamment, et un gouvernement central prédateur qui en profite pour imposer ses conditions... et sa présence.

LE SENS DE NOTRE VOTE D’AUJOURD’HUI, LE 28 JUIN 2004 - Au moment d’aller voter ce matin, me revient en tête l’essentiel d’un article paru en fin de semaine dans Le Devoir, sous la signature d’un collectif du RIQ. J’en retiens l’invitation suivante :

Depuis 10 ans, le Québec est devenu une « région canadienne » et le Canada un pays plus centralisé que jamais qui nie l'existence de la nation politique québécoise, attaque ses assises et se construit à l'encontre de ses aspirations.

Élire des députés qui feront d'abord valoir le projet du pays du Québec et travailleront à la promotion des intérêts des Québécois, dire aux Canadiens qu'ils peuvent vivre sans nous et nous sans eux, dire aux Québécois qu'ils entendent entre-temps faire valoir leurs intérêts. Le Parlement canadien, qui s'active à faire et refaire le Canada, n'a plus de sens pour nous. Il est temps d'en sortir poliment. Le Bloc québécois doit désormais devenir pédagogue et diplomate.

Pédagogue pour expliquer que la sécession sera avantageuse pour le Québec. Pédagogue aussi pour inciter les Québécois à mettre en avant une nécessaire coalition en vue des prochaines élections provinciales afin que s'enclenche le processus conduisant à l'indépendance politique du Québec.

Diplomate d'abord pour faire valoir qu'il appartient aux seuls Québécois, toutes origines confondues, de se prononcer sur leur avenir, toute approche donnant au Canada une ascendance quelconque ayant une saveur coloniale, voire impériale. Diplomate surtout pour préparer l'après-sécession auprès de nos voisins immédiats, soit les Canadiens, les Américains et les Mexicains, et auprès des autres membres des Nations unies.

FÉDÉRALISME PRÉDATEUR, LE 26 MAI 2004 – À bon droit, l’Opposition officielle à l’Assemblée nationale dénonce vivement les promesses libérales en santé dévoilées aujourd’hui par Paul Martin. « Après avoir saigné à blanc le système de santé québécois alors qu’il était ministre des Finances, le chef du Parti libéral du Canada promet maintenant de mieux le financer à la condition de pouvoir le contrôler d’Ottawa », a déclaré Louise Harel. En pleine campagne électorale, Paul Martin promet en fait de redonner d’une main une bien petite partie de ce qu’il avait pris de l’autre et de toute manière, la promesse de financement libéral fédéral permettrait à peine d’éponger cette année le déficit autorisé par le gouvernement Charest pour payer les opérations courantes dans les hôpitaux.

Il ne faut pas perdre de vue non plus la problématique plus générale du déséquilibre fiscal. Selon les données rendues publiques par Yves Séguin, le déséquilibre fiscal atteindra 3,8 MM$ en 2005-2006. Dans ce contexte, les sommes promises par Paul Martin sont nettement insuffisantes, car avec 236 M$ pour cette année, il ne résorbe qu’un maigre 7 % d’un déséquilibre fiscal qu’il ne reconnaît même pas encore.

La proposition de Paul Martin annonce une intrusion extrêmement importante du fédéral dans le système de santé. Il n’est plus seulement question de transférer de l’argent aux provinces pour qu’elles assument leurs compétences en matière de santé.

Dormirons-nous encore longtemps sur la question nationale ?

RÉGIME ANTIDÉMOCRATIQUE, LE 23 MAI 2004 - Dans Le Devoir, Benoît Dubreuil, candidat au doctorat en science politique à l'Université libre de Bruxelles, dit ne pas comprendre comment des contrats politiques au fédéral aient pu être donnés au cours des dernières années pour combattre à l'aide de fonds publics un mouvement que la vaste majorité des Québécois considère comme légitime et démocratique. « Les souverainistes sont-ils devenus des ennemis intérieurs contre lesquels peut se déployer la pleine puissance de l'État fédéral ? Pour les Québécois, cette situation témoigne d'un profond mépris non seulement envers les souverainistes mais également envers l'Assemblée nationale du Québec et les institutions politiques québécoises en général », écrit l’universitaire.

Pour M. Dubreuil, nous nous refusons, au Québec, de voir les institutions québécoises méprisées, de voir notre légalité foulée aux pieds par une volonté politique qui veut nous faire taire. Il reprend les propos récents de Jacques Beauchemin : l'utilisation de fonds discrétionnaires par l'État fédéral pour combattre l'option souverainiste s'oppose au sens commun démocratique d'une très vaste majorité de Québécois. Ceux-ci, sans être nécessairement en faveur de l'indépendance, reconnaissent au Québec son droit à la pleine autodétermination et à l'option souveraineté sa plus complète légitimité. En ce sens, l'utilisation de fonds spéciaux contre les souverainistes est non seulement douteuse d'un point de vue déontologique mais antidémocratique d'un point de vue politique.

En fait, au moment du déclenchement des élections fédérales, et tout au long de la campagne de même que lorsque nous voterons le 28 juin prochain, nous devrons nous rappeler effectivement le caractère anti-démocratique des gestes que le gouvernement du tandem Chrétien-Martin aura commis à l’encontre des intérêts du Québec. Cette situation confirme ce qu’on peut observer depuis des décennies : à chaque fois qu’un québécois se retrouve à la tête du gouvernement du Canada, c’est pour mieux écraser le Québec, une réaction essentiellement de colonisé…

Le scandale antidémocratique que nous avons vécu depuis notamment 10 ans s’est traduit dans toute une série de gestes incroyables. C’est en fait un véritable récit d’horreur en matière de corruption, de scandales et de détournements de fonds publics et de non respect des compétences du Québec avec notre propre argent. J’y reviendrai dans les prochains jours… Il y en aurait trop à écrire d’un seul coup.


RIEN NE CHANGERA, LE 18 MAI 2004 - Bernard Descôteaux (Le Devoir) souligne que dans le discours prononcé hier à Laval par Paul Martin, on ne trouve pas de rupture marquée avec le gouvernement précédent. Il se contente de petits coups de barre qui ne seront pas suffisants pour surmonter la méfiance des Québécois envers le Parti libéral qui s'est accentuée avec le scandale des commandites. L’éditorialiste estime que malgré un changement de ton et d'attitude, il y a des choses qui ne changeront pas. Les provinces demeurent à ses yeux, comme ce l'était pour Jean Chrétien, un niveau de gouvernement inférieur.

Pas question pour cette raison d'admettre l'existence d'un déséquilibre fiscal, comme le lui demandait de nouveau dimanche le premier ministre Jean Charest. Silence total de M. Martin à ce sujet, car repartager équitablement la fiscalité entre les deux ordres de gouvernement donnerait aux provinces le moyen d'assumer pleinement leurs compétences. Ce à quoi n'a aucun intérêt le premier ministre qui en cela est fidèle à la philosophie du Parti libéral. Il est prêt à donner un peu plus d'argent aux provinces en santé et en éducation, mais à ses conditions. L'important est de pouvoir conserver sa capacité d'influencer la façon dont elles exercent leurs responsabilités.

Il n’y a en effet aucune chance que la dynamique plus que séculaire du fédéralisme canadien, essentiellement prédateur à l’égard des champs de compétence du Québec ou des provinces, ne change de par le seul effet de la présence de Paul Martin. Penser autrement, surtout à la veille d’élections générales, c’est faire preuve de naïveté ou d’aveuglement volontaire…

CHAREST BLAMÉ, LE 16 MAI 2004 - Simon Boivin (Le Soleil) rapporte que les libéraux du Québec admettent maintenant que la baisse d'impôt promise de 1 milliard $ ne s'est pas concrétisée, une position en contradiction avec celle que maintient le gouvernement Charest. « Quand on regarde ce qui a été mis dans le budget, on n'a pas un milliard de réductions, a affirmé, hier, Robert Dubé, président du Comité de suivi des engagements électoraux. Il y a des arrangements fiscaux, des primes qui ont été données, mais ce n'est pas une réduction nette de 1 milliard $. On parle dans le budget de 219 millions $ d'impôt vraiment réduit pour l'ensemble des contribuables. »

Pour sa part, Gilles Normand (La Presse) estime que c'est un véritable camouflet que le comité du suivi des engagements électoraux du Parti libéral du Québec a donné à son propre gouvernement, hier: « L'engagement de réduire les impôts de 5 milliards à l'intérieur du présent mandat est crucial et il doit être respecté », a en effet déclaré Robert Dubé.

Pendant ce temps, Tommy Chouinard (Le Devoir) observe que le style de direction du premier ministre Jean Charest suscite l'inquiétude jusque dans les rangs libéraux, à un point tel que le Parti libéral du Québec sent le besoin de lancer une opération exceptionnelle de réhabilitation de son chef. Le président du PLQ dépeint Jean Charest comme un libéral «solidement ancré dans la culture et les valeurs de son parti». En dépit des commentaires positifs de M. Blanchard, force est de constater qu'un malaise tangible se manifeste chez les libéraux en ce qui a trait à certains projets du gouvernement Charest, de conclure le journaliste.

Une belle opération pour nous faire croire que le PLQ peut vraiment veiller aux intérêts du Québec et surveiller le gouvernement Charest. On essaie beaucoup plus actuellement de réhabiliter les libéraux, que Jean Charest, dont ils se débarrasseront d'ailleurs à la première occasion, dès qu'il ne sera plus jugé utile à leur intérêt premier, i.e. le pourvoir et la gouverne d'une province...

IL S’ÉCRASE, LE 16 MAI 2004 - Simon Boivin (Le Soleil) rapporte que le ministre des Finances du Québec, Yves Séguin, s'est dit « déçu, mais pas découragé », hier, par le refus catégorique du premier ministre Paul Martin de transférer des points d'impôt vers les provinces. « Ce qui me donne de l'espoir et du courage, c'est que M. Martin a aussi dit qu'il était prêt à s'asseoir et à discuter, a affirmé le ministre Séguin. (...) Qu'il ne reconnaisse pas le déséquilibre fiscal, je n'en ferai pas une guerre de religion. Ce qu'il faut savoir, c'est que le portefeuille des Québécois est mal servi et que le gouvernement fédéral doit réinvestir au Québec à même l'argent qu'il y prend. » Après avoir balayé l'option de remettre l'argent de la TPS aux provinces, le premier ministre Martin a exclu, vendredi, de leur transférer des points d'impôt, tel que le suggère Québec.

Oui, Séguin vient de s'écraser, de renier ses propres convictions, ses propres démonstrations en ce qui regarde le déséquilibre fiscal. Il suffit que Paul Martin dise finalement plus ou moins « J'veux rien savoir ! », pour que les petits frères libéraux à Québec s'écrasent, s'en remettent à une simple indication qu'on est prêt à s'asseoir et à discuter. Minable ! Continuez à tendre l'autre joue...

ON TOURNE EN ROND, LE 10 MAI 2004 - Jean-Robert Sansfaçon (Le Devoir) écrit que même si c’est à l'unanimité que l'Assemblée nationale vient d’adopter une résolution pour réclamer d'Ottawa le transfert des revenus de la TPS aux provinces, personne ne s'attend à ce que le gouvernement Martin acquiesce. Pourtant, voilà une façon raisonnable de permettre aux provinces de faire face aux responsabilités qui leur sont confiées par la Constitution canadienne.

Selon le Conference Board, les provinces verront à défaut leur déficit budgétaire annuel grimper de quatre milliards cette année à 11 milliards dans 15 ans. Pendant ce temps, à Ottawa, les excédents budgétaires du gouvernement fédéral suivraient une pente inverse et passeraient de 10,5 milliards à la fin de la présente année à 78 milliards la quinzième année. Avec cet argent, Ottawa voudra imposer son autorité dans des champs de compétence provinciale jugés rentables pour son image. En fait, depuis la fin de la lutte contre le déficit, Ottawa cherche désespérément un rôle à jouer au sein d'une fédération dont la plupart des secteurs porteurs sont de compétence provinciale, telles la santé, l'éducation et les affaires urbaines. Mais voilà, ce sont aussi les secteurs qui connaissent la plus forte croissance en termes de besoins financiers.

Ce n'était pas la première fois, jeudi dernier, que les membres de l'Assemblée nationale du Québec adoptaient une résolution unanime demandant à Ottawa de corriger le déficit fiscal avec les provinces. Ce n'était pas la première fois non plus qu'il était question de rapatriement de la TPS par les provinces comme moyen de corriger l'écart. On se rappellera que cette solution était celle de la Commission sur le déséquilibre fiscal présidée par l'actuel ministre des Finances, Yves Séguin.

Si le ministre des Finances est sérieux lorsqu'il parle de déséquilibre fiscal, il lui faudra d'abord convaincre son chef, Jean Charest, de l'importance de l'enjeu. Pour le moment, M. Charest se dit d'accord, mais on ne peut certainement pas dire qu'il manifeste beaucoup de passion à l'idée de mener une lutte sans merci avec Ottawa sur la question. Une fois le premier ministre bien en selle derrière son ministre des Finances, il faudra aussi rallier les premiers ministres des neuf autres provinces à la cause; les libéraux du Québec ont toujours affirmé être beaucoup mieux placés pour réussir cette tâche. Car sans un tel front commun des provinces, aussi bien attendre un prochain référendum sur la souveraineté pour régler ce problème de déséquilibre avec Ottawa...

Ce n'est ici qu'un résumé de l'éditorial de M. Sansfaçon. Mais même résumé, c'est un bien long texte pour dire finalement qu'on tourne en rond depuis déjà trop longtemps sur ces questions. Sortons-en au plus coupant de ce système débilitant pour tous !

PLUS QU’HIER… LE 3 MAI 2004 - Frédérique Doyon (Le Devoir) rapporte les propos de Bernard Landry alors que se terminait à Montréal le cycle des consultations régionales de la Saison des idées du Parti québécois : «Nous sommes souverainistes, nous le sommes davantage et mieux». Les consultations se sont déroulées dans toutes les régions du Québec.

Selon l'article, M. Landry a donné à la centaine de participants de la journée un aperçu du slogan de la prochaine campagne référendaire : « Cette fois-ci, c'est la bonne. » « Ça ne peut pas être autrement », a-t-il ajouté. Les participants à l’événement d’hier ont pu assister à d’ardents discours de deux conférenciers invités dans le cadre du chantier sur le pays, le plus attendu et mouvementé de la journée de consultations.

Robert Laplante, directeur de la revue L'Action nationale, a prévenu les militants que « le Canada à affronter n'est plus celui dont on a tenté de se séparer ». L'omniprésence des valeurs «canadian» menace de casser la cohésion nationale du Québec, selon lui, d'où l'urgence de reprendre le pouvoir pour déployer les institutions d'un Québec indépendant et ensuite demander aux Québécois qu'ils ratifient le travail du gouvernement par voie référendaire.

C'est ensuite Jean-François Lisée, ex-conseiller des premiers ministres Parizeau et Bouchard, qui, sur un ton plus enthousiaste et amusé, a livré ses réflexions sur la question Pourquoi la souveraineté est probable. Après les périodes favorables à la souveraineté -- que M. Lisée appelle les «marées» -- que furent 1990-93 et 1996, d'autres rendez-vous qu'il ne faudrait pas manquer sont imminents selon l'ex-journaliste, favorisés par une combinaison de facteurs dont la force intrinsèque du Québec qui progresse selon les données de l'OCDE. Ces données placent le Québec au 10e rang mondial dans l'échelle de la création des richesses, en 2002, alors qu'elle tenait le 17e rang il y a dix ans.

«La Saisons des idées n'est qu'un début, a précisé Bernard Landry. Après viendra la Saison de l'action, de la marche rapide vers l'indépendance nationale et rien d'autre. »

Quant à moi, ceux qui pensent... ou espèrent... que le projet de faire du Québec un pays est enterré, n'ont qu'à bien se tenir.

LIBERTÉ ? DÉMOCRATIE ? LE 2 MAI 2004 - Gilles Toupin (La Presse) écrit que le congédiement par le ministère du Patrimoine d'une fonctionnaire, Édith Gendron, en raison de son engagement souverainiste, souleve un tollé aussi bien du côté du Bloc québécois que de l'Alliance canadienne de la fonction publique. En conférence de presse hier, accompagnée de députés du Bloc et de son mari, Richard Nadeau, le candidat bloquiste dans Gatineau, Mme Gendron a accusé le gouvernement fédéral et le Parti libéral du Canada de procéder à « une chasse aux sorcières » des souverainistes québécois. « Une agente m'a escortée à la sortie de mon bureau jeudi comme un vulgaire criminel », a raconté Mme Gendron, ajoutant qu'elle était prête à aller jusqu'en Cour suprême pour faire valoir ses droits civiques et démocratiques. Déjà, son syndicat, l'Alliance de la fonction publique, a déposé un grief contre Patrimoine Canada. La prochaine étape sera celle de la Cour fédérale.

Les libéraux (!) fédéraux ont congédié Edith Gendron, fonctionnaire à Patrimoine canadien, parce qu’elle est la présidente du groupe Le Québec, un pays. Ce geste profondément antidémocratique a été posé à la suite d’un ultimatum adressé à Mme Gendron par la sous-ministre de Patrimoine canadien de quitter son poste de présidente du mouvement souverainiste de l’Outaouais à défaut de quoi elle serait congédiée. Menace impensable dans un pays dit démocratique, le gouvernement libéral est quand même passé aux actes jeudi dernier.

Ce geste est d’autant plus inacceptable qu’un jugement de la Cour suprême a déjà confirmé les droits politiques des fonctionnaires et le fait qu’ils peuvent les exercer. Pour l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) qui a pris fait et cause pour Mme Gendron, « le traitement réservé à Mme Gendron est un procès politique d’autant plus inquiétant que plusieurs gestionnaires de Patrimoine canadien sont des militants libéraux actifs et que leurs activités ne sont nullement brimées. »

Après le programme de commandites et des lois comme celle dite sur la clarté, quel genre de pays les libéraux fédéraux veulent-ils proposer? Leurs valeurs sont-elles celles du ministre Jacques Saada qui clamait jeudi sa fierté que les 800 M$ du fonds secret furent dépensés pour défendre les valeurs canadiennes? Que penser d’un gouvernement et d’un pays qui a commis d’importantes infractions à la loi québécoise lors du dernier référendum, qui a sciemment choisi d’écraser la démocratie et qui, aujourd’hui, s’attaque à une citoyenne engagée parce qu’elle diverge d’opinion ?


LE CANCER FÉDÉRASTE, LE 26 AVRIL 2004 - Léon Veilleux (Le Devoir) juge pathétique de voir la population du Québec écouter sans révolte Paul Martin promettre d'envahir davantage les champs de compétence dite provinciale: municipalités, santé, éducation, comme bien d'autres. Après le scandale des commandites, l'évidence du déséquilibre fiscal et la chute de contribution aux soins de santé, on aurait pu s'attendre à ce qu'il modère ses ardeurs, surtout après le départ des artisans du plan B dévoués à punir le Québec pour le mettre au pas. Mais non: il en remet, écrit M. Veilleux.

Avec son pouvoir de dépenser sans vergogne « notre butin » au lieu de nous retourner ce qui nous revient et de rétablir l'équilibre fiscal, Ottawa envoie dans les organes du Québec de véritables «métastases agressives». Des métastases qui non seulement parasitent l'organisme québécois dans son ensemble et drainent son énergie, mais qui causent aussi des lésions et faussent la conduite saine de l'État québécois dans ces domaines reconnus depuis toujours comme étant de sa compétence. Un vigoureux cancer ne ferait pas mieux : rendre incompétent en envahissant.

Effectivement notre système de santé est de plus en plus anémique, nos jeunes et nos universités sont en manque de ressources et sont maintenus en insécurité permanente. Et l'ensemble de la population souffre, surtout dans les couches les plus démunies, alors qu'Ottawa accumule des surplus aux dépens des travailleurs et des sans-emploi pour les dépenser à son gré. Les libéraux de Jean Charest ont cru naïvement qu'une fois élus ils pourraient arrêter l'hémorragie et circonscrire le cancer. Mais le ministre Séguin a dû très vite se rendre à l'évidence que, enhardi par l'élection des libéraux à Québec, le grand frère d'Ottawa avait accéléré la cadence, de sorte que le mal s'étend davantage à d'autres organes, et vite.

Combien de temps encore laisserons-nous Ottawa développer ce cancer au Québec ? Il et peut-être temps d'y penser et de réagir avant qu'il ne soit complètement généralisé, car il atteint déjà des organes essentiels : notre santé, notre éducation, nos affaires municipales, nos communications, nos finances, et bien d'autres compétences encore.

Oui, comme l’écrit d’ailleurs Réal Ménard, député bloquiste de Hochelaga, Ottawa est prêt à prendre les patients en otages pour imposer ses vues en santé. Je vais personnellement plus loin, il les prend déjà en otage et depuis longtemps. La baisse du financement fédéral dans les soins de santé s’est amorcée dès la fin des années ’70 et se poursuit depuis… Maintenant qu’il a déstabilisé le système de santé au Québec comme dans le ROC, il se pointe avec notre argent pour enfin l’y investir, mais à ses conditions. Le bon peuple n’y verra que du feu mais que de souffrances lui aura-t-il fait vivre pendant le dernier quart de siècle ???

PLAN DE MATCH, LE 20 AVRIL 2004 – Dans une lettre aux médias, Pauline Marois propose un plan de match dans le cadre de la Saison des idées en cours actuellement au Parti Québécois. Le Québec n'a plus rien à espérer du fédéralisme canadien, écrit-elle. Le déséquilibre fiscal étrangle le Québec. Comme M. Chrétien avant lui, Paul Martin suit son idée : bâtir la nation canadienne en gardant sous tutelle la nation québécoise. « Inutile de s'en plaindre : il nous faut notre propre plan de match pour sortir du carcan fédéral. Un plan de match en quatre « quarts », comme au football.

1er quart : l'élection du Bloc

Pauline Marois invite tous les souverainistes et les progressistes à rallier le Bloc québécois pour que le Québec ait une voix forte au Parlement fédéral. Le scandale des commandites, débusqué par le Bloc québécois, prouve hors de tout doute que les libéraux ne défendent pas les intérêts du Québec.

2e quart : un projet de société pour gouverner

C'est incontournable dit-elle : il faut que le Parti québécois soit élu pour qu'un référendum sur la souveraineté ait lieu. Madame Marois est convaincue que le PQ sera élu en 2007 s'il gagne la confiance des Québécois et des Québécoises en tant que parti porteur d'un projet de société progressiste afin d'offrir une véritable solution de remplacement sociale, économique et démocratique au gouvernement Charest.

3e quart : préparer la souveraineté

La députée estime qu'il faut être plus clair quant aux actions qu'entreprendra un gouvernement du Parti québécois. L'élection doit lui donner le mandat de travailler de façon transparente à l'élaboration d'un projet de pays. Dès les premiers jours, un gouvernement du Parti québécois ferait deux gestes. Premièrement, la formation d'une assemblée constituante qui rédigera un projet de Constitution d'un Québec souverain. Deuxième geste : la création d'un ministère de l'Accession à la souveraineté sous la responsabilité directe du premier ministre. Ce ministère mettra en place les mesures appropriées pour faciliter la transition et veillera à ce que chacun des ministères se dote d'un plan d'action qui répond à tous les besoins du Québec sans se restreindre au cadre fédéral actuel.

4e quart : un référendum

Au terme de cette démarche, tenue d'une consultation populaire et démocratique sur la souveraineté. On présenterait alors au peuple québécois un projet de pays incarné dans une constitution exprimant les valeurs d'un Québec souverain et ses engagements fondamentaux, ainsi qu'un plan gouvernemental de transition vers la souveraineté. Il aura rebâti une coalition des forces souverainistes encore plus large que celle de 1995. Le gouvernement du Québec sera alors appuyé par des hommes et des femmes de toutes origines et de toutes conditions qui veulent créer un nouveau pays en Amérique du Nord.

Une autre contribution significative à la Saison des idées... et il s'en trouvera pour écrire qu'il ne s'y passe rien de nouveau ???

PAUL MARTIN PROMET, LE 18 AVRIL 2004 – La PC rapporte maintenant que Paul Martin promet de l'argent et de l'action… Du moins vient-il de formuler toute une série de promesses. Peu de nouvelles promesses ont été faites dans ses cinq priorités : la santé, le financement municipal, les autochtones, l'enseignement supérieur ainsi que le rôle joué par le Canada à l'échelle internationale.

M. Martin a affirmé qu'il s'entretiendrait avec les maires et les premiers ministres des provinces, d'ici à la fin de l'année, afin de négocier le transfert d'une part de la taxe fédérale sur l'essence dans le but d'aider les municipalités à remettre en état leurs infrastructures. Le premier ministre a toutefois insisté sur le fait que la principale priorité du fédéral demeurait la santé. Il a d'ailleurs promis de préparer un projet de réforme d'une durée de 10 ans, cet été, avec ses homologues provinciaux.

Comment le croire ? Il y a quelques jours à peine, il déclarait qu’il n’y aurait pas d’argent de plus pour la santé. La réalité, c’est que nous sommes maintenant devant des promesses dans un champ où le gouvernement fédéral n'a aucun rôle à jouer, la santé. Il cherche surtout avec notre argent à dicter le « comment faire » aux provinces, en matière de santé notamment. Ce faisant, il ne fait que confirmer la seule certitude de son discours, celle du déséquilibre fiscal. Vraiment rien n’a donc changé depuis le régime Chrétien.

LE QUÉBEC À LA MANIÈRE MARTIN, LE 16 AVRIL 2004 - Lettre de Louis-Philippe Bouchard, de Québec, arrondissement Sillery : le scandale des commandites a fait ressortir la conception que le gouvernement central se fait du Canada et du Québec.

Soulignant que la confédération issue de l'Acte constitutionnel de 1867 attribue aux provinces certains pouvoirs exclusifs pour l'exercice desquels ils sont souverains, M. Bouchard retient qu’avec les Chrétien et Trudeau, la confédération est devenue une fédération unitaire, reniant les compétences provinciales et qualifiant les Québécois de « séparatisses ».

Paul Martin tout en promettant un changement dans la façon de faire de son parti, tant dans sa gestion que par son attitude, reste silencieux sur l'Acte constitutionnel de 1867 et n'est pas préoccupé par le déséquilibre fiscal. Il n'hésite pas non plus à s'engager dans le financement des municipalités, de la santé, de l'éducation et des congés parentaux, demeurant ainsi fidèle à la politique de son parti en ce qui concerne les compétences provinciales.

À la suite de la présentation de son budget, l'Assemblée nationale du Québec a unanimement réagi et fait connaître ses droits. Paul Martin ne donne pas l'assurance que le Québec sera « maître chez lui » dans le respect de l'Acte confédératif.

Certainement pas ! Oubliez ça ! La seule façon de régler ce problème, c'est que le Québec devienne indépendant, souverain, un pays, et qu'en conséquence il soit maître de sa maison : i.e. de ses lois, de ses impôts, de ses traités. Quand on navigue dans une telle galère dirigée par des capitaines qui ne respectent même pas leur propre constitution et handicapent constamment la capacité du Québec de s'épanouir, de se développer, de s'émanciper entièrement, on doit avoir le courage et la lucidité d'en sortir, et vite !

RETOUR À LA CASE ZÉRO, LE 14 AVRIL 2004 - Joël-Denis Bellavance (La Presse) rapporte que même s'il a promis une nouvelle ère de collaboration fédérale-provinciale lorsqu'il a pris le pouvoir en décembre dernier, le gouvernement Martin s'apprête à durcir le ton à l'endroit des provinces dans l'épineux dossier du financement du régime de soins de santé.

Selon l'article, les provinces devront accepter des réformes importantes pour limiter la hausse des coûts et réduire les listes d'attente dans les hôpitaux si elles veulent obtenir davantage d'argent du gouvernement fédéral. C'est du moins la position que Paul Martin entendrait défendre en prévision de la conférence des premiers ministres prévue cet été afin de discuter de la viabilité du régime de soins de santé. Une telle position risque toutefois de provoquer de nouvelles tensions entre Ottawa et les provinces d'autant plus que celles-ci ont toujours été réfractaires à l'idée que le fédéral impose des conditions au financement du régime, la santé étant un domaine relevant de leur compétence.

Voilà qui explique pourquoi le premier ministre souhaiterait tenir des élections au printemps afin d'obtenir son propre mandat avant d'entreprendre ces difficiles négociations avec les provinces visant à adopter un plan de réformes et de financement échelonné sur 10 ans.

Ça ne sera jamais plus pareil, disait-il, dans les relations avec le fédéral. Jean Charest doit être resté bouche bée aujourd'hui, devant cette nouvelle... à moins que sa foi fédéraste ne l'aveugle complètement, encore une fois...

LA MANIÈRE MARTIN, LE 10 AVRIL 2004 - Mario Cloutier (La Presse) rapporte que Paul Martin s'applique à démontrer qu'il veut et qu'il va faire les choses différemment à la tête du pays. Lors de sa visite de deux jours dans le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie cette semaine, il en a fait une nouvelle démonstration, selon le journaliste. La sortie du chef de gouvernement avait été soigneusement planifiée par le service de sécurité afin qu'il évite la vingtaine d'environnementalistes, mais le premier ministre a plutôt décidé d'aller à leur rencontre pour répondre à leurs questions. On était loin de l'accrochage entre Jean Chrétien et Bill Clennett. « C'est le genre de choses qu'un premier ministre devrait faire. Il faut être capable de dialoguer avec les Canadiens », a souligné le premier ministre à propos de sa « perspective nouvelle », puisqu'« il y a eu des plaintes » de la population sur la gouvernance antérieure.

... " gouvernance antérieure " dont il était un des acteurs les plus importants d'ailleurs. Remarquez bien qu'en période de pré-campagne et de campagne électorale, il n'a pas le choix de toute façon, il doit faire du terrain, il n'y a rien d'extraordinaire dans ce qui s'est passé là-bas. Ceci étant dit, revenant à la photo de la Une du journal Le Soleil d'hier, qu'est-ce qui serait vraiment différent du régime Chrétien, dans un régime Martin ? La manière ?

Pour réflexion à ce sujet, méditons sur ce qu'évoque la photo que nous reprenons ici aujourd'hui, en comparaison avec l'incident Chrétien-Clennett que l'artiste-peintre Victorien Pilote reprend de manière remarquable dans une de ses oeuvres intitulée "Le premier sinistre". On peut retrouver plus d'informations sur l'artiste et ses oeuvres en cliquant sur l'hyperlien suivant Victorien Pilote ...


Le Soleil, 9 avril 2004, une photo et un titre : « On ne bloque pas le passage au PM ». Autrement dit : la manière Jean Chrétien à la mode Paul Martin Oeuvre de l'artiste-peintre Victorien Pilote, Le Premier sinistre

DÉPENSES ILLÉGITIMES, LE 16 MARS 2004 – La PC rapporte la dénonciation faite par le Bloc Québécois : près de la moitié des dépenses du gouvernement fédéral constituent des «intrusions» dans les champs de compétence des provinces et conséquemment, Ottawa doit transférer 10 milliards en recettes fiscales au Québec. Avec l'accumulation de surplus budgétaires à Ottawa, le rythme de croissance des «dépenses intrusives» s'est même accéléré au cours des cinq dernières années, conclut une étude menée par l'ancien ministre péquiste Jacques Léonard, à la demande du Bloc. «À partir de 1994-95, le gouvernement fédéral a dépensé plus dans les champs de compétence du Québec et des provinces que dans ses propres champs de compétence», a déclaré M. Léonard, lors d'une conférence de presse à Ottawa. Globalement, pour l'année budgétaire 2002-03, le comité Léonard estime que 44 % de toutes les dépenses fédérales, en excluant le service de la dette, seraient des «intrusions».

«C'est étonnant parce qu'il s'agit là d'un changement radical par rapport [...] à la Constitution d'origine, selon M. Léonard. On est devant une transformation, pour ne pas dire une perversion, du fédéralisme, et c'est une orientation vers un gouvernement unitaire plutôt que fédéral, actuellement.» Le comité a recensé au moins une dizaine de nouveaux programmes fédéraux qui ont vu le jour au cours des cinq dernières années et qui constituent, selon lui, des «intrusions fédérales» dans les champs de compétences des provinces. Il cite notamment les Chaires de recherches universitaires (900 millions), le Système canadien d'information sur la santé (50 millions) et la Stratégie emploi jeunesse (315 millions).

En fait, le comité prétend ne pas avoir trouvé un seul champ de compétence exclusive du Québec exempt de «dépenses intrusives» du gouvernement fédéral.

Voilà ce que je m'éreinte à expliquer sur toutes les tribunes possibles depuis des années... J'y revenais d'ailleurs récemment dans un récent texte intitulé La « performance » de la région de la Capitale nationale dans les grands moments….

J'y exprique que dès ses débuts, le fédéralisme canadien fut jugé sévèrement par certains observateurs. Par exemple, en décembre 1867, le Consul de France à Québec rapporte que bien des gens se demandent s'il ne serait pas plus simple et plus économique de n'avoir qu'une union législative et un seul gouvernement pour toute la Confédération, considérant le peu de pouvoirs réels que semblent avoir les provinces.

Le temps donnera raison aux détracteurs du nouveau régime et les tendances lourdes inhérentes au nouveau régime constitutionnel de 1867 ne tarderont pas à se confirmer. Dès 1886, Honoré Mercier dénonçait les empiètements législatifs et les mesures centralisatrices d’un fédéralisme tendant à imposer, petit à petit, le régime de l’union législative. Quelques années plus tard, vers la fin de sa vie, un autre premier ministre du Québec, Félix-Gabriel Marchand, dénoncera l’idée centralisatrice ayant présidé à la création du régime constitutionnel canadien :

« On nous a dotés, par un compromis regrettable, d’une confédération unique en son espèce, dont l’organisme est l’opposé du système fédératif tel qu’il a été compris jusqu’à nos jours. (…) Comme l’a déclaré dans une discussion parlementaire, un de ses fondateurs les plus autorisés, sir George Cartier, elle peut se définir par la contrepartie de la devise [e pluribus unum] citée plus haut : Ex uno plures, ce qui signifie, en bon français, un pouvoir fédéral omnipotent d’où émanent les pouvoirs locaux. (…) C’est l’édifice fédéral renversé. »

Ce ne devait être que le début des empiètements et des désillusions. Depuis, pratiquement tous les autres premiers ministres du Québec qui se sont succédés ont décrié ce régime confédéral centripète et l’étouffement du Québec, et de sa Capitale, s’est poursuivi inexorablement…


CHANGEMENT DE DISCOURS, LE 19 MARS 2004 - Selon la PC, le gouvernement du Québec entend être plus « agressif » et mobiliser la population pour forcer Ottawa à reconnaître l'existence du déséquilibre fiscal et à le corriger. C’est du moins ce qu’aurait dit le ministre des Finances, Yves Séguin, hier. Le ministre n'a pas voulu fournir plus de détails sur ses intentions. On sait que le gouvernement fédéral fait la sourde oreille aux récriminations du Québec malgré l'adoption d'une motion unanime de l'Assemblée nationale exigeant qu'Ottawa reconnaisse le déséquilibre fiscal et mette en place des mesures «correctives» dans son budget du 23 mars.

L’article rappelle que non seulement Paul Martin refuse toujours de se commettre dans ce dossier, il a aussi prévenu les provinces mercredi de ne pas espérer un sou de plus cette année pour le financement du système de santé. Qui plus est, il a fait savoir que les discussions avec les provinces dans le dossier des transferts fédéraux n'auront lieu que l'été prochain.

L'absence d'ouverture manifestée par le gouvernement fédéral irrite de plus en plus Yves Séguin, qui ne sait plus à quel saint se vouer pour parvenir à boucler son propre budget le 30 mars. « Je pense qu'il va être impératif que le Québec soit beaucoup plus agressif dans ses demandes vis-à-vis du gouvernement fédéral pour qu'Ottawa nous entende et nous comprenne », a-t-il dit. L'opposition péquiste n'a eu de cesse de rappeler au ministre que Paul Martin avait déjà dit non en envoyant « paître » le Québec.

Vous souvenez-vous qu’il y a un an à peine, les libéraux accusaient le gouvernement péquiste de ne chercher que la chicane avec Ottawa. Yves Séguin se réveille enfin, ou feint de se réveiller… À une différence près, et de taille, il s'apprête à agir cependant en simple groupe de pression PLUTÔT qu’en représentant de notre gouvernement national dûment mandaté pour défendre les intérêts du Québec et exiger le respect de ses compétences. Minable !

UNE GOUTTE D’EAU, LE 19 MARS 2004 - La PC rapporte que le budget qui sera rendu public mardi prévoit que le gouvernement fédéral injectera des millions de dollars (!) dans le système de santé public tout en remboursant la dette et en mettant davantage d'argent de côté en prévision d'éventuelles périodes difficiles, a appris la Presse canadienne. « Des sommes significatives » totalisant plus de 500 millions de dollars, au cours des deux ou trois prochaines années, seront réservées à divers projets en matière de santé, notamment la mise en place d'une agence nationale de santé publique, ont affirmé des sources fédérales, hier.

C’est ça ! 500 millions de dollars, une goutte d’eau. En plus, pour divers projets dont la création d’une agence nationale de santé publique ?!? Rappelons que c’est un rattrapage de plus de 2 milliards de dollars qui sont attendus, rien qu’au Québec et à très court terme. Alors, dans les circonstances, 500 millions pour de nouvelles initiatives à l’échelle pan canadienne, c’est rire du monde... une fois de plus !

AVEUGLEMENT VOLONTAIRE ÉPIDÉMIQUE, LE 17 MARS 2004 - Norman Delisle (Presse Canadienne) rapporte les propos de la ministre fédérale du Patrimoine, Hélène Scherrer-Chalifour estimant que même en éducation ou en santé, les interventions fédérales ne constituent pas nécessairement un empiétement dans les compétences provinciales. Selon le Bloc québécois, les intrusions fédérales dans les champs de compétence des provinces sont évaluées à 81 milliards $, et ont largement augmenté du temps où le ministre fédéral des Finances était Paul Martin.

Un autre membre du gouvernement Martin qui pratique l’aveuglement volontaire ou sinon, qui nous ment carrément. L’épidémie s’élargit.

QUI PAIERA ? LE 15 MARS 2004 - Jean-Claude Leclerc, dans Le Devoir, commente la situation engendrée par le fait que la Cour supérieure du Québec vient d'autoriser un recours collectif contre des hôpitaux qui ont tardé à fournir un traitement de radiothérapie à des patientes atteintes d'un cancer du sein. Pour M. Leclerc, si le procès allait se conclure en faveur des quelque 10 000 femmes affectées, les établissements pourraient avoir à verser des dizaines de millions de dollars. En octroyant des millions à des patientes qui les méritent sans doute, mais qui risquent de les obtenir au détriment d'autres malades, un jugement «réparateur», même bien fondé en droit, aurait tout probablement des effets pervers sur les services de santé.

La voie judiciaire pourrait déboucher sur de nouvelles difficultés. On s'en va, en effet, vers une contestation radicale du monopole public des services de santé. Une population de plus en plus préoccupée des soins qui lui seront accessibles en cas d'urgence ne va pas indéfiniment tolérer qu'un système déficient les lui refuse. Une autre épidémie, venue des États-Unis, aura entre-temps gagné le système de santé, celle des recours judiciaires à caractère pécuniaire, lancés sans égard aux gens qui en paieront finalement le prix.

C’est en effet un grand risque que nous courrons dans ce genre d’initiative. On peut comprendre la légitimité du recours collectif, mais si le tout se répercute par encore moins de services aux personnes malades, on n’avance pas, on recule. Les seuls gagnants dans le genre seront les avocats… Par ailleurs, pourquoi ne pas poursuivre plutôt le gouvernement fédéral qui s’est retiré largement du financement des services de santé, contrairement à ses engagements lors de l’implantation du régime public de santé, il y a plus de 30 ans ? Il en finançait 50% à l'origine, puis graduellement de moins en moins jusqu'à 14% maintenant...

BEN VOYONS ! LE 13 MARS 2004 - Stephen Thorne, de la Presse Canadienne, écrit que l'escroquerie qui nous a coûté près de 160 millions $ au fédéral pourrait avoir touché au moins deux ministères — la Défense nationale et les Travaux publics — et peut-être davantage sur une période de plus de 10 ans. Au fil des ans, dans ce qui a été qualifié par le ministre des Travaux publics de « combine de nature criminelle très sophistiquée », des factures pour un total de près de 160 millions $ ont été acquittées par le gouvernement pour des produits et services informatiques qui n'ont jamais été fournis. De passage à Windsor, en Ontario, vendredi, le premier ministre Paul Martin a souligné que le scandale est survenu avant qu'il ne prenne le pouvoir.

Ben voyons ! N’était-il pas ministre libéral des Finances au cours des dernières années ? N’est-il pas maintenant premier ministre et toujours libéral ? Et que devient le principe de la responsabilité ministérielle dans tout cela ? Comment le principe de la solidarité ministérielle joue-t-elle dans tout cela ? Comment se fait-il qu’il peut se vanter des « bons coups » du gouvernement libéral au cours des dernières années, notamment l’élimination du déficit, et en même temps prétendre qu’il n’est pas imputable des « mauvais coups » ? Il faudrait être vraiment miraculé pour se sortir de ces contradictions… Voter libéral, c’est voter immoral, dans les circonstances.

PAS AU COURANT ??? LE 12 MARS 2004 - Gilles Toupin (La Presse) rapporte que les malversations au sein du programme de commandites n'ont pas commencé après le référendum de 1995 sur la souveraineté du Québec, comme l'ont toujours soutenu les libéraux fédéraux et l'ancien premier ministre Jean Chrétien, mais près d'une année avant cette date, soit vers novembre 1994. Cette révélation a été faite hier, preuves à l'appui, au comité des comptes publics de la Chambre des communes par un ancien fonctionnaire assigné aux commandites au ministère des Travaux publics, mis à l'écart et victime de représailles pour avoir dénoncé, dès 1996, les pratiques contractuelles incorrectes qui avaient cours à partir de 1994 dans ce secteur du Ministère.

Par ailleurs, de Vancouver, la Presse Canadienne rapporte que la propriétaire d'une chaîne de fabrication et de vente de drapeaux, admet avoir été payée pour la production de drapeaux du Canada qu'elle n'a pas livrée. La PC rappelle que la ministre du Patrimoine de l'époque, Sheila Copps, décidait de distribuer gratuitement un million de drapeaux dans le cadre d'une vaste campagne de visibilité fédérale. Or, aucune entreprise de drapeaux n'était en mesure de répondre rapidement à cette commande. Selon l’article, le gouvernement fédéral a alors produit de fausses factures à plusieurs petits fournisseurs de drapeaux du pays. La valeur de chacune de ces facturations était inférieure à la limite à partir de laquelle un appel d'offre est nécessaire.

Ce contrat de plus de trois millions $ a été administré par Communications Lafleur et Charles Guité, responsable du programme des commandites. C'est dans ce contexte qu’une ancienne présidente du Parti libéral fédéral en Colombie-Britannique aurait admis avoir touché 250 $ d'une fausse facture de 2500 $ pour des drapeaux qu'elle n'a jamais fabriqués et encore moins livrés. De plus, précise la PC, Doreen Barverman dit avoir parlé au téléphone de cette affaire à Paul Martin, alors ministre des Finances, qui lui aurait répondu qu'il ne pouvait rien faire parce que le dossier relevait de Sheila Copps.

Que voici un bel exemple d’aveuglement volontaire… Ils n’étaient pas au courant ? Ah non ? Depuis aussi longtemps que novembre 1994 ? Ah oui ? On nous prend vraiment pour des cons !

Caricature de Fleg, Le Soleil du 9 mars 2004 FAMINE ?!?, LE 9 MARS 2004 - Stéphane Baillargeon (Le Devoir) rapporte que les vingt premiers festivals culturels et sportifs du Québec en importance réclament un nouveau fonds fédéral pour remplacer le très controversé programme des commandites. Les membres du Regroupement des événements majeurs internationaux (REMI) estiment avoir perdu près de trois millions avec la disparition du programme qui monnayait la visibilité des symboles canadiens. Au total, le groupe estime avoir perdu entre douze et quinze millions de subventions gouvernementales au cours des derniers mois.

Ironiquement, souligne l’article, c'est la popularité des événements majeurs québécois qui en a fait une cible de choix pour la mécanique propagandiste. Pire, comme les drapeaux et les références fédérales se multipliaient, Québec puis les municipalités ont évidemment exigé leur part de visibilité en échange de leurs propres participations financières. Le directeur Fournier espère que les gouvernements tireront aussi une leçon de retenue et de modestie de cette triste et coûteuse aventure.

En fait, la visibilité que le Québec et les municipalités se sont sentis forcés de demander, dans les circonstances, découle effectivement des excès constatés du côté des fédéraux, ce qu'illustre plutôt bien la caricature de Fleg dans Le Soleil d'aujourd'hui (voir ci-haut). Ceux-ci étaient vraiment indécents à voir, avec leurs drapeaux rouges et leurs feuilles d’érables qu’ils exigeaient de répandre littéralement partout sur les sites des organismes commandités, en retour de maigres dollars (la plupart du temps).

BANDE DE QUÊTEUX, LE 9 MARS 2004 - Manon Cornellier (Le Devoir) écrit qu’à deux semaines du dépôt du budget fédéral et après des mois de pourparlers, les provinces accentuent la pression pour forcer Ottawa à ouvrir ses goussets. Échaudées par le peu de progrès enregistré sur le front de la réforme de la péréquation, forcées de consacrer une portion toujours plus grande de leur budget à la santé, les provinces veulent plus que des promesses de bonne entente. Elles veulent des gestes concrets et que la santé ait préséance. Selon l'étude commandée au Conference Board par les provinces, Ottawa affichera des surplus sans cesse croissants au cours des 17 prochaines années. Les provinces demandent que le fédéral prévoie dans son budget du 23 mars deux milliards de plus par année pour la santé. Elles veulent ensuite «un engagement à long terme en matière de financement» qui ferait en sorte qu'Ottawa financerait 25 % des dépenses des provinces en matière de santé d'ici 2009-10. La cible, en somme, du rapport Romanow.

De son côté, je remarque que naïvement, Yves Séguin dit ne pas douter des « bonnes intentions » de Paul Martin mais qu’« il est temps d'agir, c'est-à-dire de voir l'argent ». Incroyable !!! Mais pire encore, au lieu d'agir en gouvernement responsable et de s'opposer farouchement au centralisme et à la prédation d'Ottawa, on continue de réagir en quêteux.

UN SIMPLE GROUPE DE PRESSION, LE 8 MARS 2004 – Selon l’APF, les provinces lancent un campagne publicitaire de 1,5 million $ lundi dans l'espoir de forcer la main au gouvernement fédéral pour qu'il augmente sa contribution financière en matière de soins de santé. Selon les 13 premiers ministres provinciaux et territoriaux, une augmentation du financement fédéral pour les soins de santé est due depuis longtemps.

Les messages publicitaires soutiennent qu'Ottawa ne verse que 16 cents sur chaque dollar dépensé en soins de santé, ce qui veut dire que chaque province doit fournir les 84 cents qui restent. Il y a 30 ans, la proportion provenant des goussets fédéraux était de 50 pour cent, affirment les premiers ministres (ça fait des années que je le répète à qui veut l’entendre). En portant la cause publiquement, concluent-ils, on espère convaincre Ottawa d'assumer ses responsabilités et d'investir substantiellement en santé (on peut toujours rêver !).

Vous vous souvenez peut-être qu’il y a plusieurs mois, j’expliquais que le Conseil de la fédération où le Québec se retrouve maintenant à 1 parmi 13, deviendrait en quelque sorte un groupe de pression sur Ottawa, un peu comme n’importe quel groupe de pression. Quel progrès que cette « patente » n’est-ce pas ?

MENTALITÉ DE DOMINÉS, LE 7 MARS 2004 - Hélène Buzzetti (Le Devoir) s’interroge sur un des aspects du scandale des commandites dans lequel des écarts avaient déjà été identifiés dès 1996 : pourquoi a-t-il fallu six ans, malgré de nombreux rapports, avant que le gouvernement bouge ? La chronologie du programme fédéral de commandites est ponctuée de rapports de vérification qui ont tous relevé d'importants problèmes de gestion dans le cadre de ce programme. Il aura fallu que le chien de garde du gouvernement y mette le nez pour que, d'un seul coup, tout le monde se réveille. Comment expliquer cette inertie ?

La réponse est évidente, elle s'explique par l’aveuglement volontaire d’un gouvernement (les Chrétien, Martin et consorts) qui avait décidé de vendre « coûte que coûte » la feuille d’érable au Québec et qui tablait de façon méprisante sur les besoins de financement des organismes bénévoles et communautaires pour arriver à leur imposer ses conditions de visibilité. C'est un autre aspect scandaleux de ce programme de commandites que j’ai eu souvent l’occasion de constater et de dénoncer.

Le pire exemple que j'aie connu dans Portneuf, c’est quand on a fait passer le NON au financement « canadian » proposé pour les Jeux d’hiver du Québec 2003, dans la région de Portneuf, comme une simple guerre de drapeaux qui aurait fait perdre quelque 200 000 $ à l’événement. En définitive, certains supposés leaders de la région de Portneuf ont conséquemment reproché à Québec, qui a financé ces jeux à hauteur de plus de 1,5 millions de $, de s'être tenu debout devant les manœuvres inqualifiables des fédéraux. Belle mentalité de dominés !


AÉROPET, LE 4 MARS 2004 - Selon Nathaëlle Morissette (La Presse) le fédéral a longuement hésité avant de décider du moment où il annoncerait publiquement le changement de nom de l'aéroport de Dorval pour celui de l'ancien premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau, car on semblait appréhender un fort mouvement de contestation au Québec. C'est ce qu'a appris La Presse en consultant des documents obtenus en vertu de la loi d'accès à l'information et qui faisaient état de la stratégie de communication adoptée pour annoncer la nouvelle, afin d'éviter de soulever un tollé au Québec, où M. Trudeau ne fait pas l'unanimité. « Il faut considérer un timing approprié, écrit-on dans le document rédigé par le ministère canadien des Transports. Il faut se donner le temps d'entamer les démarches formelles et informelles. Il serait difficile d'annoncer avant l'été - au Québec, la fête de la Saint-Jean-Baptiste le 24 juin ouvre la période estivale - avec beaucoup d'absences pour les vacances. »

Vous voyez, ces fédéraux sont toujours plus préoccupés à trouver comment agir à l'encontre de l'opinion publique québécoise sur de telles questions qu'à essayer de la comprendre, de l'accepter et de la respecter.

LE DOUBLE SCANDALE DES COMMANDITES, LE 2 MARS 2004 - Hélène Buzzetti (Le Devoir) écrit que le tristement célèbre programme des commandites subissait l'influence politique constante du ministre des Travaux publics de l'époque, Alfonso Gagliano, ce dernier étant en contact direct et régulier avec la petite équipe qui en était responsable. Cette fois, c'est le sous-ministre de M. Gagliano lui-même qui le reconnaît, accréditant les hypothèses véhiculées depuis longtemps par l'opposition.

Madame Buzzetti explique que Ran Quail a été le sous-ministre de Travaux publics de 1993 à 2001, soit pendant toute l'existence du programme de commandites qui s'est attiré les foudres de la vérificatrice générale. Comparaissant hier, M. Quail a expliqué que le programme était d'abord et avant tout le fruit d'une volonté politique. Le gouvernement voulait des résultats en matière de commandites, de communication et de visibilité du gouvernement du Canada. L'ex-sous-ministre est formel : il s'agissait d'un programme hautement prioritaire pour le gouvernement. « Ce n'est pas tous les jours que vous recevez une soumission du Conseil du trésor pour améliorer les communications, accompagnée d'argent sonnant, qui est signée à la fois par le ministre et le premier ministre. Je n'avais pas besoin qu'on me fasse un dessin ! »

Il sera de plus en plus difficile de faire croire à la population que les membres du gouvernement libéral au fédéral n'étaient pas au courant de ce qui se passait dans la gestion de ce programme, un scandale par sa gestion tout comme dans son contenu, ou son principe si vous préférez. Il ressort de plus en plus évident que devant de tels excès, voter libéral aux prochaines élections fédérales, ce sera voter immoral.

Ce dernier aspect n'échappe pas d'ailleurs à un lecteur du Devoir, François Boutin-Dufresne, de Gatineau, lorsqu'il écrit que le scandale des 250 millions mal dépensés par le fédéral depuis le référendum de 1995 l’affecte moins que le fait qu'un gouvernement élu en grande partie par des électeurs québécois fasse la « promotion » du Canada avec nos propres impôts. Au Canada, on appelle ça « faire de la promotion », alors que dans l'ancien régime soviétique et dans plusieurs pays du monde encore aujourd'hui, on appellerait ça de la propagande, rappelle-t-il avec pertinence.


DEUX FOIS VICTIMES, LE 1ER MARS 2004 – La Presse Canadienne fait état des résultats d’un sondage Léger marketing : près du tiers des citoyens de certaines provinces sont d'accord avec l'énoncé voulant que «l'affaire des commandites est la façon de faire de la politique au Québec». C'est d'ailleurs le commentaire qu'avait émis le ministre fédéral Joseph Comuzzi, en février, avant de se rétracter.

Bref, non seulement on abuse du Québec en le couvrant de cette propagande fédéraste honteuse mais en plus, le scandale du programme des commandites est devenu, aux yeux d’une bonne tranche des canadiens, l’occasion de casser du sucre sur notre dos. Non seulement on nous a abusés, mais on nous le reproche en plus. Deux fois victimes !

CAUSE TOUJOURS MON LAPIN, LE 29 FÉVRIER 2004 - Sylvain Larocque (PC) rapporte que le ministre des Transports, Yvon Marcoux, est venu réclamer à Ottawa, vendredi, un accroissement des investissements fédéraux dans les infrastructures routières et les réseaux de transport en commun. Il est reparti avec une simple « ouverture » de la part de son homologue fédéral, pour que se tiennent des discussions autour de la mise en place d'un « mécanisme efficace de financement » de ces projets. Celui-ci n'aurait pas fermé la porte à la proposition récente de la Coalition pour les transports en commun, qui demande à Ottawa de verser aux provinces 1,5 des 10 cents, le litre, de la taxe fédérale sur l'essence. Pour l'instant, le gouvernement Martin semble toutefois plus enclin à ce que cet argent aille aux villes qu'aux provinces.

Ils causent, ils causent… c'est cela le fédéralisme coopératif ? Causer d'un côté et envoyer l'argent de l'autre côté !

HARO SUR LE BAUDET, LE 28 FÉVRIER 2004 - Antoine Robitaille (Le Devoir) écrit que rarement un article d'une revue d'idées aura suscité autant de réactions dans le Dominion (lire : au Canada anglais). John Ralston Saul, écrivain et mari de la gouverneure générale, a commis un article choc dans le magazine d'idées américain Harper's intitulé « La fin du globalisme et le retour du nationalisme ». Saul a suscité un tir groupé de la part des trois grands journaux torontois.

Le Globe and Mail a dénoncé les « radotages de son excellence », en éditorial principal, s'il vous plaît. On aurait pu croire que dans le Toronto Star, vaguement à gauche, on serait plus réceptifs à l'idée générale de Saul. Eh non, le chroniqueur David Crane s'est employé mercredi à dénoncer lui aussi ses « sursimplifications ». Des textes encore plus durs sont venus du National Post.

« Faudrait-il changer de gouverneur général ? » se demandait jeudi Lawrence Martin, dans le Globe and Mail, soulignant le fait que la GG actuelle est reconnue pour ses extravagances. Son voyage de plus de cinq millions dans les pays nordiques, par exemple. Martin affirme que l'astronaute Marc Garneau pourrait faire un bon GG. Né à Québec en 1949, « il est formidablement multiculturel ».

En fait, j’ai bien l’impression que la virulence de la réaction de la presse anglophone « canadian » s’explique par le fait que les écrits du M. Saul tendent à rétablir indirectement la légitimité du nationalisme et de l’État nation. Quand reviennent alors en tête chez nos voisins de l’Ouest les réclamations souverainistes d’une bonne partie des québécois, ils « capotent » littéralement.

OTTAWA FAIT APPEL, LE 27 FÉVRIER 2004 – La PC rapporte que les fédéraux font appel, en Cour suprême, du jugement de la Cour d'appel du Québec qui avait statué le mois dernier que le programme fédéral de congés parentaux était inconstitutionnel. Ottawa déclare vouloir ainsi à protéger l'« intégrité » du régime fédéral de congés parentaux, qui est financé par la caisse d'assurance-emploi. Mais plus fondamentalement, c'est la possibilité de se servir de la caisse d'assurance-emploi à des fins sociales que le gouvernement fédéral veut préserver en allant à la Cour suprême, précise l'agence de presse.

Il faut bien comprendre le véritable enjeu dans toute cette affaire : l'intrusion des fédéraux dans un autre champ de compétence du Québec et des provinces. La progression inexorable de ce fédéralisme prédateur à nos dépends va se poursuivre si la Cour suprême (lire : la Cour penchée) statue, comme la plupart du temps dans ce genre de litige entre le Québec et Ottawa, en faveur des fédéraux. Quant à la possibilité de continuer à se servir de la caisse d'assurance-emploi à d'autres fins que sa mission première, souvenons-nous des 44 milliards de $ que le fédéral y a puisé ces dernières années aux dépends des travailleurs au chômage, voici un autre scandale que les « fédéraux » veulent voir se perpétuer...

ON SONNE L’ALARME, LE 25 FÉVRIER 2004 – (PC) « Le système de santé n'est pas viable et les principes de la Loi canadienne sur la santé sont en grave danger », aurait affirmé le premier ministre de l'Île-du-Prince-Édouard, Pat Binns, lors d'une conférence de presse tenue à l'issue de la seconde et dernière journée de rencontre du conseil. Le premier ministre du Québec, Jean Charest, a renchéri. « L'appréciation que nous voulons partager avec les citoyens aujourd'hui est la suivante : c'est qu'au rythme où nous allons avec nos systèmes de soins de santé, ils ne seront pas viables dans 10 ans d'ici. Ils sont sérieusement remis en question. Et le gouvernement fédéral ne fait pas sa part. » M. Charest a déploré que, depuis la rencontre des premiers ministres provinciaux avec leur homologue fédéral en janvier, trois choses avaient changé, à savoir l'annonce d'un surplus budgétaire fédéral plus important que prévu, l'annonce de dépenses du fédéral dans des domaines de compétence provinciale (municipalités) et une réduction des «transferts (de péréquation) de 3 milliards $. « Ce que ça nous annonce, c'est que du côté fédéral on ne sait pas où ils s'en vont. »

Le poids relatif du Québec, toujours en baisse... Attention, le fédéral sait très bien où il va, et depuis des décennies... Pour ce qui est du fait que le fédéral ne fait pas sa part, cà, on le savait déjà. C'est lui le véritable fossoyeur du système de santé, avec son retrait systématique et graduel de sa part dans le financement du système. Rien de neuf là-dedans ! Ça dure depuis des années. Le chroniqueur du Edmonton Journal, avait bien raison d’écrire hier que la rencontre du Conseil de la fédération [à l'intérieur duquel le Québec se retrouve maintenant plus marginalisé que jamais, dans un rapport de 1 sur 13] n'offre rien de bien différent de ce qu'on connaissait déjà.

Et pendant qu’on s’amuse ainsi, comme le rapporte le Globe and Mail, le phénomène de l'obésité chez les jeunes continue à prendre de l’ampleur et comme réaction de société, tout ce qu’on constate c’est que les manufacturiers de vêtements s’ajustent en fabriquant maintenant des vêtements plus grands pour les jeunes, plus de choix de grandeurs et des élastiques à la ceinture. Vive le progrès. Pendant ce temps Philippe Couillard continue de dormir au gas concernant la Prévention en santé, il persiste à investir à fonds perdus dans les vieilles formules.


PROPAGANDE À LA « CANADIAN », LE 25 FÉVRIER 2004 - Hélène Buzzetti (Le Devoir) rapporte que si Paul Martin (lire : Pôl Maarrten) avait promis de déposer tous les documents secrets du cabinet en rapport avec le programme des commandites, et la promesse a été tenue hier, les liasses de papier sont davantage révélatrices dans leurs silences que dans leur contenu... À la lecture de ces documents, on ne peut que tirer deux conclusions possibles : ou bien ils ne sont pas complets ( !), ou alors le programme n'a jamais été discuté en profondeur par les ministres.

« Étant donné les défis continus concernant l'unité nationale, conjugués au résultat du référendum tenu au Québec, la nécessité d'investir dans la promotion des programmes et des services gouvernementaux est particulièrement évidente », retrouve-t-on notamment dans les textes déposés.

Ça, on le savait déjà qu’il s’agissait d’une orgie de dépenses à caractère de propagande. Si le Québec avait tenté de contrer l’offensive « fédéraste » par des moyens analogues, on se serait fait crucifier. Toujours la même dynamique : si ça vient d’Ottawa, pas de problème… sauf que dans ce dernier cas, le scandale est également financier. Là, ça passe moins mais ils finiront peut-être par s’en tirer quand même, la mémoire de l’électorat étant plutòt courte.

Il subsiste un peu d'espoir en la matière cependant. En effet, à la question dans Le Soleil d'hier, sur Cyberpresse, « Croyez-vous que les suspensions imposées par Paul Martin à des dirigeants de sociétés fédérales sont des punitions suffisantes et justifiées ? », 99% des quelque 1500 répondants ont dit NON !


LA NAÏVETÉ DÉVOILÉE, LE 24 FÉVRIER 2004 - Mylène Moisan (Le Soleil) écrit qu’après après avoir repris au Québec 677 M $ d'une main, le fédéral a décrété hier qu'il donnera moins de l'autre. À un mois de la fin de l'année financière, le ministre des Finances, Yves Séguin, a appris qu'il obtiendra presque 350 M $ de moins que prévu à son dernier budget. Pour le Québec, la différence de 342 millions $, additionnée aux millions de dollars versés en trop en 2002-2003, se traduit par un manque à gagner global de plus de un milliard de dollars.

La désillusion du ministre des Finances, Yves Séguin, est de plus en plus manifeste. La naïveté qu’il manifeste n’en finit plus de m’étonner. Comment pouvait-il s’imaginer que l’arrivée d’un gouvernement libéral à Québec changerait la tendance séculaire vers la concentration du pouvoir à Ottawa, vers l’étranglement des capacités financières du Québec, meilleure façon de garder celui-ci à genoux ??? En plus, ce que maintenant Ottawa refuse de redonner financièrement au Québec, comme aux autres provinces d’ailleurs, pour permettre d’améliorer les services en santé notamment, il le cède directement aux municipalités dans une offensive sans précédent court-circuitant le « niveau » provincial. Quand sortirons-nous de ce système dingue !

QUÉBEC REVIENT DÉÇU, LE 21 FÉVRIER 2004 - Hélène Buzzetti (Le Devoir) rapporte que pour la première fois depuis qu'il est en poste, le ministre des Finances du Québec, Yves Séguin, n'écarte plus la possibilité de présenter un budget déficitaire, fin mars ou début avril. Et c'est Ottawa qu'il accuse d'être responsable de cette encre rouge en refusant de verser davantage d'argent pour la santé et la péréquation.

M. Séguin a fait cette sortie fracassante au terme d'une rencontre avec ses homologues provinciaux et fédéral à Ottawa hier après-midi. Cette rencontre devait porter sur la négociation d'une nouvelle formule de calcul de la péréquation entre les provinces. Celles-ci ont été déçues d'apprendre qu'il y aura moins d'argent que prévu, soit entre deux et trois milliards de moins par année. Selon M. Séguin, Ottawa se dirigerait vers des surplus beaucoup plus importants que ce qu'il affirme, soit entre sept et neuf milliards de dollars. Il s'en prend aussi à la décision d'Ottawa d'accorder la priorité au financement des villes canadiennes plutôt qu'aux systèmes de santé provinciaux.

Yves Séguin va-t-il un jour finir par comprendre ? Comment exiger des sous d’Ottawa tout en affirmant vouloir diminuer les impôts au Québec, sans perdre toute crédibilité ? Pourquoi les fédéraux accepteraient-ils de desserrer le garrot à la gorge du Québec et des provinces canadiennes, alors que cet état de soumission lui permet de contrôler tout ce qui se passe à l’échelle canadienne et de poursuivre son « Nation building » avec les moyens financiers indispensables à son entreprise maintenant plus que centenaire ?

Oui, quand comprendront-ils, ces libéraux ? Bien simple, lorsqu’ils feront enfin passer l’intérêt du Québec avant leur soif du pouvoir !


SCANDALEUSE PSEUDO-FÉDÉRATION, LE 20 FÉVRIER 2004 – Pour Jean-Marc Léger, dans Le Devoir d’hier, l’affaire dite des commandites souligne avec éloquence que le Canada et le Québec sont également victimes de cette alliance contre nature qui s'appelle la fédération canadienne, pseudo-fédéralisme au demeurant, et qu'il leur serait bénéfique à tous deux de pouvoir en sortir et d'y substituer éventuellement une tout autre association, de type confédéral, entre États souverains.

Pour le journaliste, derrière une opération visiblement conçue au plus haut niveau pour tenter de faire échec au projet souverainiste, il importe de dénoncer le scandale permanent de caractère constitutionnel et politique qui vise à liquider ce qu'il peut encore subsister de fédéral dans le curieux système canadien, constamment déchiré entre centralisation et semi-fédéralisme.

La présentation par le premier ministre Martin, début février, de son programme aura été l'expression la plus claire et la plus ambitieuse à ce jour de la volonté de liquidation tranquille des restes d'un régime bâtard. On y retrouve l'esprit de la déclaration de John A. Macdonald, prônant en 1864, pour le futur régime, «un gouvernement central fort et un système décentralisé de petites législatures pour des fins strictement locales». Avec un vocabulaire plus prudent et un mélange sans précédent de rouerie et de duplicité, le nouveau gouvernement, fidèle héritier du précédent sous ce rapport, engage une nouvelle et décisive étape de centralisation. Et tout cela, certes, dans le cadre d'une vaste et permanente concertation avec les provinces, appelées à devenir les agents régionaux de mise en application des orientations et des législations dites nationales.

Au reste, on ne peut parler sérieusement de fédéralisme lorsque l'un des deux ordres de gouvernement doit en permanence attendre de l'autre, quémander à l'autre, les moyens financiers de remplir sa mission, de s'acquitter de ses responsabilités constitutionnelles. La question du déséquilibre fiscal est au cœur de la crise du fédéralisme canadien depuis plus de 60 ans. La réponse d'Ottawa ne réside pas dans l'adéquation des ressources aux responsabilités de chaque ordre mais dans la prise en charge de fait par le gouvernement central des responsabilités fondamentales des provinces.

« Tel est le vrai scandale de ce régime semi-fédéral moribond », de conclure M. Léger.

IL A RAISON ! Tout comme cette personne qui me demandait, dans un commentaire qu'elle m'adressait hier, si le Conseil de la fédération pourrait nuire au Québec d'une manière importante...

Ce Conseil ne changera rien à la tendance centripète du régime constitutionnel canadien, tendance inscrite dès l'origine dans ses principes mêmes et faisant écho à la préférence des anglophones du temps, représentés par McDonald, pour un État unitaire plutôt qu'un ensemble d'États fédérés (position défendue par Cartier).

Un ex-premier ministre du Québec, Félix-Gabriel Marchand, au tournant du 20e siècle, avait déjà compris l'arnaque du régime constitutionnel canadien. Il écrivait alors :

" Le Canada relève de la métropole anglaise par son éducation politique et par ses traditions parlementaires ; mais il est assimilé aux Etats-Unis par sa condition matérielle, pas ses particularités locales. Comme ceux-ci, il possède un territoire immense, dont les diverses régions diffèrent essentiellement par le climat, les productions, les croyances et les origines populaires.

C'est à cause de cette étrange combinaison de circonstances, de cette ressemblance partielle à deux modèles distincts, que les auteurs de notre constitution ont cherché à lui donner un caractère mixte, participant à la fois de deux régimes différents : union fédérale par la forme, unité politique par le fonctionnement ; alliance hybride de deux systèmes opposés.

Mais, grâce aux prédilections bien connues du plus influent des auteurs de cette nouvelle constitution, l'idée centralisatrice a présidée à sa création. On nous a dotés, par un compromis regrettable, d'une confédération, unique en son espèce, dont l'organisme est l'opposé du système fédératif tel qu'il a été compris jusqu'à nos jours.

Le véritable principe fédéral comprend le concours de plusieurs Etats, indépendants et souverains chez eux, déléguant à un gouvernement central de leur création, certains pouvoirs limités et définis, pour des objets d'intérêt commun. La devise : E pluribus unum est l'expression la plus exacte de ce principe, dans le sens qu'on lui donnait avant l'existence de notre confédération canadienne.

Celle-ci fait exception. Comme l'a déclaré dans une discussion parlementaire, un de ses fondateurs les plus autorisés, sir George Cartier, elle peut se définir par la contre-partie de la devise citée plus haut : Ex uno plures, ce qui signifie, en bon français, un pouvoir fédéral omnipotent d'où émanent les pouvoirs locaux.

C'est l'édifice fédéral renversé."

(Fin de la citation)

Et n'est pas un Conseil de la fédération qui va changer la tendance lourde et le poids relatif du Québec dans l'ensemble canadien. Au contraire, le centralisme va s'accéléler, c'est évident. Quant à notre poids relatif, si à l'origine le Québec se trouvait dans un rapport 1 pour 1 dans la réalité "canadienne", début du 19e siècle, il s'est retrouvé en 1867 à 1 parmi 4, puis graduellement à 1 parmi 10, et plus récemment à 1 parmi 13, en route vers 1 parmi combien (?) si les grandes municipalités venaient bientôt s'ajouter aux tables... Tout un progrès, n'est-ce pas ?

CANADA DE DÉSESPÉRANCE, LE 17 FÉVRIER 2004 - Marie-Louise Lacroix (Le Devoir), devenue souverainiste au lendemain de Meech, il y a 14 ans, ne sachant trop jusque là que penser de l'indépendance, comme la plupart de ses concitoyens, assez préoccupée de l'avenir de son peuple, se rendait compte tout simplement qu'un dialogue véritable avec le Canada -- honnête, respectueux et d'égal à égal -- se révélait tout à fait impossible. Elle va aujourd'hui plus loin :

« Les années qui suivirent m'ont confortée dans mon analyse. Au-delà de toutes mes désespérances. Depuis lors, en effet (…) le Québec n'a fait que reculer, s'affaiblir, face au bulldozer canadien : corruption du politique au sein du gouvernement du Canada, administration bancale des fonds publics qui totalisent des milliards de dollars en pertes de toutes sortes, propagande massive (digne d'une junte et toujours par le biais de nos impôts) de ce même gouvernement à l'égard des citoyens québécois, invasion constante et sans coup férir dans les pouvoirs constitutionnels du Québec, étranglement fiscal, etc. Et j'en passe, sinon ce serait vraiment trop long.

« Aujourd'hui, je pète les plombs. Succinctement, quoique la liste ne soit pas exhaustive, voici pourquoi :

- un Jean Charest qui démantèle l'État du Québec pour espérer en faire une entreprise de type privé commercial (…) et qui ne voit pas de problèmes sérieux avec le fédéral;

- un Claude Ryan (…) que l'on va répétant sur toutes les tribunes qu'il fut un homme de «rigueur» alors qu'aucun recul du Québec -- jamais ! -- n'était suffisant à ses yeux pour revoir le lien fédératif avec le Canada, ce qui constitue non pas une position réfléchie, nuancée, rigoureuse, mais bien une position doctrinale sinon «doctrinaire». (…) Acception implicite, «indiscutable», de la préséance absolue de la volonté canadienne sur le destin québécois. En un mot : une pensée libre dans un cadre aliéné. Et à ce titre, je pense que M. Ryan incarnait le Québécois type.

- un Paul Martin et un Pierre Pettigrew qui, dans la tourmente des « commandites d'endoctrinement » dignes d'une république de l'ex-URSS et dénoncées vertement par la vérificatrice générale du Canada, prétendent n'avoir rien vu ni rien entendu durant ces huit années de dilapidation de fonds publics dans le plus grand mépris de la législation même du Parlement canadien.

« Les deux députés du Québec (…) affirment aujourd'hui que c'est intolérable. Il nous faut donc comprendre qu'à Ottawa toutes les abjections sont justifiées. Hormis si on se fait prendre la main dans le sac. C'est alors que l'on nous promet qu'on ne nous y reprendra plus. The Law of Canada dans toute sa splendeur : faites n'importe quoi, puis excusez-vous ensuite, rien ne résistera aux airs contrits des Pettigrew et des Martin de l'heure...

« Non, vraiment, c'est la goutte d'eau qui fait tout déborder. Une goutte qui m'amène définitivement au dégoût du Canada -- ce «pays qui n'est ni pays ni patrie», comme le disait déjà Gilles Vigneault il y a 40 ans. Comme quoi il y en a qui saisissent plus rapidement que d'autres. À quels tréfonds d'aveulissement nous faut-il donc descendre, compatriotes, avant de redresser enfin l'échine ? »

Pour mémoire...

MON DIEU QU'IL EST MOU ! LE 13 FÉVRIER 2004 - Lia Lévesque (La Presse) souligne que devant l'annonce d'un surplus fédéral de 5,2 milliards $, Yves Séguin exprime jeudi sa lassitude de voir perdurer un tel déséquilibre face aux provinces. Le ministre Séguin exprime son impatience de voir Ottawa accumuler les excédents alors que les provinces, dont le Québec, ont peine à boucler leur budget. « Ca me fâche un peu. Je vais certainement être plus agressif, si vous me permettez l'expression, pour discuter avec le fédéral », aurait-t-il prévenu.

Mercredi, le gouvernement fédéral a confirmé qu'il affichait un surplus budgétaire de 5,2 milliards $ pour les neuf premiers mois de l'exercice 2003-2004, ce qui pourrait se traduire par un surplus de 7 à 8 milliards $ pour toute l’année. « Ca illustre encore une fois que le déséquilibre fiscal est très réel (…). J'ai envie de demander au fédéral de juste nous retourner ce qui nous appartient, voilà. », aurait conclu Yves Séguin.

Mon Dieu qu’il est mou le pauvre petit ministre ! Il est las, impatient, ça le fâche un peu, il a envie de demander au fédéral… Bonne chance, mon oncle ! Québec continue de faire le dos rond devant les libéraux d'Ottawa, qui engrangent et utilisent de façon scandaleuse les surplus de l’assurance-emploi (44 milliards $ pigés dans cette seule caisse), qui refusent de reconnaître l’évidence du déséquilibre fiscal, qui investissent NOTRE argent dans NOS champs de compétence, qui « beurrent » le Québec au complet de feuilles d’érable dans un programme de commandites odieusement teinté de favoritisme et de malversations. Et que dire du milliard $ gaspillé pour le registre des armes à feu. Lors que nos représentants élus, les Charest, Séguin et consorts, se contentent d'exprimer leur lassitude, ne sachant trop comment réagir ni s’ils doivent même ... réagir. ?&$%/ !!! Dors, mon Québec, dors !

En passant, le sursis dont profite actuellement Jean Charest, dans la foulée du décès de Claude Ryan et de l'attention médiatique autour du scandale des commandites à Ottawa, s'achève ! Les yeux se tourneront à nouveau vers les turpitudes de son gouvernement...


DÉJÀ DÉSAVOUÉ, LE 6 FÉVRIER 2004 – Dans La Presse, Joël-Denis Bellavance et Karim Benessaieh rapportent que Paul Martin a désavoué Jean Lapierre quelques heures seulement après que son candidat-vedette au Québec aux prochaines élections eut confirmé son retour en politique en qualifiant la Loi sur la clarté référendaire d'«astuce» et d'«inutile». L'ancien ministre Stéphane Dion a aussi rappelé M. Lapierre à l'ordre. L’article rappelle que cette loi, très populaire dans le reste du Canada (ben voyons !), constituait le fer de lance de la réplique du gouvernement Chrétien au mouvement souverainiste à la suite de la mince victoire du camp du NON au référendum de 1995 au Québec.

On sait en effet que l'ex-commentateur radiophonique sera candidat dans la confortable circonscription d'Outremont. Sa sortie spontanée dans laquelle il exprime une évidence, lui vaut déjà un rappel à l’ordre. Les libéraux ne paniqueront pas longtemps, il rentrera dans le rang assez vite, vous verrez ! Sinon... Par ailleurs, en ce qui concerne la clarté, comment se fait-il qu’une telle exigence ne s’est pas appliquée avant même le début du régime constitutionnel actuel ? Se rappelle-t-on qu’on y est entré seulement sur un vote partagé de la législature du temps, sans aucune consultation populaire ??? Encore là, deux poids, deux mesures, selon que l’on veuille entrer dans le régime, ou en sortir. En passant, je comprends mieux le biais et l'agressivité que manifestait Jean Lapierre lors des entrevues que nous lui donnions comme ministre sous le gouvernement du Parti Québécois...

LES AVEUX, LE 5 FÉVRIER 2004 - Manon Cornellier (Le Devoir) rapporte que s'il n'en avait tenu qu'à Stéphane Dion, la négociation des congés parentaux entre Ottawa et Québec serait déjà chose faite et les bourses du millénaire n'auraient jamais vu le jour. « On aurait dû la faire depuis longtemps, cette négociation, à mon avis. Ne serait-ce que parce que le Québec a des programmes intégrés », a déclaré hier l'ex-ministre des Affaires intergouvernementales, Stéphane Dion. « On était en terrain glissant sur le plan constitutionnel », a-t-il précisé.

Stéphane Dion n'a donc pas été surpris par le récent jugement de la Cour d'appel du Québec qui donne raison au Québec en concluant qu'Ottawa outrepassait ses pouvoirs en utilisant le programme de l'assurance-emploi pour financer des mesures à caractère social comme les congés parentaux. « Dans une fédération civilisée, quand on a un désaccord de ce genre, on va devant les tribunaux. Ce que j'avais dit à mon gouvernement, c'est que la vision du gouvernement du Québec a du sens et on n'est pas certains de gagner. Donc, plutôt que d'aller en cour, pourquoi ne pas négocier ? Ç'aurait été préférable. »

Curieux, cette déclaration d'un membre du Conseil des ministre jusqu'à tout récemment; il ne peut pas révéler le contenu des discussions qui s'y sont manifestement tenues... Par ailleurs, le fait que le fédéral veuille maintenant négocier ne changera rien à la réalité, un gouvernement central de plus en plus pesant face au Québec. À suivre...

QUÉBEC S’ÉCRASE, LE 4 FÉVRIER 2004 – Martin Ouellet (PC) rapporte la réaction du porte-parole de l’Opposition, Daniel Turp, abasourdi par la réaction toute en retenue des libéraux provinciaux au discours du Trône. Pendant que le Québec se faisait « envoyer promener par Paul Martin » lundi à Ottawa, le ministre des Affaires intergouvernementales canadien, Benoît Pelletier, réagissait pour le moins timidement en promettant de demeurer « vigilant », dénonce M. Turp. L'administration libérale québécoise devrait pourtant s'élever dès maintenant contre les intrusions du gouvernement de Paul Martin « qui est tout aussi centralisateur que le précédent », estime le porte-parole du Parti québécois en matière d'affaires intergouvernementales.

Selon l'article, M. Turp a décodé dans le discours du Trône la volonté ferme du fédéral d'intervenir comme bon lui semble dans les secteurs de la santé, l'éducation, les services de garde, les municipalités, autant de domaines relevant de la compétence exclusive du Québec. Le gouvernement Charest, poursuit-il, est devenu un simple observateur du « train fédéral qui s'en vient à toute vitesse au Québec envahir nos compétences. » Le discours du Trône ne comporte pas la moindre allusion au déséquilibre fiscal, s'indigne M. Turp. Au contraire, le premier ministre Martin semble vouloir se servir de ses immenses moyens financiers en guise de « matraque fiscale » pour dicter ses priorités.

Depuis le début de son mandat, aurait conclu le député, le gouvernement libéral se distingue par sa mollesse et est incapable de défendre les intérêts du Québec.

C’est tellement évident et plutôt fatiguant à la fin. Combien de temps faudra-t-il expliquer cette évidence ? Quoi faire ? Chaque citoyen possède un élément de réponse qu’il peut activer lors de la prochaine élection fédérale, puis au prochain rendez-vous électoral au Québec… Y’a pas d’autres moyens de s’en sortir pour le Québec, à moins d’une résignation totale devant notre condition de dominé.

DISCOURS DU TRÔNE (SELON LE DEVOIR), LE 3 FÉVRIER 2004 - Pour Manon Cornellier, le discours du Trône à Ottawa est une répétition de multiples promesses déjà faites. Plusieurs initiatives ne sont que l'amélioration ou l'accélération de mesures existantes ou, même, le dépôt de projets de loi morts au feuilleton. Dans presque tous les autres dossiers, en particulier celui des relations fédérales-provinciales, il sera impossible de juger de la bonne foi d'Ottawa avant le budget ou les élections.

Sa collègue Hélène Buzzetti souligne que les bonnes relations fédérales-provinciales sont présentées en tout début de discours comme un principe directeur. Il fallait bien désamorcer les critiques, écrit-elle mais on y traite abondamment quand même de prérogatives provinciales : municipalités, éducation, services de garde et santé.

De Québec, Louise-Maude Rioux Soucy rapporte que les intentions d'Ottawa soulèvent de l'inquiétude. Benoît Pelletier croit que le Québec « peut légitimement entretenir des inquiétudes » devant de nouvelles tentatives d'empiétements d'Ottawa dans les champs de compétence du Québec. Il met en garde le gouvernement Martin contre certaines formes d'intrusion. Le fantôme du déséquilibre fiscal plane. « On sent qu'il y a de l'argent à Ottawa. Le discours est une illustration du déséquilibre fiscal », a-t-il déploré.

Enfin pour l’éditorialiste Bernard Descôteaux (Le Devoir), il ressort clairement de l'intervention d'hier que, pour Paul Martin, il appartient au gouvernement central d'assumer le leadership dans la fédération. Les provinces n'auront qu’à suivre les priorités déterminées par Ottawa pour bénéficier de son argent. Aussi, M. Martin se situe dans la bonne tradition du Parti libéral qui consiste à être opportuniste. Pour le moment, il n'a d'autre objectif que de gagner la prochaine élection.

Donc, rien que nous ne connaissions déjà : opportunisme électoral selon leur bonne tradition, confirmation de ce fédéralisme prédateur persistant et un Québec qui, tout en exprimant ses inquiétudes, continuera à se laisser manger la laine sur le dos. Pour mémoire ! Et vivement les prochaines élections !

LA TOUR DE PISE, LE 1ER FÉVRIER 2004 - Robert Dutrisac (Le Devoir) écrit que la décision de la Cour d'appel du Québec, qui a statué que le gouvernement fédéral excède ses pouvoirs constitutionnels en offrant un programme de congés parentaux à même l'assurance-emploi, risque d’avoir un effet boomerang. Il pourrait s’agir d'un cadeau de Grec pour le gouvernement Charest.

Il semble que le fédéral en appellera de la décision. Observation singulière du journaliste : un des premiers gestes que le nouveau gouvernement de Paul Martin s'apprête à faire, c'est de s'adresser à la Cour suprême pour restreindre la portée des compétences que la Constitution a conférées au Québec comme à toutes les provinces. Les juges de dernière instance risquent en effet de sanctionner le rôle du gouvernement fédéral en matière sociale au pays, selon les juristes qui connaissent bien les décisions de la Cour suprême des dernières années.

À Ottawa vendredi, M. Dutrisac décrit un Jean Charest conscient de cet écueil, qualifiant cette décision de «débat entre juristes». Pour le premier ministre du Québec, « il ne faut pas s'enfarger dans les fleurs du tapis », reprenant presque mot pour mot le raisonnement utilisé par la ministre du Développement social, Lisa Frulla, pour justifier le programme fédéral de congés parentaux : « Il y a des gens qui ont des besoins. »

Je remarque par cet article qu’ils sont nombreux chez les experts à souligner que la Cour suprême, depuis la fin des années 80, a rendu des jugements centralisateurs sur diverses questions, faisant peu de cas des compétences exclusives du Québec. Appelée à trancher éventuellement en matière sociale, il ne ferait aucun doute que la Cour suprême va suivre la même logique centralisatrice. Elle penchera comme la tour de Pise, dit-on. Comme toujours !

ATTENTION AUX LUNETTES ROSES, LE 1ER FÉVRIER 2004 – Pour Bernard Descôteaux (Le Devoir), la rencontre des premiers ministres vendredi dernier marque la reprise du dialogue entre les deux ordres de gouvernement. Mais si la manière Martin est différente, cela ne signifie pas que les provinces l'auront facile avec Ottawa à l'avenir, estime-il. La volonté de Paul Martin de changer les rapports avec les provinces devra, pour être crédible, se traduire rapidement sur le terrain, il y a des preuves de bonne foi à donner. Il suggère même que dans son cabinet, M. Martin confie certains dossier délicats avec Québec à un ministre pour lequel le respect des compétences provinciales ne relève pas de l'hérésie.

Qu’on se rappelle par exemple les réactions toutes récentes de Lisa Frulla sur les allocations de compassion, un programme qui pour elle, justifie en soi les intrusions du fédéral dans les compétences du Québec. Et ce n’est qu’un exemple parmi bien d’autres (congés parentaux, aide aux infrastructures municipales, …). Si c’est bon pour le milieu, allons-y gaiement et au diable la Constitution et les lois existantes. De toute façon, on a la Cour suprême de notre bord, se disent-ils probablement.

DU CALME ! LE 1ER FÉVRIER 2004 - Hélène Buzzetti (Le Devoir) : Les provinces auront (pourraient avoir ???) désormais leur mot à dire sur la scène internationale lorsque des questions touchant leurs champs de compétence y seront abordées. Ce gain, qualifié d'«historique» par Jean Charest, a été fait vendredi lors de la rencontre des premiers ministres à Ottawa.

M. Martin aurait dit : "Oui, je vais mandater [le ministre Pierre] Pettigrew de rencontrer les ministres responsables et de tenter de conclure une entente."» Pour M. Charest, il s'agit d'une grande victoire. « Pour nous, c'est historique. C'est la première fois que le gouvernement fédéral consent à une négociation. »

Pour l'instant, aucun détail de cette négociation n'est connu, et encore moins l'échéancier. Tout au plus sait-on que c'est le ministre des Affaires intergouvernementales, Pierre Pettigrew, qui conduira le processus.

Oh, du calme ! Un gain historique ? Que M. Petitgrew soit mandaté par Paul Martin pour s’asseoir et négocier une entente est un gain historique ? Aie, on ne rit plus !

RIEN DE NOUVEAU SOUS LE SOLEIL, LE 31 JANVIER 2004 - Dans La Presse toujours, Joël-Denis Bellavance rapporte que le fédéral verserait aux provinces une somme forfaitaire de deux milliards de dollars cette année afin de les aider à payer les coûts croissants du régime de soins de santé. Paul Martin refuse cependant de prendre quelque engagement financier que ce soit pour les prochaines années. Tout au plus aurait-il accepté de rencontrer de nouveau les premiers ministres au cours de l'été afin de discuter des sommes requises du fédéral pour assurer la viabilité du régime. Du coup, il a réussi à reporter toute négociation sur la contribution financière d'Ottawa après les élections générales. Les premiers ministres n'ont pu cacher leur déception, remarque le journaliste.

Même ton avec Manon Cornellier (Le Devoir). Elle remarque que les provinces ont dû se contenter d'un calendrier de discussions et que Paul Martin, même s’il refuse de s'engager à long terme, a pu sortir sans une égratignure de sa première rencontre fédérale-provinciale. Même déçus, les premiers ministres ont néanmoins salué son ton constructif, souligne-t-elle.

À part le ton, il n'y a rien de neuf dans les faits. Le 2 milliards $ en question avait été convenu du temps de Chrétien, suite à la mobilisation des provinces suscitée par le gouvernement québécois de Bernard Landry, il y a plus de 2 ans. L'engagement pris par Paul Martin est modeste : pas de versement récurrent mais Ottawa accepte de discuter plus tard sans se mouiller sur la recommandation du rapport Romanow voulant que le fédéral éponge 25 % de la facture.

Bernard Landry a raison, Jean Charest n'a pas su imposer les priorités du Québec et est revenu les mains vides. Il s'est présenté à Ottawa sans stratégie pour défendre nos intérêts. Résultat ? Aucun engagement de la part de Paul Martin dans les domaines de la santé, de la famille et des infrastructures. Au lieu de garanties formelles de la part des fédéraux, Jean Charest s'est contenté d'une éventuelle discussion sur la viabilité du système de santé. Cause toujours mon lapin, lui dit-on en somme à Ottawa !


NÉGOCIER NOS CHAMPS DE COMPÉTENCE ??? LE 31 JANVIER 2004 - Gilles Toupin (La Presse) rapporte que Jean Charest s’entend avec Paul Martin pour entreprendre des négociations sur le dossier des congés parentaux. M. Charest a fait cette annonce à l'issue de la conférence fédérale-provinciale, rappelant que la Cour d'appel du Québec avait clairement établi cette semaine que les congés parentaux et les prestations de compassion ne relevaient pas de la responsabilité fédérale. Il estime cependant que les fédéraux porteront ce jugement en appel, ce qu’a confirmé Paul Martin. Jean Charest se réjouit quand même de la célérité de son homologue fédéral à accepter de régler le problème par la discussion.

Incroyable !!! Jean Charest accepte de négocier nos champs de compétence avec Ottawa ? On se fait envahir systématiquement par ces fédéraux prédateurs dans différents domaines et la réaction de notre premier ministre en est une de reddition, dans les circonstances. C'est minable. Pourrait-on imaginer l'inverse ? Si le Québec envahissait les champs de compétence fédéraux (relations étrangères, défense, etc), croyez-vous qu'Ottawa se tournerait vers nous pour demander à négocier ???

LE PORTUAIRE : OÙ EST DUPLAIN ? LE 29 JANVIER 2004 – Le Bloc Québécois demandait il y a quelques jours au ministre fédéral des Transports, Tony Valeri, d’entretenir et de rénover les infrastructures des ports fédéraux qu’il entend céder. Des investissements majeurs sont essentiels à la remise en état des infrastructures des ports fédéraux alors que le fédéral a fait preuve d’une grande négligence concernant l’entretien de ses ports depuis le début du programme de cessions. C’est le cas notamment du quai en eau profonde de Portneuf, dans la région du même nom.

Comme ailleurs au Québec, on ne doit pas accepter le transfert de propriété de ces infrastructures considérant le refus du fédéral d’investir l’argent nécessaire à la rénovation des quais. Le Bloc Québécois estime qu’en tentant de refiler des infrastructures portuaires mal entretenues et détériorées aux villes québécoises, Ottawa tente de se débarrasser de son obligation d’entretenir les ports qui lui appartiennent.

À propos, avez vous vu un seul instant le député Claude Duplain se lever pour défendre les intérêts de la communauté portneuvoise sur cet important dossier pour l’économie de notre région ?

AU DIABLE LES COMPÉTENCES DES AUTRES, LE 29 JANVIER 2004 – La PC rapporte que l'aide d'Ottawa s'en vient, le plan d'aide fédérale aux municipalités pour l'an prochain serait annoncé dans le discours du Trône fédéral, de même que des plans de financement à plus long terme. Selon l’article, l'aide de base pourrait prendre la forme d'une dispense accordée aux municipalités et leurs agences par rapport à la TPS. On reconnaît à Ottawa que toutefois, les provinces devraient être consultées sur certains programmes puisque le financement des municipalités est de juridiction provinciale.

« Consultées » ? Sur une question qui est de leur juridiction exclusive ? Encore une fois, j’ai l’impression de vivre sur une autre planète. On voit bien que le fédéral se fout des dispositions de sa propre constitution pour intervenir là où ça fait son affaire.

DEMANDES AU PÈRE NOËL, LE 29 JANVIERS 2004 - La PC rapporte que pour Bernard Landry, Jean Charest devra revenir de la conférence des premiers ministres, demain à Ottawa, avec au moins trois succès : un gain substantiel en santé, un autre en matière de congés parentaux et des engagements précis pour un programme d'infrastructures.« Il ne doit pas revenir bredouille d'Ottawa comme il est revenu bredouille de Davos », a déclaré M. Landry.

Celui-ci estime qu’en santé notamment, M. Charest doit s'assurer que la part fédérale du financement de la santé, qui est de l'ordre de 16 %, revienne à 25 %. Cette hausse permettrait au gouvernement Charest d'investir 2,2 milliards additionnels en santé, tel que promis au cours de la dernière campagne électorale.

Selon M. Landry, Jean Charest ne doit pas abandonner les demandes du Québec « pour des motifs électoraux », c'est-à-dire pour ne pas nuire aux chances électorales des libéraux fédéraux lors de la prochaine campagne électorale fédérale, prévue ce printemps. « M. Charest doit défendre les intérêts du Québec malgré les dettes électorales contractées par Jean Charest vis-à-vis des libéraux fédéraux », aurait conclu M. Landry.

Bien là, c’est beaucoup lui demander, je pense !

ET VLAN ...! LE 29 JANVIER 2004 - Josée Boileau (Le Devoir) rappelle que la semaine dernière Liza Frulla, se voulait très claire: les congés parentaux et les congés de compassion du fédéral n'ont rien à voir avec de l'intrusion. C'est tout simplement la loi de l'assurance-emploi qui donne à Ottawa la possibilité d'agir en matière sociale -- qui relève normalement d'une compétence provinciale. Las ! La ministre devra maintenant renouveler son argumentaire, la Cour d'appel du Québec ayant conclu, dans un jugement sans un soupçon d'équivoque, qu'Ottawa outrepasse ses pouvoirs lorsqu'il se sert de l'assurance-emploi pour aider, outre les chômeurs, ceux que des raisons personnelles empêchent de travailler.

Mieux encore rappelle la journaliste, c'est à un mini-cours d'histoire des relations fédérales-provinciales que le juge Benoît Morin nous convie. Quand il y a affrontement, comme on en a vu entre Ottawa et les provinces dans les années 30, ce qui compte, c'est de retrouver «l'intention des constituants», écrit-il. Or tous les documents étudiés par la Cour d'appel le démontrent : les provinces n'ont accepté de confier l'assurance-chômage au fédéral que si le programme relevait d'une exception strictement définie. Les congés parentaux inclus par la suite débordent de cette exception et ne sont donc pas du ressort d'Ottawa, conclut le tribunal.

Et vlan ! Dans les dents ! … comme dirait une personne que je connais bien.

OH YEAH ! LE 29 JANVIER 2004 - La PC rapporte que l'ancienne société de transport maritime de Paul Martin et ses filiales ont reçu plus de 160 millions de dollars entre 1993 et 2002 en contrats du gouvernement fédéral, soit considérablement plus que les 137 000 $ d'abord annoncés par le gouvernement. M. Martin aurait nié toute tentative de cacher quoi que ce soit. Il qualifie l'erreur d'«inacceptable» et souligné qu'il n'était pas membre du gouvernement à l'époque où la réponse avait été fournie.

L’article fait état que quelque 161 millions ont été versés aux 12 compagnies du groupe CSL au cours de la période de 11 ans qui va de janvier 1993 à octobre 2002. Les entreprises de M. Martin ont reçu 82 millions en contrats gouvernementaux lorsqu'il siégeait dans l'opposition; elles ont touché 46,4 millions alors qu'il était ministre des Finances, et encore 33 millions lorsqu'il a siégé comme simple député.

Misère !!!

VICTOIRE D’UN QUÉBEC DEBOUT, LE 28 JANVIER 2004 - Dans Le Devoir toujours, Hélène Buzzetti, Tommy Chouinard rapportent que la Cour d'appel vient de statuer que le congé parental d'un an que le fédéral a mis sur pied il y a quelques années constitue bel et bien une intrusion dans les champs de compétence des provinces. Le jugement donne raison à Québec sur toute la ligne : non seulement Ottawa empiète sur les compétences des provinces en oeuvrant dans le domaine social, mais il outrepasse aussi les siennes en détournant son programme d'assurance-chômage à des fins de soutien à la famille. L’article rappelle que devant l'impasse des pourparlers entre Ottawa et Québec dans ce dossier, c’est le gouvernement péquiste qui avait soumis ce litige, sous forme de renvoi, à l’attention de la Cour d'appel du Québec.

Ce jugement viendrait confirmer une autre allégation du gouvernement du Québec, à savoir que le nouveau congé de compassion créé par Ottawa -- toujours à même sa caisse d'assurance-emploi -- est lui aussi un empiétement. Ce congé de compassion, qui existe depuis janvier, permet à quelqu'un de s'absenter du travail pendant six semaines avec 55 % de son salaire pour s'occuper d'un parent mourant.

Bien sûr, le jugement comble de joie les ténors du gouvernement Charest, notamment les Claude Béchard et Benoît Pelletier. Ceci étant, rappelons que ce résultat est le fruit d’un travail de longue haleine des Pauline Marois, Linda Goupil et Nicole Léger, tour à tour responsables du ministère de la famille et de l'enfance. Les ministres libéraux responsables actuellement de ces dossiers auront beau plastronner, eux qui les accusaient injustement de susciter inutilement des chicanes stériles avec le fédéral, ce résultat est en fait attribuable au travail de l'équipe péquiste, de toutes ces personnes qui ont mené cette bataille au fil des ans, militants-es, députés-es, ministres, premiers ministres (Lucien Bouchard et Bernard Landry), attachés-es politiques de cabinet et de circonscription. C'est aussi la grande coalition québécoise qui mérite également cette reconnaissance puisqu'elle s'est tenue debout tout au long de ce processus (groupes- famille, groupes sociaux, syndicats, groupes économiques, etc.…). Oui, le Québec gagne toujours à se tenir debout et c'est ainsi qu'il deviendra souverain. Quant au fédéral, si vous pensez qu'il va abandonner pour autant ses prédations centripètes séculaires, bonne chance...

ATTITUDE CONDAMNÉE, LE 28 JANVIER 2004 - En éditorial, Bernard Descôteaux (Le Devoir) souligne que même si les grandes villes canadiennes aimeraient s'émanciper de l'autorité des gouvernements provinciaux, au Québec, tous sont d'accord pour défendre la compétence des provinces en matière de développement urbain. Il ne faudrait pas craindre d'assumer activement cette responsabilité.

Pour l’éditorialiste, le discours autonomiste des maires des grandes villes a crû en intensité ces dernières années, ne sentant pas de la part de leurs gouvernements provinciaux respectifs une volonté de les appuyer. Il n'y a pas à se surprendre qu'Ottawa n'ait pas tardé à manifester un vif intérêt pour les questions liées au développement urbain. D’ailleurs M. Martin confirmerait dans quelques jours son intention de libérer complètement les municipalités du paiement de la TPS, une économie de 450 millions par année pour elles. Il exigera cependant des provinces un engagement à ne pas réduire d'autant le financement qu'elles accordent à leurs villes.

Pour M. Descôteaux, l'attitude d'Ottawa est condamnable. Tout en continuant de nier l'existence d'un déséquilibre fiscal, il se sert de ses surplus budgétaires pour intervenir dans un champ de compétence provinciale. « Si Ottawa veut contribuer, tant mieux, mais son argent devra passer par Québec à qui il appartient de définir les priorités en matière de développement urbain », écrit-il.

Le contenu de ce dernier paragraphe rejoint exactement mes propos antérieurs, seule différence avec M. Descôteaux, je ne suis pas payé pour les exprimer... Enfin ! D’autre part, si le gouvernement Charest avait un épine dorsale en la matière, il n’aurait qu’à annoncer que toute aide d’Ottawa qui ne passerait pas par le Québec, au moins jusqu’à ce que la question du déséquilibre fiscal soit réglée, entraînerait une réduction équivalente de ses transferts aux municipalités. De plus, une question demeure sans réponse dans toute cette histoire, qu’advient-il des autres municipalités ? Devront-elles se contenter des miettes ?

DINGUE ! LE 28 JANVIER 2004 – Manon Cornellier (Le Devoir) rappelle que le premier ministre Paul Martin a convié ses homologues provinciaux, vendredi, à un déjeuner de travail d'à peine trois heures (!) autour d'un repas. La pièce de résistance sera le financement de la santé. À moins d'un déficit, Ottawa versera jusqu'à 2 milliards de plus aux provinces, comme prévu en février 2003 (rien de nouveau depuis...). Pas question d'aller plus loin. M. Martin évite d'aborder deux problèmes de fonds, à l'origine des tensions actuelles en matière de financement de la santé : la part qu'Ottawa défraie et la façon de calculer cette part.

L’article rappelle qu’à l’origine du système de santé existait une formule de calcul qui tenait compte de facteurs comme la croissance économique et la hausse du coût de la vie. En 1995, le ministre des Finances, Paul Martin, a mis fin à tout cela, de façon unilatérale (rien de très nouveau encore ici, n'est-ce pas ?) : plus question de facteurs de croissance. La valeur des montants versés par Ottawa serait fixée par Ottawa, le tout par cycle de cinq ans. Il se met désormais à l'abri des imprévus (i.e. de la vraie vie) tout en se gardant le pouvoir de punir les provinces contrevenant à la loi fédérale sur la santé.

Paul Martin devrait faire davantage et s'attaquer à la formule de calcul. « Si sa solution, vendredi, se limite à éteindre un feu et à ignorer l'incendie qui couve, il démontrera que Paul Martin, le premier ministre, est toujours un ministre des Finances dans l'âme », conclut l’article.

Je vous le dis, on est dans un système de fous, complètement aberrant ! Vive le Canada ! ... comme disait Chrétien.

PARTENAIRES « PRIVILÉGIÉES », LE 25 JANVIER 2004 – Dans La Presse de samedi, François Cardinal fait état que les maires des 10 grandes villes canadiennes ont mis de l'eau dans leur vin, hier. Plutôt que des gouvernements à part entière, ils souhaitent maintenant devenir des « partenaires » des gouvernements supérieurs. Leurs demandes financières n'en sont pas moins importantes pour autant. Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, aurait joué un rôle prépondérant dans le changement de ton des villes. Celles-ci avaient exprimé l'intention d'exiger d'Ottawa une modification constitutionnelle qui aurait fait de leurs municipalités des gouvernements à part entière.

En entrevue hier après-midi, M. Tremblay a précisé qu'il est maintenant « important » que les deux ordres de gouvernement traitent les villes, simples créatures des provinces, comme des partenaires. « Nous n'avons jamais été traités comme un véritable partenaire qui contribue de façon importante à la croissance économique du pays », déplore-t-il.

Que voici un geste honorable de la part du maire de Montréal, geste qu'on aurait également été en droit d'attendre de celui de Québec. Il peut s'agir aussi d'une simple manoeuvre pour calmer les cris du côté du Québec. À propos, si les grandes villes deviennenent des partenaires « privilégiées », que restera-t-il aux autres villes et municipalités « canadians » ?

Remarquons que ce changement de cap de la part des maires des grandes villes canadiennes n’enlève rien à la réalité d’un gouvernement central qui n’en finit plus d’intervenir en-dehors de ses champs de compétence. Quand donc sera-t-il remis à sa place ? Probablement jamais ! Certaines provinces ont trop « soif » et elles n’en ont finalement rien à cirer en tant qu’entités très majoritairement anglophones. Plus on tasse le Québec et sa spécificité linguistique et culturelle, mieux il en est pour celles-ci.

Incidemment, à Vancouver, d’où je rentre d’un bref séjour, un ami qui à chaque année depuis 10 ou 15 ans vient assister au Grand Prix de F1, me confiait que d’une visite à l’autre, il constatait à Montréal une présence de plus en plus grande de l’anglais. Qu’on s’y faisait répondre spontanément en anglais d’abord, même par les francophones. Québec, quand te réveilleras-tu enfin ?


COMPASSION FÉDÉRALE OU PROVINCIALE ? LE 19 JANVIER 2004 - Le Devoir : Hervé Anctil, spécialiste en planification de la santé, se demande si on peut vraiment être contre la prestation de compassion, que le gouvernement d'Ottawa vient d'annoncer? « On peut trouver à redire sur les modalités d'application, on peut bouder, bougonner. On peut déplorer la nouvelle tentative d'intrusion du gouvernement fédéral, la trouver fort peu conviviale. On peut arguer que des citoyens ont été oubliés -- ceux qui ne cotisent pas à l'assurance emploi par exemple. Tous ces arguments sont justes et légitimes », écrit-il.

Toutefois, malgré leur bien-fondé poursuit M. Anctil, qui oserait se prononcer contre cette nouvelle mesure qui constitue un baume là où le soulagement se fait rarissime, quand on finit par le trouver. Elle ouvre le débat public sur la reconnaissance sociale des proches qui aident une personne ayant une incapacité -- un malade qui souffre d'une maladie terminale, une personne âgée en perte d'autonomie, un enfant ayant une déficience, etc. -- et sur le soutien que l'on choisit, collectivement, de leur apporter.

« Dans le champ de l'aide aux proches, encore en friches, le gouvernement du Québec doit, de la même manière, se donner un plan d'action global (…). Tant que le Québec n'aura pas adopté une telle stratégie, le gouvernement fédéral aura beau jeu de combler des trous, d'occuper tel secteur, de jouer les vertueux. Et le Québec devra encore se replier sur la stratégie des atermoiements, qui n'est jamais comme on le sait qu'une réaction de perdant.

L’analyse de ce spécialiste est intéressante mais l’auteur néglige un aspect important du problème que vit notamment le Québec dans les circonstances. Pour être complète, cette analyse devrait couvrir aussi la dynamique financière entre les deux niveaux de gouvernement qui empêche précisément le Québec de progresser plus rapidement dans ce domaine.

C’est depuis au moins la deuxième guerre mondiale qu’un déséquilibre financier important s’est en effet instauré entre le fédéral et les provinces, minant les capacités du Québec d’assurer un niveau de services plus adéquat dans différentes domaines, dont celui de la santé. Une situation qui n’a fait que s’aggraver avec, par exemple, la réduction unilatérale de la part du fédéral dans le financement des services de santé depuis quelque 25 ans.

Ce « déséquilibre fiscal » joue en faveur du gouvernement central qui, par son pouvoir de dépenser, a le beau rôle. Il vient suppléer à l’incapacité financière des « provinces » en intervenant ainsi directement dans nos champs de compétence. Il prend alors l’allure du grand sauveur, couvre la population de son grand manteau de compassion payé à même les marges de manœuvre qu’il nous a soutirés graduellement au cours des années.

C’est ainsi que la vision centralisatrice à l’origine du régime constitutionnel canadien se concrétise dans les faits, marginalise le poids politique des provinces et donc, du Québec. On le voit bien également dans les intentions déclarées du gouvernement Martin d'investir le milieu municipal, un autre champ de compétence provincial. Pour le reste du Canada, peu importe finalement mais pour nous, c’est notre langue, notre culture, nos façons de faire, notre existence même comme peuple et comme nation qui est en cause… l’air de rien. Dormirons-nous encore longtemps au gas ?


VERS UNE SUPERCENTRALISATION, LE 19 JANVIER 2004 - Jean-Marc Léger, dans Le Devoir : « À moins de tenir à se voiler pudiquement la face, il n'est pas difficile de constater que bien loin de marquer une rupture avec le gouvernement précédent en ce qui a trait à la pratique du fédéralisme, celui de Paul Martin paraît bien annoncer une nouvelle étape dans la centralisation. Il aura fallu peu de semaines pour en mesurer à la fois l'extension et l'accélération. (…) il a cautionné, activement ou implicitement, les orientations et les mesures de ses prédécesseurs, particulièrement en ce qui concerne l'évolution du fédéralisme canadien ( si tant est que l'on puisse encore parler de fédéralisme). Tout indique qu'en dépit des assurances mielleuses de concertation permanente avec les États fédérés, nous allons assister, nous assistons déjà, à une nouvelle étape d'hyper-centralisation. »

Pour l'auteur, deux initiatives du nouveau gouvernement sont, sous ce rapport, à la fois éloquentes et révélatrices : d'une part, la création d'un poste de Secrétaire d'État aux affaires municipales et, de l'autre, l'institution l'allocation d'aide aux proches de personnes gravement malades ou en fin de vie. Rarement ingérence directe dans des domaines clés des champs de juridiction des provinces aura-t-elle été à ce point flagrante et brutale.

M. Léger avance à juste titre que l’objectif est l’affaiblir l'autorité des provinces. « Il tombe sous le sens que le gouvernement Martin entend s'ériger en interlocuteur normal des municipalités, au même titre que les provinces et, ultérieurement, se substituer à celles-ci comme leur premier interlocuteur, exploitant sans vergogne leur besoin aigu de ressources nouvelles pour apparaître comme leur providence, allant même jusqu'à les promouvoir comme un troisième «ordre de gouvernement» (ce qui est une hérésie constitutionnelle et juridique : créatures des provinces, les municipalités administrent et réglementent, mais ne gouvernent pas ni ne légifèrent).

Nous réveillerons-nous enfin… à la prochaine occasion !

MARTIN PERSISTE, LE 18 JANVIER 2004 – Encore aujourd’hui, sous la plume de Sébastien Rodrigue (La Presse) cette fois, on fait état que le gouvernement du Québec s’inscrit en faux contre ces grandes villes qui demandent à être élevées au rang de gouvernement à part entière afin de négocier directement avec le fédéral. « Je me permets (...) de vous réitérer la volonté du gouvernement du Québec de défendre fermement sa compétence exclusive en matière d'affaires municipales», écrit le ministre des Affaires municipales, Jean-Marc Fournier, dans une lettre aux maires de Montréal et de Québec pour les mettre en garde.

Pendant ce temps, rapporte la PC, Martin persiste en renouvelant son engagement à revoir le financement des municipalités et en annonçant qu’il invitera les maires des plus importances villes canadiennes à se joindre aux discussions à l’occasion des rencontres fédérales provinciales.

Par l’argent alléchées comme on dirait dans la fable, ces grandes ville, plutôt que de se ranger du côté des provinces pour forcer le fédéral à corriger le déséquilibre fiscal actuel (qui handicape la capacité des provinces à supporter financièrement le municipal), préfèrent se vendre littéralement au fédéral. Elles font ainsi fi des juridictions des provinces, et donc du Québec pour ce qui nous concerne, en la matière. La situation qui se développe pose aussi d’autres problèmes.

Premièrement, la marginalisation séculaire du Québec se poursuit sur le plan constitutionnel, notamment dans les rencontres fédérales-provinciales. Vous vous souvenez ? À l’origine, nous étions 1 parmi 4 ou 5 autour de la table, puis graduellement dans un rapport 1 :8, puis 1 :10, puis plus récemment 1 :13. Avec maintenant les grandes villes qui s’ajouteraient, le Québec, comme gouvernement se retrouverait à 1 parmi 23 ???

Deuxièmement, si ces grandes villes se retrouvent autour de la table, quel avantage auront-elles alors sur les autres municipalités, les moyennes et les petites ? Celle-ci souffriront nécessairement de cette situation, par exemple lorsqu’il sera question de la répartition des enveloppes à consacrer au renouvellement des infrastructures.

Enfin, ce Martin qui persiste et signe quant aux tendances prédatrices du supposé fédéralisme à la « canadian » : rien de nouveau sous le soleil, en somme ! Solution ? Sortons de ce régime au plus sacrant, ne laissons pas passer la prochaine occasion. Respectons-nous d’abord nous-mêmes…


LES VILLES-RÉGIONS, LE 17 JANVIER 2004 – La PC écrit qu’irritées par leur statut inférieur d'entités relevant des gouvernements provinciaux, les grandes villes canadiennes entendent demander d'être reconnues en tant que gouvernements autonomes. Elles réclameront avec ce statut leur propre siège lors des rencontres fédérales-provinciales. C'est à Toronto jeudi et vendredi prochains que les maires ou conseillers municipaux de neuf des 10 plus grandes villes canadiennes se concentreront sur la question. Les villes se plaignent depuis des années de ce que leurs limites de pouvoir mettent les dossiers du logement et des infrastructures à la merci des gouvernements provinciaux, puisque les municipalités sont des «créatures» provinciales au Canada.

L’article rappelle que les questions urbaines ont obtenu l'attention de l'ensemble du pays durant la campagne à la direction du Parti libéral du Canada, lorsque Paul Martin a promis une nouvelle entente avec les villes prévoyant à leur intention une partie de la taxe fédérale sur l'essence, qui rapporte quelque 4,5 milliards $.

Pour sa part, rapporte toujours la PC, le gouvernement du Québec se mettrait en travers du chemin des grandes villes et défendrait fermement sa compétence exclusive en matière d’affaires municipales. La demande de celles-ci iraient totalement à l’encontre de la Constitution ainsi que de la position traditionnelle du Québec et poserait ainsi d’importants problèmes, selon le ministre des Affaires municipales, Jean-Marc Fournier.

Il est pour le moins surprenant, voire scandaleux, que nos grandes villes de Québec et Montréal entrent dans ce bal, contrevenant dans la lettre et l’esprit aux dispositions du système constitutionnel canadien, qu’on nous a imposé d’ailleurs lors du rapatriement de 1982. Ceci étant, il n'y a rien de nouveau sous le soleil, la tendance et la structure centripètes du régime constitutionnel canadien continue son œuvre historique au détriment du Québec. C'est la bonne vieille guerre qui se continue entre deux conceptions opposées du fonctionnement du supposé régime fédératif canadien. On se dirige peu à peu vers l'État unitaire rêvé par McDonald.

MARTIN PERSISTERA-T-IL ? LE 9 JANVIER 2004 - Article d'Alexandre Panetta (PC) dans Le Soleil rapportant que les maires du Canada devront attendre avant que le nouveau pacte avec les municipalités annoncé par Paul Martin, ne se traduise par des moyens financiers supplémentaires. Mais sa promesse d'améliorer les infrastructures municipales - au cœur de son programme durant la course à la direction du PLC - demeure à l'ordre du jour. « Le nouveau pacte avec les municipalités continue d'être à l'ordre du jour », précise le nouveau Premier ministre. Quant au partage avec les municipalités des revenus tirés de la taxe sur l'essence, un autre engagement pris lors de la course à la directIon du PLC par Paul Martin, celui-ci déclare maintenant qu'il s'agit d'une possibilité parmi d'autres, élaborées pour soutenir les municipalités.

Vous voyez le manège ? Diviser le tandem Québec-municipalités pour mieux régner ! Le fédéral étrangle d'abord financièrement les provinces, dont le Québec, puis promet d'injecter l'argent directement dans les infrastructures des municipalités qui bien sûr, promptes à se vendre au plus offrant, voient déjà ce nouveau partenariat fédéral-municipal d'un très bon œil. On passe ainsi par-dessus la tête du gouvernement du Québec, tout comme de celles des autres provinces, faisant fi encore une fois de leurs compétences exclusives en la matière.

Oui, encore une fois, le fédéral viole sa propre constitution, celle qu'il nous a imposée en 1982. Et peu à peu, l'idée qu'il est normal que le fédéral intervienne également dans ce domaine fera son petit bout de chemin dans l'opinion publique, jusqu'à ce que finalement, les fédéraux se réclament de celle-ci pour intervenir davantage. C'est une roue sans fin...


LES HUMEURS DE FRULA, LE 8 JANVIER 2004 – La PC rapporte que Québec va tout faire pour empêcher Ottawa d'appliquer son programme de prestation de compassion au Québec, au grand dam de la ministre fédérale du Développement social, Liza Frulla. L’article rappelle qu’Ottawa vient de créer une nouvelle prestation dite de compassion qui fournit des prestations d'assurance emploi durant six semaines à ceux qui doivent arrêter de travailler pour s'occuper d'une personne gravement malade. La PC souligne que dès son annonce en grande pompe, le nouveau programme s'est attiré les foudres de la classe politique québécoise, qui y voit une nouvelle intervention unilatérale d'Ottawa dans un secteur de compétence provinciale. L'initiative a été d'autant plus mal reçue que le gouvernement du Québec a été mis devant le fait accompli, n'ayant pas été consulté, au dire du ministre québécois des Affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier.

Pour sa part, dénonçant également l'intrusion du gouvernement fédéral dans un champ de compétence exclusive, Claude Béchard entend exiger la part qui revient au Québec dans ce programme, soit environ 80 millions. La prestation est une mesure « qui peut être intéressante », a convenu le ministre du gouvernement Charest, mais elle « serait plus efficace si elle était intégrée dans un ensemble plus global, au niveau des politiques familiales » du gouvernement du Québec.

Irritée par les critiques, Liza Frulla, ne voit pas les choses du même œil, rapporte toujours la PC. « On n'a pas à faire une guerre sur le dos du monde, alors je trouve qu'au lieu de partir en guerre, ça serait bien mieux de s'asseoir », aurait-elle sèchement répliqué d'Ottawa hier. De plus, a-t-elle ajouté, le gouvernement fédéral est parfaitement en droit d'intervenir pour améliorer la qualité de vie des citoyens. « Dire [...] haut et fort que ce n'est pas la responsabilité du gouvernement fédéral de s'occuper de la qualité de vie de l'ensemble des Canadiens, je trouve que c'est un peu difficile, un peu dur. »

Liza Frulla est plutôt frustrée de s’être fait prendre les culottes à terre sur cette question. Elle qui s’est toujours targuée de défendre les intérêts du Québec et ses compétences quand elle paradait à l’Assemblée nationale, se retrouve aujourd’hui les deux pieds dans nos compétences, à partir d’Ottawa. C’est assez ordinaire et même démagogique lorsqu’elle défend son « move » (j’emploi cet anglicisme dans l’espoir qu’elle comprenne peut-être mieux ce qui est en train de se passer) sous le prétexte de s’occuper de la qualité de vie des « Canadians ». À ce titre, pourquoi ne s’occupe-t-elle pas de bien d’autres dossiers qui ne sont pas non plus de sa compétence : la vache folle, les contrôles biométriques de l’identité aux Etats-Unis ou au Brésil, tant qu’à faire ! Un peu plus et elle remplacera Stéphane Dion au titre de ministre éteignoir du Québec.

HAUTS CRIS TARDIFS, LE 8 JANVIER 2004 – Pour sa part, Josée Boileau (Le Devoir) estime justifié qu’on dénonce la nouvelle prestation fédérale de compassion, qui relève d'une compétence du Québec. Mais pour l’éditorialiste, il aurait mieux valu que cette grande dénonciation et ce souci de réclamer maintenant d'Ottawa l'argent destiné au programme se manifestent bien plus tôt, les intentions du fédéral étant connues depuis longtemps à cet égard.

Pour Josée Boileau, le gouvernement Charest aurait dès le printemps dernier souligner que ce congé fédéral de six semaines n'a rien de nouveau : c'est le Québec qui a été à l'avant-garde dans ce domaine avec sa loi sur les normes du travail récemment modifiée pour permettre à un travailleur de s'occuper pendant 12 semaines d'un proche parent gravement malade (et pas seulement mourant, comme au fédéral) et jusqu'à 104 semaines s'il s'agit d'un enfant qui risque de mourir. Le programme québécois est si intéressant qu'il a servi de modèle au Nouveau-Brunswick. « Mais il est vrai que le " modèle québécois " n'est plus une chose dont on se vante à Québec », de conclut l’éditorial.

À quand le réveil des québécois sur la question nationale ?

LE DÉVELOPPEMENT DES COMPÉTENCES, LE 7 JANVIER 2004 - Rollande Parent (Presse Canadienne) rapporte qu’à peine lancé, le programme fédéral visant à fournir une prestation temporaire aux travailleurs qui doivent soutenir un proche en phase terminale a suscité des réticences, voire de vives critiques, de la part du gouvernement du Québec, du Bloc québécois et de la Fédération de l'Âge d'or du Québec.

C’est en conférence de presse, mardi, que le ministre fédéral des Ressources humaines et du Développement des compétences, Joe Volpe, et sa collègue du Développement social, Liza Frulla, ont présenté les caractéristiques de ce programme. À Québec, le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier, n'a pas tardé à dénoncer l'initiative fédérale. «Une fois de plus, le gouvernement du Canada intervient dans des compétences provinciales», s'est insurgé le ministre.

Encore une fois, les levées de bouclier n’auront pas grand effet sur le rouleau compresseur fédéral, vous verrez ! Je n’en reviens pas que Liza Frulla se fasse complice de telles manœuvres, elle qu’on a déjà associée à l’aile nationaliste des libéraux québécois. Que voulez vous, tout pour le confort d’un poste de ministre au fédéral… À propos, du ministre fédéral … du Développement des compétences (quel titre !), à ce que je vois, c’est plutôt l'extension des compétences du fédéral dans le champs des provinces et du Québec qui l'intéresse.

FENÊTRE OUVERTE SUR L’AVENIR, LE 31 DÉCEMBRE 2003 - Gérald Larose, Président du Conseil de la souveraineté du Québec, explique le pourquoi d’un Conseil de la souveraineté du Québec à cette étape-ci de notre évolution. Au moins quatre raisons en justifient l'existence, explique-t-il.

1- La fin d'un cycle

L'élection de Jean Charest, le 14 avril dernier, a signifié la fin de 40 ans de tentatives de renégociation ou de réaménagement du pacte entre le Québec et le reste du Canada. Ce cycle est bien terminé. Le nouveau gouvernement du Québec comme le reste du Canada adoptent la vision de Pierre Elliott Trudeau : le Canada est déjà réformé suivant la Constitution de 1982, et même si le Québec n'y a pas apposé sa signature, on n'y touche plus. Tout le camp fédéraliste s'est rangé. Même les plus nationalistes d'entre eux, au Québec, s'avouent impuissants et ont laissé tomber toute revendication d'ordre constitutionnel. Comme on est loin des deux peuples fondateurs ! Cette voie d'évolution à laquelle le Québec a longtemps cru est close. Le rêve fédéraliste qui aspirait à reconnaître de la façon la plus noble qui soit la nation québécoise est mort.

En revanche, au Québec, le grand nombre de personnes qui se déclarent souverainistes signifie que les bases de la souveraineté demeurent solides, que l'idée de la souveraineté n'a jamais cessé de répondre à un besoin profond de la population. Je dirais même que la conception même du projet de souveraineté a continué d'évoluer, de se moderniser pour se mouler au plus près de notre réalité nord-américaine. C'est ainsi qu'on parle désormais de partenariats, au pluriel, y compris avec nos voisins américains, et non plus seulement d'une relation strictement privilégiée avec le Canada. [...]

2- Un processus de provincialisation

Le gouvernement libéralo-conservateur de Jean Charest se soumet à la provincialisation du Québec imposée par Ottawa et y contribue. La provincialisation, c'est la réduction de la capacité de l'État du Québec à assumer l'ensemble de ses responsabilités. Le révélateur le plus fort en a été le déficit fiscal, mais le mal est beaucoup plus large. Il est bon de se rappeler l'origine romaine du mot «province», signifiant territoire conquis, lorsqu'on réalise que, sur le plan de l'économie et des finances publiques, nombre de décisions structurantes se prennent au Canada.

Il est vrai que ce processus de provincialisation est alimenté par la très grande vulnérabilité de l'État québécois qui, ayant atteint des niveaux maximums de dépenses et de revenus, n'a plus de marge de manoeuvre. Mais au lieu de dénoncer cette vulnérabilité croissante de notre État [...], le gouvernement actuel préfère jeter le discrédit sur l'État que les Québécois ont construit au fil des décennies et les culpabiliser. Aujourd'hui, ce n'est pas de recentrage ni de modernisation qu'il s'agit, ces mots ne servent que de paravent, mais d'une remise en question de l'État québécois, résultat de la provincialisation du Québec.

Cette provincialisation signifie aussi la volonté du gouvernement canadien de déplacer de Québec à Ottawa le lieu de définition de l'avenir du Québec. La guerre symbolique que nous livre Ottawa depuis 1995, guerre qui a pour nom nation building, financée à coup de milliards de dollars de nos impôts, vise ultimement la dissolution du Québec dans le Canada. En offensive, Ottawa pratique la stratégie de l'empiétement forcé et accéléré de toutes les compétences québécoises au moyen du pouvoir de dépenser. En défensive, Ottawa pratique la stratégie du refus systématique de voir s'affirmer la personnalité internationale du Québec.

3- Les réductions de la question nationale

Au cours du dernier quart de siècle, faisons notre mea-culpa, nous, souverainistes, avons fait subir trop de réductions à la question nationale. Par exemple, nous l'avons trop reléguée dans la pratique politique partisane, en oubliant qu'un projet de souveraineté est le projet de tout un peuple, celui d'un mouvement social. [...] Autre exemple, nous avons condamné la question nationale à être à la remorque de conditions favorables, nous mettant nous-mêmes dans une situation défensive alors que la souveraineté, comme la démocratie, l'état de droit ou l'égalité des personnes, est essentiellement une construction sociale, un projet à réaliser.

4- Réponse neuve aux défis nouveaux

[...] Le premier défi nous est posé par la mondialisation qui pousse les petites nations comme la nôtre, d'une part à maîtriser le plus d'atouts possible pour tirer leur épingle du jeu, d'autre part à faire état de solidarité entre elles pour défendre leurs intérêts devant les grandes nations.

Le deuxième défi à relever, colossal celui-là, se résume en deux mots : cohésion sociale. Ce qui est en jeu, c'est la cohésion de notre société, qui est menacée de toute part et trop souvent par l'action déstabilisante d'Ottawa.

Prenons le développement. Le Québec doit tout tenter pour favoriser un développement territorial congruent entre les régions, la métropole et la capitale du Québec. Ce développement équilibré est déjà tout un défi en soi. Or, on sait maintenant que le gouvernement d'Ottawa, Paul Martin en tête, entend profiter de certaines de nos difficultés dans ce secteur pour faire des ententes directement avec les grandes agglomérations, au mépris de la Constitution actuelle, et affaiblir d'autant le gouvernement de l'État québécois.

Prenons également ce qui touche à l'intégration de toutes les composantes de la société québécoise. [...] Il appartient à l'État québécois de donner de l'espoir aux jeunes et de permettre aux plus âgés de continuer de contribuer au développement de la société. Centres de la petite enfance, formation de base, formation continue, intégration en emploi évoquent autant d'étapes pour lesquelles le Québec doit posséder la totalité de sa capacité d'agir. On sait combien le partage des compétences avec Ottawa dans ces domaines est cause de frustrations et d'incohérence. [...]

Les deux grands défis que posent au Québec la mondialisation et la cohésion sociale dans son sens le plus large ne pourront être relevés que par la souveraineté de l'État québécois. Notre peuple est travailleur, original, créateur, pacifique, convivial, généreux, solidaire, débordant de santé et amoureux de la vie. Il doit pouvoir exploiter à fond ces qualités en ayant une vue générale de ses responsabilités et la possession de l'ensemble de ses impôts. Il doit aussi pouvoir en témoigner lui-même sur la scène mondiale, comme ses artistes ont commencé à le faire brillamment.

Le Conseil de la souveraineté [...] servira de levier, d'amplificateur, de moteur à tous ceux et celles qui veulent agir. Il sera la voie de la société civile, l'instrument du mouvement social.

Pour mémoire ! Le contenu du texte de M. Larose rejoint entièrement les observations et les points de vue exprimés en commentaires sur ce site au cours des derniers mois.

S’CUSEZ M’SIEUR L’PRÉSIDENT ! LE 21 DÉCEMBRE 2003 – Dans Le Devoir de la fin de semaine, message d’un collectif québécois au Président Jacques Chirac qui déclarait récemment que Jean Chrétien avait « présidé au mouvement par lequel le pacte constitutif [du Canada] a pu être réaffirmé au terme d'un processus exemplaire ». Les auteurs rappellent que la Constitution canadienne de 1982 reste marquée par l'absence de la signature du gouvernement du Québec, et aucun gouvernement québécois n'a voulu y donner son aval depuis : « Le Québec vit donc, malgré lui, avec une Constitution qu'il n'a jamais acceptée sous aucune forme… La France étant le seul État souverain avec lequel le Québec entretient des liens directs et privilégiés, elle ne peut donc pas rester indifférente et elle ne doit pas non plus se laisser induire en erreur ».

En ce qui regarde le rapatriement de la Constitution, les auteurs rappellent qu’au terme de longues négociations avec le gouvernement fédéral et avec les provinces canadiennes, et au lendemain d'une nuit aujourd'hui notoirement connue comme celle «des longs couteaux», le Québec a été isolé et mis devant un fait accompli : non seulement aucune de ses revendications constitutionnelles n’a été honorée, mais en plus, la nouvelle Constitution canadienne, telle que conçue par le reste du Canada, a été adoptée sans son consentement. L'homme au cœur même de cet événement, celui qui avait dirigé cette basse manœuvre, n'a été nul autre que Jean Chrétien.

« Il nous semble impossible que le «processus exemplaire» que vous évoquez puisse faire référence à toutes ces manigances », de souligner le collectif qui rappelle ensuite que l'adoption en juin 2000 de la loi sur la clarté a été un autre moment fort dans la carrière de Jean Chrétien. Encore une fois, à la suite du référendum québécois de 1995, qui a vu les forces du OUI atteindre 49,6 % d'appuis avec une participation massive de l'électorat (94 %), le gouvernement fédéral canadien, sous la gouverne de Jean Chrétien a fait preuve d'une absence totale de flexibilité.

Il a adopté la loi sur la «clarté référendaire» octroyant au Parlement canadien le droit de décider, arbitrairement, si la question référendaire posée par l'Assemblée nationale du Québec était «claire» et si la majorité obtenue l'était également. N'est-il pas inconcevable que la majorité canadienne puisse disposer, à son gré et selon son humeur du moment, de l'avenir de la nation québécoise ? Les cercles politiques québécois, d'une seule voix, se sont élevés contre cette loi inique.

Tout en disant s’étonner de la nature de la déclaration du président Chirac sur les initiatives constitutionnelles de Jean Chrétien, le collectif estime que ce n'est pas contribuer à l'affermissement du Québec que de louanger ainsi les gestes commis par Jean Chrétien pour freiner l'émancipation de la nation québécoise. « Nous espérons, en tout respect, que vos propos ne trahissent pas un changement profond de votre compréhension de la réalité québécoise et des relations directes et privilégiées que votre pays entretient avec le Québec. Dans le cas contraire, le sens fondamental de notre présence et de notre action francophone en Amérique du Nord en serait radicalement affecté ».

Et c’est signé Gérard Bouchard, titulaire de la chaire de recherche du Canada en dynamique comparée des imaginaires collectifs, Université du Québec à Chicoutimi, Alain-G. Gagnon , titulaire de la chaire de recherche du Canada en études québécoises et canadiennes, Université du Québec à Montréal, Andrée Lajoie , professeur titulaire, Université de Montréal, Jacques-Yvan Morin , professeur émérite,Université de Montréal, Madeleine Parent, syndicaliste, Montréal , Guy Rocher , professeur titulaire, Université de Montréal, Jean Allaire, avocat et ancien chef de l'Action démocratique du Québec, Jean-Claude Rivest, sénateur, Claude Corbo, professeur titulaire, Université du Québec à Montréal.

Au fond, une telle méprise du président Chirac ne m'étonne pas, considérant tous les efforts et toute l'efficacité déployés par les représentants du Canada à l'étranger lorsqu'il s'agit de vendre les vertus du régime à l'étranger. J'ai pu souvent en faire la constatation lors de missions officielles dans divers pays, soit comme ministre, soit comme président de l'Assemblée nationale du Québec ou comme parlementaire à divers titres. Ce fut le cas par exemple lors d'une mission que j'ai menée au Tatarstan (État russe), il y a quelques années. J'y reviendrai car pour être fidèle aux faits, je me dois de faire certaines recherches dans mes archives et celles de l'Assemblée nationale.

CAUSE TOUJOURS… LE 17 DÉCEMBRE 2003 – La Presse Canadienne rapporte que pour Claude Béchard, les garderies et la conciliation travail-famille sont de compétence québécoise, et il n'est pas question de laisser Ottawa dicter au Québec une ligne de conduite sur ces questions. « C'est hors de question qu'on laisse le gouvernement fédéral entrer dans nos compétences », aurait déclaré le ministre. La PC rappelle que dès vendredi dernier, le premier ministre Paul Martin a confié à l'ex-ministre du gouvernement québécois Liza Frulla le nouveau ministère fédéral du Développement social. Celle-ci a parlé de mettre sur pied des politiques visant à « aider les provinces à élaborer des programmes de conciliation travail-famille» et des «programmes pour aider la petite enfance ».

Oui, cause toujours mon lapin ! L’histoire nous enseigne que ce genre d'incantations n’a jamais empêché le gouvernement centripète canadien d’envahir systématiquement nos champs de compétence, notamment par son pouvoir de dépenser.

PAS GRAVE, C’EST LE FÉDÉRAL, LE 16 DÉCEMBRE 2003 - Vincent Marissal et Joël-Denis Bellavance (La Presse) rapportent que l'ambassadeur du Canada au Danemark, Alfonso Gagliano, n'a pas perdu de temps à s'installer confortablement à Copenhague après sa nomination controversée en janvier 2002, dépensant près de 50 000 $ en deux mois pour mettre l'ambassade et la chancellerie à son goût. L'ex-ministre des Travaux publics a en effet décidé de remplacer la vaisselle, les canapés, le bureau de travail, les chaises de salon, les lampes, les chandeliers, les tapis, la cuisinière et même le tracteur à gazon, démontre un relevé des dépenses obtenu par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Et puis après, c'est pas grave, les fédéraux peuvent faire ce qu'ils veulent et les gens ne disent rien. Si ça se passait au Québec, on en mangerait toute une ! Réflexe de dominés, quoi !

PAUVRE STÉPHANE, LE 16 DÉCEMBRE 2003 - Laura-Julie Perreault (La Presse) écrit que Stéphane Dion, qui a régné pendant plus de sept ans sur le ministère des Affaires intergouvernementales et qui estime avoir « sauvé le Canada », a été amèrement déçu de ne pas se voir offrir un siège à la cour des ministres de Paul Martin. Redevenu simple député vendredi dernier, il tente aujourd'hui d'expliquer sa chute tout en gardant espoir de rejoindre le cabinet au prochain remaniement ministériel. Hier, Stéphane Dion disait accepter «avec philosophie» le choix du nouveau premier ministre de l'expulser du cabinet. Un point de vue qui était à des lieues de sa première réaction de jeudi dernier alors qu'il avait affirmé qu'il « méritait » de rester au Conseil des ministres pour avoir empêché le Québec de devenir une « république » avec Lucien Bouchard à sa tête.

Oui, pauvre Stéphane, tout pour être ministre ! Il n'a pas compris encore que jouer le Québécois de service à Ottawa pour faire les « jobs de bras » sur le dos du Québec au nom du ROC (Rest of Canada) ne lui assure ni reconnaissance, ni respect, ni poste de ministre aux yeux de ses maîtres.

LE TANDEM INFERNAL, LE 15 DÉCEMBRE 2003 - Michel Venne (Le Devoir) souligne que sous la gouverne conjointe du tandem Martin-Charest, c'est la continuité qui s'impose : le plan B n'est pas aboli; la Loi sur la clarté demeure; l'affirmation de l'identité nationale du Canada se poursuit; la présence de l'État fédéral dans les champs de compétence du Québec va s'accroître; le fédéral maintient sa volonté d'agir dans des domaines comme la politique sociale, l'apprentissage, le financement des municipalités, il raffermit sa capacité d'agir dans le domaine de la sécurité intérieure et affiche son intention de prendre le leadership en matière de santé publique. Pour Ottawa, la collaboration ne peut signifier autre chose que d'étendre ses tentacules.

Pour le chroniqueur politique, rien de substantiel ne va donc changer, sauf une chose : pour la première fois depuis 1960, le premier ministre du Québec est d'accord avec Ottawa. Jean Charest est un nationaliste canadien. Paul Martin aura la voie libre à Québec. M. Charest aura bien du mal à se poser en défenseur de l'État québécois face au nouveau monarque fédéral.

Il y a des conséquences à cette situation. Le contexte général aura pour effet de renforcer le leadership du fédéral dans un ensemble de secteurs qui préoccupent la population et de réduire le rôle du gouvernement du Québec à celui de gérant de services publics. Plus que jamais, Québec sera perçu comme un gouvernement junior. Cela rappelle l'époque, dans les années 1950, où les esprits les plus clairvoyants du Québec préféraient œuvrer à Ottawa pendant qu'à Québec le régime Duplessis réduisait le Québec à un bastion de conservatisme.

Non mais, allons-nous nous réveiller enfin, un jour ? On voit bien dans la composition du cabinet de Paul Martin une volonté claire du fédéral de s’ingérer dans les champs de compétence du Québec tout autant que la démonstration de l’incapacité de Jean Charest à empêcher les ambitions fédérales (de toute façons, ils poursuivent tous le même objectif, affaiblir le Québec) : création au fédéral d’un ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences, d’un ministère du Développement social et d’un secrétariat chargé des villes. Ces structures sont le reflet de l’ingérence fédérale dans les champs de compétence du Québec. Ce qui se passe réflète bien un constat pratiquement séculaire : rien ne semble vouloir arrêter la centralisation des pouvoirs à Ottawa.

FINI LES COMMANDITES ? LE 15 DÉCEMBRE 2003 – La PC rapporte que Paul Martin a annoncé la fin du controversé programme de commandites et la mise en œuvre de règles d'éthique plus sévères pour les ministres. « Si on veut donner des octrois pour aider [...], il y a des meilleures façons de le faire », aurait fait valoir le premier ministre. Associé à une série d'abus et de scandales, le programme de commandites avait été créé à la suite du référendum de 1995 sur la souveraineté, afin d'augmenter la visibilité du gouvernement fédéral. La presque totalité des contrats était accordée à des événements culturels et sportifs du Québec qui, en échange d'un unifolié et du mot « Canada » bien en vue, obtenaient une subvention. Un nombre restreint de firmes de publicité servait de courroie de transmission et obtenait une juteuse rémunération, parfois gonflée intentionnellement. Mais les organismes ne se retrouveront pas sans appui pour autant, se serait empressée de déclarer la ministre du Patrimoine, Hélène Scherrer.

Ça on s'en doute bien. Ils trouveront bien le moyen de " planter " leur drapeau d'une façon ou d'une autre. J'en ai été témoin pendant mon dernier mandat alors que les libéraux fédéraux, avec la complicité du député libéral fédéral Claude Duplain, cherchait avec un certain succès, il faut le reconnaître, à imposer son drapeau ou sa feuille d'érable un peu partout, même si le plus souvent le fédéral n'avait rien ou si peu à voir avec l'organisme en question, et sa mission. C'en était vraiment ridicule, déplorable. J'ai déjà décrit dans cette chronique l'essentiel du procédé (le 13 octobre dernier). Ça vaut la peine d'y revenir :

En plus du scandale administratif et politique qui a entaché ce programme fédéral, j’ai pu constater personnellement jusqu’à quel point il pouvait être utilisé sur le dos d’organismes sans but lucratif qui, bien qu’ayant un urgent besoin de financement, désapprouvaient ce genre de manœuvre. Dans un cas bien précis, la firme qui gérait une commandite de 2 000 $ exigeait une visibilité énorme de la « feuille d’érable ». Bien plus, on demandait à voir la liste des personnes appelées à prendre la parole lors de l’événement, on faisait pression pour que le député libéral fédéral du coin puisse rencontrer telle ou telle personne. J’étais « furax »! Tout cela pour 2000 $ alors que cet organisme était déjà financé par Québec pour un multiple, sans exigence de visibilité de la sorte... par respect pour la mission poursuivie par celui-ci.

Je disais souvent, mi-sérieux, que si les subventions obtenues du gouvernement du Québec avaient donné lieu « en grosseur de pancartes » à une visibilité proportionnelle à celle exigée par le fédéral, la plupart des villages de la région de Portneuf seraient disparus derrière les panneaux.

En tous les cas, j'ai toujours de la difficulté à comprendre et accepter comment dans nos communautés, on pouvait accepter que le fédéral se comporte de manière aussi odieuse, sans protester, alors qu'à la moindre nouvelle à l'effet que le Québec envisageait de s'afficher davantage, c'était la levée de boucliers. Deux poids, deux mesures ! Réflexe de porteurs d'eau ?


PATRONAT ENCORE COMBLÉ, LE 13 DÉCEMBRE 2003 - Manon Cornellier (Le Devoir) rapporte que devant le cabinet de Paul Martin, le patronat est comblé. Le CPQ estime qu'il faut « aider les mieux nantis » en réduisant leurs impôts. Le monde des affaires se dit « encouragé » par la venue des différents ministres économiques dans le nouveau cabinet de Paul Martin. Au Conseil du patronat du Québec (CPQ), on estime que les réductions d'impôt doivent aller à la classe moyenne supérieure, au risque bien évident de choquer les plus défavorisés. « Dans les réductions d'impôt de 100 milliards qui ont eu lieu, c'est surtout la classe moyenne qui en a profité, et c'est bien, explique Gilles Taillon, président du CPQ. Mais il faut aussi aider les mieux nantis, les cerveaux de la société, pour éviter qu'ils ne partent vers un autre pays où les avantages fiscaux sont plus alléchants. »

Bref, le patronat est comblé tant pour ce qui est du gouvernement Martin que dans le cas du gouvernement Charest. C'est le bonheur total ! ... du moins pour ce qui les concerne. D'autre part, les propos de M. Taillon étonnent. Si les mieux nantis sont les cerveaux de la société, qu'en conclut-il en ce qui regarde les moins bien nantis ?

FÉDÉRALISME REVITALISÉ ??? LE 7 DÉCEMBRE 2003 - Robert Dutrisac (Le Devoir) écrit qu’au concept de fédéralisme renouvelé, l'entente fondatrice du Conseil de la fédération signée vendredi dernier substitue la notion de fédéralisme revitalisé : (…) les premiers ministres provinciaux visent à « assumer un rôle de leadership dans la revitalisation de la fédération canadienne », selon le préambule de l'entente fondatrice. Pour sa part, Jean Charest estime que les Québécois ont maintenant « un outil supplémentaire » pour défendre leurs intérêts. Le Conseil de la fédération prendra ses décisions de façon consensuelle.

Fédéralisme « revitalisé », un autre qualificatif soporifique à l’adresse de la population québécoise. Franchement, on ne sait plus quoi inventer comme expression pour masquer les faits et l’évidence : un système constitutionnel qui, depuis qu’il existe, n’a de cesse de marginaliser le Québec dans l'ensemble "canadian". S'il faut qu'il soit revitalisé en plus, il y a lieu d'être inquiet. Et il faudrait maintenant considérer le Conseil de la fédération comme un outil supplémentaire pour nous défendre ? À un seul parmi treize (ou à peu près) ? La grande illusion continue son œuvre !

MODESTES ATTENTES, LE 6 DÉCEMBRE 2003 – C’est le titre de l’éditorial de Bernard Descôteaux (Le Devoir) qui nous décrit un Jean Charest reparti tout heureux de Charlottetown, hier après-midi, le Conseil de la fédération, son projet fétiche sur le plan constitutionnel, étant maintenant réalité. Pour les fédéralistes, il s'agit d'une avancée importante tandis que les nationalistes et les souverainistes québécois y voient une menace à l'autonomie du Québec. Qui a raison? Seul le temps le dira, de commenter l’éditorialiste.

Le Conseil de la fédération ne sera essentiellement qu'un lieu de concertation entre les provinces. Tant qu'il s'agit de permettre aux provinces de pouvoir se concerter, que ce soit sur des questions de nature fédérale-provinciale ou simplement interprovinciale, personne ne saurait s'opposer à la création de ce nouveau conseil. D'ailleurs, la concertation entre les provinces aura été plus intense que jamais ces dernières années, à la faveur de la bataille menée par le premier ministre Lucien Bouchard sur le déséquilibre fiscal.

Pour M. Descôteaux, rien ne permet actuellement de conclure que ce nouveau conseil deviendra à terme un lieu où seront définies les grandes politiques nationales et le Québec y risque une perte de son autonomie. Les débuts du Conseil de la fédération pourraient s'avérer positifs, du moins tant que les provinces trouveront intérêt à être des partenaires. Leurs rivalités ne manqueront pas de resurgir, estime-t-il. C'est alors que le Québec devra se méfier. Trop souvent, la concertation interprovinciale s'est faite aux dépens du Québec. Il y a donc lieu d'avoir des attentes plus que modestes à l'endroit de ce conseil, de conclure l’éditorialiste.

Cette fois, c’est pas moi qui le dit ! Je ne suis manifestement pas le seul à le penser, n'est-ce pas ?

ET LE DÉSÉQUILIBRE FISCAL ! ET LES CHEVAUCHEMENTS ! LE 4 DÉCEMBRE 2003 – Mathieu Perreault (La Presse) fait état que l'ex-premier ministre Lucien Bouchard a dénoncé hier l'« inconscience » des Québécois face à la dénatalité, dans son discours à la conférence Des enfants pour le Québec, organisée par La Presse et Radio-Canada. L'indice de fécondité de 1,45 enfant par femme amènera le vieillissement de la population, et « l'hémorragie des fonds de retraite ». Dans ces conditions, demande-t-il, pourquoi « écarter le recours à des solutions comme l'immigration et le report de l'âge légal de la retraite » ? Me Bouchard aurait notamment rappelé que « tous les premiers ministres du Québec, sans égard à leur allégeance de parti, sont condamnés à une gestion pénible de nos finances publiques » à cause de la dette de 110 milliards de dollars.

Il est certain que le niveau d’endettement pèse lourd sur les finances du Québec. C’est pourquoi il importait autant d’amener les finances publiques à l’équilibre comme l’a réussi le gouvernement du Parti Québécois. Plus aucun sou emprunté pour « payer l’épicerie », comme on dit. Cet effort étant fait, nous ne sommes pas au bout de nos peines effectivement. L’évolution démographique pose déjà un problème, c’est vrai. Mais n’oublions pas le déséquilibre fiscal qui prive le Québec de plus de deux milliards de dollars par année, 50 millions par semaine, ce n’est pas rien. N’oublions pas le retrait inéluctable des fonds fédéraux dans le financement des services de santé, depuis 30 ans. Alors qu’à l’origine, ceux-ci représentaient 50% de la dépense en services publics de santé au Québec, ils ne s’élèvent qu’à moins de 15% de nos jours. Il est surprenant, à la lecture de l’article du moins, que M. Bouchard n’ait pas abordé cet aspect de la question. N'oublions pas enfin la duplication inutile que crée la présence de deux niveaux de gouvernement, notamment dans les champs de compétence du Québec, duplication qui peut coûter également, à elle seule, des milliards de dollars annuellement. Bref, s'il faut toujours mieux contrôler les dépenses publiques et rechercher les gains d'efficacité, d'autres solutions sont aussi en vue.

OTTAWA FORCE QUÉBEC À SE TAIRE, LE 2 DÉCEMBRE 2003 - Norman Delisle (PC) écrit que le gouvernement fédéral a empêché la ministre québécoise de la Culture, Line Beauchamp, de parler lors d'une réunion internationale de l'Unesco à Paris le 13 octobre dernier, selon ce qu’a révélé hier le député péquiste de Mercier, Daniel Turp. « Ce bâillon est inacceptable. Le gouvernement Charest s'écrase à la première occasion et laisse Ottawa occuper toute la place en matière culturelle sur la scène internationale », a déploré le député Turp en interrogeant à ce sujet à l'Assemblée nationale la ministre des Relations internationales, Monique Gagnon-Tremblay.

Le Québec recule de partout, dans tous les aspects de sa vie collective, sous le « leadership » du gouvernement Charest.

LE PLAN « A », LE 1ER DÉCEMBRE 2003 - Chantal Hébert, dans Le Devoir, écrit que le plan A de la droite canadienne, c'est encore et toujours Jean Charest. Le principal intéressé a beau écarter l'hypothèse du revers de la main, ceux qui imaginent son retour en triomphe dans l'arène fédérale d'ici quelques années n'en démordent pas : jusqu'à présent, les politiques du gouvernement Charest ont rendu des conservateurs purs et durs comme Ralph Klein moins mal à l'aise que bon nombre de libéraux fédéraux et que son réseau dans la famille conservatrice canadienne est intact. Ils font valoir que le nouveau parti conservateur aura un credo tellement porté sur l'autonomie provinciale qu'un premier ministre du Québec n'aurait pas à se plier à des contorsions idéologiques pour faire le saut et certainement moins que pour diriger le PLC. Enfin, contrairement à ses prédécesseurs, même fédéralistes, M. Charest n'est pas susceptible d'être soupçonné de déviations souverainistes dans le reste du Canada où on a toujours plutôt tendance à le voir comme un sauveur.

Tout cela pour dire que si Jean Charest, vers la fin de son mandat actuel à Québec ou au début d'un deuxième, décidait de faire un retour en politique fédérale, il ne manquerait pas de gens pour vouloir lui donner la direction d'une droite unifiée sur un plateau d'argent.

Enfin, il y a quelqu’un qui s’en est aperçu ! Le trajet de Jean Charest est pourtant bien évident, il faut être aveuble pour ne pas le voir. Sitôt le Québec mis à sa place, regardez-le bien aller...

SAUVONS LE SOLDAT CHAREST ! LE 25 NOVEMBRE 2003 - La PC rapporte le contenu d'une étude de l'Institut Fraser (Vancouver) selon laquelle le Québec possède de loin le pire dossier du pays pour ce qui est de la création d'emplois et de richesse en raison de sa réglementation excessive et des impôts en vigueur dans la province. Des décennies de mauvaise politique gouvernementale auraient laissé les Québécois plus pauvres et avec un niveau de chômage plus élevé qu'il ne faut, indique l'étude.

Éric Desrosiers (Le Devoir) fait écho également à l’étude de l’Institut mais rapporte en plus la réaction de l'économiste québécois Pierre Fortin pour qui pareille étude en dit beaucoup plus sur le peu de sérieux de l'organisme basé à Vancouver que sur la réalité de la situation québécoise. « C'est le parfait exemple d'une étude en quête de faits qui viennent corroborer des conclusions fixées d'avance, a réagi hier Pierre Fortin, économiste à l'Université du Québec à Montréal. On y retrouve plusieurs affirmations fausses ou qui visent à nous induire en erreur. L'Institut Fraser est bien connu pour son agenda d'extrême droite. »

Le ROC (Rest of Canada), tapis derrière une étude en apparence neutre de l'Institut Fraser, vient manifestement par de tels messages, au secours de Jean Charest. Un peu plus et ils tenteraient de nous rassurer en nous répétant qu'ils nous aiment, dociles, comme en 1995... Pourtant au Québec, l'on sait bien, parce qu'on l'a vécu et constaté au cours des dernières années (jusqu'à l'arrivée du gouvernement Charest au pouvoir), que le chômage a diminué dans une proportion remarquable, de même pour le nombre de personnes sur l'aide sociale. Au moment de la dernière élection, Montréal devançait Toronto, Québec devançait Montréal, et Drummondville devançait Québec pour la création d'emploi et le vigueur de l'économie.

Depuis 1994, sous le gouvernement précédent et tablant sur ce modèle québécois que l’Institut Fraser dénonce aujourd’hui, plus de 500 000 emplois ont été créés (il n’y jamais eu autant de Québécois qui ont détenu un emploi, pas surprenant en conséquence qu’on ait dénombré 230 000 prestataires de moins à l’aide sociale). Les investissements privés ont augmenté plus rapidement au Québec qu’en Ontario et qu’au Canada. La croissance de notre PIB réel par habitant a été supérieure à celle du Canada et de l’Ontario.

Depuis 1998, le Québec devance tous les pays du G-7 pour la croissance économique. Depuis 1994, la croissance du revenu personnel disponible par habitant, c'est-à-dire le revenu après les impôts, augmente plus rapidement au Québec qu’en Ontario. Ajoutons à cela le fait que les Québécois ont accès à des garderies à frais réduits, des primes d’assurance-médicament plus faibles, de l’électricité à meilleur prix, des frais de scolarité moins élevés, et un coût de la vie inférieur qu’en Ontario, qu’il s’agisse par exemple des dépenses d’épicerie ou du coût d’une maison ou d’un loyer, et on se rend bien compte de l’absurdité des supposées démonstrations de l’Institut Fraser.


LE QUÉBEC DE MARTIN, LE 20 NOVEMBRE 2003 - Bernard Descôteaux (Le Devoir) écrit en éditorial que dans l'esprit du Canadien ordinaire, il ne pouvait y avoir de doute que les Trudeau, Mulroney et Chrétien étaient Québécois. Dans le cas de M. Martin, cette réaction ne joue pas. Spontanément, on le perçoit comme un Canadien et bien peu comme un Québécois. Dans un texte qui se veut la synthèse de sa vision politique du Canada, rendu public samedi, il fait le silence presque total sur les aspirations du Québec, rappelle l'éditorialiste. Pas un mot sur son caractère distinct ou sur la notion de peuple fondateur, comme le notait hier Manon Cornellier. La vision exprimée par Paul Martin manifeste un éloignement des préoccupations de ses concitoyens québécois...

Pour mémoire...

OTTAWA Y VA QUAND MÊME, LE 20 NOVEMBRE 2003 - Selon la PC, le fédéral ira de l'avant avec un système national de surveillance des soins de santé avec ou sans le premier ministre de l'Alberta, Ralph Klein, qui est toujours opposé au projet. « Nous avons un calendrier à suivre pour la mise en place du Conseil canadien de la santé au cours des prochaines semaines», a expliqué mercredi la ministre fédéral de la Santé, Anne McLellan. La déclaration de Mme McLellan est survenue après une dernière rebuffade du premier ministre Klein, pour qui le projet de Conseil canadien de la santé représente une incursion du gouvernement fédéral dans une juridiction provinciale. Le Conseil, qui était l'une des principales recommandations de la Commission Romanow sur les soins de santé au pays, serait chargé d'examiner le système de santé et produire un rapport sur ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas, rappele l'article.

Je vous l'avait dit, ils font ce qu'ils veulent en dehors de leur champ de compétence, quoiqu'en pense une province. Et c'est encore plus vrai lorsqu'il s'agit du Québec. Sortons-en au p.c. (lire : au plus coupant) !

UN SEUL CANADA, LE 19 NOVEMBRE 2003 – Manon Cornellier (Le Devoir) rappelle qu’au cours des dernières années, il n'était pas rare d'entendre certains commentateurs craindre une éventuelle mollesse de Paul Martin à l'égard du Québec, et en particulier, des fédéralistes nationalistes. Le congrès de la semaine dernière a dû les rassurer. Le discours qu'il a tenu vendredi dernier et le document de réflexion qu'il a diffusé samedi ont levé le voile sur une vision canadienne qui fait peu de cas de la différence québécoise, écrit la chroniqueuse.

Tous les concepts qu'il a utilisés en fin de semaine ont clairement été développés d'un point de vue canadien-anglais. Une seule nation, un seul projet, celui d'«affirmer la pertinence du gouvernement national, la pertinence et l'intégrité de notre communauté nationale elle-même, par la réussite à l'échelle nationale». La solution de Paul Martin semble s'accorder, pour l'instant du moins, avec la banalisation des différences, de conclure madame Cornellier.

Encore une fois, derrière l’image se profile la vraie nature du régime dans lequel le Québec, comme nation, est de plus en plus étouffé et bientôt éclaté suite aux politiques du gouvernement Charest : solidarité sociale en « réingéniérie », démocratie en « réingéniérie », leviers économiques en « réingéniérie », État national en « réingéniérie » (et des municipalités qui exigeront bientôt de s'asseoir à la même table que les provinces et le fédéral)... Les fédéraux en sont sûrement morts de rire !

Allons-nous encore longtemps continuer à voter libéral, c'est-à-dire pour la soumission politique, économique, sociale, culturelle... ?


LES YEUX DEVANT LES TROUS, LE 19 NOVEMBRE 2003 – Dans une lettre qui paraît dans Le Devoir, Jean-Roch Villemaire de Gatineau écrit que Paul Martin, bien qu’il se présente comme l'homme du changement, a été un pilier du gouvernement de Jean Chrétien. Paul Martin n'est pas le politicien conciliant que l'on croit. Il n'est pas un ami du Québec. Il est plutôt un homme politique qui adhère pleinement aux visées centralisatrices de la philosophie unitaire canadienne.

L'auteur rappelle que le nouveau chef libéral fédéral ne reconnaît pas le déséquilibre fiscal, qu'il en est plutôt l'architecte, que c'est lui qui a coupé dans les transferts au Québec pour la santé et l'éducation.

« Je croyais que ce n'était pas à Ottawa que les énergies en faveur de la souveraineté devaient se déployer mais uniquement au Québec. J'avais tort. Au contraire, la double présence de fédéralistes à Québec et à Ottawa requiert une forte présence souverainiste au Parlement canadien. [...] », conclut M. Villemaire.

Je constate que le brouillard se dissipe peu à peu chez certaines personnes. C'est de bon augure !

PARTIES À TROIS, LE 19 NOVEMBRE 2003 – Dans sa chronique politique du jour, J.-Jacques Samson (Le Soleil) souligne que Paul Martin n’est pas encore dans son fauteuil de premier ministre qu’il sème déjà la pagaille avec son idée d’un nouveau forum réunissant les premiers ministres fédéral et provincial avec les maires des grandes villes. C’est pourtant clair, précise le chroniqueur, les affaires municipales sont de compétence provinciale, tout comme la santé et l’éducation. Les municipalités sont des créatures des provinces. Ottawa violerait ainsi l’esprit et la lettre de sa propre constitution et pire, affaiblirait les provinces et donc, le Québec.

Jean Charest (…) se fait particulièrement tirer le tapis sous les pieds pendant que Benoît Pelletier marche sur des œufs, note M. Samson.

Remarquez bien que ce ne serait pas la première fois qu’Ottawa agirait au contraire des dispositions de sa propre constitution. Oui, dans ces matières, le passé est garant de l’avenir. N’oublions pas la devise : Je me souviens ! Et en plus de se souvenir, il faut agir, réagir, arrêter de faire le dos rond.

UN SIGNE RÉVÉLATEUR, LE 19 NOVEMBRE 2003 – La PC rapporte que plusieurs députés, sénateurs et militants libéraux québécois déplorent [du bout des lèvres...] qu'on ait entendu si peu de français lors du congrès au leadership libéral, tenu la semaine dernière à Toronto. Le quasi-unilinguisme de l'hommage rendu au premier ministre sortant, Jean Chrétien, jeudi soir, a particulièrement choqué les militants québécois. Les seuls chanteurs francophones ayant pris part au spectacle, les sénateurs Jean Lapointe et Pierrette Ringuette, (comme dans une véritable danse à X $) ont interprété une pièce en anglais, tandis que le coanimateur de la soirée, Justin Trudeau, n'a prononcé que quelques phrases en français.

Il y a des signes qui ne trompent pas. Le message de Toronto est le suivant : au diable la langue et la culture d’un des deux peuples fondateurs dont l’image disparaît peu à peu dans ce régime constitutionnel bancale, comme sur une vieille page imprimée au stencil à l’encre, vous vous souvenez ? Ce qui s’est passé en fin de semaine est révélateur, ouvrons-nous les yeux. Le ROC nous aime, mais couchés, c’est évident ! Quant à ces sénateurs francophones qui viennent se produire uniquement en anglais, à plat ventre, comment ne pas dénoncer ces chantres de la domination "canadian" sur la nation québécoise.

LES MAINS VIDES, LE 19 NOVEMBRE 2003 – Selon Bernard Landry, comme les Alouettes de Montréal, le premier ministre Jean Charest est revenu les mains vides de Regina dimanche, à l'issue de sa rencontre avec Paul Martin, écrit la PC. « Il n'a rien gagné, comme les Alouettes. Contrairement aux Alouettes, il n'a pas combattu. Les Alouettes ont été tristes et, lui, il était réjoui », a-t-il dénoncé à l'Assemblée nationale.

L'arrivée de M. Martin à la tête du pays annonce pourtant des jours sombres pour le Québec, a poursuivi le chef du PQ, dans une attaque tous azimuts contre le prochain premier ministre. « Voilà un homme, a-t-il rappelé, qui a refusé de remettre au Québec les deux milliards qu'il lui doit pour compenser la TPS. Un homme qui a réglé son déficit fédéral sur le dos des provinces à hauteur de 80 pour cent. » À cela s'ajoute la volonté affichée de Paul Martin de conclure un « nouveau pacte » avec les municipalités afin qu'elles bénéficient d'un financement plus fiable et prévisible.

M. Landry s'étonne, par conséquent, de ne pas voir Jean Charest s’opposer à l'intention du chef libéral fédéral d'envahir « les juridictions essentielles des provinces et, ainsi, de notre gouvernement national ».

Bien sûr, Jean Charest répondra que s'il est tout à fait ouvert à des ententes tripartites sur le financement des infrastructures municipales, le gouvernement du Québec n'acceptera jamais de céder un pouce de sa compétence. Monsieur Charest est bien naïf sur cette question. Quand autour de sa table à 13 contre 1, le fédéral et le ROC décidera que c’est pas là que ça passe, ça va passer par là... comme toujours !

SOUFFLE NOUVEAU ? LE 18 NOVEMBRE 2003 – En éditorial, Bernard Descôteaux (Le Devoir) écrit que la rencontre réussie qu'ont eue dimanche à Regina Paul Martin et les premiers ministres des provinces témoigne de la volonté du futur premier ministre du Canada de transformer les relations entre les deux ordres de gouvernement. On peut y voir la fin du fédéralisme autoritaire pratiqué par Jean Chrétien, du moins pour un temps, écrit-il (naïvement, de mon point de vue).

L’éditorialiste se reprend cependant lorsqu'il rappelle qu’au terme de 10 ans de gouvernement libéral, le champ des relations fédérales-provinciales est miné : « Ont contribué à cette situation Paul Martin lui-même, avec les réductions de paiements de transfert qu'à titre de ministre des Finances il a imposées aux provinces pour réduire son déficit, puis le premier ministre Chrétien qui, une fois la prospérité budgétaire retrouvée, refusa obstinément, jusqu'à il y a quelques jours, de revoir le financement des programmes de santé. »

En ces matières comme en bien d’autres, le passé est garant de l’avenir. Les premiers ministres font actuellement montre d’un angélisme inquiétant face au fédéral. D’ailleurs, dans sa chronique du jour, Michel David écrit que le nouveau premier ministre ontarien, Dalton McGuinty, semble être tombé sous le charme au point d'en devenir gaga. « À l'approche des élections, M. Martin se montrera sans doute accommodant, mais une hirondelle ne fait pas le printemps », avertit le chroniqueur. Rien ne permet de croire en effet que demain sera différent. Ce que d’ailleurs Ralph Klein, d’expérience, semble comprendre mieux que les autres. En plus ne pas avoir donner son accord à un conseil national de la santé il affirme : « M. Martin n’a pas vraiment discuté de nos préoccupations ». On ne peut être plus clair.

REDEVABLE À QUI ? LE 18 NOVEMBRE 2003 – (PC) Les liens de Paul Martin avec le milieu des affaires soulèvent des doutes sur l'engagement de l'aspirant premier ministre envers les programmes sociaux, selon le Centre pour la justice sociale. « M. Martin commencera par être fidèle au milieu des affaires avant de l'être à l'endroit des gens ordinaires », a dit David Langille, directeur du Centre pour la justice sociale, rappelant que le nouveau chef du Parti libéral du Canada a recueilli 70 % de son budget total pour financer sa campagne à la direction dans le milieu des affaires.

Des porte-parole de Paul Martin ont jusqu'ici répété que les contributions à sa campagne ne permettraient pas d'obtenir de privilèges ou de faveurs. Mais pour le politologue Robert MacDermid, de l'Université de York, les généreux donateurs se sont à tout le moins offert le droit de se faire entendre, lorsque le temps de légiférer sera venu. « Il serait vraiment naïf de penser que ces contributions n'obligent pas les politiciens à l'égard de ceux qui les font », insiste-il.

Vive la loi québécoise sur le financement des partis politiques, un héritage de René Lévesque...

LANDRY INQUIET, LE 18 NOVEMBRE 2003 – La PC rapporte les propos du chef du Parti québécois, Bernard Landry, qui dit craindre que l'arrivée au pouvoir de Paul Martin à Ottawa ne se traduise par un empiétement encore plus grand du fédéral dans les champs de compétence exclusive des provinces. « …ce qui ne me rassure pas, c'est qu'il dit que ses trois priorités sont la santé, l'éducation et les municipalités, trois juridictions exclusives des provinces, donc du Québec », a confié hier l'ancien premier ministre après une allocution devant quelques centaines d'étudiants de l'UQAM. « Le passé de Paul Martin ne m'inspire pas une grande confiance. C'est lui qui a étranglé le Québec sur le plan fiscal comme ministre des Finances du Canada. S'il a fait ça dans le passé, qu'est-ce qui me dit qu'il ne fera pas pire dans l'avenir ? », aurait-il demandé.

Bref, gardons nos yeux grands ouverts, ne baissons pas la garde !

LE CONSEIL ? PEU RÉALISTE, LE 26 OCTOBRE 2003 - Mylène Moisan écrivait hier dans Le Soleil (page A12) que Claude Ryan ne donne pas cher la livre du Conseil de la fédération, essentiellement parce qu'il laisse en plan les questions de la composition et de l'arbitrage des conflits. Rappelant qu'on en est pas à la première tentative de trouver un terrain d'entente permanent entre les provinces, depuis 1867, M. Ryan ne voit pas en quoi la formule a plus de chances de réussir que les autres. Ce mécanisme ne saurait tenir lieu de solution au problème de participation des provinces aux procesus constitutionnels de décision au sein de la fédération.

C'est évident ! Jamais les provinces (avec maintenant les territoires qui s'y ajoutent) n'ont réussi à s'entendre sur des sujets significatifs ou d'importance, notamment sur le caractère spécifique du Québec, sur quelque chose d'aussi évident que la réalité des deux peuples fondateurs du régime constitutionnel actuel. À chaque fois que le Québec a tenté de faire reconnaître ses caractéristiques propres, ça été le refus de la part du reste du Canada pour qui il s'agit d'une province comme les autres. Même plus, on rira pratiquement de ces différences pourtant évidentes en expliquant que chaque province est spécifique : de l'Ile-du-Prince-Édouard à la Colombie-Britannique... Imaginez ! Jalousie ? Négation de l'histoire ? Refus de la réalité ? Allez savoir ! C'est pourquoi au premier os qu'ils rencontreront, par exemple la question du commerce inter-provincial, la cohésion de ce front commun sera durement éprouvée. Et que dire de l'habitude séculaire des fédéraux qui sauront rapidement, comme à l'habitude, casser l'unité recherchée au sein du Conseil par ses manoeuvres divisives. Il est facile en effet " d'acheter " les plus faibles, les plus "canadians" ou les plus anti-Québec...

LE CONSEIL ? APRÈS ! LE 25 OCTOBRE 2003 - Robert Dutrisac (Le Devoir) rapporte que c'est le financement fédéral de la santé qui occupera l'essentiel des discussions entre les premiers ministres provinciaux et Paul Martin lors de leur rencontre dans trois semaines. Pour le premier ministre du Québec, Jean Charest, le dossier du financement fédéral en santé prend tellement d'importance qu'il est devenu un « obstacle » pour que d'autres sujets soient abordés entre Ottawa et les provinces. Les provinces souhaitent que l'« écart Romanow » soit comblé : le rapport de l'ancien premier ministre Roy Romanow sur le système de santé au Canada fixait à 25 % la part du fédéral dans le financement de la santé alors qu'elle n'est que de 16 % à l'heure actuelle.

Par ailleurs, dans le futur conseil de la fédération, on apprend que le Québec n'aura pas de statut particulier : il sera une province comme les autres, écrit le journaliste. Jean Charest a défendu le point de vue que ce conseil, issu d'une entente administrative, ne procède pas d'un changement d'ordre constitutionnel. «Ça ne change rien au partage des compétences», a-t-il dit. Ce n'est pas non plus une reconnaissance par le Québec de la Constitution de 1982. M. Charest a aussi précisé que la création du Conseil de la fédération ne le mènera pas à signer l'Union sociale de 1999, qui a été rejetée par le gouvernement du Québec alors dirigé par Lucien Bouchard. M. Charest a signalé ne percevoir chez ses homologues aucune volonté de changer la Constitution, pas plus, d'ailleurs, que dans la population québécoise en général.

Bref, c’est la reddition totale de part du conservateur Jean Charest...

Conservateur ? Ralph Klein estime que Jean Charest est un véritable conservateur qui a pris la tête du Parti libéral du Québec en l'absence d'un parti conservateur viable au Québec. « Il a dû se trouver un parti. Jean Charest était un conservateur au fédéral, et je crois qu'il est un conservateur aujourd'hui, même si son parti porte le nom de Parti libéral », a dit M. Klein dans un point de presse. Bien sûr, M. Charest a tenté de rectifier le tir : « Je suis un libéral et un chef du Parti libéral du Québec, avec des valeurs qui sont propres au Parti libéral du Québec ».

Voici une déclaration qui rejoint nos observations antérieures sur les véritables allégeances de Jean Charest. Quant aux libéraux, leur soif de pouvoir est telle qu’ils sont prêts à accepter un tel chef même s’il piétine l’héritage des chefs libéraux qui l'ont précédé...

« AVANCEZ À L’ARRIÈRE ! », LE 24 OCTOBRE 2003 – Robert Dutrisac (Le Devoir) : la plupart des premiers ministres provinciaux sont arrivés à Québec hier en vue de leur conférence sur deux sujets: leur prochaine rencontre avec Paul Martin et la création du Conseil de la fédération.

À l'Assemblée nationale, c’est en vain qu’on a tenté de savoir quels objectifs concrets avait le gouvernement Charest avec la création du Conseil, notamment en ce qui concerne le déséquilibre fiscal. Le chef de l'opposition officielle, Bernard Landry, a accusé le premier ministre Jean Charest de se lancer, avec la création du Conseil de la fédération, «dans des structures inutiles, superfétatoires, imprudentes et téméraires alors que ce qu'on veut, c'est de l'argent», c'est-à-dire l'élimination du déséquilibre fiscal, qui représente pour l'État québécois un manque à gagner de 2,5 milliards par année.

Selon la PC, les premiers ministres estiment que leur nouveau front commun constitue un progrès mais certains craignent qu'il ne s'agisse que d'une nouvelle manière de soutirer de l'argent au fédéral (ça commence bien !). « Nous avons treize premiers ministres qui reconnaissent l'importance de travailler ensemble et un futur premier ministre qui abonde dans le même sens. », a-t-on entendu en relation avec l’événement.

Effectivement, le Québec se retrouve tout à coup à un parmi treize autour de cette table. De peuple fondateur, d’égal à égal, rapport que Robert Bourassa s’était lui-même engagé à rétablir après ses nombreux échecs sur le plan constitutionnels, notre nation sera désormais représentée par le gouvernement d’une « province » sur le même pied que les autres : Ile-du-Prince-Édouard ou territoire, peu importe. Bravo M. Charest ! Bravo pour cet autre recul que vous faites subir au Québec !

VRAIMENT SCANDALEUX, LE 24 OCTOBRE 2003 – C’est en ces termes que l’éditorialiste Jean-Robert Sansfaçon (Le Devoir) qualifie les excédents budgétaires enregistrés année après année par le fédéral! Ottawa aurait empoché au moins 35 milliards de plus que prévu au budget entre mars 1998 et mars dernier. Et cela n'inclut même pas les milliards dépensés à la hâte avant la fin de chaque exercice financier, pas plus que les «réserves» inutilisées de 16 milliards, qui sont automatiquement versées à la dette, précise M. Sansfaçon. Il souligne l'entêtement du ministre des Finances à sous-estimer de façon systématique ses revenus annuels : on ne parle pas d'une erreur marginale mais de sommes qui ont grimpé jusqu'à 18 milliards en une seule année, soit autant que toutes les cotisations versées à l'assurance-emploi (source première de ces excédents enregistrés année après année par Ottawa) par les travailleurs et les employeurs cette année-là. Colossal !

En accumulant année après année des revenus excédentaires par rapport aux dépenses, Ottawa agit de façon machiavélique. Du même coup, il fait la preuve par l'absurde du déséquilibre fiscal dont il s'obstine à nier l'existence, conclut notamment l'éditorialiste.

Cette fois-ci, c’est pas moi qui le dit, ni les « péquisses ». Comment peut-on endurer de tels excès sans rechigner ? Ça me dépasse ! Un autre scandale… fédéral.

RÉACTIONS AMBIGÜES ET INCRUDILITÉ, LE 23 OCTOBRE 2003 – Denis Lessard et Gilles Toupin (La Presse) rapportent que l'intention présumée du gouvernement Chrétien de ne pas reconnaître une courte victoire du OUI au référendum d'octobre 1995 et d'envoyer l'armée au Québec a été interprétée de façon diamétralement opposée, hier, sur les collines parlementaires de Québec et d'Ottawa. Dans la Vieille Capitale (encore cette foutue expression), le premier ministre Charest, vice-président du comité du NON à l'époque, a affirmé n'avoir jamais entendu parler de tels scénarios. Pendant que le premier ministre Chrétien nie ces allégations, les déclarations hier de son vice-premier ministre, John Manley, leur a donné de la crédibilité, selon l’article de la presse. Pour sa part, le chef de l'opposition officielle à Québec, Bernard Landry, a dit ne pas pouvoir imaginer que le premier ministre Jean Chrétien ait même pu penser à déployer l'armée après une victoire du OUI. «Je lui donne le bénéfice du doute», a-t-il déclaré.

Un sérieux doute subsistera toujours malgré les dénégations. La chance au coureur, oui, mais...

BEAUCOUP PLUS DE SURPLUS QUE PRÉVU, LE 23 OCTOBRE 2003 - Isabelle Rodrique (PC) écrit que le gouvernement fédéral a enregistré un surplus budgétaire de 7 milliards $ pour l'année 2002-2003, dépassant de loin les 3 milliards $ qu'il avait prévu au budget. Le ministre des Finances, John Manley, en a fait l'annonce lors du dépôt du rapport financier annuel. Le fédéral considère le résultat comme étant un exploit, soulignant qu'il s'agit « d'un sixième excédent annuel consécutif, un record inégalé depuis 50 ans ». La journaliste estime que les 7 milliards $ ne manqueront pas de relancer le différend avec les provinces, qui pressent Ottawa de verser les 2 milliards $ promis à la santé. M. Manley refuse de s'engager fermement sur cette question.

Tel que nous le disions au début de l'été, les surplus fédéraux se révèlent bel et bien supérieurs à ce dont M. Manley parlait alors...

LIBERTÉ VOUS DITES ? LE 22 OCTOBRE 2003 - Manon Cornellier (Le Devoir) : le premier ministre Jean Chrétien ne comptait pas reconnaître une victoire serrée des souverainistes lors du référendum de 1995 et avait fait préparer un discours pour en informer les Québécois le soir du vote, révèle le deuxième tome d'une biographie de M. Chrétien qui doit paraître cette semaine. Le ministre de la Défense de l'époque, David Collenette, était prêt aussi, indique l'auteur, à assurer, si nécessaire, la protection militaire des institutions fédérales au Québec, une information qu'a niée le premier ministre hier.

Pour le solliciteur général de l'époque, Herb Gray, qui dit être, comme la plupart des ministres, un tenant de la ligne dure : « Le référendum était un exercice consultatif et rien dans notre constitution ne permet de changer quoi que ce soit au moyen d'un référendum. [...] Le résultat n'allait pas être ignoré, mais ça n'allait pas changer quelque chose non plus. »

C’est ça la démocratie, quand le non l’emporte de justesse, d’ailleurs suite à des manœuvres douteuses des fédéraux, on respecte le verdict de la majorité mais si c’est le oui qui l’emporte malgré l’effet pénalisant de ces mêmes manœuvres à l’encontre des tenants du oui, alors c’est toujours NON ! … C’est ça la liberté pour le peuple québécois ?

CHRÉTIEN DOIT RÉPONDRE, LE 22 OCTOBRE 2003 – Pour l’éditorialiste Jean-Robert Sansfaçon, une fuite comme il s'en produit si souvent à Ottawa permet de croire que le prochain rapport de la vérificatrice générale sera accablant pour le premier ministre et son entourage. Malheureusement, ce rapport pourrait n'être rendu public qu'après le départ de Jean Chrétien. Quel que soit le cas, le premier ministre laissera derrière lui un héritage entaché par le favoritisme, dont le prochain chef, Paul Martin, aura du mal à se défaire. Les fuites viennent confirmer les révélations accablantes de favoritisme et de gaspillage de fonds publics à l'endroit du gouvernement Chrétien.

Même si le premier ministre est le principal responsable des gestes faits pendant son mandat, c'est toute l'équipe libérale qui est pointée du doigt pour cette mauvaise administration des fonds publics. Ce fut le cas dans le dossier des commandites, grâce auxquelles des amis du parti ont empoché des millions de dollars pour faire la promotion du fédéralisme au Québec et pour rédiger des rapports bidons qui n'étaient que prétextes à faire de l'argent. Ce fut aussi le cas dans le dossier des deux avions à réaction Bombardier achetés en 2002 à la demande du premier ministre, contre l'avis des hauts fonctionnaires. M. Chrétien savait très bien qu'un gouvernement ne peut pas procéder à une transaction d'une telle importance sans lancer un appel d'offres.

Tant dans le dossier des commandites que dans celui des avions, le gouvernement Chrétien a abusé de son pouvoir aux dépens des Canadiens. Avant de partir, le premier ministre doit donc répondre de ses actes, conclut l'éditorialiste.

Tout autre commentaire serait superflu, dans les circonstances.

L’ARMÉE EN CAS DE VICTOIRE DU OUI EN 1995 ? LE 21 OCTOBRE 2003 – Selon la PC, Jean Chrétien admet qu'il avait bel et bien préparé un discours concédant la victoire du OUI au référendum sur la souveraineté du Québec en 1995. D'après l'article, selon certaines sources, M. Chrétien s'apprêtait à rejeter un vote pour le OUI, déléguant même les Forces armées canadiennes au Québec afin de protéger les possessions fédérales. M.Chrétien répond que l'allégation d'envoi de troupes au Québec est sans fondement.

Allez savoir ! Donnons pour l’instant la chance au coureur mais si l’envoi des Forces armées canadiennes au Québec se révélait être dans les plans, il deviendrait plus évident que jamais que la liberté, dont certains se gaussent au Québec, tient finalement à bien peu de choses dans ce régime qui a déjà connu ses moments de noiceur (rappelons-nous 1970 et la Loi des mesures de guerre).

LETTRES DE CRÉANCE DE M. CHAREST, LE 21 OCTOBRE 2003 – Dans les médias, on constate que le premier ministre québécois Jean Charest a eu son entretien d'une heure, hier, avec le premier ministre élu de l'Ontario, Dalton McGuinty, qui doit prêter serment cette semaine. Évidemment les deux hommes se sont réjoui de l'élection récente de gouvernements libéraux au Québec et en Ontario, « aube d'une ère nouvelle » paraît-il. Au cours de leur entretien, les deux hommes ont discuté de la proposition d'un Conseil de la fédération, front commun des provinces. M. Charest aurait insisté sur le fait que son approche se voulait « très positive, totalement différente de celle d'un gouvernement souverainiste du Québec ».

Mais voulez-vous bien me dire ce que Jean Charest vient de faire là ? Un premier ministre du Québec, en exercice, qui court à Toronto rencontrer un premier ministre élu, mais pas encore en fonction ! Serait-il allé présenter ses lettres de créance ou quoi ? Une démarche dans l'autre sens de la part de Dalton McGuinty vers Jean Charest (qui lui, est en fonction comme premier ministre) aurait été normale.

Au fond, je suis d'accord avec Jean Charest quand il dit que son approche est totalement différente de celle d'un gouvernement souverainiste du Québec. Comment imaginer en effet un premier ministre péquiste aller s'abaisser ainsi devant le (futur en plus!) grand frère ontarien ?


OUI MAIS !… LE 20 OCTOBRE 2003 – Selon la PC, l'Ontario appuiera le projet de Jean Charest de créer un Conseil de la fédération, mais sous condition... « J'ai l'intention d'appuyer M. Charest à cet égard », aurait déclaré le premier ministre élu de cette province, Dalton McGuinty, tout en précisant que si le conseil se transformait en une tribune pour se plaindre, alors il n'y participerait pas.

C’est ça, on est pour, sauf si ça dérange !

RETOUR SUR LE CONSEIL NATIONAL DU PQ, LE 20 OCTOBRE 2003 – Robert Dutrisac (Le Devoir) rapporte d’une manière plus complète le déroulement du Conseil national du PQ, samedi dernier à Québec. Il y traite notamment de ce qu’il qualifie de thèse iconoclaste du professeur de science politique à l'Université de Sherbrooke, Jean-Herman Guay, selon qui le PQ, victime de ses succès, est un parti générationnel qui s'éteindra s'il persiste à promouvoir l'accession du Québec à la souveraineté dans un avenir prévisible : «les raisins de la colère ont disparu», a-t-il notamment avancé. C'en était trop pour Bernard Landry, rapporte M. Dutrisac : «Je trouve que c'est le défaitisme à l'état pur», a dit M. Landry précisant qu’une nation qui réussit ne se condamne pas, par son succès, à un statut provincial éternel.

M. Dutrisac revient aussi sur d'autres sujets pertinents à cet événement. À lire, pour qui voudrait avoir une idée plus complète de ce qui s'y est passé en fin de semaine.

LIBRES ? LOIN DE LÀ ! LE 19 OCTOBRE 2003 – Mario Cloutier (La Presse) et Mylène Moisan (Le Soleil) font état du déroulement du Conseil national du PQ qui se tenait hier à Québec. Chacun rapporte le fait que Bernard Landry fixe un nouvel objectif de cinq ans pour tenir un référendum sur la souveraineté, un délai «court mais réaliste et que pour le chef du PQ, la «clef» d'un référendum se trouve dans la «formidable alliance intergénérationnelle» qui place désormais grands-parents et petits-enfants dans le camp du Oui.

On souligne également la bourrasque ou l’électrochoc de la prestation du politologue Jean-Herman Guay, qui a déclaré que le Parti québécois aurait des «problèmes majeurs» tant qu'il continuerait de se donner des échéanciers pour la souveraineté et invitant à « faire le deuil de certains rêves » pour ne pas « s'épuiser » et « se marginaliser ».

Les propos rapportés par ces deux journalistes sont plutôt réducteurs. Ce que le politologue a expliqué plus précisément c’est que le PQ, au pouvoir, a tellement fait progresser le Québec sur le plan économique et social que paradoxalement, les québécois et les québécoises se sentent aujourd’hui plus sûrs d’eux-mêmes, plus « libres » et en conséquence, voient moins la nécessité de la souveraineté. En ce sens, dit le Jean-Herman Guay, la performance du PQ au pouvoir a desservi son idéal souverainiste.

Envoyer plus de la moitié de nos taxes et de nos impôts à Ottawa, est-ce ça la liberté ? Se faire imposer des lois contre notre volonté (lois sur les jeunes contrevenants, par exemple), est-ce être libres ? Être envahis systématiquement dans nos champs de responsabilité, c’est ça notre liberté ?

Toute personne qui n’a jamais connu la véritable liberté et qui réussit malgré tout une certaine émancipation, peut en venir, en effet, à ne même plus voir les barreaux de sa cage. Mais ces barreaux demeurent quand même bien solides et l’empêchent d’aller plus loin, plus haut, de se réaliser bien davantage. C’est ce qu’on doit comprendre, c’est pouquoi nous devrons redoubler d’efforts pour mobiliser toutes les forces vives afin que ce Québec, devenu pays, soit enfin terre de liberté.


OTTAWA PAS INVITÉ ? LE 17 OCTOBRE 2003 - Robert Dutrisac (Le Soleil) écrit que beaucoup d'eau coulera sous les ponts avant que le gouvernement fédéral ne soit invité à prendre part au Conseil de la fédération. Sans fermer la porte à une participation qui fait d'ailleurs partie du programme constitutionnel du PLQ, Québec estime pour l’instant cette nouvelle institution permettra dans un premier temps aux provinces de constituer «un rapport de force» dans leurs relations avec l'État fédéral tout en indiquant qu’il pourrait s'écouler plusieurs années avant que le fédéral ne soit convié à s'asseoir à la table du Conseil de la fédération.

C'est comme si les fédéraux avaient l'habitude d'attendre les invitations pour s'imposer. Ottawa trouvera bien le moyen de moyenner, comme on dit !

LES INVASIONS BARBARES (SUITE), LE 12 OCTOBRE 2003 – Le Devoir fait écho à la réaction de l'opposition officielle de l’Assemblée nationale qui souhaite entendre en commission parlementaire le ministre délégué aux Affaires intergouvernementales, Benoît Pelletier, au sujet du Conseil de la fédération, un projet dont elle n'a jamais été saisie.

Pour le porte-parole Daniel Turp, le Conseil de la fédération est en quelque sorte un organe de nature constitutionnelle qui, une fois que le gouvernement fédéral y sera représenté, mettra en jeu les compétences exclusives du Québec en matière d'éducation, de santé et d'affaires sociales, par exemple.

M. Turp a raison, la création du Conseil de la fédération ne devrait pas se faire derrière des portes closes, les parlementaires doivent être dans le coup puisqu’on vient modifier la structure même du partage des pouvoirs constitutionnels. Il nous faut réagir, arrêter de se laisser manger la laine sur le dos !

MINISTRES DES FINANCES RASSURÉS, LE 11 OCTOBRE 2003 - La PC rapporte qu'hier, les ministres des Finances ont quitté Ottawa rassurés. Même si John Manley ne leur a pas donné la garantie qu'ils auront les 2 milliards $ additionnels promis pour la santé, il leur a dit faire du respect de cet engagement une priorité... s'il a les surplus nécessaires. Le ministre des Finances du Québec, yves Séguin, a indiqué qu'il partait l'esprit tranquille même s'il n'avait pas le chèque en poche.

... satisfait de se faire dire qu'ils ont de bonnes chances de se faire transférer l'argent que le fédéral doit logiquement de toutes façons... Mais pas de confirmation, pas de chèques assurés. Franchement, on se contente de bien peu. Ils ont l'air plutôt d'une bande de scouts en culottes courtes.

L’INEFFABLE STÉPHANE, LE 10 OCTOBRE 2003 – D’Ottawa, Manon Cornellier (Le Devoir) écrit que pour Stéphane Dion, ministre fédéral des Affaires intergouvernementales, les ministres des Finances des provinces perdent leur temps s'ils insistent au sujet d'une de leurs plus vieilles revendications. Les provinces veulent notamment que le calcul de la péréquation tienne compte de la capacité fiscale de toutes les provinces au lieu des cinq actuelles, ce à quoi les fédéraux résistent fermement. « Ça nous coûterait trop cher », selon Stéphane Dion, alors que malgré ses réticences, M. Manley se dit prêt à discuter. Pendant ce temps, rien ne garantit que Paul Martin sera d'accord avec les changements envisagés par M. Manley. Les discussions auraient alors été une perte de temps. «C'est le danger que nous courons», a admis M. Séguin.

L’ineffable Stéphane ! Que de simagrées ... dont on pourrait faire l’économie dans un Québec souverain avec nos propres lois, tous nos revenus, nos traités... le pays d'une nation pleinement émancipée quoi !

LES INVASIONS BARBARES FÉDÉRALES, LE 8 OCTOBRE 2003 – La PC rapporte que pour le maire de Gatineau, Yves Ducharme, le fédéral doit conclure un nouveau partenariat avec les villes canadiennes afin de leur donner accès aux sources de revenus qui leur font défaut. C’est le message qu’il est venu livrer au comité parlementaire des Finances à Ottawa. Certains membres du comité ont cependant émis des réserves quant au rôle que devrait jouer le fédéral, dans la mesure où les villes sont les créatures des provinces.

... mais cela ne les empêcheront pas de nous envahir quand même.

LES DÉFICITS AUX PROVINCES, LE 7 OCTOBRE 2003 – Joël-Denis Bellavance (La Presse) écrit qu’au moment même où le fédéral continue à engranger des surplus, les provinces se dirigent allègrement vers un déficit combiné de près de 10 milliards $ en 2003-2004.

Voir mon commentaire d'hier sur les programmes d'infrastructures.

PROGRAMMES D’INFRASTRUCTURES, LE 6 OCTOBRE 2003 – Stéphane Paquet (Le Soleil) écrit que le ministre des Finances, Yves Séguin, n'est pas sorti du bois. Aux prises avec des finances précaires, il devra trouver plus d'un milliard $ au cours des prochaines années s'il veut bénéficier de dollars venant d'Ottawa. Pour suivre « le millionnaire d'Ottawa », Yves Séguin va devoir sortir sa carte de crédit.

Cet article, d’apparence plus ou moins anodine, révèle un des aspects caractéristiques de l’évolution d’un système constitutionnel qui tend inexorablement à l’étouffement financier (et donc politique) des gouvernements du niveau « provincial » au Canada. D’une part, le déséquilibre fiscal joue aux détriments de la capacité de ceux-ci, du Québec en particulier, d’assumer leurs obligations dans leurs champs de compétence. Il joue d’autre part à l’avantage du fédéral puisque avec plus de capacité financière que d’obligations à rencontrer, il plus à l’aise pour investir les infrastructures municipales ou celles des transports par exemple.

Ce déséquilibre dans les capacités de payer ou de financer crée une situation de dépendance des provinces à l’égard du gouvernement central. Elles seront prêtes à « tolérer » les invasions de celui-ci dans leurs champs de compétence pour avoir l’argent dit « du fédéral » mais qui en fait, est le leur en grande partie.

À titre d’exemple, la récente entente signée par le ministre des Affaires municipales, Jean-Marc Fournier, permettant aux municipalités du Québec de profiter des fonds fédéraux pour financer certains de leurs projets à caractère environnemental. Ces fonds seront gérés par la Fédération canadienne des municipalités, et non Québec. Comme nous l’expliquions le 23 septembre dernier dans cette chronique, le fédéral, par cette percée dans ses relations avec le monde municipal, poursuit ainsi son "Canadian nation building" et continue d’affaiblir notre gouvernement national.

C’est ainsi que la dynamique centripète de ce système constitutionnel joue depuis son origine. Ajoutons-y une décentralisation encore plus poussée au Québec en faveur du niveau municipal (sans la souveraineté) et nous aurons un gouvernement encore plus affaibli, voire insignifiant.


LA DIFFÉRENCE QUÉBÉCOISE, LE 6 OCTOBRE 2003 – Michel Venne (Le Devoir) défend la différence québécoise… « qui n'a jamais été un obstacle au commerce avec les États-Unis. À bien des égards, c'est même un atout. Ni son «modèle» social ni l'intervention de ses sociétés d'État dans l'économie ni son nationalisme, y compris le projet souverainiste, n'ont été des freins aux investissements américains chez nous ni n'ont empêché la croissance phénoménale des exportations québécoises vers le Sud depuis une décennie », écrit le chroniqueur politique.

M. Venne rappelle qu’à New York, Jean Charest évoque, suite au 14 avril dernier, « un contexte plus propice à l'investissement, au rendement et à la croissance des entreprises » ainsi que de son intention de « nous adapter au marché nord-américain », discours est à la fois risible et inquiétant, selon le chroniqueur.

Risible parce que les entreprises américaines connaissent le Québec. En 10 ans, nos exportations vers la Nouvelle-Angleterre ont triplé, sans que le contexte constitutionnel, l'appui de 49,4% à la souveraineté ou la présence d’un gouvernement social-démocrate au pouvoir à Québec n'aient nui. Rappels utiles : Moody's confirme pour le Québec la cote A1 considérant l'amélioration de sa performance financière «au cours des cinq dernières années; c'est un premier ministre péquiste, Bernard Landry, qui est le plus zélé promoteur de l'intégration économique nord-américaine; c’est lui qui a mis en place les conditions qui permettent à Jean Charest d'annoncer de nouveaux développements hydroélectriques...

La prestation de M. Charest à New York est aussi inquiétante, estime M. Venne, notamment parce que ce discours sur l'adaptation aux règles américaines est un déni des avantages de la différence de cette petite nation innovatrice, autant sur le plan économique, sur le plan culturel que sur le plan social.

À lire !

DÉCENTRALISATION OU DÉMANTÈLEMENT ? LE 5 OCTOBRE 2003 – Dans Le Soleil d’hier, sous la signature de Valérie Gaudreau, nous pouvons lire que le gouvernement Charest placera les élus municipaux au cœur de la décentralisation. « Vous serez appelés à jouer un rôle de premier plan dans notre volonté de conduire les régions sur la voie d’une plus grande autonomie », aurait indiqué la ministre déléguée au Développement régional, Nathalie Normandeau. Les détails du projet de décentralisation promis par le Parti libéral seront connus prochainement.

Madame Normandeau est probablement, avec quelques rares autres de ses collègues, une personne à l’égard de laquelle j’entretiens une certaine confiance. Elle peut faire du bon travail. À surveiller cependant, cette décentralisation ne doit pas se faire aux détriments de l’État québécois. Alors que le fédéral intervient de plus en plus lourdement dans nos champs de compétence, alors que le milieu municipal désire de plus en plus transiger directement avec celui-ci sans « s’encombrer » du niveau « provincial », une décentralisation mal dosée ou mal à propos n’aurait comme impact que de marginaliser le gouvernement et l’État du Québec dans la conduite des affaires de la nation québécoise. Attention, le monde municipal aura toujours une fâcheuse tendance à se vendre littéralement au plus offrant, indépendamment de la répartition des champs de compétence en vigueur.

NOTRE ARGENT « D’OTTAWA », LE 29 SEPTEMBRE 2003 – Selon Bernard Descôteaux (Le Devoir), Paul Martin n'est pas encore premier ministre que le voilà déjà en train d'empiéter dans un champ de compétence des provinces en promettant un pacte fiscal aux municipalités. Le futur chef du gouvernement fédéral est disposé à leur remettre une partie significative de la taxe fédérale d'accise sur l'essence. Cet engagement soulève plusieurs interrogations. Ce n'est pas d'hier que Paul Martin veut investir le champ des municipalités. Alors qu'il était ministre des Finances, il avait créé la Fondation pour l'infrastructure stratégique. Il y a peu, l’ineffable ministre Stéphane Dion rappelait la doctrine fédérale qui veut que, si les affaires municipales sont de compétence provinciale, les questions urbaines sont de portée beaucoup plus large. En s'appuyant sur son pouvoir de dépenser, Ottawa, on le sait, peut tout se permettre. «Coopération avec le fédéral et avec les autres provinces ne veut pas dire abdication», avait pourtant dit M. Fournier, il y a deux ans, alors qu'il répliquait à Robert Bernier, un conseiller du gouvernement Chrétien, qui soutenait qu'Ottawa investirait les villes une fois Jean Charest élu. M. Bernier soulignait que la détérioration des finances du Québec créerait un contexte favorable à une offensive fédérale. Les faits semblent lui donner raison. Pas plus que les municipalités, le gouvernement Charest ne semble disposé à résister bien longtemps devant l'argent d'Ottawa.

Oui, vraiment, le Québec devient peu à peu une province comme les autres, i.e. qui se laisse acheter avec son propre argent...

DEUX MILLIARDS $ INCERTAINS, LE 26 SEPTEMBRE 2003 – Selon la PC, il n'est pas assuré que les deux milliards de dollars additionnels attendus fédéral pour les soins de santé sera effectivement versé. C’est du moins ce que le premier ministre Jean Chrétien aurait déclaré, se disant peu impressionné du fait que le Québec notamment, ait déjà pris en compte le versement de sa part des deux milliards dans leurs budgets respectifs.

J’ai déjà expliqué que considérant l’existence du déséquilibre fiscal, c’est de l’argent que le fédéral nous doit de toute façon.

L’ARGENT N’A PAS D’ODEUR, LE 23 SEPTEMBRE 2003 - Les municipalités du Québec pourront profiter des fonds fédéraux pour financer certains de leurs projets à caractère environnemental, rapporte la PC. L'entente a été signée par le ministre des Affaires municipales, Jean-Marc Fournier et le président de la Fédération canadienne des municipalités et maire de Gatineau, Yves Ducharme. Ces fonds qui émanent du gouvernement fédéral seront gérés par la Fédération canadienne des municipalités, et non Québec, alors que Québec va recevoir les demandes de financement. Le ministre Fournier s'est dit enchanté d'avoir ainsi «mis fin à des blocages stériles» qui empêchaient les municipalités d'avoir accès à ces fonds fédéraux.

Premièrement, c'est faux. Jean-Marc Fournier nous induit en erreur. À preuve les programmes tripartites d'immobilisation Québec-Canada-municipalités qui ont apporté des centaines de millions de $ aux municipalités au cours des dernières années. Deuxièmement, le fédéral réussit ainsi, grâce à la complicité du nouveau gouvernement, une percée dans ses relations avec le monde municipal. C'est le "Canadian nation building" qui continue par la voie municipale cette fois.

MARTIN ET LA NOUVELLE ÉCONOMIE, LE 19 SEPTEMBRE 2003 - Joël-Denis Bellavance (La Presse) confirme qu’investir dans la nouvelle économie fera partie des objectifs prioritaires de Paul Martin.

C’est bien ce que je pensais. Pendant que le gouvernement Charest abandonne pratiquement ce champ d’intervention, un gouvernement Martin lui, va l’occuper. Jean Charest, qui se voit probablement un jour premier ministre du Canada, ce que Jean Chrétien plus tôt cette semaine encourageait manifestement, favorise ainsi encore une fois le Canadian nation building dans cet autre créneau stratégique pour l’économie et l’emploi.

IMPASSE BUDGÉTAIRE ? LE 18 SEPTEMBRE 2003 - Selon Bernard Landry, les choix budgétaires et idéologiques du gouvernement Charest nuisent à l’économie du Québec et compromettent l’équilibre budgétaire : laisser-faire, abandon des régions, réduction de l’aide aux entreprises et bien d'autres gestes provoquent le ralentissement économique actuel, ce que le ministre des Finances prévoyait d'ailleurs dans son Plan budgétaire du Budget 2003-2004. Depuis, le Québec a perdu près de 25 000 emplois alors que l’Ontario en a créé 2 700 et le taux de chômage du Québec a récemment atteint le seuil de 10 %. Ce ralentissement à lui seul aura un impact financier de 1MM$.

... avec en plus le fait qu'en se retirant de l'aide à l'entreprise dans certains crénaux technologiques, le gouvernement du Québec laisse le champ libre à Paul Martin qui s'engageait aujourd'hui même à supporter de telles entreprises dans leurs projets de démarrage ou de développement. C'est le cas notamme dans le secteur bioalimentaire. La "province" continue son recul...

DION DÉRAPPE ENCORE, LE 14 SEPTEMBRE 2003 - Selon Henri Michaud, en collaboration spéciale pour Le Soleil, Ottawa injectera 276 900 $ pour contrer l'itinérance en Haute-Gaspésie, investissement que le ministre des Affaires intergouvernementales, Stéphane Dion, dit facilité par l'élection d'un gouvernement fédéraliste à Québec. « Devant un problème aussi complexe (l'itinérance), il faut trouver les bonnes façons d'agir en bon partenariat », aurait dit M. Dion en annonçant l'octroi au Groupe d'action sociale et psychiatrique (GASP) des Monts. Le journaliste précise que pour le ministre, ce geste s'inscrit dans un programme de lutte à l'itinérance mis de l'avant par Ottawa.

C'est ça. Encore une fois, en dehors de ses compétences, Stéphane Dion en profite pour faire de la petite politique avec un sujet aussi important que l'itinérance. À titre d'ex-ministre responsable de ce domaine, je puis témoigner qu'en ces matières c'est plutôt le Québec qui était en attente de réponses d'Ottawa sur plusieurs sujets, notamment celui du déséquilibre fiscal qui donne actuellement aux fédéraux les moyens de venir injecter NOTRE argent dans nos champs de compétence et par-dessus notre tête. À propos, se mêlant encore une fois de choses qui ne le regarde pas, Stéphane Dion avait promis de quitter la politique active si le PQ n'était pas réélu à Québec ? Respectera-il sa parole ?

DE TRISTES SIRES, LE 9 OCTOBRE 2003 - Pour le Parti Québécois, l’histoire condamnera la décision unilatérale du gouvernement fédéral de donner le nom de Pierre-Elliott Trudeau à l’aéroport international de Montréal. Du point de vue d’une grande majorité de Québécoises et de Québécois, le règne de Pierre-Elliott Trudeau a été marqué par l’arrogance et le mépris vis-à-vis le Québec. L’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau préservera donc, dans la mémoire collective québécoise, le souvenir de cette période noire dont l’actuel gouvernement canadien se fait aujourd’hui le complice.

Oui, de bien tristes sires pour l'histoire dans ce tandem Trudeau-Chrétien.

SATISFAIT MAIS BREDOUILLE ET EN PLEIN RECUL, LE 5 SEPTEMBRE 2003 – Mylène Moisan, dans Le Soleil, rapporte que le ministre de la Santé, Philippe Couillard revient sans argent neuf, mais satisfait que le Québec soit « réintroduit dans les discussions ». À preuve, le communiqué de presse de clôture de la conférence des ministres de la Santé à Halifax ferait état des « préoccupations du Québec ». Le ministre aurait aimé revenir de Halifax avec un chèque en poche ou du moins l’assurance que le fédéral versera les 2 milliards $ promis mais devant l’absence de progrès dans ce dossier, les provinces ont convenu de maintenir la pression sur Ottawa, selon la journaliste.

Soyons clairs ! Dit autrement, le ministre Couillard, revient d’une conférence des ministres de la santé bredouille, sans aucune assurance de revenus additionnels pour la santé en provenance d’Ottawa. Deux projets fédéraux marquant autant de reculs pour le Québec ont par ailleurs progressé : celui de la création du Conseil national de la Santé (les autres provinces ont cédé encore une fois devant l’insistance du fédéral qui s’immisce ainsi encore davantage dans leur propre champ de compétence) et celui d’une nouvelle agence nationale, une autre, visant à coordonner les interventions en santé publique et auquel le Québec se serait montré intéressé à être partie prenante. Quel progrès ! C'est plutôt le "Canadian health nation building" qui progresse.

Côté revenus, on semble avoir complètement oublié que ce qu’on veut récupérer à Ottawa, ce sont NOS revenus tel que démontré par la Commission Séguin dans son rapport (aurait-on déjà oublié la réalité du déséquilibre fiscal : les responsabilités et obligations au Québec, les revenus à Ottawa ?). Les milliards de $ en question doivent être versés indépendamment de la question de l’équilibre budgétaire au fédéral. Ils ont plus de revenus que d’obligations à rencontrer alors que nos revenus sont très en deçà de la pression des services que le Québec, comme les autres provinces d’ailleurs, ont à subir dans le domaine de la santé principalement. Mollesse, quand tu nous tiens !


"ON-GOING CANADIAN NATION BUILDING", LE 4 SEPTEMBRE 2003 - Au moment même où le ministre québécois de la Santé, Philippe Couillard met en garde son homologue fédéral de ne pas rendre le versement de deux milliards de dollars aux provinces conditionnel à la réalisation de son dada, le Conseil national (ou canadien) de la santé, la ministre fédérale de la Santé, Anne McLellan, se déclare d'accord avec l'idée d'une agence nationale chargée de réagir rapidement aux urgences en santé publique, même s'il en coûterait des centaines de millions de dollars par année. Le coût annuel d'un tel organisme serait « substantiel », des centaines de millions de dollars par an juste pour Ottawa, reconnaît-elle tout en disant espérer que les provinces y investissent des fonds.

Tout pour justifier le « Nation building » canadien. À cette fin, le chemin de fer du 19e siècle s’est rapidement transformé en système de santé « canadian » dans la seconde moitié du 20e siècle. C’est dans ce contexte que l’agitation du ministre Couillard paraît bien stérile.

LENTEUR OU MOLLESSE, LE 3 SEPTEMBRE 2003 – La Presse Canadienne rapporte que les ministres de la santé ne semblent pas pressés de créer le Conseil national de la santé. Ils laisseraient cette décision aux premiers ministres, qui ont indiqué en juillet qu'ils voulaient discuter du conseil avec le prochain premier ministre du Canada. On rappelle que la semaine dernière, la ministre fédérale de la Santé, Anne McLellan, s'est dite prête à aller de l'avant avec la création du conseil, même si elle devait le faire seule.

De vrais roseaux ! Par leur position molle, les ministres de la santé se sont mis le doigt dans l’engrenage. Bien plus, ils acceptent implicitement la création d'une telle structure dans leur propre champ de compétence. Même leurs premiers ministres ne sauront résister à la charge fédérale et à l’habileté que mettent généralement les fédéraux à diviser ceux qu'ils considèrent manifestemetn comme leurs subalternes des provinces pour mieux régner. D’ailleurs Jean Charest serait le premier à se féliciter de l’existence d’un tel mécanisme… au cas où il se retrouverait un jour premier ministre du Canada, sa véritable aspiration. Notons en passant l’arrogance de la ministre fédérale Anne McLelland dans ce dossier.

FAUTE DE MONTAGNE, UN AÉROPORT, LE 23 AOÛT 2003 – Éditorial de Jean-Robert Sansfaçon dans Le Devoir concernant l'aéroport de Dorval appelé à devenir l'aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau. Monsieur Sansfaçon souligne pertinemment qu’avant de prendre sa retraite, le premier ministre Jean Chrétien a donc voulu faire d'une pierre deux coups: rendre hommage à celui sans qui il ne serait jamais devenu le politicien populaire qu'il fut et faire un dernier pied de nez à ses ennemis génétiques, les nationalistes et les intellectuels québécois.

« Pour le Canada anglais et une fraction du Canada français, notamment les francophones hors Québec, Pierre Elliott Trudeau fut un grand premier ministre. (…) Bon nombre lui sont aussi reconnaissants pour avoir défendu avec passion, ruse et rudesse l'unité politique du pays contre les aspirations du mouvement nationaliste québécois. (…) L'ensemble de la carrière politique de M. Trudeau en fut une d'opposition farouche et sans nuance au projet d'indépendance, voire de toute forme de reconnaissance d'un statut particulier pour le Québec. Pour Trudeau, le nationalisme était méprisable pas essence et méritait d'être combattu. (…) Ce sont ces Québécois qui, aujourd'hui, reçoivent comme une gifle la décision du cabinet fédéral de donner le nom de Trudeau à l'aéroport de Dorval. Et on les comprend, conclut-il.

De son côté, Sophie Allard, dans La Presse, écrit que ce nouveau nom est loin de faire l'unanimité parmi les Québécois, voyageurs ou non. « Cette décision est une pure provocation», selon Jules Théorêt, ancien président du Front Mirabel, qui s'est battu bec et ongles pour que les vols internationaux continuent de transiter par l'aéroport de Mirabel. «Alors que Mirabel se meurt, on honore l'homme qui a mené à sa perte. » C'est Pierre Elliott Trudeau qui a inauguré, en octobre 1975, l'aéroport de Mirabel... qui devait remplacer celui qui portera son nom. « À la fin des années 1960, il a procédé à la plus grande expropriation de l'époque. Bien des familles d'agriculteurs ont été déplacées. La région a perdu sa réputation d'excellence en agriculture, rappelle Jules Théorêt. Tout ça, pour rien. »

Je me souviens… telle est notre devise !

HYDRO : PAS BESOIN DE L’$ DU FÉDÉRAL – Du côté de La Presse, article de Marie Tison qui rapporte qu’Hydro-Québec n'a pas besoin d'une participation financière du gouvernement fédéral pour mener à bien ses projets hydroélectriques, contrairement à ce qu’a suggéré le ministre des Ressources naturelles du Québec, Sam Hamad. Ce que la société d'État recherche plutôt, c'est une accélération dans le processus fédéral d'évaluation environnementale. « Nous n'avons pas un problème de financement, a déclaré hier une porte-parole d'Hydro-Québec, Élise Proulx. Nous souhaiterions plutôt obtenir des autorisations environnementales rapidement. Nous croyons que c'est la priorité. » La journaliste rappelle qu’en entrevue au Soleil cette semaine, le ministre Hamad a ouvert la porte à une participation fédérale au financement de projets hydroélectriques au Québec. « L'argent du fédéral est bienvenu partout, a-t-il déclaré. Ça ne me dérange pas de mettre des drapeaux canadiens. »

Je vous le dit, il n'en a que pour le Canada celui-là !

AUTRE MANIFESTATION DE NAÏVETÉ, LE 23 AOÛT 2003 - Article de Louis Tanguay dans Le Soleil : Ottawa doit faire sa part dans le développement du potentiel hydroélectrique du Québec, selon le Bloc Québécois, mais sans faire d'ingérence dans ce champ de compétence. Le député et porte-parole bloquiste en matière de ressources naturelles, Serge Cardin, aurait formulé cette mise en garde au gouvernement Charest, vendredi, en réaction à l'ouverture manifestée la veille par le ministre responsable d'Hydro-Québec.

Foutaise ! Après les errements de Sam Hamad, on se retrouve aujourd'hui devant une autre manifestation de naïveté, cette fois du porte-parole du Bloc Québécois : si on s'imagine qu'Ottawa ferait quelque chose là-dedans sans exiger de contrepartie, on rêve en couleur. De toute façon, le fédéral n'a rien à voir dans le développement hydroélectrique du Québec, il ne faut surtout pas lui entrouvrir la porte, c'est toute la maison qui va y passer !

QUÉBEC OUVRE LA PORTE AU FÉDÉRAL, LE 22 AOÛT 2003 – Sous le signature de Stéphane Paquet, dans Le Soleil, un article qui nous apprend qu’en matière d’hydroélectricité, Québec ouvre la porte à une participation financière du gouvernement fédéral. « Ça ne me dérange pas de mettre des drapeaux canadiens ! », aurait lancé le ministre des Ressources naturelles, Sam Hamad. « L'argent du fédéral est bienvenu partout » pour le ministre responsable d'Hydro-Québec. S’il faut en croire l’article, Sam Hamad pose toutefois deux balises à une arrivée du fédéral dans cette chasse gardée du gouvernement québécois : Ottawa devra respecter la juridiction québécoise de même que le plan de développement établi par Hydro-Québec. En clair, cela veut dire que c'est Québec qui fixerait ses priorités de développement.

Extrait de la photo officielle du ministre Sam Hamad
Quelle naïveté affiche Sam Hamad ! Sans rire, comment peut-on croire qu’en permettant l’entrée du fédéral dans ce domaine stratégique pour le développement économique et la sécurité d’approvisionnement en électricité, celui-ci acceptera de financer quoique ce soit sans condition ? Le ministre devrait se rappeler les nombreuses intrusions des fédéraux dans nos champs de compétence exclusives et ceci, malgré l’opposition farouche du Québec. En ce sens, le passé est garant de l’avenir.

De plus, M. Hamad commet une erreur stratégique impardonnable non seulement politique mais également économique. En acceptant l’argent des fédéraux pour le développement hydroélectrique, il ouvre la porte toute grande à ceux-ci qui s’empresseront d’exiger, en contrepartie de leur participation financière, l’exportation de notre électricité à prix « raisonnable » vers l’Ontario. C’est dès lors dans cette province énergivore que se développeront les projets créateurs d’emplois. Il ne nous restera qu’à importer leurs produits transformés, à fort prix.

Enfin, quant à sa position sur les drapeaux canadiens et l'argent du fédéral qui sont bienvenus pour le ministre, on n’apprend rien de nouveau en ce qui le concerne. À propos, qu’advient-il dans tout cela du projet d’agrandissement de l’aluminerie de Deschambault ? Qu’advient-il de nos projets de deuxième et troisième transformation d’aluminiun ici même au Québec et dans nos régions ? Nos élus locaux et régionaux se réveilleront-ils bientôt ? Aie, les vacances sont finies !


AÉROPORT TRUDEAU??? LE 22 AOÛT 2003 – La Presse rapporte ce matin que près de trois ans après la mort de Pierre Elliott Trudeau, le gouvernement Chrétien a décidé d'honorer sa mémoire en donnant à l'aéroport de Dorval le nom de l'ancien premier ministre libéral. Le ministre des Transports, David Collenette, a profité de la dernière journée du caucus hier à North Bay pour annoncer cette nouvelle aux députés libéraux qui ont chaudement applaudi cette décision d'Ottawa. Pour M. Collenette « C'est un moyen de reconnaître la contribution de M. Trudeau d'une manière permanente. Il était un fier Montréalais. Il aimait bien la ville de Montréal et il a utilisé l'aéroport souvent », a déclaré le ministre hier.

So what ? On honore ainsi celui qui a signé la mort du développement aéroportuaire montréalais et québécois, à l’avantage de Toronto et de l’Ontario. On honorerait également celui qui a délogé des centaines de personnes, des agriculteurs principalement, pour occuper les meilleures terres agricoles du Québec par un aéroport aujourd'hui fermé au transport aérien public. C’est ridicule. Que Trudeau ait bien aimé la ville de Montréal et utilisé souvent l’aéroport de Dorval, peu importe. Il n’est pas le seul quant à cela à mériter qu’on affuble l’aéroport de son nom.

À propos, une petite anecdote vécue personnellement qui, selon moi, révèle bien un trait de caractère de l’ex-premier ministre Trudeau. La scène se passe justement à l’aéroport de Dorval, nous sommes au milieu des années '80. Je suis, avec d'autres, de retour de Whistler, fin d’une semaine de vacances en ski. Nous attendons nos bagages, tous regroupés autour du carrousel. Ceux-ci arrivent enfin, des monceaux de colis et de valises de toutes sortes. Nous remarquons la présence de M. Trudeau, il était manifestement sur le même vol. Le voici tout à coup qui monte sur le caroussel, enjambe plusieurs obstacles, marche sur certaines valises pour rattraper ses propre bagages, et en sort finalement bien chargé, enjambant et progressant toujours au mépris du bien des autres. Nous n’en revenions pas. Ceux qui doutaient encore étaient maintenant convaincus : ça prenait bien Pierre Elliot Trudeau pour agir ainsi.


TROIS FOIS PLUS COÛTEUX AUX ÉTATS-UNIS, LE 22 AOÛT 2003 - La PC rapporte que les coûts de fonctionnement du système de santé américain sont plus de trois fois plus élevés que le nôtre, toutes proportions gardées, et l'écart continue de grandir : 1059 $ par Américain et 307 $ per capita chez nous selon une étude parue dans le prestigieux New England Journal of Medicine. L'étude précise que les Américains dépensent davantage en frais administratifs parce qu'ils font affaire avec de nombreuses compagnies privées d'assurance. Ces entreprises augmentent la paperasse en ayant plusieurs bureaux de réclamations. Pendant ce temps, nos médecins n'ont qu'à envoyer leurs formulaires à la RAMQ. De plus, les assureurs privés consacrent également une partie de leur budget au marketing et à la sélection des risques, des frais inexistants dans un régime public comme celui qu'on retrouve au Québec.

Le New England Journal of Medicine fait état d'un avantage bien connu par les personnes qui suivent ces questions un peu partout dans le monde. Dommage que certains esprits mal informés ou obtus continuent de réclamer qu'on privatise davantage notre régime parce qu'il coùte trop cher. Un système largement privé comme celui de nos voisins du sud coûterait BEAUCOUP plus cher et ne réglerait pas la question des listes d'attente ou l'accessibilité aux services. Espérons que le gouvernement Charest aura saisi le message.

UNE STRUCTURE EN QUÊTE DE MANDAT, LE 20 AOÙT 2003 - Rollande Parent, de la PC, écrit que Jean Charest espère la création d'un marché commun pancanadien. Le Conseil de la fédération constituerait un instrument de choix à cet effet, le conseil serait ainsi appelé à jouer un rôle économique important, aurait fait valoir M. Charest. « Rappelons-nous que la fédération canadienne avait été créée initialement en 1867, avec quatre provinces, avec le grand objectif d'établir un marché commun. On l'oublie », a-t-il lancé.

Rêve toujours mon lapin ! En fait, ce qu'on oublie surtout c'est que notre poids relatif et notre autonomie dans cet ensemble " canadian " s'étiolent inexorablement : de 1 sur 2 au début du 19e siècle, à 1 sur 4 en 1867 et à 1 parmi 13 territoires et provinces maintenant. Notre statut de minorité, de conquis et de dominés s'incruste de plus en plus. Quant au reste, pour ce qui est du commerce extérieur du Québec, peut-on se rappeler que nous exportons déjà plus de 60% de ce que nous produisons et que nous sommes le 7e plus important partenaire commercial des États-Unis, ce qui dépasse de loin les échanges avec nos voisins canadiens. La dimension de nos marchés est de plus en plus continentale et mondiale. Aussi, n'avons-nous pas grand chose à gagner d'un tel marché commun pancanadien. Au contraire, notre dépendance face au reste du Canada n'en deviendra que plus grande.

SURPLUS BUDGÉTAIRES MENACÉS, LE 7 AOÛT 2003 – Selon Joël-Denis Bellavance, dans La Presse, les nombreuses catastrophes qui frappent depuis quelques mois risquent de faire fondre les surplus à venir du fédéral. Les provinces pourraient devoir faire leur deuil des deux milliards supplémentaires qu'elles doivent obtenir en principe d'Ottawa l'an prochain pour financer la santé : SRAS en Ontario, maladie de la vache folle, incendies de forêt en Alberta, inondations dans les Bois-Francs…

C’est ça, on va nous faire croire que pour la première année dans notre histoire, des événements imprévus viendront perturber les budgets prévus. Pourtant, nous savons tout, quand on y réfléchit le moindrement, que c’est dans la nature même des choses que des situations imprévues apparaissent inévitablement en cours d’année. De là à en profiter pour se délier de ses engagements, il n’y a qu’un pas que le fédéral s’apprête manifestement à franchir. C’est facile, il n’a qu’à faire comme d’habitude : diviser le front des provinces sur la fiscalité en promettant à un ou à l’autre des compensations spécifiques et sans lendemain. Ainsi, nous resterons avec notre problème : une capacité fiscale inférieure à nos obligations, l’étouffement progressif du Québec et des provinces dans le régime actuel, c’est ce qu’on appelle le déséquilibre fiscal. C’est pourtant pas compliqué !

À propos, il est intéressant de noter que dans une dépêche de l’agence Reuters aujourd’hui, nous apprenions qu’Ottawa a dégagé en avril un excédent budgétaire de 424 millions $ par rapport à un déficit de 159 millions $ l'année précédente. Ça ne doit pas aller si mal après tout.


CANADIAN FIRST AND FOREMOST ? LE 7 AOÛT 2003 – Dans Le Devoir, libre opinion de Patrick Taillon, Président du comité national des jeunes du PQ. Pour M. Taillon, le projet d’un Conseil de la fédération, dans le but de mieux coordonner les revendications des provinces auprès du gouvernement fédéral, plutôt que de mettre fin au fédéralisme centralisateur du gouvernement canadien, ne fera que masquer la dure réalité d'un ordre constitutionnel qui a été imposé au Québec par la force. (…) « Le Conseil de la fédération, c'est ainsi la paisible acceptation de la part des fédéralistes de l'impossibilité d'une autonomie québécoise dans la fédération. Pour le PLQ, le Canada est devenu une fin en soi. D'une vision québécoise du Canada, le PLQ passe à une vision canadienne du Québec. »

À lire : Québécois d'abord ou Canadien malgré tout?

UNE MAJORITÉ QUI S'INTÈGRE À UNE MINORITÉ ? LE 4 AOÛT 2003 - Dans Le Droit, Mathieu Bélanger écrit : « Ses propres leviers politiques et économiques bien en main, combiné à une menace du " séparatisme " éclipsée pour au moins les quatre prochaines années, le Québec n'a plus de défaites pour ne pas s'intégrer à l'ensemble de la francophonie canadienne ». Le journaliste rapporte qu’en accord sur ce point, le ministre québécois des Affaires intergouvernementales, Benoît Pelletier, et le directeur général de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), Richard Barrette, conjugueront leurs efforts, au cours des prochaines années, pour remettre la dualité linguistique du pays à l'avant-plan de la scène politique.

C’est quand même incroyable, la majorité francophone québécoise qui s'intégrerait à la minorité francophone du reste du Canada. Je rêve ou quoi ?

SHEILA COPPS-TRUDEAU ? LE 28 JUILLET 2003 - La Presse canadienne rapporte ce matin que Sheila Copps va se battre jusqu'au bout dans la course à la succession de Jean Chrétien, afin de défendre le rêve canadien de Pierre Elliott Trudeau : un gouvernement central fort qui impose sa vision aux gouvernements provinciaux. En entrevue, elle affirme qu'Ottawa, si nécessaire, doit bâtir des programmes pancanadiens qui contournent les gouvernements des provinces. On s'attend à ce qu'elle dore la pilule de la centralisation en promettant aux provinces des sommes supplémentaires pour le logement abordable, la lutte contre la pauvreté infantile et les infrastructures municipales. Que des gouvernements provinciaux poussent les hauts cris ne la fera pas broncher, assure-t-elle.

C’est à peine croyable ! Les fédéraux ne s’en cachent même plus : gouvernement central fort, au mépris de leur propre constitution, au diable les compétences des autres niveaux de gouvernement, et s’ils résistent il suffira d’acheter les plus pauvres pour miner le peu de solidarité qu’ils manifestent parfois devant les visées centralisatrices et pancanadiennes du fédéral. Pendant ce temps, le Québec n’est rien de plus à leurs yeux qu’une « province » comme les autres, de plus en plus minoritaire d’ailleurs (une parmi 13 à la rencontre des PMs du début du mois à Charlottetown). Continuons donc à dormir au gaz… sous le leadership de Jean Charest. Misère !

LES BOUCS ÉMISSAIRES, LE 24 JUILLET 2003 - Selon la Presse canadienne, des fonctionnaires liés au scandale des commandites pourraient être renvoyés. Des mesures disciplinaires pourraient être prises, allant de réprimandes à un congédiement selon la gravité de la faute. «Nous devons aller au fond des choses et mettre le doigt sur toute forme d'abus de confiance, de sorte que les Canadiens puissent faire confiance aux institutions publiques», aurait fait valoir le ministre des Travaux publics, Ralph Goodale, par voie de communiqué.

Ça y est ! On va faire passer cette ignominie, sur le dos des fonctionnaires, passant sous silence l'attitude scandaleuse des libéraux fédéraux qui n'ont jamais hésité à troquer la visibilité de la feuille d'érable en contrepartie de leur maigres appuis financiers auprès des organisations de bénévoles.

DÉFAITE MAJEURE POUR LE QUÉBEC, LE 18 JUILLET 2003 - Benoît Dubreuil, doctorant en science politique à l'Université libre de Bruxelles, se demande dans Le Devoir d’aujourd’hui, si la création d'un Conseil de la fédération, présentée comme une victoire des autonomistes québécois par rapport au gouvernement fédéral, n’est pas en fait une nouvelle défaite : « (…) le projet du gouvernement Charest ne fait-il pas que consacrer la soumission des provinces à Ottawa? », écrit-il.

Pour l’auteur, ce Conseil sera un lobby, jouira auprès du fédéral d'un statut semblable à celui de simples groupes de pression et viendra confirmer la sujétion des provinces au gouvernement central. Celles-ci ne seront plus des entités constituantes de la fédération mais groupe de lobbying auprès d'un pouvoir central désormais reconnu comme légitime. Comme beaucoup d’autres commentateurs, l’auteur estime que le gouvernement Charest est en rupture complète avec la ligne autonomiste maintenue par le Parti libéral depuis 1982. Il rejette entre autres l'héritage de Robert Bourassa, qui avait refusé de reconnaître la subordination de facto des provinces au fédéral.

Enfin, c'est en comparant le Conseil de la fédération au Conseil européen qu'on saisit toute l'horreur de la chose et toute la médiocrité du projet libéral, un curieux mélange de lâcheté et de mystification, souligne-t-il.

Oui, tel qu'il le conclut, comparé aux revendications traditionnelles du Québec, il s'agit bel et bien d'une défaite que vient de connaître le Québec, avec à peine 100 jours de ce gouvernement néo-libéro- canadien au pouvoir.

UN INSTANT, M. CHAREST - ...disait Michel Venne dans sa chronique du lundi, 14 juillet dernier. Le chroniqueur vise juste cette fois-ci encore. « Les premiers ministres provinciaux du reste du Canada étaient contents. Enfin, ils avaient à leur table un premier ministre du Québec se résignant à rentrer dans le rang, c'est-à-dire à accepter la dynamique fédérale telle qu'elle se déploie depuis le rapatriement unilatéral de la constitution en 1982. Ce projet consacre (...) le fédéralisme tel qu'il se pratique depuis que Pierre Elliott Trudeau a instauré le nouvel ordre fédéral canadien et fait entrer le Canada dans le processus définitif de sa transformation en État-nation », écrit-il.

Monsieur Venne rappelle que cette transformation du Canada de fédération en État-nation, les autres provinces étaient depuis longtemps prêtes à l'accepter mais le Québec leur tenait tête et que jusqu'à Robert Bourassa, le Parti libéral du Québec était lui aussi un défenseur de l'autonomie politique du Québec au sein du Canada.

Il rappelle le refus de Lucien Bouchard de signer l'Entente-cadre sur l'union sociale, motivé par le respect de la volonté historique des Québécois d'être maîtres chez eux, de même que le combat de Bernard Landry contre le déséquilibre fiscal, rappelant que dans chacun des cas, les autres provinces ont appuyé le Québec jusqu'à ce que le fédéral les achète avec quelques milliards de dollars. Voici maintenant que le premier ministre du Québec se fait l'un des artisans de cette construction.

Venne a tout à fait raison de souligner que M. Charest vient de rompre avec les positions autonomistes des Québécois sans en avoir le mandat et de rappeler que Jean Charest n'est pas premier ministre du Canada. Oui, son rôle est de défendre d'abord et avant tout les intérêts du Québec et il ne lui appartient pas de définir à lui seul où logent ces intérêts et comment ils seront le mieux défendus. De toute manière, ses "collègues provinciaux" le laisseront bien tomber à la prochaine occasion, comme ils l'ont fait pour Lévesque, Bourassa, et les autres. Ils continueront ainsi à vendre leur droit d'aînesse pour quelques plats de lentilles...

QUÉBEC, DANS LE RANG ! OTTAWA RÉSISTE ! LE 12 JUILLET 2003 - Hélène Buzzetti rapporte dans Le Devoir de ce matin rapporte la réaction du Chef de l’Opposition officielle à l’Assemblée nationale devant les résultats de la récente conférence des premiers ministres « provinciaux ». Pour Bernard Landry, le Conseil de la fédération fera passer le Québec de nation à simple province en l'obligeant à faire constamment des compromis avec les autres provinces plus petites pour en arriver à des positions communes. Il a vivement dénoncé la position québécoise et l'attitude du premier ministre Jean Charest dans le cadre de la conférence, lui reprochant d'avoir «baissé les bras». L'ancien premier ministre s'est aussi inquiété du fait que le gouvernement actuel emprunte une tangente qui pourrait diriger le Québec vers une adhésion à la Constitution canadienne de 1982. «Le gouvernement n'a pas comme mandat de changer le statut constitutionnel du Québec», a souligné M. Landry.

Pour sa part, l’éditorialiste Bernard Descôteaux souligne notamment que l’approche préconisée par Jean Charest est à l'opposé de celle des gouvernements précédents dont, dans une certaine mesure, de celle des gouvernements de Robert Bourassa. Pour Jean Charest, l'heure n'est plus à la défense étroite des compétences du Québec mais à l'interdépendance, ce qui exige que l'on travaille à l'édification d'une fédération canadienne plus consensuelle.

Stéphane Dion. Source : Reuters De son côté, rapporte la Presse Canadienne, Ottawa se montre inflexible face aux demandes des provinces. Quelques heures après la conclusion de la rencontre de Charlottetown, Stéphane Dion, tenait sa traditionnelle conférence de presse pour répliquer au nom d’Ottawa. «Si notre fédération fonctionne bien, il y a toujours matière à amélioration et il faut toujours être à l'écoute des nouvelles idées», a indiqué le ministre, vendredi. Par contre nous dit la PC, Stéphane Dion omet délibérément de mentionner des aspects importants qui ne recueillent pas l'appui du fédéral, affirmant que l'objectif premier du Conseil de la fédération est d'améliorer les échanges interprovinciaux alors que, pour les provinces, c'est la création d'un secrétariat dédié au déséquilibre fiscal qui est la priorité.

Je préfère vous souhaiter bonnes vacances plutôt que de commenter. C'est pas la peine ou plutôt, j'en aurais trop à dire. À très bientôt !

BILAN DE LA CONFÉRENCE DES PMs, LE 11 JUILLET 2003 – Dans tous le journaux, l’on souligne le succès qu’enregistre Jean Charest auprès de ses homologues. Hélène Buzetti dans Le Devoir souligne que celui-ci repart de Charlottetown comblé par le cadeau des leaders provinciaux à leur premier collègue québécois fédéraliste depuis presque 10 ans... un Secrétariat sur le déséquilibre fiscal et un Conseil de la fédération.

Pour Mario Cloutier de La Presse, les PMs se sont surpassés pour trouver l'hyperbole décrivant ce qu'ils croient être désormais le « début d'une nouvelle ère », alors que pour Stéphane Paquet, du Soleil, il s’est agi d’une entente facile à conclure, Québec faisant adopter ce qu'il croyait encore impossible la veille. On se serait entendu sur un plan en cinq points pour « revitaliser la fédération canadienne et établir une nouvelle ère de fédéralisme constructif et coopératif » en créant notamment ce Conseil de la fédération regroupant les 13 premiers ministres.

Cette sympathie spontanée des de Jean Charest homologues "provinciaux" ne durera probablement pas très longtemps, si l'on se fie aux expériences antérieures du Québec dans ces questions touchant le fonctionnement du fédéralisme canadien. Les provinces demeurent grandement vulnérables aux manoeuvres fédérales pour les diviser. Il suffira par exemple qu'Ottawa menace certaines provinces, en courtise d'autres sur certains dossiers, pour que le front flanche.

Notons en passant que la nation québécoise se minorise de plus en plus. En effet, le Québec se retrouve aujourd'hui à un parmi 13 (premiers ministres), de un sur deux qu'il a déjà été, à un sur quatre lors de la signature du pacte confédératif. Un poids relatif qui s'est ensuite constamment étiolé. Bref, plus on avance, plus on recule !


CONFÉRENCE DES PREMIERS MINISTRES, LE 10 JUILLET 2003 - Mario Cloutier rapporte dans La Presse que les premiers ministres provinciaux ont salué hier unanimement l'entrée en jeu d'un homologue fédéraliste comme chef de gouvernement à Québec. « [Ils] ne voient que du positif dans l'arrivée d'un homologue québécois fédéraliste, pour la première fois depuis neuf ans », écrit pour sa part Hélène Buzzetti.

Arrivée de Jean Charest dans la famille. Source : Reuters

On rapporte qu'à l'ouverture de la 44e Conférence des premiers ministres de Charlottetown, la majorité des élus provinciaux ont également accueilli favorablement les propositions québécoises sur le déséquilibre fiscal (une initiative du gouvernement Landry, en passant !) et la création d'un Conseil de la fédération. Le premier ministre ontarien Ernie Eves a notamment salué le retour du drapeau canadien à l'Assemblée nationale du Québec. Selon lui, l'expérience de Jean Charest sur la scène fédérale et le fait qu'il soit un «vrai de vrai» Canadien représentent des atouts pour les provinces.

On se réjouit donc de l'arrivée d'un premier ministre québécois "fédéraliste canadien" à Québec. Bonne nouvelle pour le reste du Canada, triste nouvelle pour le Québec. Se souvient-on de ce qu'on a fait justement dans le reste du Canada des propositions du dernier premier ministre québécois "fédéraliste canadien" avant Jean Charest ?

Il s'appelait Robert Bourassa, ses propositions étaient contenues dans une série de 5 demandes, les plus minimalistes que le Québec ait mises sur la table, pour ne pas dire "quêtées". Se souvient-on du NON retentissant du reste du Canada à ces demandes d'alors du premier ministre du Québec ?

Oui, ils se réjouissent les premiers ministres "provinciaux" du reste du Canada, et pour cause, ils pourront ainsi garder le Québec bien à sa place, i.e. celle d'une "province" comme les autres dans un simulacre de système confédératif. Pour ce qui est de l'apparition du drapeau canadien au sein de l'Assemblée nationale du Québec, c'est la confirmation de l'état de dépendance canadienne dans lequel Jean Charest et son gouvernement veulent ramener le Québec.


POUVOIR DE PERSUASION, LE 9 JUILLET 2003 – Selon Hélène Buzzetti dans Le Devoir, Jean Charest devra travailler pour convaincre ses vis-à-vis de mettre sur pied un bureau du déséquilibre fiscal et un conseil de la fédération. On attend avant de se prononcer et aucun ne déborde d'enthousiasme.

Les premiers ministres provinciaux tiennent actuellement leur rencontre annuelle à l'Île-du-Prince-Édouard sur notamment les moyens de régulariser le dialogue avec le gouvernement fédéral. «Si vous me demandez c'est quoi le test Charlottetown, ce sera de voir jusqu'où il y a un consensus des provinces pour commencer à étayer une vision provinciale quant à l'avenir du Canada et la place des provinces dans le Canada de demain», selon le ministre québécois des Affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier.

Que voici une vision bien « provinciale », typique le l’approche libérale, de la dynamique entre les deux niveaux de gouvernement qui se confirme dans les propos du ministre. Quant à Jean Charest, j’ai le goût de lui souhaiter malgré tout bonne chance dans sa naïveté. L’hostilité historique du reste du Canada envers le Québec commence déjà à poindre !

FALARDEAU, LE 9 JUILLET 2003 – Lettre d’opinion de Nic Payne, toujours dans Le Devoir, qui s'adresse à ceux qui s'en sont pris presque exclusivement au vocabulaire et à l'attitude du cinéaste Pierre Falardeau, évitant ainsi commodément de prendre part au débat que la substance de son discours soulevait de façon pourtant évidente, et même urgente.

À ces gens indignés, donc, Payne pose une question : qu'est-ce qui est le plus grossier, le langage de Falardeau ou un hommage à une entité politique qui n'a jamais été que le théâtre de notre spectaculaire marginalisation, hommage dans lequel Ottawa dépense aujourd'hui dix fois plus qu'en 1995, et, en 2001, dix fois plus au Québec qu'en Ontario ?

Quand les Québécois et Québécoises se tiendront-ils enfin debout plutôt que de taper sur la tête d'un des leurs qui "ose" dénoncer une situation qu'il juge inacceptable chez nos artistes ? Quand auront-ils le courage de dénoncer aussi ces célébrations de notre minorisation plus que séculaire ? Si cela se limitait à quelques spectacles glorifiant la canadienneté, ce serait moins pire. Mais pensons à ces nominations pour services rendus à la cause, comme sénatrice ou sénateur par exemple.

BILAN DE JEAN CHRÉTIEN, LE 30 JUIN 2003 - Dans sa chronique du Devoir de ce lundi, Michel Venne commente le bilan de vie politique de Jean Chrétien. L'essentiel de sa politique: «J'ai survécu», de dire Jean Chrétien. Durer, commente M. Venne, cela semble avoir été le principal objectif de 41 années de vie publique. À renier les siens, à les mépriser, à les mettre à genoux, à les trahir, à diviser pour régner, à surfer sur les politiques de ses prédécesseurs et à corrompre la vie politique au Canada.

Voir l'article intitulé : Bon débarras !

VOX POP, LE 29 JUIN 2003 - À la question sur le site de Cyberpresse "Les ministres des Finances provinciaux ont-ils une chance d'obtenir des gains face à Ottawa dans le dossier du déséquilibre fiscal ?", les deux tiers des internautes répondent NON.

À suivre !

MANLEY RÉAGIT, LE 28 JUIN 2003 – Sandra Cordon (PC) dans Le Soleil et Nathaëlle Morissette dans La Presse soulignent tour à tour que les provinces ne pourront compter sur les 2 milliards de $ promis pour la santé. « Les projets du gouvernement Charest mis en péril », écrit celle-ci, soulignant l'inquiétude qui gagne dans le réseau de santé québécois, désespérément en manque de fonds. S’il faut en croire la journaliste, les ministres des Finances soupçonnent en effet Ottawa de s'apprêter à minimiser ses surplus pour ne pas honorer ses engagements en matière de santé. «L'incertitude annonce toujours de l'inquiétude, mentionne Michèle Boisclair, vice-présidente de la Fédération des infirmières et infirmiers du Québec. On se demande maintenant à qui il faut faire confiance.»

Il est un peu tard pour se poser la question, non ?

BAROUDS D’HONNEUR ? LE 27 JUIN 2003 - Dans Le Devoir, Robert Dutrisac rapporte ce matin que les provinces s'unissent pour contrer l’agir totalement arbitraire d’Ottawa dans le dossier de la péréquation. Réunis à Halifax, les ministres provinciaux des Finances auraient décidé de faire front commun. S’il faut en croire les déclarations de ceux-ci, on se serait entendu pour présenter une proposition commune de réforme de la péréquation. Selon Yves Séguin, certains collègues ont eu des propos «très durs» à l'endroit du gouvernement fédéral : «Ce qui choque tout le monde autour de la table, c'est la relation dans laquelle nous sommes, où nous croyons que le gouvernement fédéral agit unilatéralement, dans un total arbitraire. »

Que M. Séguin soit sur ses gardes. Nous avons connu dans le passé de tels barouds chez nos homologues des provinces, et qui sont restés sans suite. J’en ai vécu un moi-même à titre de ministre responsable de l’Industrie, du Commerce et des Relations internationales lors d’une conférence fédérale-provinciale en 1997. La veille de celle-ci, mes collègues des provinces étaient prêts à monter aux barricades contre Ottawa et pourtant le lendemain, ils ne manifestaient plus un seul grief à l’adresse de leur homologue fédéral, … John Manley.

FINANCES, LE 25 JUIN 2003 - Éditorial de Gilbert Lavoie, ce matin, dans Le Soleil, traitant des obstacles en vue alors que s'amorce une réunion des ministres provinciaux des finances, réunion préparatoire à ce que M. Lavoie appelle les grandes manoeuvres pour convaincre le gouvernement fédéral de délier sa bourse...

À noter que dans un véritable fédéralisme, ceux-ci n'auraient pas à convaincre le gouvernement central mais décideraient plutôt de ce que leur pouvoir central, au service des États constituant la fédération, doit faire dans les circonstances. Les États fédérés ne devraient pas normalement quêter, mais plutôt décider des mesures financières applicables. Mais que voulez-vous ? Nous sommes dans une pyramide inversée, ce n'est pas le principe du "Un pour tous" qui prime mais l'inverse comme l'écrivait déjà en 1899 un ex-premier ministre du Québec, Félix-Gabriel Marchand.

...Les obstacles en vue, selon l'éditorialiste, sont les suivants : le fédéral n'est pas aussi riche qu'on le prétend, il vient de reviser ses prévisions, les surplus attendus ne seront peut-être pas au rendez-vous, le danger d'une querelle des provinces pour s'arracher les quelques milliards de $ de surplus, et enfin nous dit-on : "Si le gouvernement fédéral saupoudre ses milliards $ à gauche et à droite, il réduira d'autant sa marge des manoeuvre..."

Ce genre de raisonnements me renverse. Premièrement, ce ne sont pas de ses (le fédéral) milliards dont il s'agit, mais d'une bonne partie des nôtres. C'est incroyable, l'éditorialiste aurait-il déjà oublié les conclusions du rapport Séguin sur le déséquilibre fiscal ?

Ce que l'on doit au Québec (qui envoie à Ottawa les deux tiers des taxes et des impôts) et aux provinces, ce n'est pas une partie d'un surplus réel ou anticipé du fédéral mais bien une assiette fiscale révisée qui tienne compte des obligations réelles que celles-ci ont à assumer.

Qu'on rééquilibre le tout, que le fédéral cesse ses intrusions intempestives dans les champs de compétence des "provinces", avec un assiette fiscale correspondant à ses réelles obligations constitutionnelles, qu'il équilibre son budget avec des revenus correspondant à ses obligations, un point, c'est tout !


ESPOIR, LE 24 JUIN 2003 - Ça fêtait fort la nuit dernière sur les Plaines... Pourtant, les Québécois et les Québécoises continuent de dormir sur la question nationale, l'indépendance, la souveraineté. On pleure la mort de Bourgault mais sitôt enterré, on revient à nos fours et aux petits plats. Oui, la nuit dernière, sur les plaines d'Abraham, les gens ont fêté, chanté ou crié fort, et puis après ?

Bourgault a composé et Charlebois a chanté : "...entre deux joints, tu pourrais te grouiller l'cul !"

Mais l'appel est resté sans réponse tangible, sauf un jour de référendum de '95 où certains ont levé la paupière pour une courte défaite qui aurait pu être une grande victoire... si notamment dans la région de la Capitale nationale, on se l'était grouillé davantage.

Je pensais, ce matin, à cette génération à laquelle s'adressait la chanson des Bourgault-Charlebois. À ces personnes qui festoyaient hier, les mots auraient pu tout aussi bien être les suivants : " Entre deux petits-enfants... ou entre deux enfants.. ou entre deux autos... ou entre deux cellulaires... ou entre la maison, le chalet, la moto ou le bateau... tu pourrais te grouiller l'cul !

J'ai bien peur, en fait, que de tels débordements d'enthousiasme servent davantage de sédatifs que de poussée d'adrénaline pour que nous nous tenions enfin debout !

FÊTE NATIONALE, LE 23 JUIN 2003 - Chronique de Michel Venne dans Le Devoir d’aujourd’hui. Le chroniqueur souligne que si le 24 juin est désigné comme la Fête «nationale» des Québécois, c'est parce que ceux-ci ont conscience de former une nation. « Nation propre », i.e. selon Alain Touraine, une société qui a suffisamment débattu et réfléchi sur elle-même pour acquérir la conscience de former une communauté politique enracinée dans une histoire et dans une culture.

« Or, au sein de la fédération canadienne, le poids du Québec est en régression pour des raisons démographiques mais aussi parce que le gouvernement fédéral a vu s'étendre ses pouvoirs dans un nombre grandissant de domaines », d’écrire M. Venne.

En conséquence, la seule manière à son avis de sauver la nation québécoise est de protéger et d'étendre ses pouvoirs politiques, et donc la sphère d'influence de ses institutions démocratiques. C'est d'autant plus vrai à l'ère de la mondialisation. Le sens de la Fête nationale ne peut être celui de la régression. Il ne peut être que celui de l'émancipation, de l'élargissement de la portée politique de notre nation.

… et donc de la souveraineté !

LE RÊVE BLEU (LUCK MERVILL), LE 23 JUIN 2003 – « On a de grandes richesses au Québec, mais la plus grande richesse du Québec, ce sont les Québécois », nous dit le porte-parole des célébrations de la Fête nationale, Luck Mervill. Pierre Vallée décrit dans Le Devoir un Mervill ému et touché par ce qu'il considère être un honneur d’avoir été choisi comme porte-parole, et un bon indicateur de l'évolution des mentalités au Québec. « On a un grand pas de fait au Québec à cet égard », souligne l’artiste.

Selon le journaliste Vallée, la tournée de Luck Merville en tant que porte-parole de la Fête nationale lui a permis de sillonner le Québec d'un bout à l'autre. Et de constater l'attachement des gens à leur coin de pays. «C'est comme si les Québécois redécouvraient leur territoire. En Gaspésie, les gens sont fiers de leur parc d'éoliennes. Ailleurs, c'est un fromage au lait cru ou un cidre ou de la chair de wapiti. Les produits du terroir sont à l'honneur et partout on voit les gens qui affichent leur fierté.»

Le thème de cette année pour la Fête nationale est «Rêver bleu». Rêver au bleu du ciel comme au bleu du fleurdelisé, mais aussi au bleu de nos lacs et de nos rivières.

C'est en effet très différent du Rêve rouge canadian des libéraux !

FÉDÉRALISME RENTABLE, LE 22 JUIN 2003 - Coup de gueule ce matin de Michel Vastel dans sa chronique politique du journal Le Soleil : « Cela fait deux ans que les producteurs de bois d'oeuvre du Canada sont pénalisés par les États-Unis. Pierre Petitgrew a demandé aux provinces, au nom d'un pays virtuel, de rester solidaires et de le laisser négocier à leur place. Voilà qu'à la veille d'un règlement négocié, la Colombie-Britannique fait bande à part et que le Québec est spécifiquement exclu de la table des négociations avec les américains. Michel Audet (Industrie) et Sam Hammad (Ressources naturelles) ont lancé un appel au ministre fédéral du Commerce international. Pierre Petitgrew ne répond plus... »

DÉSÉQUILIBRE FISCAL, LE 17 MAI 2003 - Dans l'édition de ce jour du journal Le Devoir, Robert Dutrisac écrit qu'en ce qui concerne la création d'un bureau de négociations sur le déséquilibre fiscal, Jean Charest ne veut pas bousculer ses homologues provinciaux. Selon l'article, le PM ne serait pas encore prêt à demander à ses homologues de créer un Bureau de négociations sur le déséquilibre fiscal, encore moins un Conseil de la fédération. À peine entendrait-il s'assurer que ces deux sujets seront inscrits à l'ordre du jour de la Conférence des premiers ministres provinciaux en juillet.

Quel changement de ton depuis la dernière campagne électorale ! On devient moins affirmatif. Serait-ce le début des reculs sur les revendications du Québec ? Que devient dans les circonstances le leadership que le Québec avait su exercer ces dernières années sur de telles questions ?

RELATIONS INTERGOUVERNEMENTALES - Le Québec se fragilise

Dérogeant aux habitudes des gouvernements québécois qui les ont précédés, les libéraux nouvellement élus continueront de faire l'éloge du Canada même si les relations fédérales-provinciales traversent des moments difficiles. « On ne mettra pas le couteau sur la gorges » de dire Benoît Pelletier, nouveau ministre responsable des relations intergouvernementales.

Ce nouveau Québec à plat ventri vient lui-même de réduire à pas grand chose son poids relatif dans la dynamique fédérale-provinciale. Les libéraux, soucieux de manifester avant tout leur appartenance à tout prix envers le Canada, « Canadians, first and formost ..." disait Daniel Johnson fils, minent de façon dramatique le rapport de force de Québec face à Ottawa.

CHAMPS DE COMPÉTENCE ET CONSTITUTION - Après Paul Martin, voilà qu'un deuxième candidat à la course au leadership libéral fédéral confirme son intention d'intensifier l'invasion des champs de compétence du Québec. En effet, selon la Presse canadienne, John Manley vient d'affirmer que le gouvernement fédéral doit montrer un plus grand leadership même dans des domaines de juridiction provinciale comme la santé et l'éducation. Il balaie du revers de la main les éventuelles craintes des provinces de l'envahissement de leurs champs de compétence. Un envahissement qui est présenté de plus en plus comme un signe de leadership ? Ça promet ! Jean Charest n'a qu'à bien attacher sa tuque !